Les jours passèrent à une vitesse impressionnante, et bientôt on fixa une date pour l'exécution de Jack. Marnie était invitée à y assister, évidemment.

Elle avait tenté de négocier avec James, tout en sachant que ce serait impossible d'obtenir la libération de Jack. Alors elle avait abandonné, de peur de gâcher ses retrouvailles avec son mari. Pourtant, elle ne pouvait pas s'empêcher d'avoir un pressentiment. Ça ne pouvait pas être la fin de Jack Sparrow. Pas comme ça.

Le jour de l'exécution, Marnie revêtit pour la première fois depuis longtemps une magnifique robe rose aux motifs fleuris. En l'enfilant, elle se souvint à quel point les corsets faisaient souffrir. Elle se sentait déguisée, dans cette tenue, et très mal à l'aise. Mais elle se devait de faire un effort, pour James.

Finalement, elle se rendit au Fort sans son corset, espérant que personne ne le remarquerait. La potence avait été installée. Marnie déglutit en se disant que Jack s'y trouverait bientôt.

Elle retrouva Elizabeth, en compagnie de son père. Elles échangèrent un signe de tête poli. En revanche, elle ne put apercevoir Will. Elle le chercha du regard jusqu'à ce que les tambours commencent à résonner dans le Fort. On amena Jack, les mains liées, sur la potence. Marnie, à côté de James, se retint de faire tout mouvement.

— Jack Sparrow...

— Capitaine, murmura-t-elle entre ses dents.

James tourna brièvement son visage vers elle.

— ... La Cour proclame qu'on vous a inculpé, jugé et condamné pour avoir sciemment commis des crimes contre la Couronne. Lesdits crimes étant divers et nombreux, et de sinistre nature. Les plus insignes d'entre eux étant cités ci-après : piraterie, contrebande...

— C'est injuste, souffla Elisabeth.

— Le Commodore Norrington y est tenu par la loi, répondit le Gouverneur. Comme nous le sommes tous.

James baissa la tête. Ses yeux rencontrèrent ceux de Marnie.

— ... Pour s'être fait passer pour un officier de la marine royale anglaise, un officier de la marine royale espagnole, et pour un ecclésiastique de l'église d'Angleterre.

Marnie ne put s'empêcher de pouffer. Son mari lui jeta un regard en coin. Will apparut soudain devant eux, en contrebas.

— ... Et pour ces crimes, vous avez été condamné à ce jour, à être pendu haut et court jusqu'à ce que mort s'en suive. Puisse Dieu avoir pitié de votre âme.

— Gouverneur Swann, salua Will. Commodore. Ma chère Marnie, et... Elizabeth.

Marnie esquissa un sourire et tourna la tête vers la jeune blonde. C'est alors qu'un mouvement sur son épaule la fit sursauter. Un perroquet venait de se poser dessus.

— Mar, Capitaine ! Mar, Capitaine !

Marnie écarquilla les yeux. L'euphorie grimpa en flèche dans son ventre, et elle se mit à jubiler intérieurement. L'oiseau coloré s'envola et disparut derrière les murs du Fort.

— J'aurais dû vous le dire depuis le premier jour, reprit Will. Je vous aime.

Marnie poussa une exclamation de joie et frappa plusieurs fois dans ses mains.

— Je suis si fière de toi, William !

Le jeune homme lui adressa un sourire et s'éloigna dans la foule. Marnie s'accrocha au bras de James.

— Ça ne te fait pas penser au jour où tu m'as demandé en mariage ?

— Marnie, je ne pense pas que ce soit le moment ou l'endroit pour se remémorer de tels souvenirs, glissa James entre ses dents.

— Oh, allez, ne sois pas rabat-joie... Tiens, aide-moi plutôt à descendre de ce perchoir ridicule...

Marnie s'avança vers le bord de l'estrade, tenant les pans de sa robe entre ses mains. James se pencha pour l'empêcher de tomber et, bien qu'abasourdi par son comportement, l'aida à descendre à l'étage inférieur.

Marnie disparut dans la foule. Les tambours accélérèrent la cadence tandis que l'on passait la corde autour du coup de Jack. Devant elle, Will dégaina une épée et se fraya un chemin parmi les gens. Lorsque les tambours s'arrêtèrent, on ouvrit la trappe sous les pieds de Jack. Will lança son épée avec vivacité. Elle se planta directement au bon endroit. Jack réussit à atterrir en équilibre sur la lame. La corde serrait son cou, mais pas assez pour qu'il n'étouffe complètement. Marnie chercha une solution pour le tirer de là. En apercevant un Royal Marine non loin d'elle, elle eut une idée. Elle s'approcha de lui et saisit son fusil à baïonnette sans lui laisser le temps de répliquer. Elle arma le chien et tira sur la corde enroulée au niveau de la poutre. Aussitôt, celle-ci se détacha et Jack tomba au sol.

— Merci, fit-elle au Royal Marine en lui rendant son arme.

Elle tenta ensuite de s'extirper de la foule pour rejoindre Will. Lorsqu'elle y parvint, lui et Jack étaient déjà aux prises avec tout un groupe de Royal Marines qui pointaient le canon de leur fusil à baïonnette sur eux. James arriva à grands pas et croisa son épée avec celle de Will.

— Je me doutais bien que nous aurions à souffrir d'une tentative d'évasion intempestive. Mais pas de votre part.

