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4. Mélancolie

[Narration : Lucie]

[« C'est toi la fille qu'il me faut ! Et toi, t'as besoin de moi ! Ne me dis pas le contraire !

— Je le pourrais mais tu m'insulterais.

Minoru ferma les yeux. Je me sentis piégée.]

Sans le vouloir, je me braquai et pivotai pour regarder de nouveau devant moi. J'observai les contours du tourniquet rouge délavé pour garder le contrôle. Minoru sortit les mains de ses poches et m'obligea à me tourner vers lui.

— Je n'y croirais pas de toute façon, assura-t-il d'une voix abattue. Après tout ce qu'on a traversé ensemble, tu ne peux pas me contredire. Tu ne peux pas oublier nos promenades nocturnes, nos coups à boire, nos blagues, nos discussions, nos bourdes, l'hôpital, nos découvertes sur les enquêtes, la ruelle, la course-poursuite contre Juro, les réunions sur le toit, les bastons, tes prises à parti à ma faveur contre Kensei, notre escapade à Nishinari... Tout ça, tu ne peux pas me le retirer !

Sa voix s'affaiblit :

— Moi, je ne peux pas oublier à quel point t'étais heureuse de me reparler après qu'on se soit pris la tête... Parce que t'avais pas écouté mes mises en garde contre Reizo.

Il venait de me planter un couteau dans le ventre ! Je ramassai mes mains contre mon ventre et relevai le menton.

— Tu n'avais plus que moi, insista-t-il. Kensei t'évitait comme la peste. J'étais le seul vers qui tu pouvais te tourner. À ce moment, j'aurais pu faire n'importe quoi de toi. Tu serais tombée dans mes bras ! Pas vrai ? 

À mon expression, Minoru se donna raison :

— Bien sûr que c'est vrai ! Mais je ne l'ai pas fait. Tu sais pourquoi ? Parce que je te respecte et parce que j'suis bon joueur. Et au début, tu te souviens ? Je t'ai fourni l'adresse de la casse où Kensei récupère des pièces. J'ai dû fouiner comme pas possible pour la dénicher. Et je te l'ai offerte sur un plateau d'argent alors qu'on se connaissait à peine ! Tout ça, je l'ai fait pour toi.

Je ne savais pas s'il avait raison. Minoru était un dur, un caïd mais il m'était extrêmement compliqué de braver son regard de chien battu. Kensei avait raison : il avait une véritable emprise sur moi.

— Minoru, articulai-je en m'éclaircissant la voix, je vais te parler en comparaisons pour que tu comprennes. Pour moi, tu es comme l'étoile du Berger. Tu brilles de joie, tu scintilles de fantaisie, tu me guides, tu me fais un peu rêver aussi. Tu me fais voyager dans une autre dimension. Mais Kensei, c'est le soleil. Sans lui, je ne vois plus, je deviens aveugle, tout disparait, la lumière se retire de ma vie.

Les coins de sa bouche s'affaissèrent.

— Et toi, t'es quoi ? La lune peut-être ?

Minoru ricana et se tu aussitôt, comme frappé par une illumination. Il se pencha sur moi et saisit entre ses longs doigts le pendentif de Kensei que je mettais toujours en évidence au-dessus de mes vêtements.

Il tressaillit.

— Alors, ça veut dire que... J'ai pigé ! fit-il en claquant ses paumes l'une contre l'autre. Le soleil gravé sur la chaîne que t'as offerte à Kensei pour son anniversaire, c'est... ?

— Oui, tu as compris. C'était censé rester entre nous... Parce que pour être honnête, ces symboles sont un peu crétins. Mais à nos yeux, ils ont du sens.

— Du sens...

Minoru relâcha brusquement le pendentif et s'écarta. Un air de dégoût se peignit sur son visage contracté. Je fus bien assez soulagée qu'il n'ait pas arraché le collier de mon cou.

— Ouais, c'est votre délire, réalisa-t-il d'une voix hachée. Et moi, tu me compares à une grosse étoile. Ou à une planète... 

Après un moment, il se reprit, la gorge serrée :

— T'sais, c'est pas parce que le soleil éclaire notre ciel qu'il illumine notre existence. Je t'attendrai, Lucie.

L'entendre prononcer mon prénom me fit un drôle d'effet.

— Je ne te demande pas de m'attendre, couinai-je, désespérée de son interprétation. Je ne te demande rien, je ne te promets rien ! Vis ta vie !

— Je la vivrai en t'attendant, alors.

J'eus envie de m'arracher les cheveux. Et les siens au passage.

— Dans ce cas, ne m'accuse pas plus tard !

— T'as tout faux sur un truc, sourcilla-t-il. Moi j'pense que le soleil et la lune ne sont pas complémentaires comme tu peux le penser. Pour moi, ils sont juste opposés. D'ailleurs, vous vous frittez tout le temps ! Tu ne peux pas dire le contraire !

