Oikage [Pré-lemon, Eros. 2k]
Oikawa Tooru parcourait son établissement d'un pas de propriétaire, passant tantôt dans la salle d'attente saluer les clients réguliers, tantôt dans les couloirs où résonnaient les gémissements étouffés et les grincements des lits. C'était une soirée prolifique, et il souriait pour lui-même en voyant défiler des clients béats et promettant de revenir.
Il était deux heures et demie du matin, et la soirée était bien entamée. Oikawa n'était pas fatigué, cependant. Même après tout ce temps, même s'il était dans le métier depuis plusieurs années, il sentait toujours l'adrénaline lui courir dans les veines et l'excitation alléger sa tête en se promenant au milieu de la fornication. L'odeur de luxure traînait dans l'escalier, les soupirs et les cris formaient à ses oreilles une délicieuse harmonie, et l'idée de l'argent qu'il en tirerait lui titillait les doigts.
-Ça va, Akaa-chan ? demanda-t-il en croisant Akaashi près de la salle commune. Tu es en pause ?
-Encore cinq minutes, précisa son louveteau. J'enchaîne juste après.
-Bien, bien, murmura Oikawa, lui caressant distraitement la joue.
Il aimait ses employés, et gardait un rapport ambigu avec eux, tantôt paternel ou hiérarchique, parfois tenant davantage du propriétaire que du directeur. Mais ses louveteaux étaient bien traités, et aucun ne se plaignait de lui –ils étaient grassement payés, nourris et logés, avaient trouvé dans son établissement un travail, des amis et une famille unique.
Malgré tous ses petits gestes affectueux, Oikawa les respectait. Il ne touchait pas à ses employés, c'était une question de principe. Il les testait avant de les embaucher, certes, mais plutôt en les regardant entre eux qu'en s'en mêlant pour de bon –son job, c'était de superviser, pas de profiter.
Il faisait une exception, ceci dit. Une seule et unique.
-Tobio-chan, appela-t-il.
Son louveteau était dans la salle commune, assis à une table en train de lire un magazine de sport. Il était vêtu d'un T-shirt à longues manches gris, sombre et soyeux sous un gilet crème, jean skinny noir et baskets de ville. Oikawa insistait pour que ses employés se rhabillent consciencieusement entre deux sessions, pour donner au client l'impression que lui seul existait. La plupart de ses employés s'habillaient simplement, préférant pour la plupart les sweats et les T-shirts, mais Tobio avait toujours eu du style, et Oikawa n'y trouvait rien à redire, bien au contraire.
-Ta soirée est terminée ? demanda-t-il en se penchant pour regarder ce que lisait Kageyama.
-Encore un client, répondit Tobio. Et j'ai fini.
-Passe dans ma chambre après ton service, murmura-t-il à son oreille.
Le simple fait de dire ces quelques mots suffisait à l'exciter, et il se réfréna de mordiller le lobe d'oreille de Kageyama ou de lui laisser un suçon dans le cou. Leur liaison n'était pas exactement secrète, mais mieux valait ne pas l'afficher à la vue de tous. Oikawa lui-même ne savait pas si ça relevait de la consommation personnelle et qu'il était pour Tobio un client comme un autre, ou s'il y avait quelque chose de plus que ça.
Il continua de contrôler son établissement jusqu'à trois heures et quart, récoltant les différents avis à la sortie, discutant avec Yachi sur les emplois du temps, puis fit un peu d'administration dans son bureau avant de faire la fermeture. Le temps que les derniers retardataires sortent, il était quatre heures dix, et Oikawa verrouilla les portes avec satisfaction.
Les employés regagnèrent leurs chambres dans un mouvement uniforme, épuisés après leur soirée –Yachi disposait également de la sienne, à l'étage des filles. Comme ils ouvraient seulement en fin d'après-midi, Oikawa n'avait pas d'objection à ce qu'ils se lèvent tard, mais ne manquait pas de râler s'il trouvait ses louveteaux en train de jouer dans la salle commune à cinq heures du matin.
