༄ quatre
Marnie ne put s'empêcher de rester guetter à sa fenêtre, observant les boulets s'écraser contre les remparts. Soudain, on pénétra dans sa chambre sans ménagement.
— Madame, la ville est attaquée ! s'exclama la voix de Ruth. Il faut venir vous mettre à l'abri !!
La brune ne répondit pas.
— Madame ? Tout va bien ?
La jeune femme gardait les yeux rivés sur le spectacle qui se déroulait en contrebas, un sentiment de nostalgie naissant dans sa poitrine sans qu'elle ne puisse l'expliquer.
— Trinquons mes jolies, yo-ho... murmura-t-elle.
Une vague de souvenirs l'assaillit, et ils concernaient tous Jack Sparrow.
— Madame, je vous en prie, je ne supporterai pas qu'il vous arrive malheur, pressa sa femme de chambre.
Marnie finit par se tourner vers elle. Ses yeux étaient ailleurs.
— Ça devait arriver... Il n'était pas là par hasard.
Ruth la regarda avec des yeux ronds.
— Que dites-vous, Madame ?
— Ils viennent le chercher.
— De qui parlez-vous ? demanda la rouquine, la voix tremblante.
Marnie s'avança vers elle.
— Ruthie, rassemble tout le personnel. Conduis-les dans un endroit sûr. Demande à Joseph de me préparer un cheval.
— M- Mais...
— Je t'en prie, fais ce que je te dis !
— Laissez-moi au moins savoir où vous vous rendez, répondit fermement sa femme de chambre.
— Je dois parler à quelqu'un. Si je ne pars pas maintenant, il sera peut-être trop tard. Alors fais ce que je dis !
Ruthie hocha vivement la tête et repartit en courant. Marnie n'attendit pas une seule seconde pour sortir de sa chambre. Attrapant une bougie allumée au passage, elle se dirigea vers la trappe conduisant au grenier et sauta sur ses deux pieds pour attraper l'échelle. Elle grimpa rapidement, bougie en main, et se hissa dans la pièce sombre et poussiéreuse qui lui servait de lieu d'entraînement lorsque l'envie lui prenait. Elle s'empressa d'aller ouvrir un coffre caché dans un coin, d'où elle sortit de vieux vêtements, ainsi qu'une ceinture en cuir usée par endroits. Elle les fourra au fond d'un baluchon en toile qu'elle balança sur son épaule. Au fond du coffre était caché son vieux revolver, acheté il y a longtemps chez un escroc qui lui avait pris toutes ses économies. Elle le saisit précautionneusement. Elle avait oublié la sensation que cela lui procurait de le tenir en main. Elle se sentait puissante. Elle le glissa dans le sac et le recouvrit de ses vêtements pour le dissimuler.
Dans un coin de la pièce, son épée l'attendait, reflétant la lumière du clair de lune qui passait par la seule fenêtre qui ornait le toit. Marnie l'attrapa de sa main libre et revint vers la trappe. Elle laissa tomber ses affaires dans le vide, et descendit à la suite. Elle revint alors dans sa chambre et planqua le sac et l'épée dans l'armoire. Elle se servit ensuite d'autres vêtements confortables sur l'une des étagères, comprenant un pantalon chic et une veste bleue nuit qu'elle revêtit avec empressement par-dessus sa nuisette en satin.
Après quoi, elle enfila une paire de bottes qui montaient jusque sous son genou, et se dépêcha d'en nouer les lacets. Elle cacha ses longs cheveux bruns dans son col et, ainsi vêtue, elle descendit directement dans le but de rejoindre les écuries. Alors qu'elle dévalait les marches de l'escalier principal, une secousse plus violente que les précédentes l'obligea à se baisser le temps de quelques secondes. Elle alla ensuite se poster devant les grandes fenêtres de son salon et aperçut des décombres dans le domaine du Gouverneur. Quelques silhouettes se dirigeaient en courant vers celle-ci. À la lumière de la lune, Marnie put deviner que ce n'était pas des membres de la Royal Marine. Elle attendit qu'ils aient disparu et traversa sa maison pour atteindre la cuisine et sortir par la porte du personnel. Lorsqu'elle entra dans l'écurie, son palefrenier l'attendait près d'un cheval sellé.
— Merci, Joseph. Maintenant, dépêche-toi de rejoindre les autres !
— Madame, êtes-vous sûre que...
— Ne vous inquiétez pas pour moi, lança Marnie en montant en selle. Je serais de retour bientôt, si tout se passe bien. Sinon, prévenez James.
Elle fit jouer ses jambes contre le flan de l'animal, un Andalou gris pommelé nommé Nereus, et quitta l'écurie au trot.
Elle atteignit la ville après quelques minutes. La pagaille régnait partout, si bien qu'on ne faisait pas attention à elle. Elle se dirigea vers les prisons du Fort, ralentit la course de son cheval et se pencha en avant pour faciliter sa descente. Elle atterrit les deux pieds joints sur les pavés, et attacha la bride de Nereus à un anneau fixé dans le mur. Elle poussa la lourde porte en bois et dévala les marches, laissant voler les pans de sa veste.
Heureusement, les souterrains étaient éclairés de torches. Marnie n'eut pas de mal à trouver les cellules, les pauvres bougres qui y étaient enfermés ne cessaient de faire du bruit dans l'espoir d'attirer le chien gardien des clés. Marnie leur lança un regard affligé et fit fuir l'animal en tapant du pied. Les prisonniers la regardèrent avec des yeux noirs et quelques insultes fusèrent. Marnie n'y prêta pas attention et se dirigea vers la cellule voisine, prenant les barreaux en mains.
— Jack ! Je sais que tu ne dors pas, appela-t-elle sèchement.
Un sourire apparut au coin des lèvres du pirate.
— Que me vaut ta visite ?
— J'ai reconnu le Pearl, dans la baie. Je sais qu'il est là pour toi.
— Tu te trompes, ma beauté, répondit-il en se levant. Ils ne savent même pas que je suis là.
Marnie fronça les sourcils, surprise. Jack lui fit face.
— Ça t'étonne, hein ?
— Que s'est-il passé ?
— Une mutinerie. On m'a laissé pour mort sur une plage. Ils ne se doutaient pas que je m'en sortirais.
Marnie laissa échapper un léger rire moqueur, que Jack prit pour un soupir désabusé.
— Je sais que tu es déçue, mais...
— Pourquoi devrais-je être déçue ? Tu n'as eu que ce que tu méritais. Je t'avais dis de ne pas faire confiance à Barbossa. Si tu ne m'avais pas abandonné comme une moins que rien à Tortuga, peut-être ne serais-tu pas enfermé à l'heure qu'il est.
— Tu m'en veux toujours, devina Jack avec un sourire narquois.
— Ne te réjouis pas trop vite. En voyant ma vie, aujourd'hui, je peux t'assurer que je ne regrette absolument rien. Quelqu'un me rend heureuse, Jack, et ce quelqu'un n'est pas toi. En fait, je crois que je devrais même te remercier pour ça.
— Je t'en prie, ma beauté, fit le Capitaine du Black Pearl en tirant son chapeau. Cependant, si je peux me permettre... Je dirais que ce n'est pas vraiment pour me narguer que tu es venue me retrouver aussi tard, alors que la ville subit un assaut.
Marnie pinça les lèvres.
— Pour quoi d'autre, à ton avis ? grinça-t-elle en croisant les bras.
— Oh, je n'en sais rien... fit-il en s'approchant de la grille d'un pas nonchalant. Une envie d'aventure, je suppose. Comme celles que tu avais dans le temps. Tu te souviens ? Nous deux, naviguant sur les sept mers... Tu ne peux pas avoir oublié cette sensation de liberté, Mar.
— ... Désolée de te décevoir, répondit la brune d'une voix étranglée, tandis que Jack s'approchait de plus en plus.
Les yeux du pirate descendirent sur le buste à peine vêtu de son interlocutrice. Celle-ci garda le menton levé.
— Je te préfère dans ce type de vêtements, dit-il soudainement. Les robes te font ressembler à une bourgeoise coincée. Quoi que, celle que tu portais tout à l'heure n'était pas trop mal...
