Chapitre 1 : le lycée, ça me fait chier...
" Newt ! Tu es sûr de vouloir retourner au lycée aujourd'hui ?" La voix de ma mère s'élèvait dans la cage d'escalier. Je crachai mon dentifrice dans l'évier et je lui répondais que "oui, on est lundi, je veux reprendre ma vie normale". J'avais un sentiment étrange en moi. J'allais sans doute revoir mes amis de l'époque. Ceux que j'ai perdu depuis des lustres. J'allais les revoir et revivre des moments de joie avec eux. Retrouver ma mère m'avait fait tellement de bien à l'âme.
Je suis descendu rapidement, attrapant un sac qui semblait être mon sac de cours. J'ai ébouriffé mes cheveux devant le miroir de l'entrée et j'ai fermé la porte à clé. Léo et ma mère étaient déjà dans la voiture. Elle me déposait au lycée en allant travailler. Ma mère avait appelé le lycée pour prévenir que je revenais aujourd'hui. Elle me racontait des trucs sur la famille, sur les trois semaines que j'avais passé dans le coma. Et elle me demanda de faire attention à ma santé, de ne pas pousser mon corps dans des situations extrêmes. C'est vrai que j'avais encore quelques douleurs. J'étais étonné d'ailleurs de ne pas avoir d'os de cassés. J'étais persuadé que la première fois, lors de ma sortie de l'hôpital, j'avais un bras dans le plâtre. Là, non. Aucune trace d'accident. Cela faisait partie des choses étranges et inexplicables qui se passaient depuis mon réveil à l'hôpital.
J'embrassais ma mère sur la joue ouvrant la porte de la voiture, je saluais mon petit frère et descendis du véhicule. Mon lycée s'étendait devant moi. Un bâtiment des années 2000. Des colonnes, un préau, des casiers de toutes les couleurs, une sorte de cour extérieure et les deux grandes portes vitrées qui servaient d'entrer.
- Pow Pow Pow ! Regardez qui revient d'entre-les-morts !!!
Cette voix. Elle provoquait des frissons en moi. Je vis arriver Gally, les bras grand ouverts, un sourire énorme lui barrant son visage de rouquin. Il m'attrapa et m'enlaça fermement dans un câlin. J'ai fermé les yeux, un instant, profitant de mes retrouvailles avec Gally. Ce bon vieux Gally.
- Oh, mon pote je suis si content de te voir ! Me dit-il en me lâchant.
Ses yeux verts croisèrent les miens et un sourire se dessina sur mes lèvres.
- Je suis si content de te voir, moi aussi, Gally ! Je lui ai répondu avant de le reprendre dans mes bras. Gally avait toujours été mon ami. Du plus loin que je me souvienne, on se connaissait depuis le maternelle. On était devenus copains assez rapidement et inséparables avec les années. Son futur a lui était moins brillant que le mien. Il était mort à vingt ans dans un accident de moto. Sa mort avait été très dure pour moi. Un véritable drame. La perte de mon meilleur copain était une blessure qui ne s'était jamais vraiment refermée.
Je retrouvais tous ceux que j'avais perdu. Ma mère, mon meilleur ami. Je les retrouvais. C'était comme un sursaut de bonheur dans l'étrange aventure qui m'arrivait.
- Putain, Newt !!! Fut un cri que j'entendais avant de voir deux personnes me sauter dessus et me serrer dans un câlin bancal. Mon rire explosa. La chevelure de Teresa me chatouillait le menton, les bras de Brenda me tenaient la taille dans une étreinte joyeuse et chaleureuse. Gally se joignait à nous, histoire de resserrer le câlin.
Le défilé de mes copains continua jusqu'à la sonnerie, annonçant le début des classes. Ma classe m'applaudit lorsque je rentrais dedans, comme si c'était un exploit de survivre. Ils semblaient tous insouciants, jeunes et naïfs encore. Elle était encore loin l'idée d'un avenir sombre et autoritaire. Les mines réjouies de mes camarades de classe me réchauffaient le cœur. Il fallait que je laisse mes pensées du futur de côté. Je m'installais au fond, à côté de Gally.
- Nous avons une autre bonne nouvelle aujourd'hui, annonça notre professeure d'histoire géographie. Tu peux entrer, je t'en prie.
Un garçon entra dans la pièce dans un silence attentif. Je laissais les bétises de Gally de côté pour observer le nouveau. Je n'avais pas souvenir d'un nouvel élève. Non, pas le jour de mon retour. Il n'y a jamais eu de nouvel élève dans ma classe en terminale.