Sa suite, au dernier étage, était sans nul doute la plus grande et la plus luxueuse de tout l'établissement, quoiqu'aucun client n'y fût jamais rentré. Depuis qu'il avait les mains remplies d'or, Oikawa ne s'était rien refusé. Il jette un coup d'œil à son lit, puis s'assoit à son bureau pour parcourir les documents que Yachi lui a donnés pour rendre compte de la soirée. C'était fructueux, ses louveteaux avaient fait du bon travail.
Il pose ses lunettes sur son bureau en entendant des pas monter l'escalier et s'arrêter devant sa porte. Après quelques secondes, Tobio se décide finalement à frapper.
-Entre.
Kageyama apparaît dans l'embrasure de la porte. Oikawa laisse un sourire jouer sur ses lèvres en se souvenant de leurs antécédents ; Tobio, l'innocence incarnée à l'époque, qui l'avait supplié de lui apprendre tout ce qu'il savait... Et Oikawa l'avait fait, percevant clairement quels avantages il pourrait en tirer. Le jeune homme était désirable, c'était un fait ; corps parfait, grands yeux bleus, passionné dans ses tâches, de nombreux clients le réclamaient... mais Oikawa l'avait formé à son image, pour son plaisir, et rien ne l'excitait autant de savoir qu'il avait modelé Tobio juste pour lui.
-Viens là.
Oikawa laisse son regard traîner sur les jambes de Tobio quand celui-ci s'avance. Longues et fines quoique musclées, un délice à deviner sous le tissu de son jean. Il attend que Kageyama soit à côté de lui pour poser sa main à l'arrière de sa cuisse et l'attirer sur ses genoux d'une simple pression ; son louveteau se laisse faire d'assez bonne grâce, enroulant un bras autour de son cou pour se maintenir.
-Partant pour quelques heures supplémentaires ? demande Oikawa dans un murmure.
Malgré les apparences, ce n'est pas une question. Il plonge son visage dans le cou exposé de Kageyama, laissa ses dents courir sur la peau tendre et palpitante, et chaude. L'odeur de Tobio ne cesserait jamais de l'exciter, autant que cet instant où il se rendait compte que le corps qu'il tenait contre lui était vivant, brûlant d'énergie à consumer, empli d'une conscience qu'il s'apprêtait à briser tout le reste de la nuit.
Ses lèvres se plaquèrent contre la peau avec passion, avec délice, retrouvant avec plaisir le goût de sa chair préférée. Il laissa sa langue s'en gorger une seconde, puis aspira, creusant ses joues en aspirant sans ménagement, satisfait de laisser une marque violacée dans son sillage, ovale, piquetée de sang.
-Je croyais que les suçons étaient interdits, murmura Kageyama.
-De la part des clients, oui.
-Et que vont dire les clients ? S'ils voient-
La voix de Tobio se perdit quand Oikawa recommença, marquant la peau juste au-dessus du premier suçon, laissant une nouvelle trace clairement visible contre la pâleur de son cou.
-Ils se diront que tu te fais le patron, susurra Oikawa.
Une de ses mains étaient négligemment posée sur la taille de Tobio pour le maintenir sur ses genoux, l'autre, plus vagabonde, caressait doucement sa cuisse. Il changea d'angle, remontant légèrement pour déposer un imperceptible baiser à l'angle de la mâchoire de Kageyama ; puis il entreprit de mordiller le lobe de son oreille, appréciant le frisson qu'il sentit chez Tobio.
Il n'avait pas besoin de s'embarrasser de préliminaires, après tout il pouvait juste forcer Kageyama à genoux ou le retourner à quatre pattes –mais il aimait faire monter la tension, petit à petit, éveiller le désir chez Tobio, voir ses yeux pleins de demande, puis sa voix suppliante. C'était ça qui le faisait vibrer. L'idée que même un de ses louveteaux les plus productifs puisse encore être addict au sexe... et que seul Oikawa était capable de le mettre dans cet état.
C'était peut-être illusoire. Peut-être que Tobio ne faisait que jouer un rôle avec lui, que simuler, comme il le faisait avec ses clients.
Peut-être qu'Oikawa n'était qu'un client de plus, à ses yeux. Un client prestigieux, un client exigeant, mais rien de plus qu'un consommateur, sans grande différence avec ceux qu'il voyait passer plus tôt dans la soirée, même si Oikawa avait tenté d'établir une différence –eux ne devaient jamais embrasser Tobio. Jamais sur les lèvres. Cette bouche était à lui, et à lui seul.
