— Zeus, prépare-toi ! Dans dix minutes, je te veux devant la porte d’entrée !

Ça, c’est ma grande sœur, Callisto. Quinze ans et déjà convaincue d’être ma seconde mère. Certes, nous n’avons que deux ans d’écart, mais elle adore jouer les figures d’autorité. Parfois, c’est agaçant, mais je ne me plains pas. C’est juste sa façon à elle de me montrer qu’elle m’aime.

Et moi, je l’aime encore plus. Callisto, c’est ma meilleure amie. Elle me connaît mieux que personne, après nos parents. Ensemble, on a fait les quatre cents coups, et ces souvenirs resteront gravés à jamais dans ma mémoire.

Mais revenons à l’essentiel.

Aujourd’hui, Héra, mon amie et voisine, fête ses treize ans. Et bien sûr, je suis invité.

Nos parents sont amis depuis le lycée. Ils se sont perdus de vue pendant leurs études, puis le destin les a réunis à nouveau, quelques années plus tard. Grâce à eux, Héra et moi avons grandi ensemble, construisant une amitié solide, presque fusionnelle.

Héra me comprend mieux que quiconque, à part Callisto. D’un seul regard, elle sait ce que je pense, et c’est réciproque. Nous partageons les mêmes passions : la lecture, la pâtisserie et le voyage. Nous rêvons de parcourir le monde, de fouler chaque continent.

Pour son anniversaire, j’ai pris les devants. Il y a deux semaines, après avoir demandé conseil à Callisto, j’ai choisi un parfum. Elle m’a dit que c’était un cadeau toujours apprécié. Alors, j’ai opté pour une eau de toilette aux notes caramélisées, certaine de lui plaire. J’ai hâte de voir sa réaction.

Contrairement à d’autres adolescents qui transforment leur anniversaire en événements mondains pour gagner en popularité, Héra préfère un cercle restreint. Ce soir, nous serons quatre : elle, moi, Ashley—sa meilleure amie—et Denver, mon meilleur ami.

Nous sommes inséparables depuis des années. Leur présence dans ma vie est une bénédiction.

Pour l’occasion, j’ai enfilé une chemise blanche en flanelle, un jean droit et mes éternelles Converse noires. J’attrape le paquet cadeau et dévale les escaliers.

Arrivé devant la porte d’entrée, je soupire. Callisto me presse toujours, mais, évidemment, elle n’est même pas prête. C’est une habitude chez elle.

— Qu’est-ce que t’es beau ! s’exclame-t-elle en ébouriffant mes cheveux bruns avant de descendre les dernières marches.

On me dit souvent ça, mais je ne comprends pas pourquoi. Ça me met même mal à l’aise.

— La prochaine fois que tu me demandes de me dépêcher, tâche d’être prête avant moi.

— Oui, oui… Allez, on y va, Naya m’attend.

Je lève les yeux au ciel. Callisto ne changera jamais.

Lorsque nous atteignons la route, elle active son mode "maman poule".

— Zeus, fais attention à toi.

— Je vais juste en face.

— Je sais, mais je veux être sûre que rien ne t’arrive.

— Ne t’inquiète pas, Callisto. Tout ira bien.

Elle finit par acquiescer, résignée.

— Amuse-toi bien. À ce soir.

— À ce soir.

Je la prends dans mes bras avant de traverser la rue pour rejoindre la maison d’Héra.

Devant la porte, je prends une grande inspiration et sonne.

Quelques secondes plus tard, une silhouette familière apparaît. Ses iris verts brillent sous la lumière du porche, et sa chevelure dorée reflète les derniers rayons du soleil. Elle affiche un sourire radieux, et, soudain, mon ventre se noue. Une chaleur étrange m’envahit.

Qu’est-ce qui m’arrive ?

Sa voix mélodieuse me ramène à la réalité.

— Zeus, ne reste pas planté là, entre !

— Euh… oui. Joyeux anniversaire !

— Merci !

Nous rejoignons Ashley et Denver dans le salon.

— Salut Zeus ! Il ne manquait plus que toi ! lance Denver.

— Eh bien, lançons les festivités !

— Installez-vous, j’arrive ! annonce Héra avant de filer vers la cuisine.

Nous nous installons sur le grand canapé en cuir. Ashley, avec sa crinière sombre et ses yeux bleu saphir, se tourne vers nous.

— Qu’est-ce que vous allez offrir à Héra ?

— Un collier avec nos initiales gravées, répond Denver, fier de lui.

— C’est trop mignon. Et toi, Zeus ?

— Un parfum au caramel.

Pourquoi ai-je dit ça avec un sourire aussi niais ? Ça m’agace…

— Cool ! Moi, je lui ai pris le sac qu’elle veut depuis des mois.

— Super idée, répondons Denver et moi en chœur.

À ce moment-là, Héra revient, un plateau rempli de gourmandises entre les mains.

Elle s’installe à mes côtés, bien trop près. Mon cœur rate un battement.

— Vous pouvez manger, vous savez.

— Oui, mais avant, on doit te donner tes cadeaux ! intervient Ashley.

— Oh oui ! J’ai hâte !

Je prends mon paquet cadeau et le lui tends.

Héra l’ouvre avec précipitation. Lorsqu’elle découvre le parfum, ses yeux s’illuminent.

— Merci, Zeus ! J’adore le caramel ! Je te promets de le porter dès demain !

— Content que ça te plaise.

Le moment des cadeaux se poursuit dans la bonne humeur.

Héra est radieuse, et je pourrais la regarder sourire pendant des heures.

Mais il faut vraiment que j’arrête d’être aussi niais…

Nous regardons un film en grignotant, puis Ashley et Denver rentrent chez eux. Il ne reste plus qu’Héra et moi.

La chaleur revient. Mon cœur s’emballe.

Elle me regarde, puis murmure :

— Suis-moi.

— Où ça ?

— Dans le jardin. Il est temps pour nos confidences sous les étoiles.

Un rituel que nous avons instauré il y a trois ans.

Le ciel est noir, constellé de mille éclats. Héra et moi nous asseyons dans l’herbe fraîche.

Pendant un moment, nous contemplons le firmament en silence.

— C’est beau, murmure-t-elle.

— Oui…

Puis, elle me fixe, hésitante.

— Zeus ?

— Oui ?

— J’ai quelque chose à t’avouer.

Son ton est plus fragile que d’habitude.

Je retiens mon souffle.

— Je t’écoute.

— C’est compliqué à dire… Tu sais que j’ai du mal à parler de mes sentiments…

— Je sais, mais tu peux tout me dire.

Elle hoche la tête, et dans son regard émeraude, je vois une lueur nouvelle.

— Ça fait un moment que j’ai compris quelque chose.

— Quoi donc ?

— Je suis amoureuse de toi, Zeus.

Je ferme les yeux.

Puis, je souris.

— Moi aussi.

Elle écarquille les yeux, surprise.

— Vraiment ?

— Oui.

Un silence.

— Et… qu’est-ce qu’on fait ?

— Rien. On attend. On verra où ça nous mène.

Elle sourit.

— Promets-moi quelque chose.

— Dis-moi.

— Quoi qu’il arrive, nous resterons toujours là l’un pour l’autre.

— Je te le promets.

Nos regards se perdent à nouveau dans le ciel étoilé, avec l’espoir que cette promesse tiendra.