Dancing Queen
Peu de joueurs connaissaient Oikawa, encore quelques heures avant le début de la fête ; maintenant, il était le centre de tous les regards, déchaîné au milieu de la piste entre Kuroo et Bokuto, et tous les gays de la salle (autant dire : une grande majorité) n'avaient d'yeux que pour son déhanché.
Un grand sourire aux lèvres, les yeux brillants, une main sensuelle dans ses cheveux rebelles et son corps parfait bougeant au rythme de la musique, on pouvait aisément lui décerner le prix du plus haut sex-appeal. Mais le moment où il brilla de tous ses feux fut incontestablement lorsque la porte du gymnase s'ouvrit, laissant rentrer Kageyama, qui s'immobilisa net en voyant le spectacle, et ouvrit la bouche tel un poisson hors de l'eau ; alors, Oikawa se fit une mission de bouger avec plus de volupté que jamais, à grands renforts de regards de braise et de sourires charmeurs.
Lorsqu'il quitta finalement ses compagnons de fête –Kuroo et Bokuto ayant encore beaucoup trop d'énergie à dépenser-, les joues encore colorée de son activité, il alla droit vers Kageyama.
-Tobio-chan ! lança-t-il joyeusement. Comment va la crevette ?
-Il est en PLS.
-Tu m'as vu danser ?
-Oui, répondit Tobio, qui baissa aussitôt les yeux, comme s'il avait peur qu'Oikawa l'éblouisse.
Oikawa ne manqua pas l'occasion de prendre la pose, une main sur la hanche, la tête un peu penchée : il décida de pousser la provocation un peu plus loin.
-J'ai pensé à jeter mon T-shirt dans la foule. Tu l'aurais attrapé ?
-J'en ai déjà un de toi, fit remarquer Tobio. Si je l'avais attrapé, tu m'aurais encore demandé de te donner un de mes vêtements en échange.
-Tu me connais bien, mon cher petit cadet, susurra Oikawa. Mais de toute façon, je ne l'ai pas fait. Je ne suis pas exhibitionniste comme Kuroo, moi. Je n'accorde pas à tout le monde le privilège de regarder mon torse.
Mais toi, tu l'auras, songea-t-il, et j'espère bien que tu ne feras pas que le regarder.
-Seulement tes coéquipiers, c'est ça ? marmonna Tobio.
-Oh, ne soyons pas si restrictifs. Tu as le droit aussi.
-Ah, merci, répondit Tobio, mais ses yeux dérivèrent bien vite sur le buffet et il s'apprêta à s'éloigner, suivant ses instincts, et sembla ne pas prêter plus attention à son dévoué senpai.
-Hep là ! Où tu vas comme ça ? s'écria Oikawa en le retenant par le bras. N'oublie pas qu'on a un slow à faire !
-Oui, oui, répondit distraitement Tobio.
Il fit quelques pas vers le buffet, et Oikawa le suivit avec une moue boudeuse.
-Et c'est toi qui dois m'inviter !
-Je sais ! répondit Kageyama en plissant les yeux.
-Parle mieux à ton senpai, sale gosse ! se récria Oikawa, tout à coup prenant une posture sérieuse.
Il releva la tête et prit son regard dédaigneux préféré, fier d'être encore un peu plus grand que Tobio. Lequel, avec une expression de repentir soudain, s'inclina et débita :
-Excuse-moi, Oikawa-san. Je vais juste boire encore un verre. Et après, on fera le défi.
Figé, Tooru le regarda s'éloigner, et ne le suivit pas, cette fois. Boire, Tobio, allait, boire. Après avoir pesé le pour et le contre, Oikawa décida que c'était peut-être mieux comme ça –après tout, un Tobio ivre était un Tobio consentant. Normalement. Et puis, s'il pouvait continuer à se montrer un peu plus disposé à parler de ses sentiments, c'était toujours bon à prendre.
Oikawa le laissa donc aller, et décida de se mettre en quête de Suga, pour savoir à quelle heure il comptait lancer les slows. Après avoir inspecté les divers coins du gymnase sans le voir, il finit par tomber sur Daichi et saisit l'occasion de lui demander.
-Ah, Suga ? Je crois qu'il est parti voir comment allait Hinata, répondit le capitaine de Karasuno.
Oikawa le remercia, et sortit donc du gymnase, esquivant Kuroo et Bokuto qui voulaient le ramener sur la piste avec eux. Il frissonna en sortant, regretta de ne pas avoir emmené la veste de Tobio ; il faisait nuit depuis longtemps. Il ne tarda pas à repérer Suga dans un coin, qui parlait doucement à Hinata assis contre le mur, l'air complètement achevé.
-Heureusement que tu dors ici ce soir, le réprimandait gentiment Suga. On ne t'aurait pas renvoyé chez tes parents dans cet état-là.
Tooru toussota pour se manifester, et Suga afficha un grand sourire en le voyant.
-Oh, Oikawa ! s'écria-t-il avec une étincelle dans les yeux.
Il agita la main, comme s'il avait envie de lui dire un secret, et Oikawa se pencha vers lui toute ouïe.
-Quand tu dansais, tout à l'heure, lui glissa Suga, Kageyama ne t'a pas quitté des yeux une seconde.
Le Grand Roi afficha un sourire victorieux. Tout semblait fonctionner à merveille ; et il demanda aussitôt, tout impatient :
-Quand est-ce qu'on pourra faire les slows, Suga-chan ? De préférence avant que Tobio ne se soit rendu ivre mort ? Parce qu'il avait l'air déterminé, là.
-Oh, le vilain garçon, s'exclama Suga. Hinata, ne bouge pas, je vais aller arrêter le grand idiot qui te sert de meilleur ami.
-Je ne peux pas bouger, de toute façon, gémit Hinata.
-Oikawa, surveille-le pendant que j'éloigne Kageyama de l'alcool. Je ne lancerai pas les slows avant que vous soyez tous les deux dans le gymnase, ne t'en fais pas.
Et avec ça, il disparut précipitamment, laissant Oikawa seul avec Hinata.
-Grand Roi..., geignit Hinata, tout pâle.
-Quoi donc, Chibi-chan ?
-Tu feras attention à Kageyama, hein ?
Oikawa haussa les sourcils, surpris. Il ne s'attendait pas à ce que Hinata aie l'alcool solennel.
-Evidemment, répondit-il donc d'un ton rassurant.
C'est là qu'Hinata lui lança un regard extrêmement sérieux, et même un peu flippant, qu'Oikawa lui avait déjà vu à certains moments intenses sur le terrain :
-Parce que si tu lui brises le cœur, c'est moi qui te briserai les os.
Ne plus jamais faire boire Hinata, songea Oikawa, pris de sueurs froides. Choqué mais toujours confiant, il fit un petit signe de paix :
-Ne t'inquiète pas, je ne ferai jamais de mal à Tobio-chan !
Et il se hâta de rentrer dans le gymnase, laissant là Hinata qui avait repris son expression habituelle. Qu'est-ce que c'est que ce gars-là, songea Oikawa, qui donne l'impression d'avoir quatre ans d'âge mental, et qui te balance des trucs pareils derrière ?
Une fois à l'intérieur, il repéra sans mal Suga et Kageyama, non loin du buffet ; Tobio avait un gobelet dans les mains, et il parlait avec animation. Perdu dans sa contemplation, Tooru ne vit pas Bokuto s'approcher de lui.
-Oikawaaaa ! Viens danser ! cria-t-il.
Il voulut le tirer par le bras pour le ramener sur la piste.
-Pas maintenant, Hoot-Hoot, répondit le passeur.
Il ne se sentait plus aussi enjoué qu'au départ. Une pensée soudaine le saisit, et le glaça : le grand, l'unique, le sublime Oikawa Tooru.... N'était quand même pas en train de stresser, si ?
Après avoir écarté Bokuto, il jeta un nouveau coup d'œil vers le buffet. Suga n'était plus là.
Si. Il stressait. Il stressait beaucoup trop.
La musique changea tout à coup, et des accords plus lents, plus doux, se mirent à résonner à travers le gymnase. Dans sa vision périphérique, il vit Tobio poser son gobelet, faire craquer ses jointures, inspirer profondément et se diriger vers lui.
-Oikawa-san.
-Oui, Tobio-chan ? fit Oikawa en prenant l'air détendu.
De toute évidence, aucun des deux n'était détendu. Kageyama s'inclina légèrement –mais Oikawa soupçonna que c'était pour cacher ses joues rouges.
-Tu veux bien danser avec moi, s'il te plaît ? C'est pour le défi.
Tooru sourit de toutes ses dents et sentit son cœur fondre.
-Mais bien sûr, mon petit cadet, murmura-t-il.
Quelques couples évoluaient déjà sur la piste, et on distinguait aisément deux catégories : ceux qui étaient mignons (comme Daichi et Suga, ou Yamaguchi et Yachi), et ceux qui voulaient juste rigoler (Tanaka et Nishinoya étaient un exemple flagrant, mais plus encore, Kuroo et Bokuto, qui essayaient de coincer Tsukki en sandwich entre eux deux).
Oikawa entraîna donc Tobio au milieu de la piste, où ils se plantèrent face à face.
-Passe tes bras autour de mon cou, lui dit Tooru.
Tobio sembla bugger un instant, puis obtempéra timidement, pendant qu'Oikawa posait les mains sur sa taille. Ils évitèrent soigneusement de se regarder dans les yeux, et commencèrent lentement à tourner sur place.
-Je suis désolé si je te marche sur les pieds, articula Tobio.
-Ce n'est rien, monte-moi dessus, plaisanta nerveusement Oikawa.
Avant que Tobio ne comprenne (ou pas), il embraya, y voyant une occasion prometteuse :
-Viens plus près. Ce sera plus simple.
Et, sans vraiment attendre que Tobio donne son accord, il l'attira contre lui. Après tout, on ne fait pas un slow les bras tendus.
Leurs visages, du même coup, se rapprochèrent dangereusement, et Oikawa hésita à retenter sa chance. Mais, sagement, il décida d'attendre un peu ; cependant, Tobio sembla voir dans ses yeux qu'il avait quelque chose en tête, et se déroba à son regard de la meilleure manière possible –en posant la tête sur son épaule.
L'atmosphère sembla se détendre un peu. Oikawa aperçut Suga qui leva un pouce dans sa direction, et Tsukishima, qui avait échappé au duo terrible, en train de filmer en ricanant. Il essaya de se concentrer sur la musique, mais ne pouvait s'empêcher de savourer le moment –Tobio dans ses bras ! Ses mains sur son corps ! Il sentait les cheveux soyeux de Kageyama effleurer sa joue, et –ô joie- pouvait respirer son odeur directement, plutôt que de la récupérer sur sa veste.
La musique arriva à son terme ; une seconde prit le relais, peut-être encore plus romantique que la précédente. Nos deux passeurs s'étaient arrêtés lorsque la musique s'était interrompue ; mais Oikawa murmura avec un doux sourire, alors que la seconde chanson commençait :
-Pour celui-là, c'est moi qui t'invite...
Ils étaient toujours enlacés, toujours sur la piste ; et ils se remirent à danser lentement. Il a accepté, songea Oikawa tout victorieux, même s'il ne l'a pas formulé, il n'est pas parti non plus... ! La rumeur allait de bon train parmi les joueurs qui restaient sur le côté et regardaient sans danser. Beaucoup lorgnaient Kiyoko, mais elle refusait résolument tous ceux qui tentaient une approche.
Enfin, les slows se terminèrent pour de bon. Tobio ôta sa tête de l'épaule d'Oikawa, où elle reposait jusque-là ; Oikawa sentit son souffle chaud dans son cou, et tourna la tête vers lui, alors que Kageyama redressait son visage : leurs lèvres se manquèrent de peu.
Ça a assez duré, songea Oikawa.
Alors ses doigts se refermèrent sur le poignet de Tobio, et il le tira hors de la piste.
-Viens avec moi, Tobio-chan, lui dit-il à voix basse. Il faut que je te dise quelque chose.
Et ils sortirent du gymnase, là où la caméra de Tsukishima ne pourrait pas les trouver.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro