Chapitre 2: Opposés.
Point de vue de Chanyeol
Si je déteste les endroits bondés, je déteste encore plus l'école. Alors l'école bondée est un supplice pour moi. Les mains derrière ma tête, je me balance doucement sur ma chaise tandis que j'observe l'amphi se remplir. Comme la plupart des deuxièmes années dont les colocs ont déserté, je suis venu dans l'optique d'être poli et d'accueillir comme il se doit la personne qui partagera ma chambre pendant les trois prochaines années de sa vie. J'espère qu'il a le goût du risque parce qu'avec moi, il a intérêt à s'accrocher. Disons que j'ai un tempérament... dangereux. J'ai du mal à contrôler mes émotions et entre autre ma colère. Mon psy appelle ça "la personnalité borderline." J'aurais sois-disant une très mauvaise gestion de mon impulsivité qui se manifeste sous diverses formes autant au niveau de mon alimentation que ma sexualité. Ce qui explique peut-être pourquoi je n'ai pas été foutu de garder une meuf plus de deux jours sans qu'elle s'enfuie de ma piaule encore à moitié à poil. Contrairement à tous ces adolescents insupportables qui passent leur vie à geindre, je n'ai jamais refusé de consulter ce psy. Mark est plutôt sympa en réalité si on omet le fait qu'il passe la plupart de ses séances à me raconter ses problèmes de couple plutôt que d'écouter les miens. En réalité j'aime bien parler avec lui. A la base j'espérais tomber face à un charlatan qui bidouillerait mon cerveau pour que ces troubles passent mais... c'est pas vraiment ça en fait. Quoiqu'il en soit Mark ne m'a pas guéri et c'est le jour où j'ai brûler un à un les vêtements de ma sœur parce qu'elle avait osé se servir de mon ordinateur que ma mère a décidé de me faire interner, littéralement. Non pas à l'hôpital mais à l'internat. Selon elle, le sport est un moyen pour que je me défoule et "ouvre mes chakras." Je vais vous avouer quelque chose, j'y crois pas trop même si les entraînements de natation me lessivent.
Dès mon premier jour ici, j'ai établi des règles avec mon ancien coloc dont la première était pourtant simple à respecter: ne touche pas mes affaires. Mais bien évidemment il a fallu que ce type fouille dans mes vêtements avec l'excuse pitoyable de "désolé je voulais t'emprunter une chemise." Et c'est à ce moment là que j'ai compris que les pilules que j'avalais par poignée tous les matins pour gérer ma colère, ne fonctionnaient pas. Je lui ai pété le nez, il a porté plainte et mes troubles de la personnalité m'ont servi d'excuses. Fin de l'histoire. Le directeur était catégorique quant à sa décision de ne pas me remettre de coloc' mais les nouveaux élèves sont tellement nombreux qu'il n'y a plus assez de chambres alors faute de mieux, il m'a mis un avertissement et m'a garanti que celui qui aurait la joie de partager mon antre serait un gars du club de musculation. Comme si ça allait empêcher ma colère de prendre le dessus.
Les derniers élèves rentrent et le bruit cesse peu à peu lorsque le professeur entre et tabasse le bureau à coup de classeur. J'écoute pendant de longues minutes les noms des petits nouveaux défilés et soupire en fixant ma montre. C'est seulement le premier jour et j'en ai déjà marre. Mais soudain, un petit nain de jardin se vautre dans l'allée et un grand silence envahit l'auditorium. Personne ne parle et je pivote sur ma chaise pour avoir un aperçu de ce loser. Seulement lorsque mon regard se pose sur son visage, ce que je vois me laisse hébété. Ce garçon est certes, petit mais il n'a rien d'un loser.
Rien du tout.