— Pourquoi le Black Pearl attaque-t-il le port ?
— Comment veux-tu que je le sache ?
— Tu dois bien avoir une idée.
— Je ne suis pas monté sur le Pearl depuis dix ans, Mar. Et la dernière fois, nous étions en quête de l'île de la Muerta, et du trésor de Cortés. J'imagine qu'ils l'ont trouvé, depuis. Alors, non, je n'ai aucune idée de ce qu'ils sont venus faire.
Marnie croisa les bras et s'appuya contre la grille en soupirant. Jack s'approcha d'elle.
— Mais, tu sais... Si tu me fais sortir d'ici, nous pourrions aller le découvrir ensemble, dit-il en glissant ses doigts dans son cou à travers les barreaux.
Marnie claqua sa langue contre son palais et s'éloigna immédiatement.
— Je n'ai pas l'intention de te sortir d'ici.
— Vraiment ? Tu vas me laisser pourrir en prison ?
— On t'y a mis pour une raison.
— Une raison injustifiée, si tu veux mon avis.
— Peut-être. Disons que c'est ma vengeance pour Tortuga.
Jack la fixa de ses yeux noirs, un sourire au coin des lèvres.
— Tu n'as pas changé.
— Ça, c'est ce que tu crois.
— Non, c'est ce que je vois. Tu es toujours la même, au fond. Aussi tempétueuse que l'océan. La mer t'habite, mon cœur... Et cette surface de porcelaine que tu as créé par-dessus finira par se fissurer.
— N'en sois pas si sûr. Tu sais que je suis très forte à ce jeu.
— Oh, je n'en ai jamais douté. Mais ça va se retourner contre toi.
Marnie lui lança un regard mauvais. Jack ne put s'empêcher de sourire, moqueur. Soudain, un bruit sourd attira leur attention. Ils levèrent les yeux vers la petite ouverture sur le mur de la cellule, qui donnait sur la baie. Jack se retourna vivement vers Marnie.
— Couche-toi ! ordonna-t-il.
La brune fronça les sourcils sans comprendre, mais bientôt un boulet de canon détruisit le mur de la prison. Marnie cacha son visage dans ses bras. Lorsque la poussière retomba, elle put constater que seule la cellule voisine avait été touchée. Elle ne put s'empêcher d'éclater de rire en voyant l'air abattu de son ancien amant.
— Ah ! tu vois ! Je ne suis pas la seule à vouloir que tu restes là-dedans !
Tandis qu'elle se moquait, les autres prisonniers sortaient l'un après l'autre, goûtant enfin à la liberté tant attendue.
— Eh bien, mon cher Jack... Cette entrevue fut un plaisir, dit finalement Marnie en feignant une révérence. En espérant te revoir bientôt.
Elle se dirigea vers les marches qui conduisaient à la sortie.
— Ils vont m'exécuter, Mar.
La jeune femme s'arrêta.
— Si je suis toujours là au lever du jour, ils vont m'exécuter.
— Je pense qu'ils auront autre chose à faire, au lever du jour. La ville est à moitié détruite à cause de tes vieux amis, dit-elle d'une voix grave.
— Si ce n'est pas demain, ce sera un autre jour ; mais tout ce que je sais, c'est qu'ils veulent ma peau. Et que je ne peux pas rester là.
Marnie tourna son visage vers lui.
— Je suis désolée, Jack, lança-t-elle, la gorge nouée. Je ne peux pas t'aider.
— Mar, s'il te plaît... fit le pirate tandis qu'elle remontait les escaliers. Mar !
Il soupira, et se laissa tomber au sol.
bon, ce chapitre n'est pas mon préféré mais ça va, je l'aime bien quand même :')
j'espère qu'il vous a plu!!
j'ai changé la couverture avec une image libre de droit trouvée sur unsplash (merci Hélo pour le tuyau hehe) donc j'espère qu'elle vous plaît aussi :)
je poste ce chapitre aujourd'hui parce que j'ai bien avancé dans la deuxième partie, donc je peux me le permettre haha
le prochain sera mercredi, comme d'habitude
en attendant, je vous embrasse 💛
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