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27. Course-poursuite

Minoru ne faisait plus le chemin avec moi, il repartait seul, une cigarette coincée entre les lèvres, les mains cherchant à trouer le fond de ses poches.

Désormais, Kensei me proposait souvent de me ramener. Après une rude journée, j'étais heureuse d'échapper au métro. Toutefois, si Kensei avait au début respecté le code de la route, sa nature de bôsôzoku avait repris le dessus.

Sven m'avait mise en garde contre ces bandes de motards rebelles. En plein essor une trentaine d'années plus tôt, il n'en existait plus beaucoup. Mais « quand il n'y en a plus, il y en a encore » et notamment dans les grandes villes. Que l'on se rassure, les criminels qui en faisaient partie avaient été arrêtés. Les bôsôzoku portaient des noms tels que « Les Mains d'acier » ou « Les Empereurs noirs » et se réunissaient par dizaines pour foncer à moto en pleine nuit. Ils dérangeaient la tranquillité des riverains et faisaient le plus de bruit possible jusqu'à ce qu'une alerte policière soit donnée et qu'ils puissent s'adonner à une course-poursuite nocturne.

Je suspectais fortement le Vieux d'avoir appartenu à une bande dans sa jeunesse. Son apprenti caïd était, comme lui, obsédé par la vitesse et la liberté.

Conscient de la finesse de ses réflexes, Kensei slalomait agilement entre les voitures en se faisant agonir de klaxons, accélérait sur les lignes de droites en commettant des excès de vitesse et grillait des feux rouges à l'occasion. « Tu vas nous tuer ! » le sermonnai-je, la peur au ventre. Il n'écoutait pas. Je me résignais à croiser les doigts et prier sous mon casque en me cramponnant à son blouson en cuir.

« J'aime les sensations fortes » m'avait-il dit. C'était ce dont j'avais peur. Non pas pour les raisons évidentes mais parce que ces perceptions m'attiraient aussi, bien que je ne les appréhende qu'avec effroi. Je craignais le danger mais voulais sentir les frissons courir le long de mon dos. Pourtant, jamais je n'osais franchir la ligne rouge. Kensei avait de la chance. Lui ne craignait pas les conséquences de ses actes.

Les rues japonaises étaient incroyablement étroites. Voitures, camionnettes, scooters, cyclistes, poussettes, cannes et piétons se bousculaient pour le même espace. Hors de celles-ci, les motards prenaient des libertés.

Nous roulions à moto sur une grande artère lorsque soudain, un bôsôzoku vêtu en cuir nous frôla à toute vitesse en exécutant une queue de poisson. J'entendis Kensei injurier le conducteur qui avait failli déséquilibrer la Suzuki et nous faire tomber au milieu de la voie. La moto venait de faire un dangereux écart.

Celle qui nous avait devancée ralentit et roula si lentement qu'elle perturba le trafic. Excédé, Kensei la dépassa à son tour. J'observai l'engin de couleur bordeaux, puis m'intéressai au conducteur.

C'était Juro !

Au carrefour suivant, le Vélociraptor se fit rejoindre et escorter par deux autres motards. Le quatrième année, reconnaissable à son allure malgré son casque, fit rugir son moteur débridé et se replaça parallèlement à la Suzuki. Je serrai ses côtes pour faire comprendre à Kensei qu'il était hors de question de réagir à la provocation. Mais il décida du contraire et élança sa moto dans une brusque accélération qui fit cracher le pot d'échappement.

S'en suivit une course poursuite qui fit bondir mon cœur dans tous les sens.

Pour moi, la situation était limpide. Juro voulait régler son compte à toute la faction pour provoquer Takeo. D'abord les « Men in Grey », puis Daiki et maintenant, Kensei.

Les motos filaient sur la route, répondant à l'adrénaline et aux profondes impulsions de leurs conducteurs. Ces idiots se prenaient pour d'invincibles pilotes ; les virages et les accélérations étaient tels que j'en avais la nausée. Entre les zigzags incessants et les bretelles d'autoroute sans fin, les phares aveuglants des camions ressemblaient à des monstres.

L'instant ne m'appartenait pas. Cet intermède mêlant danger et griserie, défaite et victoire, était celui de Kensei, uniquement. Il était intrépide, téméraire et pour le coup, extrêmement personnel. La Suzuki prenait de plus en plus de vitesse. Mes cheveux hors du casque s'emmêlaient dans le vent et je me sentais pâlir à mesure que la moto avalait les sorties de route.

Alors que j'aurais déjà dû me trouver dans mon molletonneux canapé, un chocolat chaud à la main, la course se poursuivit inconsidérément jusqu'à la périphérie d'Osaka. A plusieurs reprises, Juro et ses acolytes foncèrent sur la Suzuki en faisant mine de nous rentrer dedans. Kensei et moi, malmenés, raflions le sol. La route défilait dans un flou chaotique et étourdissant.

Kensei répondait furieusement aux intimidations et j'imaginais que nous allions tous nous écraser dans le passage du tunnel. Nous n'étions pas les seuls usagers sur la route et rien n'était plus difficile que d'éviter les véhicules venant en face. Je priais le ciel pour ne pas mourir ici, me raccrochant au fait que Kensei maitrisait son véhicule, n'hésitant pas, à mon grand dam, à donner des coups d'accélérateurs dans les virages.

