𝙾𝙴𝚄𝚅𝚁𝙴 𝙳'𝙰𝚁𝚃
2018.
Si je me rappelle bien, tu adorais venir dans ce musée. C'était un petit musée du coin renfermant plusieurs tableaux colorés et quelques petites poteries. Peu de personnes étaient présentes dans celui-ci quand nous y allions. C'était un petit espace clos où trônaient deux bancs en bois vernis et un petit distributeur de pièces anciennes. Une atmosphère apaisante flottait dans ce petit bâtiment quand j'étais à tes côtés et une odeur de vanilles traversait souvent mes narines.
Pour toi, il n'existait pas de plus belles choses au monde que ces tableaux mais pour moi tu étais la seule œuvre d'art présente dans ce si petit musée. Tes beaux cheveux gris ondulés se posaient délicatement sur ton front opalin et ton corps aux courbes parfaites flottaient dans tes si larges vêtements. Ton rire cristallin faisait écho me sifflant le rythme d'une nouvelle mélodie. Tes mimiques si mignonnes étaient toujours présentes sur ton visage aux si fins reliefs et tes yeux noisette brillaient de milles éclats. Oui, tu étais définitivement le plus beau tableau présent ici.
En voyant ces choses qui te fascinaient tellement, tu as décidé de te mettre au dessin. Quand je revenais de mon petit boulot à l'épicerie, je pouvais te voir sur le balcon, pinceau à la main essayant tant bien que mal de reproduire les petits nuages présents dans le ciel bleu. De la peinture était étalée partout sur tes joues rebondies et ta langue était sortie signe que tu t'appliquais à la tâche. Tu étais muni d'un petit tablier blanc malheureusement sali par ton talent et d'un pantalon noir qui lui, avait résisté à toutes ces explosions de peintures. Chaque fois, je m'approchais de toi sans faire de bruit pour te prendre ensuite par les hanches observant tes progrès. Je ne pouvais m'empêcher de glisser quelques baisers papillons le long de ta mâchoire et de chantonner l'air de ta chanson préférée dans le but de te faire sourire. Il m'arrivait parfois de te chiper le petit pinceau incrusté dans tes si grandes mains pour corriger les quelques imperfections nichées sur ton œuvre. Au début, mon action te dérangeait mais au fil du temps tu as commencé à l'apprécier et en signe de gratitude j'avais le droit à un bisou sur la joue.
Notre vie de couple était parfaite jusqu'au jour où tu tombas malade suite à tes nombreuses heures de travail acharné sur un tableau. Tu avais passé tes jours et tes nuits à peindre sans t'arrêter malgré les plusieurs fois où je t'avais dit de faire une pause. Je ne te voyais plus sur le balcon ensoleillé de notre appartement à peindre des nuages mais dans une pièce étroite où seul un filet de lumière avait réussi à se frayer un chemin. Tes yeux qui avaient été si pétillants quelques jours avant étaient devenus vides et cernés et ton teint de pêche ressemblait maintenant à celui d'un cadavre. Tu étais devenu un pantin manipulé par l'art.
Je n'osais pas te déranger par peur de te perdre à tout jamais. Au moment où je m'y attendais le moins, tu as commencé à tousser et la palette de couleurs que tu tenais dans les mains s'est écrasée au sol créant une explosion d'artifices colorés. Tu as posé tes mains osseuses sur ton torse ayant mal à cet endroit, du sang a commencé à couler le long de ton nez et des larmes salées allèrent se déposer sur ta chemise tâchée. Je n'étais malheureusement pas là à ce moment précis et donc je n'avais pas pu te voir tomber de ton petit tabouret en bois pour aller heurter de plein fouet la petite étagère qui se situait à côté de toi. Ton souffle se fut saccadé et tes larmes arrêtèrent de couler. Tes yeux mi-clos avaient pu observer le tableau qui se dressait devant toi. Quelques gouttes de sang s'étaient étalées dessus donnant un côté poétique à ton œuvre. Malgré la douleur, tu souriais. Tu avais pu finir ton tableau et c'était la seule chose qui t'importait pour l'instant. Tu fermas tes paupières pour une durée indéterminée, souriant tel un ange.
J'étais rentré du travail, inquiet de ton état. En ouvrant la porte je pu te voir allongé sur le sol à côté de tes pinceaux et tes crayons colorés. Tu étais en sang, étalé de tout ton long sur le parquet humide de la chambre. L'oeuvre disposée à proximité de toi était très belle mais recouverte de liquide pourpre. Fallait-il vraiment en arriver là Chéri ?Je te pris dans mes bras pour t'emmener dans l'endroit qui réussira à te guérir;
Le musée.
En te déposant sur le sol aux pierres blanches du lieu tant convoité, je pu voir tes yeux noisette s'ouvrir lentement. Tu levas ta main avec soin pour venir la déposer sur la mienne, calmement. Tes doigts étaient rouges, bleutés à certains endroits. Ton sourire réapparu et quelques mots finirent par sortir de ta bouche aux lèvres si bien tracées.
"J'ai réussi à le finir à temps, le tableau de notre vie."
En effet ces quelques mots suffirent à me faire pleurer à chaudes larmes. Mon visage se rapprocha doucement du tien avant de venir t'embrasser comme si ma vie en dépendait. Ton front saignait de plus en plus, recouvrant ton visage d'une substance gluante et rouge. Tes yeux se refermèrent aussitôt et ta voix se tue à jamais. Tu étais décédé pour ta passion et ton art.
Tu étais décédé pour ce si beau musée.
Le tableau de notre vie nous montrait tous les deux, joyeux, se tenant la main. Les gouttes de sang que tu avais involontairement déposées dessus donnaient du réalisme à cette œuvre si spéciale. Nous étions vraiment fait pour rester ensemble mon cœur. Je te rejoindrais, je te le promets. Quand j'aurais fini à mon tour le tableau de notre vie, je viendrais dans ce musée et je sombrerais dans celui-ci à tes côtés. D'ici là, attends-moi.
De Ton amour de Kookie à toi, mon amour de Taehyung.
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