— Kensei s'est calmé. Et moi aussi.

— Ça fait un an que tu dis ça ! À l'inverse, la lune et les étoiles sont du même monde. Alors je m'en fiche, je t'attendrai. Tu finiras bien par comprendre par toi-même.

— Arrête, Minoru, soupirai-je. Ne prends pas mot pour mot cette histoire d'astronomie. Je veux rester avec Kensei.

— Mais au fond de toi, tu ne veux pas que je m'éloigne. Dis-le moi.

Je me levai du banc, énervée.

— Pourquoi est-ce que tout le monde veut me faire avouer des choses ? Mer... !

Minoru gronda, ses yeux grands ouverts :

— Parce que tu ne dis rien ! Mais tu les penses si fort que ça se voit sur ton visage ! Les choix changent, l'amour change. C'est peut-être Kensei aujourd'hui mais je ne perds pas espoir que ce soit moi demain !

Je me rassis et laissai mon dos rebondir contre le dossier du banc.

— Tu me donnes mal à la tête.

— Tu me dis ça pour que je te laisse tranquille ? Je te fais pitié peut-être ? Okay, fit-il en écartant théâtralement les bras. Je te fiche la paix pour le moment. Je te promets que je ne ferai plus allusion à mes sentiments !

— Ne fais pas de promesse...

— Si je ne peux pas les tenir, me coupa-t-il. Je sais.

— Alors tu sais aussi à quoi t'attendre !

Minoru ignora ma remarque. Il n'avait plus l'air d'un jeune paumé mais d'un adulte responsable. Il reprit, l'air grave :

— Si un jour tu te sens seule, sache que je serai là. Je serai là pile au moment où t'auras besoin de moi. Et ce jour-là, tu te rendras compte qu'en fait, j'étais une évidence ! Ce jour-là, moi je ne jouerai plus franc jeu. J'ai laissé la chance me glisser entre les doigts deux fois. Je ne gaspillerai pas la troisième.

— Il n'y aura pas de troisième...

Contre toute attente, un léger sourire s'étira sur ses lèvres :

— Oh que si ! Ce jour-là, quand je serai à tes côtés, tu te sentiras tellement bien que tu voudras te rouler toute nue en pleine nuit dans l'herbe de ce square, enroulée dans une tranche de saumon géante et avec une algue en guise de couronne sur la tête !

— Que c'est cliché ! Minoru, je t'en prie...

— T'as le droit de me rejeter mais pas de briser mes rêves. Vivre sans espoir, c'est cesser de vivre.* Aimer quelqu'un, ça me rend vraiment heureux. Mais t'aimer toi, c'est mieux que tout. Ça me donne envie de briller. C'est pour ça que je ne laisserai pas tomber et ça, tu n'y peux rien. C'est ma décision.

— Minoru...

— Je te promets aussi que Kensei ne saura pas que je connais votre secret de soleil, voie lactée, planètes et compagnie ! Je te laisse maintenant, on se voit lundi. »

En quelques bonds, Minoru quitta le square, me laissant seule au milieu des écureuils.

*

Ce lundi-là, j'eus l'impression que le temps tournait au ralenti. L'après-midi était nuageux. Assise derrière mon bureau de secrétariat, près de la fenêtre donnant sur la cour centrale de l'établissement Nintaï, je réfléchissais à la signification de mon cauchemar récurent. Pour moi, les rêves avaient un sens. Ils étaient des aides, des signes, des avertissements. La dernière fois où mon cauchemar s'était arrêté, le requin faisait demi-tour et le tentacule de la pieuvre m'enserrait la jambe.

Les pensées se bousculaient dans ma tête, les unes derrière les autres, comme pour venir se présenter chacune à leur tour. Je les auditionnais, les balayais ou les rappelais, les envoyais dans les cases de ma tête étiquetées à revoir ou pourquoi pas ? Les pensées, si on ne les dresse pas, elles vous envahissent et vous pourrissent la vie.

Une éclaircie survint dans le ciel et un rai de lumière traversa l'écran de l'ordinateur, révélant la valse de particules de poussières de l'air.

Je me coupai le doigt en ouvrant une enveloppe. Aussitôt des grosses perles de sang coulèrent et se répandirent sur le papier. Je portai mécaniquement mon doigt à la bouche, le temps de chercher de l'autre main la boîte à pharmacie que Madame Chiba cachait sur une étagère. J'en extirpai un pansement et me rassis à mon bureau.

On toqua de brefs coups à la porte.

Le visage allongé de Jun passa dans l'embrasure. Je lui demandai si je pouvais lui être d'une aide quelconque. Il me répondit qu'il ne faisait que passer.