Et, comme agissant au fil de ses pensées, il n'attendit pas avant de s'approprier les lèvres de Tobio, y posant les siennes en contenant à peine son désir. Sucrées, tendres et plus chaudes encore que sa peau. Parfait. Oikawa ne résista pas bien longtemps avant de laisser glisser sa langue le long de la lèvre inférieure de Tobio, quémandant en apparence l'accès à sa bouche –et Kageyama obéit, comme il savait si bien le faire, ses longs doigts accrochés à la nuque d'Oikawa pour approfondir le baiser.
Leurs langues se touchèrent finalement, se caressèrent, s'enroulèrent l'une à l'autre dans une chorégraphie déjà apprise par cœur, et ils avaient tous deux fermé les yeux pour mieux goûter l'humidité suffocante de ce petit manège, de la pure saveur l'un de l'autre. Oikawa prit son temps, garda la situation sous contrôle, revendiquant soigneusement chaque millimètre de la bouche de son louveteau favori, sentant à peine une goutte de salive rouler au coin de sa bouche, lécher son menton et disparaître dans son col.
Quand ils s'écartèrent, Kageyama amorça un geste pour lui retirer ses lunettes, pensant peut-être qu'elles le gêneraient –mais Oikawa attrapa son poignet et redirigea la main sur son épaule, secouant lentement la tête avec un sourire. Il avait envie de les garder, juste pour cette fois.
-Vas-y, Tobio, murmura-t-il ensuite au creux de son oreille. Excite-moi.
-Comment ? demanda Kageyama.
Ses yeux bleus sondèrent rapidement ceux d'Oikawa, essayant de déduire ce qu'il voulait –des caresses ? Sa bouche ? Tooru lui retourna le même regard calculateur. Tobio le regardait vraiment comme un client, il cherchait à anticiper ses fantasmes, peu importait la manière ; il ne faisait que remplir sa mission de donner du plaisir.
-Ce que tu préfères, dit-il négligemment, feignant l'ennui.
Kageyama ne se leva de ses genoux que pour mieux y revenir, glissant une jambe fuselée de l'autre côté d'Oikawa pour l'enfourcher convenablement, nouant ses bras autour de sa nuque comme support. Ils se faisaient face, ainsi, et Oikawa passa par réflexe sa langue sur ses lèvres. C'était une option qui lui plaisait bien.
Il posa ses mains sur les fesses de Tobio, les empoignant sans manière, doigts ouverts pour mieux les sentir. Un de ses pouces tritura un instant la couture de la poche arrière du jean de Kageyama avant de se poser lui aussi contre la chair. Il se rendit du même coup maître de la situation, et d'une simple pression attira Tobio plus près, contre lui, pressant ensemble leurs bassins. Ses dents s'enfoncèrent dans sa lèvre inférieure quand il sentit son louveteau tout contre son membre déjà dur, savourant la sensation de frottement même à travers les couches de vêtements, excité à voir les cuisses de Tobio déjà si ouvertes.
Kageyama s'était penché en avant dans son effort pour atteindre les parties basses d'Oikawa, et ses cheveux soyeux effleuraient la joue de ce dernier dans un mouvement régulier tandis qu'il oscillait légèrement, se cambrant assez pour parcourir la rigidité clairement perceptible dans le pantalon de son patron –dans un sens puis dans l'autre, lentement, ajustant son poids au mieux pour se coller le plus possible. Même à travers le tissu, et en partie grâce à sa main toujours judicieusement placée, Oikawa avait l'impression de pouvoir discerner clairement les formes de Tobio ; et tantôt sa virilité dressée était rencontrée par une autre semblable, créant une insoutenable pression qui lui remuait le bas-ventre, tantôt elle se coulait entre les fesses moulées par le jean, avec déjà la sensation d'être entouré par cette chaleur étroite, et dont il voulait plus –et Oikawa combattit l'idée d'empaler Tobio ici et maintenant, sachant que le plaisir délayé n'en serait que plus grand, préférant pour l'heure se perdre dans les mouvements de hanches de plus en plus assurés et précis.
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