Mes yeux sondaient ce garçon, brun, les yeux noirs, de taille moyenne, habillé d'un sweat rouge et d'un jeans classique, une coupe de cheveux décoiffée. Rien d'extravaguant. Il m'intriguait cependant, il était un changement dans ma vie. Une variable dans la matrice. Une nouvelle entité.
- Bonjour, je m'appelle Thomas Karlberg. Je viens d'arriver dans cette ville. Je vais donc passer le reste de l'année avec vous.
Mon cœur rata un battement et ma vue se troublait d'un coup. J'ai secoué la tête. Je l'ai regardé à nouveau et ses yeux ont croisé les miens. Lorsque la prof lui indiquait sa place, il m'a esquissé un léger sourire en coin. Et ma vue s'est troublée, mon cœur s'est enraillé dans ma poitrine.
Il m'a souri par complaisance, n'est-ce pas ? Parce que je venais de frôler la mort et que je retournais en classe. ça ne pouvait pas être autre chose.
Gally m'attirait vers la cafétéria, pressé d'aller manger. Teresa et Brenda nous suivaient en parlant d'une nouvelle artiste qu'elle aimait bien. Les autres élèves du lycée me jetaient des regards intrigués. La nouvelle s'était répandue comme une traînée de poudre. Les murmures, les ragots, les "on-dit" couraient les couloirs du lycée. J'étais le garçon de l'accident. Celui qui s'était fait renversé par un chauffard devant le lycée. Celui qui était resté dans le coma trois semaines. Des vidéos de mon accident avaient circulé sur les réseaux sociaux tout le temps de mon hospitalisation. Certains me filmaient à nouveau. Je voyais bien que Gally faisait tout pour que j'évite de finir sur TikTok à mon insu. Il faisait les gros yeux à ceux qui dégainaient leur portable sur mon passage.
On s'installa à une table dans le self du lycée, nos plateaux remplis devant nous. Teresa me racontait divers trucs, trop contente de me retrouver. Gally était parti chercher un pichet et Brenda jetait des regards langoureux à Minho, un de nos amis occasionnels. Minho se leva pour me saluer, me demander comment j'allais. J'aimais bien Minho. Il était mon ami. Celui de Gally aussi mais il sortait avec Rachel, l'ex-copine de Gally, et il ne pouvait donc pas traîner avec nous et traîner avec les amis de Rachel. Les deux groupes ne s'entendaient pas du tout.
Mon esprit s'échappa un instant des conversations. J'étais nostalgique de mes années lycées, c'était drôle et étrange de revenir en arrière, de voir à quel point nos vies étaient simples et insouciantes. Le rire de Teresa retentissait. Minho lui racontait des histoires drôles. Je crois que ça avait du bon, finalement, d'être de retour dans le monde des vivants, à l'époque de mes 17 ans.
- Je peux manger avec vous ?
Je sortais de mes pensées en sursaut. La voix rauque du nouveau venait de me tirer de mes rêveries.
- Oui bien sûr Thomas, installe-toi ! Lui répondit enjouée Teresa.
Mes yeux se posèrent sur son visage. Un vrai tableau d'art. Des grains de beauté décoraient sa peau, ses yeux n'étaient pas noirs mais cerclés d'un brun clair, presque caramel, des longs cils, des pommettes marquées et un sourire en coin lui créant des fossettes.
- Tu me voles la vedette, je crois ! Me dit-il. Ses yeux se plongèrent dans les miens et je tentais du mieux que je pouvais de recoller les morceaux de mon cerveau.
- La vedette ? Je demandais, ne voyant pas où il voulait en venir. Il me troublait. Il me troublait parce qu'il n'était pas dans le scénario original de ma vie. Il me troublait parce qu'il était beau aussi. Divinement beau. Il me troublait assez pour faire rater quelques battements à mon cœur.
- Oui, je pensais attirer tous les regards parce que je suis le nouveau mais tout le monde ne parle que de toi, le mec qui revient des morts ! Je passe totalement inaperçu. Non pas que ça me dérange ahah... Il m'expliquait.
Sa voix provoquait en moi une sensation étrange. Je lui ai souris, puis j'ai penché le nez sur mon assiette, légèrement intimidé et très troublé par l'effet qu'il me faisait.
- Désolé. Peut-être que les gens vont te remarquer si tu traînes avec nous... Je lui ai dit. Il a rigolé.
Teresa et Brenda se sont mises à lui poser des questions. J'avoue que je ne l'ai pas écouté réellement, j'étais trop captivé par son aura.
Il ressemblait à un soleil. Il attirait mon regard mais m'éblouissait à la fois. Il semblait si vivant, si chaleureux, si adorable.
Il était une variable dans la matrice...
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro