Partie 4 : Derrière le masque
Le lendemain, tu n'étais pas à l'école. Avant la première période, Alix et moi t'attendions afin de te raconter pour mon entretien avec la police. Mais tu n'es pas venue de la journée. J'ai d'abord trouvé cela plutôt louche, après ce qui venait de se passer, mais j'ai vite pensé à autre chose.
C'est le jour qui a suivi, le mercredi 26 avril, que tout a brutalement changé.
Tu étais là, ce jours-ci. Tout semblait normal. La veille au soir, je t'avais demandé pourquoi tu n'étais pas venu en cours. Tu m'as donné tes raisons, et j'ai tourné la page.
La journée a passé comme tout autre journée passée à l'école. Sauf qu'à la pause séparant les deux dernières périodes, un événement heureux est venu percé le gris dans ton ciel : William. Ce garçon avec qui tu t'étais vite lié d'amitié au début de l'année te demandait de sortir avec lui. Et tu as accepté en lui sautant dans les bras, à ce que les gens disent. J'aurais voulu être là, à vous regarder dans le corridor, le nouveau petit couple. Et même si je n'avais pas porté William dans mon cœur jusque là, je me suis rendu compte qu'en fait, je n'avais aucune raison de ne pas le faire.
Une fois dans la classe, tu t'es assise au bureau à côté du mien en glissant lentement pour te retrouver en dessus, le regard pétillant. Trop d'émotions, as-tu dit. Au début, j'ai ri. Mais j'ai vite réalisé que vous étiez très mignon ensemble et bientôt, toute la classe était au courant que Jessica était maintenant en couple.
Une fois dans l'autobus, j'ai bombardé le nouvel amoureux de questions, lui répétant sans cesse qu'il allait devoir prendre soins de toi, en commençant par arrêter de faire des misical.ly, par exemple.
Tout était joyeux.
Mais il m'a annoncé quelque chose qui m'a fait douter : la police était venue chez toi la veille. Je lui ai demandé pourquoi, et il m'a dit que les policiers t'avais demandé si tu avais des pensées suicidaires, etc. Ça a tout de suite fait un déclic dans ma tête.
En marchant de mon arrêt à ma maison, j'ai essayé d'oublier, et j'y suis presque arrivée. À la maison, je t'ai écrit, à toi ainsi qu'à William, sans aborder le sujet, qui semblait m'être sorti de la tête. Alors que je continuais de t'envoyer divers messages, je l'ai vu. Ton livre. « my name's Kathryn, and I don't exist » en était le titre. J'ai compris et j'ai appuyé sur l'histoire pour la lire. Et je l'ai lu. Étonnamment, je n'ai pas pleuré sur le coup, ces révélations balancées d'un coup, ça devait simplement être trop gros pour que je ne me rende compte qu'il s'agissait de la réalité.
J'ai donc dit à voix haute que je savais qui était Kathryn, que c'était Jessica. J'étais seule avec ma sœur, qui n'avait entendu que la base de l'histoire.
Je suis donc allée dans ma chambre et j'ai appelé ma mère. Je lui ai rappelé Kathryn et, en tremblant, j'ai fini par lui dire que c'était toi. Elle était surprise, évidemment. Nous avons parlé longtemps, et encore une fois de plus, j'ai pleuré. Après, elle en a glissé un mot à mon père, qui m'a ensuite appelé pour prendre de mes nouvelles.
Lorsqu'on me demandait comment je me sentais, je n'arrivais pas à le dire. Mais une chose est certaine : tu n'as pas à te reprocher tout ça, Jessica. Car même si cette histoire m'a fait pleurer plus que je ne l'ai jamais fait, ce n'est pas de ta faute. Car tu comptes tellement pour nous et que tu n'as pas à te reprocher ce que tu as fait, car ces larmes, elles ne coulaient pas pour moi, pas parce que tu m'avais fait du mal, non. Elles coulaient parce que tu te faisais du mal et que je ne voulais pas te voir tomber sur le champ de bataille. Mais je sais que cela n'arrivera pas : parce que tu es Jessica, et c'est ce qui te rend forte.
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