Le soutien d'une équipe
-Le silence ?
Il y eut un moment de pause, puis Iwaizumi éclata d'un rire franc, suivi par les autres terminales. Oikawa, mortifié, commençait à regretter d'avoir raconté la scène de la veille à ses coéquipiers, profitant que les premières et secondes ne soient pas encore arrivés dans la salle de club. Là, ils étaient tous morts de rire après avoir appris la manière dont Kageyama l'avait reclaqué.
-C'est un bon, déclara Iwa-chan. Et puis, ça te fait du bien de te faire charrier un peu.
-Je me fais tout le temps charrier, lui fit amèrement remarquer Oikawa.
Et par tout le monde, ce qui était pire. Sa fierté était considérablement abîmée après les derniers événements, et, s'il n'aimait pas vraiment ça, c'était pour le plus grand plaisir de ses coéquipiers.
-J'avoue, c'était violent, commenta Matsukawa, fort réjoui de la petite histoire.
-Oikawa se fait dominer, ajouta Hanamaki avec un large sourire.
-Mais peut-être qu'il aime ça, Makki.
-Je dirais même qu'il adore ça, Mattsun.
-Stop ! s'exclama Oikawa en prenant sa tête dans ses mains. Vous me rendez fous !
Il n'en fallut pas plus pour relancer la machine infernale :
-Fou ? Mais tu es déjà fou.
-Et même complètement taré.
-On ne drogue pas nos cadets, nous, hein Makki? persifla Matsukawa.
Iwaizumi, qui jusque là se changeait tranquillement dans son coin sans plus se soucier des histoires de cœur d'Oikawa, se retourna brutalement.
-PARDON !?
Les deux compères portèrent les mains à la bouche, comprenant qu'ils avaient parlé trop fort, et Oikawa envisagea de simuler un malaise pour s'en sortir –ayant acquis l'expérience de l'évanouissement pas plus tard que la veille à Karasuno.
La porte s'ouvrit tout d'un coup sur Kindaichi et Kunimi, ce qui coupa court à ce qui promettait d'être une scène particulièrement sanglante.
-Bonjour ? salua timidement Kindaichi.
Son regard coupable quand il rencontra le sien rappela à Oikawa que c'était lui, Kindaichi, qui avait crié les rumeurs dans les couloirs d'Aoba et détruit sa réputation en public. Ce qu'il voulait, apparemment, se faire pardonner au plus vite et à sa manière :
-Oikawa, dit-il d'une petite voix, je trouve que tu es très beau aujourd'hui.
-Tu l'as pas bien regardé, répliqua Iwaizumi.
-Ils tournent tous gays, ou quoi ? murmura Hanamaki, tout en se penchant très près de Matsukawa.
-Pourquoi aujourd'hui ? demanda Oikawa en fronçant les sourcils. Je suis toujours beau.
Kindaichi était tétanisé au milieu de ce débordement de violence inattendu. Il se tourna, en désespoir de cause, vers Kunimi, cherchant son soutien ; mais Kunimi se contenta de lever les yeux au ciel et soupirer, ce qui, avec le sarcasme, était sa méthode d'expression préférée.
(Oikawa, soit dit en passant, se demandait ce qui s'était passé à Kitagawa Daiichi après son départ pour que ses cadets aient tous perdu leurs capacités sociales de la sorte).
-Alors, Oikawa, quand est-ce que tu nous présentes officiellement ton petit copain ? lança négligemment Kunimi en posant son sac.
Les terminales se tournèrent vers lui avec un sourire moqueur ; Kunimi, visiblement très fier de sa question, semblait se féliciter de mettre ainsi Oikawa dans l'embarras. Face à une situation aussi vicieuse, il avait plusieurs options :
-Répondre mine de rien « Quel copain ? » et se faire allumer par toutes les variantes de « le passeur de Karasuno » «Kageyama Tobio » « le Roi du Terrain » ou encore « ton cadet ».
-Donner une date au hasard, en espérant avoir séduit Tobio avant ; quelque chose comme, au moins, le 6 octobre 2023.
-Feindre un malaise, puisqu'apparemment il y tenait vraiment.
A la place, il répondit avec sérieux :
-Quand il se rendra compte de nos sentiments réciproques.
Kindaichi, qui essayait de se faire discret depuis l'échec de son compliment, s'étouffa violemment.
-Et comment tu comptes lui faire comprendre ça ? demanda Kunimi, qui ne pouvait s'empêcher d'arborer un demi-sourire ironique. Parce qu'il faut que tu saches que « Kageyama » et « comprendre » vont assez rarement ensemble.
-J'ai pu le constater par moi-même, soupira Oikawa agacé. Mais j'ai un plan. Je dois voir Hinata ce soir, après l'entraînement, pour mettre au point ma stratégie d'approche.
-Hinata ?
Iwaizumi sa plaqua la paume de la main sur les yeux et le front, l'air consterné.
-Hinata, te donner des conseils de drague ? Vraiment, Oikawa ?
-C'est le meilleur ami de Tobio, se défendit Oikawa. C'est le passeur remplaçant de Karasuno qui me l'a dit.
-Regardez ça, lança Hanamaki, notre capitaine qui fricote avec les adversaires.
-C'est du beau, ajouta Matsukawa.
Certes, demander à Hinata des conseils pour approcher Tobio ne semblait pas être l'idée du siècle. Mais il avait été utile pour découvrir la vérité sur Ushijima, alors Oikawa lui accordait le minimum syndical de confiance.
-Je suis sûr que ça va le faire, dit-il, tâchant de retrouver sa contenance. Donnez-moi une, non, deux semaines, et Tobio ne pourra plus se passer de moi.
-Le pauvre, soupira Mattsun. Tu veux vraiment lui infliger ça ?
Oikawa attendit un instant que la pression retombe, puis demanda, soudain sincère :
-Vraiment, vous n'avez pas de problème avec ça ? Je veux dire, avec lui et moi ?
-Avec toi oui, mais avec lui non, marmonna Iwaizumi.
-Iwa-chan !
-Je pense que ça pose surtout un problème à tes groupies, remarqua Hanamaki.
-Tant que tu ne lui donnes pas nos stratégies de match..., intervint Kindaichi.
-Par contre, s'il peut te donner les siennes..., murmura Kunimi.
Oikawa fit mine d'essuyer une larme :
-Oh, les gars, vous êtes vraiment les meilleurs !
-On sait, répondirent en cœur Hanamaki et Matsukawa.
Ils sortirent de la salle de club ; ça faisait longtemps qu'on n'avait pas vu Oikawa rayonner de la sorte. L'aval de ses coéquipiers semblait le motiver et le réjouir au-delà de toute mesure et il bondissait littéralement vers le gymnase, ayant hâte d'en découdre avec l'entraînement, et surtout avec Hinata, pour tirer de lui toutes les informations, toutes les techniques, toutes les idées possibles pour atteindre son but : conquérir Tobio.
-Eh bien, soupira Iwaizumi en le voyant gambader devant eux, on n'est pas sortis de l'auberge.
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