Toute la nuit, j'en pensé et repensé à ces révélations que m'avait apporté ton livre. Je me suis mise à être légèrement anxieuse, ne sachant pas trop quoi faire le lendemain lorsque je te verrais. Je me suis convaincue que la bonne chose à faire était de te prendre dans mes bras pour t'expliquer que je n'étais pas en colère que tu m'aies fait croire à tous ces mensonges.

Lorsque le jour s'est pointé après ma nuit de réflexion, je me suis préparée comme à l'habitude. Dans l'autobus, j'ai discuté avec William, qui n'était pas au courant. Je lui ai donc fait lire ton histoire, et il s'est tout de suite mal senti : il ne s'attendait pas à ça.

Une fois arrivée à l'école, je me suis dit que je devais te voir au plus vite. J'ai pris mon matériel et je suis allée dans la classe d'anglais pour le cours. Tu y étais déjà, discutant près de la fenêtre avec des amies.

Dès que mon regard à croisé le tien, tu es devenue plus anxieuse et tu t'es cachée sous le bureau. J'ai déposé mes choses et je suis allée te voir. Je me suis penchée, je t'ai tapoté le dos en disant que ça allait, que je n'étais pas fâchée. Tu as ris nerveusement et tu t'es levée, avant que le cours ne commence. Et durant ces 75 minutes, c'était toi que j'observais, et non le professeur.

Le reste de la journée s'est déroulé comme à l'habitude. J'étais soulagée de voir que tu ne me fuyais pas et que tu me saluais toujours en me croisant dans le corridor. Ce n'est que vers la fin des cours que j'ai enfin pu te prendre dans mes bras, alors que William venait de le faire, même si je l'avais averti que je devais le faire en premier.

Les jours ont passés, et j'ai voulu être plus présente pour toi. Je t'accompagnais parfois jusqu'au parc pour le dîner. La première fois, j'ai légèrement vu les marques sur tes poignets. Je pensais que ça s'arrêtait là, mais il y en avait bien plus que je ne le croyais.

Quelques semaines plus tard, un événement est survenu.

Au dîner, alors qu'Alix et moi étions allées te rejoindre, tu as posé une action qui m'a laissée bouche béé: tu as retiré ta veste. Ce simple geste nous a dévoilé tes bras, zébrés de coupures que tu t'étais toi même infligées, recouvrant sa quasi-totalité. Il y a eu un silence, alors que tu te collais le visage contre la table. Tu avais recommencé à cause de cet événement, que je ne citerai pas. Tu as aussi relevé tes leggings, nous montrant tes jambes, et tu nous as dévoilé ton ventre, sans même te soucier du regard des autres ou même du professeur qui surveillait la récupération. Tu semblait te foutre de tout, et c'est ce qui nous a incités à poser cette prochaine action.

Je ne sais pas si tu le sais, mais un dîner, Alix, Lauryn, William et moi sommes allés voir Maryse pour en parler. Nous lui avons dit que nous étions inquiets pour toi, que tu semblais ne plus porter attention aux regards des autres. Nous avons même mentionné ton livre, et cette fameuse dixième partie que l'on redoutait tant.

Ce mot de fin que tous absent peur de voir comme une lettre d'adieu. Ce mot de fin qui faisait que j'avais peur pour toi. J'avais peur de ne pas dire ou faire les bonnes choses pour que tu restes. Plus le livre avançait, plus j'en apprenais sur toi, mais jamais je n'ai eu peur de toi, rassure-toi. C'était pour toi que j'avais peur.