Ses yeux pétillent à la lumière des néons tandis qu'il bat des cils succinctement en époussetant son jean. Il lance un regard gêné au garçon assis derrière lui et tapote légèrement ses joue rougies avant d'entamer sa descente dans les escaliers, la tête basse. D'où je suis, je peux le voir mâchouiller timidement sa lèvre et triturer ses petits doigts que j'ai soudainement l'envie de tenir au creux de ma paume. Je n'ai jamais ressenti ce sentiment auparavant mais j'ai l'impression qu'un gang de papillons boxe dans mon estomac, faisant palpiter mon cœur comme si je m'apprêtais à sauter d'un plongeoir de 25 mètres. Mes mains deviennent moites et plus il se rapproche de moi plus les fourmillement qui tiraillent mes jambes s'accentuent. Je n'ai pas vraiment écouté son nom mais si j'avais su qu'il était aussi sublime je me le serai certainement fait tatouer sur le front, pour m'en rappeler chaque fois que je me regarde dans le glace. Son lacet est défait et je m'imagine un genou à terre en train de-putain de merde c'est un mec! Qu'est-ce qui me prend?! Il a beau être un garçon, ses traits crient la féminité tout comme ses cuisses un peu trop juteuses pour la vue des autres. Je sais pas pourquoi mais j'ai l'envie irrépressible d'agripper son bras et de le tirer hors de cette salle où beaucoup trop de paires d'yeux l'observent pour le garder tout contre moi à l'abri des regards curieux. Je devrais pouvoir être le seul à l'épier ainsi et pourtant ce n'est pas le cas.
Seulement deux marches nous séparent et j'ignore pourquoi mais à son approche, la peur me gangrène le ventre. Je sens que le flot d'émotions qui submergent mon cœur va déborder. Je suis trop faible pour les retenir mais je m'efforce de fixer le sol, les sourcils froncés pour tenter d'apaiser le feu ardent qui brûle ma poitrine. Seulement, au moment où ses chaussures crissent sur la marche voisine, mon corps agi contre ma volonté et ma main attrape son postérieur.
Merde...
Un sursaut parcoure son corps tremblotant et il lâche un cri discret que je pense être le seul à avoir entendu. Je ne suis même pas sûr qu'il s'en soit rendu compte mais je ne prends pas le temps de voir sa réaction. Sans réfléchir, j'enfile ma veste, je revêts ma capuche avant de bousculer les élèves qui gênent mon passage pour rejoindre la porte d'entrée. Mon cœur bat la chamade et lorsque j'atteins la sortie, je sens son regard percer ma colonne vertébrale, mais je ne me retourne pas et ferme la porte. Le couloir est désert et ma frustration d'être incapable de gérer mon propre corps m'horripile. D'un coup sec je frappe contre le mur en plâtre qui s'effrite sous mes assauts jusqu'à former un trou. Je reste là pendant de longues secondes, ma poitrine se soulevant rapidement, à observer les miettes du mur qui gisent sur le sol puis traverse le couloir pour rejoindre ma chambre. Il faut que je me grille une clope.
Point de vue de Sehun
Ce type... Je ne lui ai jamais parlé et pourtant je le connais déjà si bien. Park Chanyeol voilà son nom. Il fait partie du club de natation si mes souvenirs sont bons. Malade et compulsif. Voilà ce qu'il est. Je n'ai pas besoin d'un diagnostique pour le savoir, vu le nombre d'objets qu'il a brisé et de filles qu'il a fait pleurer, il ne faut pas être magicien pour le savoir. Il suffit simplement d'observer un peu. J'ai pour devise de toujours respecter les valeurs que je m'impose et celle du silence en fait partie. Je ne suis pas très bavard et malgré l'inconvénient que cela peut représenter pour les autres ma timidité est un grand atout qui me sert à lire les gens. Décrypter leurs gestes, leurs réactions, leurs peurs, leurs sentiments est une part de mon quotidien et Park Chanyeol est de loin mon sujet préféré. Il est comme une tornade qui détruit tout sur son passage et malgré ma fascination pour son comportement ambiguë, je ne l'ai jamais abordé. Simplement parce qu'il me dégoûte. Il fait partie des personnes que je me suis promis d'éviter à tout prix. Je sais qu'il n'est pas comme l'image qu'il renvoie mais honnêtement plus je suis loin de lui, mieux je me porte.
