Quiproquo
N'importe qui passant devant Aoba Johsai au moment de la fin des cours aurait remarqué cet individu au milieu de la foule. Un jeune homme, grand et athlétiquement taillé, se tenait debout devant les grilles (et accessoirement en plein dans le passage) ; ses poings étaient posés sur ses hanches, et il tapait du pied par terre –comme un enfant colérique, ou alors comme un lapin contrarié. Son visage, connu pour être charmant, était figé dans une moue fâchée et il jetait des regards insistants aux bus qui s'arrêtaient devant le lycée.
Il entendit des sanglots étouffés, et aperçut pour la trentième ou quarantième fois de la journée –car elles se plaçaient aux endroits stratégiques pour le voir et être vues de lui- ses groupies effondrées.
-Il reste de l'espoir, les filles ! disait l'une, un peu plus optimiste. Il est peut-être bi !
Oikawa soupira, et s'apprêta à leur répondre qu'il n'avait jamais reluqué un homme de sa vie ; et c'est à ce moment précis qu'une voix vint ruiner sa répartie :
-Oikawa-san !
Comme, bien sûr, l'appel avait été lancé d'une voix forte, tous les étudiants dans un rayon de dix mètres se retournèrent vers le nouveau venu –un grand brun qui courait vers l'entrée, vêtu d'un simple jean et d'un T-shirt bleu turquoise. Il ralentit et avança vers Oikawa.
-C'est qui ? demanda une des filles.
-Vous croyez que c'est le gars de la rumeur ?
-Il a le T-shirt qu'Oikawa portait le jeudi 23 septembre ! C'est lui, obligé !
-Tobio-chan ! s'écriait Oikawa, ce qui n'aida pas à réfréner la rumeur. J'ai failli attendre !
-Ecoute, dit Kageyama, l'air affolé. Il faut que tu m'aides, tout le monde au lycée pense qu'on a fait des choses –je ne sais pas exactement quoi, mais ils s'inquiètent et-
-Pas ici ! chuchota furieusement Oikawa. Viens un peu par là.
Et ils disparurent à l'intérieur du lycée, toujours observés par un certain nombre d'étudiants avides de ragots. Dans la foule, on entendit geindre une pauvre voix:
-Je les ship déjà...
Oikawa marchait devant à grands pas, et conduisit Kageyama dans un espace où ils pourraient parler en privé –la salle de club du volley, en l'occurrence, était déserte à cette heure. Il ferma soigneusement la porte et se planta face à son cadet, les bras croisés.
-Tobio, il faut éteindre cette rumeur au plus vite.
-Mais je ne sais même pas..., commença Tobio. Pourquoi j'étais dans ton lit ?
-Parce que je n'allais pas te faire dormir par terre, s'exaspéra Oikawa. La vraie question c'est : est-ce qu'il y a un moment où tu as percuté que tu portes un T-shirt avec le nom de mon lycée noté dessus ?
-Oh ?
Tobio tira un peu le tissu sur le devant pour observer le vêtement plus en détail. Oikawa s'impatienta :
-Et d'ailleurs, rends-le moi tout de suite ! Et j'espère que tu n'as pas mis ton odeur dessus !
Kageyama lui lança un regard noir, puis sans prévenir, se débarrassa du T-shirt pour le jeter aux pieds d'Oikawa.
Oikawa, qui quelques minutes plus tôt était prêt à affirmer qu'il n'avait jamais reluqué d'homme, commit l'erreur de regarder. Regarder peut-être un peu trop longtemps et avec un peu trop d'insistance.
-Je te rends aussi le caleçon ? demanda Kageyama en déboutonnant son jean.
-NOOOON ! NON, NON, NON ! paniqua Oikawa. Il est des choses qui doivent rester cachées ! S'il te plaît, épargne-moi ça !
Et, comme Oikawa Tooru était quelqu'un qui aimait en rajouter des couches, il tomba à genoux et fit semblant de supplier.
C'est à ce moment précis que la porte s'ouvrit et que la voix d'Iwaizumi retentit :
-Oikawa, c'est toi ? J'ai oublié mes –oh.
Kageyama était à moitié déshabillé, la braguette ouverte. Oikawa était à genoux devant lui. Iwaizumi rougit depuis les orteils jusqu'à la racine des cheveux.
-Je- Vous - Pardon ! balbutia-t-il, gêné à l'extrême.
-IWA-CHAN ! CE N'EST PAS CE QUE TU CROIS ! s'écria Oikawa, en se relevant brutalement.
La porte se referma et il bondit pour poursuivre Iwaizumi :
-Ça y ressemblait, mais ce n'était pas ça !
-Ecoute Oikawa, ces choses sont dans la nature, il n'y a pas à avoir honte-
-Je ne suis pas gay, (et il eut enfin l'occasion de rattraper son coup de tout à l'heure :) je n'ai jamais reluqué un homme de ma vie !
Puis il se souvint qu'en fait si, c'était le cas, et que cela datait de moins de trente-cinq secondes. Il voulut mentir et convaincre autant Iwaizumi que lui-même que ce n'était jamais arrivé.
-Et je n'ai certainement pas reluqué Tobio-chan...
Il allait presque faire passer le mensonge, mais ne put retenir ses mots :
-... même si je dois dire qu'il est vraiment bien foutu !
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