« Tu n'as pas l'air paisible, remarqua-t-il d'une voix douce en s'asseyant sur une chaise en face de mon bureau.

Je hochai la tête, muette. L'air énigmatique, il ajouta :

— À force d'être un caméléon, on finit par oublier sa vraie forme, qui on est. Tromper son monde ne sert à rien.

Ces mots me frappèrent. Je relevai les yeux.

— Je cherche à résoudre un problème mais j'ai l'impression de me battre contre des sentiments que je ne maîtrise pas. Désolée ! me repris-je aussitôt. Je ne devrais pas te mêler à ça.

— Tu ne m'ennuies pas, répondit-il. La vie ne peut pas être faite que d'arcs-en-ciel.

La voix de Jun était empreinte de réserve. Il parlait dans un souffle lent comme s'il ramassait tous les mots dans sa tête avant d'en cueillir quelques-uns et de les offrir en bouquets.

Il me sourit et saisit une feuille de brouillon posée sur un coin du bureau. En quelques pliages, il confectionna un origami ; c'était une petite grue aux ailes déployées.

— Tiens, dit-il en me tendant le pliage parfaitement exécuté. La grue en vol est un symbole de longévité, de bonheur et de paix. »

Je reçus le présent à deux mains et le remerciai, émue. La grue était un véritable talisman au Japon. Une légende racontait que plier mille grues en papier permettait au plieur qui les avait confectionnées de faire un vœu. Des origamis de toutes les couleurs représentant des grues étaient souvent assemblés en grappes multicolores dans les sanctuaires. Elles pouvaient être offertes par les parents comme cadeau de mariage pour souhaiter la prospérité au couple ou à un nouveau-né pour lui souhaiter longue vie et bonne fortune.

La popularité de ce charme de bienveillance avait connu un nouvel essor au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. À Hiroshima, Sadako Sasaki n'était qu'une petite fille de deux ans lorsqu'elle avait été exposée aux radiations nucléaires. Dix ans après les bombardements, elle avait développé une leucémie et commencé à plier des grues en papier pour espérer retrouver la santé. Une première version de l'histoire indiquait qu'elle était parvenue à fabriquer mille oiseaux mais que son souhait de guérison avait échoué. Une seconde version affirmait que la petite fille était décédée en 1955 après avoir plié six cent quarante-quatre grues et que c'était ses camarades d'école qui avait terminé son ouvrage en son honneur. Aujourd'hui à Hiroshima, de nombreuses grues en papier étaient accrochées près de la statue de Sadako Sasaki ainsi qu'au mémorial de la paix.

Jun se leva et tel une ombre et ouvrit la porte du secrétariat. Il se retourna au dernier moment et murmura :

« Rassure-toi.

— J'ai ta grue en vol, maintenant.

— Ne sois pas mélancolique, fit-il encore dans un sourire crispé. J'espère que tout se passera bien. Mieux vaut souffrir d'avoir aimé que de souffrir de n'avoir jamais aimé.**

— Bon sang ! m'exclamai-je. Tout le monde s'est mis aux proverbes dans cet établissement ! »

Le visage figé dans un masque d'aristocrate, Jun ne répondit rien. Il disparut derrière la porte en un clignement de cils.

Un sentiment de résolution se glissa en moi. Jun avait été d'une sérénité imperturbable et à sa manière, il m'avait éclairée.

À cet instant, Shôji surgit du placard.

Le cœur au bord de l'explosion, je manquai de tomber à la renverse dans mon fauteuil à roulettes. Ma respiration coupée me donna un coup de chaud. Reprenant mes esprits, je brandis un doigt accusateur sur le voyou.

« Shôji ! criai-je d'une voix étranglée. Tu es à peine sorti de l'hôpital ! Arrête de m'espionner !

— Y'a pire que moi... ricana-t-il en secouant sa touffe de cheveux verts. Imagine que cette pièce soit truffée de micros sans que tu le saches !

— C'est toi, le micro ! Oh ! Tu m'as fichue une peur bleue ! Si je te retrouve encore une fois à m'espionner, je te renvoie sur un brancard !

Shôji se mit à rire.

— Vu tes petits poings, j'aimerais bien savoir comment ! Et pis t'sais, les gars n'apprennent de proverbes que pour essayer de te mettre la misère ! Allez, bye ! »

À son tour, il détala du secrétariat.


*Fedor Mikhaïlovitch Dostoïevski, écrivain russe (1821-1881).

**Proverbe britannique.


→ ★

٩(ˊᗜˋ*)و ♡ Merci de votre lecture ! 

Allez ! La mise en place est terminée ! On attaque la semaine prochaine !

PS: Si vous voyez des coquilles, n'hésitez pas à me les signaler ! ;) Je n'ai relu ce tome qu'une fois donc j'ai dû en laisser passer...

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