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Chapitre 2 : Et peu à peu tout s'efface

Ma grand-mère posa un gros bol de soupe devant moi. Il y flottait des légumes, des pâtes et quelques herbes dans un bouillon gras. Cette recette, elle la connaissait par cœur, ma grand-mère. Et elle la faisait toujours avec beaucoup d'amour. J'étais parti en week-end chez elle, avec mon petit frère, histoire de passer du temps avec elle. Ma grand-mère vivait seule dans une grande bâtisse à la campagne. Elle y vivait depuis toujours, c'était la maison de ses parents avant elle. 

J'aimais bien ma grand-mère. Depuis enfant je l'avais toujours un peu admiré pour sa sagesse. Elle connaissait le nom de chaque fleur de la prairie, elle aimait chanter doucement en cuisinant, elle aimait se promener dans les bois et ramasser des champignons, accompagnée de son gros chien. 

L'air de la campagne me changeait les idées, elles m'apparaissaient plus nettes dans mon esprit, comme si, tous les braillements parasites disparaissaient. Peu à peu, ma vie reprenait son cours et j'oubliais ma vie d'avant. C'était étrange comme sensation. Je perdais peu à peu mes souvenirs, comme si ceux que je créais dans le présent actuel prenaient toute la place, et les autres, ceux de ma vie d'avant, celle avant mon passage, s'écrasaient sous le choc. Les bords devenaient plus flous, les images moins nettes, les souvenirs plus confus. Le visage de mes enfants était devenu si embué que je n'étais même plus sûr que tout cela ait existé. 

La campagne et ses oiseaux, ses souris, ses hautes herbes et le soleil qui caressait le flan de la colline avant d'aller se coucher, ces images-là se gravaient dans mon esprit. Le soleil rayonnait si orangé, couvrant les plaines d'un aura doré. C'était magnifique, je ne pouvais pas le nier. Et c'était bien loin des violences que j'avais vécu dans des villes ravagées par les incendies et les explosions, bien loin des barricades, des bombes lacrymogènes et des inscriptions écrites sauvagement sur les murs. 

Peu à peu tout s'effaçait pourtant... 

Je regardais mon petit frère souffler sur sa soupe. Il avait gonflé ses joues au maximum et soufflait, soufflait sur le bord de son bol, créant quelques petites vagues sur la surface de la soupe, les bulles d'huile fuyaient son souffle et il s'amusait à souffler encore plus dessus. Ma grand-mère ricanait doucement, le regardant avec affection et tendresse par dessus ses petites lunettes rondes. Son visage était si jovial. Je pouvais voir que ça lui faisait vraiment plaisir de nous avoir tous les deux ici, à sa table, en ce samedi-soir. Elle avait pris de mes nouvelles auprès de ma mère pendant mon coma mais elle n'était pas venu me voir. Elle s'était excusée une bonne centaine de fois. Disons que ma grand-mère faisait tout à vélo, ou en train pour les grandes occasions et faire 50 kilomètres à vélo pour aller à l'hôpital, c'était un peu trop demandé à une vieille dame de son âge. Son voisin, le jeune fermier avait proposé de l'emmener. Mais je crois bien que ma grand-mère avait beaucoup trop de peine au cœur pour s'y rendre. La mort de son mari, notre grand-père, avait été un coup dur pour elle. Puis elle perdait ses amis du village, qui mourait l'un après l'autre, de vieillesse pour la plupart, mais aussi de maladie. Là, elle était heureuse. Mon petit frère aussi. Il adorait sa grand-mère et aimait venir passer ses vacances ici. Il finit par manger sa soupe, maintenant qu'elle avait un peu refroidi. 

En allant me coucher, j'ai repensé à Thomas. On se retrouvait souvent côte à côte en classe, vu qu'on était à la traîne tous les deux avec les cours. Enfin, certaines fois, il était plus en avance que tous les autres, dans ces cas-là, il me donnait un coup de main. Il m'expliquait en chuchotant le cours et sa voix avait le don particulier de me faire frisonner, même lorsqu'il m'expliquait le cours le plus barbant du monde. Je n'arrivais pas à comprendre tout ce qui m'arrivait. Il faut dire que j'avais repris les cours depuis deux semaines et que cette idée d'avoir traverser l'espace-temps pour revivre l'année de mes dix-sept ans était quand même troublante. Je me perdais souvent dans mes pensées. Thomas me troublait aussi. Il apparaissait comme une variable, une nouveauté totale. Il me troublait pour ça, entre autre. Parce qu'il était un parfait inconnu et que mes ressentis envers lui semblaient être chamboulés. J'aimais qu'il me parle, qu'il me raconte des trucs, qu'il s'attarde à m'expliquer mes cours. Mais je crois que ce que j'aimais par dessus tout, c'est lorsque son regard trouvait le mien, un court instant. 

Ses yeux couleur d'ambre racontaient tant de choses, tant de sentiments, tant d'humeur. J'avais l'impression de pouvoir lire ses pensées à travers ses yeux, ressentir ses émotions avec lui et pourtant j'étais incapable de les interpréter. J'ai soupiré, du fond de mon lit d'enfant, dans la petite chambre que je partageais avec mon frère. Il dormait déjà, à poings fermés, paisiblement, accroché à son doudou. Je l'entendais respirer si calmement et je l'enviais. Certes l'air de la campagne me faisait du bien à l'esprit, il clarifiait les choses, comme une rivière d'eau douce, si belle et fuyante. Mais revenait la culpabilité. Et mon incapacité à dormir paisiblement venait de là. De mes sentiments coupables. 