Mais aujourd'hui, je me retrouve assis à côté de lui. Sa main frotte ses genoux et sa jambe remue nerveusement. Je ne sais pas si c'est l'idée d'avoir un nouveau colocataire qui l'effraie ou bien le simple fait d'être dans un endroit débordant d'adolescents bruyants. J'aurais tendance à opter pour la première solution étant donné qu'en tant que capitaine du club de natation il est habitué à ce que l'attention soit constamment dirigée vers lui. Son fan-club est d'ailleurs assis derrière nous et je me rends compte qu'à part la brillance de ses cheveux, elles n'ont aucun sujet de conversation qui ne tourne pas autour de sa personne. Chanyeol s'en soucis peu cependant. Son regard dur est braqué sur le professeur mais je doute qu'il écoute vraiment les indications que le directeur répète inlassablement depuis des années.
Je remonte mes lunettes sur mon nez et écoute attentivement la liste des internes énoncés. Je dois normalement changer de chambre car disons qu'avec mon colocataire précédent qui répond au doux nom de Kyungsoo, la vie n'était pas toujours facile. Il ne se passait pas un soir sans qu'il débarque dans notre chambre, un nouvelle proie accrochée à son avant-bras. Et lorsqu'ils s'embrassaient fouillants dans le pantalon de l'autre, j'avais beau m'éclaircir la gorge, j'étais invisible. Je branchais alors mes écouteurs et me plongeais dans un bouquin avec l'espoir que ma musique étoufferait leurs gémissements. Et puis j'ai fini par craquer le jour où je me suis réveillé avec une érection et la main de Kyungsoo qui la cajolait doucement. J'ai hurlé, il m'a simplement répondu qu'il voulait tenter de nouvelles choses avec moi et j'ai fini par lui lancer au visage la première chose que j'ai ramassé par terre: son caleçon. Tâché de blanc.
Cet incident m'a suffi à abandonner ma chambre pourtant si confortable et à déménager à l'autre bout du dortoir. Et me voilà à attendre mon nouveau colocataire. J'ai probablement l'air stupide à brandir en l'air un carton où le numéro de ma chambre est inscrit mais au moins je suis certain qu'il ne me manquera pas. Chanyeol me lance un regard suspicieux et se retourne brusquement lorsqu'un bruit sourd nous parvient du fond de la salle. J'aperçois alors un petit bonhomme aux joues écarlates qui dévale les marches, l'air perdu. Ses cheveux retombent en paquet sur son front et il les dégage d'un mouvement agile de ses doigts. Je ne le connais pas et il ne m'en faut pas plus pour détecter qu'il est terriblement stressé.
J'observe sa tenue: un simple tee-shirt marin et de grandes lunettes perchées sur son nez qui glissent inlassablement. Je souris en réalisant que tout comme lui, je suis en train de remonter les miennes mais mon sourire s'efface d'un seul coup lorsque Chanyeol tend la main et lui pince les fesses comme si c'était la chose la plus normale de la terre.
Je ne suis pas un justicier en tant normal mais voir ce premier année aussi déstabilisé face au geste de Chanyeol me fait serrer les dents. Mes phalanges blanchissent et je sens les veines de mon front saillir comme si je m'apprêtais à exploser. Je sais pourtant que je n'aurais pas le cran de faire quoique ce soit car malgré tout je n'ai pas le cran de m'interposer. Je lance alors un regard noir à Chanyeol qui fixe sa main, tétanisé par ce qu'il vient de se produire. J'en conclus, en voyant son air effaré, que ses pulsions lui ont joué un mauvais tour et qu'une fois encore il ne contrôle plus rien. Soudain, Chanyeol se redresse et attrape sa veste avant de se lever, prêt à partir. Il fend la foule et court jusqu'à la sortie, n'oubliant pas de marcher sur mes pieds au passage.
Le garçon qui n'a pas bougé d'un poil se tourne lentement vers moi et je secoue les mains pour indiquer que je ne suis pas l'auteur de cet acte répugnant mais il ne me regarde même pas et fixe le siège vide qui occupe ma gauche. Et c'est à ce moment là que je remarque qu'il lutte pour ne pas pleurer. Et je ne sais pas pourquoi mais à cette vue, mon cœur rate un battement.
Les bugs Wattpad c'est une horreur je peux même plus écrire sur mon tel.
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