— En regagnant Port-Royal, je vous ai accordé ma clémence, fit le Gouverneur en les rejoignant. C'est ainsi que vous me remerciez ? En vous associant à cet homme ? C'est un pirate !

— Et un homme de bien ! répliqua Will. Si aujourd'hui, au lieu d'une seule, le bourreau reçoit deux paires de bottes grâce à moi, qu'il en soit ainsi. Au moins je mourrais la conscience tranquille.

— Alors en il en recevra trois, intervint Marnie en se plaçant à côté de son protégé.

— C'est exactement la chose stupide à ne pas faire, Mar, glissa Jack à son oreille.

— Je t'interdis de mourir sans moi, répondit-elle entre ses dents.

James la regarda en serrant la mâchoire. Marnie lui lança un regard navré.

— Vous semblez avoir oublié votre place...

— Elle est ici, entre vous et Jack, répondit Will.

Marnie jeta un regard à Elizabeth. Celle-ci ne se fit pas prier pour venir les rejoindre, se plaçant à la droite de Will.

— Comme la mienne, dit-elle.

— Et la mienne est auprès de l'enfant que j'ai élevé, ajouta Marnie en tournant son visage vers Will.

Ce dernier la regarda, les yeux brillants, un sourire naissant sur les lèvres.

— Baissez tous vos armes ! ordonna le Gouverneur. Par tous les Saints, baissez vos armes !

Les soldats s'éxécutèrent. Marnie soutint le regard de James.

— Je t'en prie, pardonne-moi. Il le fallait.

James hocha doucement la tête. Elle vint prendre sa main.

— Mar, Capitaine !

La brune leva les yeux vers le perroquet, qui venait de s'envoler au-dessus de leur tête.

— Bien, je dois dire que tout ceci me semble très plaisant, fit alors Jack en s'extirpant de derrière ses défenseurs pour s'avancer vers le Gouverneur. On a fait des progrès spectaculaires !  Spirituels... Œcuméniques. Grammaticaux !

Il s'approcha de James et Marnie.

— Et je dois dire que je t'ai toujours soutenu, l'ami, dit-il au Commodore sous les yeux ébahis de sa femme. C'est pas des blagues. Marnie... Ça m'a fait très plaisir de te revoir, mais il faut qu'on s'arrête là. C'est pas sain, comme relation. Adieu, mon cœur.

Marnie haussa les sourcils, indignée. Cependant, elle empêcha James de réagir en posant une main sur son bras. Elle soutint le regard noir qu'il lui lança.

Jack s'arrêta ensuite près d'Elizabeth.

— Elizabeth... Ça n'aurait jamais pu marcher entre nous, chérie. J'en suis navré.

Il fit mine de partir mais se retourna une dernière fois.

— Will ? Le chapeau... Magnifique !

Il grimpa les marches jusqu'à bord de la muraille du Fort.

— Mes amis ! Que ce jour reste dans vos mémoires comme celui où vous avez failli...

Il perdit l'équilibre, entraînant sa chute dans l'océan. Marnie s'approcha du bord avec James.

— Quel idiot, il n'échappera pas à la corde... ricana Groves.

— C'est vous l'idiot dans cette histoire si vous pensez qu'il ne réussira pas à s'en sortir, répondit Marnie sans même lui jeter un regard.

Un bateau aux voiles noires apparut à l'horizon. Marnie afficha un grand sourire.

— Vous avez un plan, Commodore ? questionna le Lieutenant.

James ne sut répondre, visiblement tiraillé. Le Gouverneur répondit à sa place.

— Peut-être que dans les rares occasions où la poursuite d'une juste cause impose un acte de piraterie, la piraterie elle-même peut devenir une juste cause.

James baissa la tête, un léger sourire aux lèvres. Il leva les yeux vers son épouse.

— Je pense que nous pouvons lui laisser une journée d'avance.

Marnie lui sourit.

— Monsieur Turner ? reprit James.

Will s'avança vers lui, le visage fermé.

— C'est une épée magnifique, dit-il en levant son arme entre eux deux. Je souhaite que l'homme qui l'a forgé fasse preuve d'autant de dévotion et de précision dans tous les aspects de sa vie.

— Merci, répondit Will après quelques secondes.

Marnie essaya de retenir ses larmes tant bien que mal.

— Oh, quel idiot... jura-t-elle en reniflant.

Elle se dépêcha d'aller retrouver James pour le prendre dans ses bras. Elle posa une main sur sa joue.

— James Norrington, tu es l'homme le plus incroyable que je connaisse. Et je t'aime... du plus profond de mon cœur.

James afficha un sourire empli de fierté. Ils échangèrent un long baiser.

Et à l'horizon, le Black Pearl disparaissait sous les derniers rayons de soleil, son capitaine enfin revenu à son bord.

— Offrez-moi cet horizon...

༄༄༄

et c'est un clap de fin pour cette première partie!! j'espère sincèrement que ça vous a plu :)

je ne pense pas commencer à poster la deuxième tout de suite mais comme vous me connaissez vous savez que je vais craquer, donc il arrivera probablement mercredi prochain, ou dans deux semaines

n'hésitez pas à me donner vos avis sur cette première partie, et sur le personnage de Marnie, ça me fait toujours extrêmement plaisir 💛

sur ce je vous embrasse, et retourne à ma super série hehe

❤ Marine