Vendredi soir, en rentrant du lycée, je suis passé prendre quelques courses pour ma mère à la supérette du coin. Et sur la route du retour, dans mon quartier, j'ai croisé Thomas, assis sur un muret, la tête dans ses mains en train de pleurer. Il m'était impossible de passer devant lui en l'ignorant alors je me suis arrêté pour tenter de lui parler et de le consoler. 

Il m'a dit de le laisser plusieurs fois puis il a fini par accepter ma présence lorsque je lui ai tendu un muffin au chocolat pour le réconforter. Il a séché ses larmes avec le dos de sa main et ses yeux ambrés se sont perdus un instant dans les miens. Ils étaient plein de détresse. J'étais face à lui, il était un peu plus haut que moi, sur son assise sur le muret. Il a pris le muffin que je lui tendais avec un sourire et ses doigts ont frôlé ma main. Un sentiment si doux s'est emparé de moi, à ce moment-là. Je l'ai regardé croquer dans son muffin, le regard perdu dans la rue. Puis il m'a raconté, comprenant qu'il avait besoin de se confier et que j'étais là pour l'écouter. 

" Je sortais avec Rachel depuis trois ans. J'ai changé de lycée pour elle, pour être avec elle. C'est un enfer, ça fait même pas deux semaines que je suis arrivé ici et j'ai l'impression que tout s'écroule. Tout mon monde s'écroule. Je suis dingue d'elle...-il a fait une légère pause, reniflant un coup, au bord des larmes. Il a croqué à nouveau dans son muffin et a reprit, la gorge nouée.- Je suis amoureux d'elle comme un fou depuis que je l'ai rencontrée. Elle était tout pour moi. J'habitais dans la ville voisine, à une demi-heure d'ici. J'ai fait mon lycée là-bas, parce que je voulais faire option natation. Rachel et moi, on se voyait depuis des années à la natation. On s'est rencontrés à une compétition et on est tombés amoureux. On sortait ensemble depuis trois ans.... avant qu'elle... putain - Il essuya rageusement les larmes qui dévalaient ses joues.- Elle m'a trompé pendant trois ans... Tu te rends compte. On se voyait presque tous les week-ends. On habitait pas loin. On partait en vacances ensemble... Elle me disait toujours que les semaines étaient longues sans moi... putain... Et elle a eu plusieurs copains en même temps que moi. Ton pote Gally - il m'a dit en me jetant un regard embué- , puis Minho. Et quand j'ai demandé mon transfert parce que je me suis fait virer du club de natation, j'ai choisi son lycée à elle, pour lui faire une surprise. Je me suis fâché avec mes parents à cause de ce transfert... Et j'arrive là et je découvre quoi ? Qu'elle vit une idylle amoureuse avec un autre mec... J'ai tout perdu... Tout ! C'est un enfer ! Je déteste ma vie... J'ai le cœur en bouillie. J'ai juste envie de m'endormir et ne plus rien vivre ni ressentir... Bordel, ça fait si mal. Je la hais tellement de me faire souffrir à ce point. Je hais Gally. Je hais Minho mais je hais Rachel autant que je l'aime. C'est un enfer putain...

Mon cœur s'est serré dans ma poitrine. Il pesait presque aussi lourd qu'une enclume. Thomas paraissait si désemparé, si désespéré aussi. Il s'était remis à pleurer de plus belle, la tête penchée, les mains qui s'appliquaient à essuyer ses larmes au fur et à mesure qu'elle coulait. J'étais peiné pour lui. Et le seul moyen que j'ai trouvé pour le réconforter, c'est de remonter un peu son menton vers moi, m'approchant de son corps et de l'embrasser. 

Un instant suspendu. D'une douceur extraordinaire. Un baiser si doux. Comme j'en avais jamais partagé de ma vie entière. Celle d'avant pas celle-ci. Puis il m'a poussé violemment et le charme s'est rompu. J'ai manqué de me casser la gueule dans mon sac de courses. 

- MAIS QU'EST-CE QUI TE PREND, BORDEL ?!!! Il m'a crié dessus en sautant du muret pour s'échapper. T'ES COMPLÈTEMENT CON OU QUOI ? JE VIENS DE TE CONFIER QUE J'AI LE CŒUR EN MIETTES ET QUE MA VIE EST UN ENFER ET TOI TU M'EMBRASSES ! MAIS VA TE FAIRE FOUTRE NEWT ! 

Il a crié si fort que mes oreilles ont eu des acouphènes toute la soirée qui a suivi. C'est vrai que j'étais pas très malin sur ce coup-là. Et du fond de mon lit, chez ma grand-mère, j'avais beau retourné cette scène dans tous les sens, je ne savais pas ce qu'il m'était passé par la tête. J'avais agi sans réfléchir, par instinct, par pulsion diront d'autres. Par connerie, surtout. J'étais vraiment un pauvre type... Aucune compassion. J'avais bien merdé sur ce plan-là... 

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