Brusquement, l'engin de l'un des motards en cuir pris un mauvais virage et s'imbriqua dans un fossé sur le bas-côté de la route. Fort heureusement, si la Harley retapée acheva sa virée plus que cabossée, le gaillard se releva. La faction de Juro s'arrêta immédiatement sur le bord de la voie, ce qui permit à Kensei de revenir dans la banlieue.

Je me demandais si j'allais être poursuivie pour abstention délictueuse ou non-assistance à personne en danger. La conduite de ces fous faisait d'eux des potentiels assassins avec préméditation.

En tout état de cause, le savon que je passais à Kensei allait le dissuader de recommencer pour quelques temps.

***

Le 20 juillet, jour de la sortie à l'aquarium à laquelle je me raccrochais pour maintenir mon moral au beau fixe, était encore loin. J'avais l'impression de m'être fait emprisonner dans la sphère des problèmes de Nintaï et fuyais la Suzuki de Kensei comme la peste.

Nino transpirait à grosses gouttes. Pourtant, il ne faisait pas chaud, même sur la terrasse du toit exposée. Il aspira longuement une bouffée de tabac en la laissant pleinement pénétrer ses poumons. Il souffla en faisant peser sur moi son regard fixe et intense, aux yeux perçants et dénués de paupières. Bientôt, ils se voilèrent.

« En matière de mafia, t'as de tout : trafic de drogue par exemple, jeux, gravure d'idol, construction, prostitution, pornographie, maisons d'édition, audiovisuel, immobilier, truquage d'offres, extorsion, chantage...

— Ils se sont mis aux films, aux séries et aux émissions de télé et de radio, ajouta Tennoji en plissant ses yeux malins remontant vers les tempes.

Jotaro, pivota en tripotant son serre-tête et s'adressa à son compère :

— T'oublies qu'ils font du trafic de clandestins et sont aussi prêteurs sur gage et ça, ben ça rapporte un paquet !

— Tu peux être embauché ou embrigadé dans l'organisation dès tes dix-sept ans, compléta Yuito derrière ses Ray-ban opaques. C'est plus courant que tu pourrais le croire. Les yakuzas ont depuis belle lurette infiltré toutes les tranches de la société.

L'orage dissipé, les cigales avaient cessé de chanter, la température avait chuté mais cela ne permettait pas pour autant au groupe posté sur le toit de Nintaï de mieux respirer.

Yuito reprit la parole en ajustant du doigt ses lunettes de soleil dont une branche tenait mal sur son oreille de chou.

— Si on parle de drogues par exemple, ce sont eux qui vendent au détail. Parfois, les yakuzas utilisent les civils pour réaliser leurs opérations. Les mineurs, surtout, leurs sont utiles.

— Oui, ça a du sens, marmonnai-je en même temps que je réfléchissais. Ils encourent des peines plus faibles. C'est ce qui pousse les dealers à les placer aux avant-postes.

Yuito acquiesça.

— Tu peux m'en dire plus sur la drogue ?

— T'es curieuse toi... Ben la drogue, soit tu l'importes et t'as des passeurs, soit tu la fabriques et t'as des chimistes. Un truc est certain : tu peux pas tout faire seul. T'as besoin de gens, d'un entourage, de potes, de complices, appelle ça comme tu veux.

— Il faut bien que les chimistes trouvent la matière première.

— T'inquiète pas, assura Yuito de sa voix sépulcrale. Elle vient de partout, à commencer par la Chine. Ce qu'il faut, c'est la transformer. C'est là qu'interviennent...

— Les chimistes, le coupa Minoru.

— Les labos clandestins, ouais.

— Ils vendent sur place ? interrogeai-je.

Yuito hocha la tête :

— Ils produisent assez pour leur clientèle. Le yen est une monnaie forte et les yakuzas aiment gérer à proximité. C'est un modèle différent de celui d'autres cultures dans le monde qui font juter les billets avec l'export.

— Très bien, très bien... Et la mafia...

Tennoji prit le relai :

— La mafia, c'est quoi ? C'est un groupe de types dégourdis qui prennent en premier les petits commerces et qui finissent par la politique. Tout passe par le réseau et les ailes du moulin font tourner le blé. Tu piges ? Ils vont là où tombe le fric. Ils se pointent en costume, tous beaux, bien sapés et ils proposent une association, une protection contre les petites frappes, peu importe. En gros, c'est du racket. J'ai vu ça avec mon père....

Perplexe que Tennoji connaisse tout cela, je me souvins que son père gérait un « salon de massages ». Il poursuivit :

— Même si ton business marche, t'as encore des raclures pour provoquer des bagarres dans les établissements. Comme ça fait fuir les clients, les patrons sont obligés de conclure avec les mafieux. Souvent c'est eux-mêmes qui ont envoyé les fouteurs de...

— En gros, c'est du chantage. 

Tennoji acquiesça :

— On ne peut pas dire non à la protection offerte par les yakuzas. Jeu, prostituées, alcool... Où vont les bénéfices de toute cette joie ?

Il laissa planer un silence alors que tous connaissaient la réponse.

— Réinvestis dans la drogue.

Yuito m'applaudit grossièrement.

— Mais ne te goure pas, avertit Tennoji. Tant qu'on ne fait pas partie de leur organisation, les yakuzas ne peuvent pas blairer les petits délinquants comme nous. Ils nous méprisent. On gêne leurs affaires et ils nous prennent pour des merdeux avec une attitude.

— Ouais, renchérit Jotaro. A leurs yeux, ils sont des professionnels avec des valeurs traditionnelles. C'est parce qu'on a nos propres valeurs qu'ils ne nous respectent pas.

— Quelles sont vos valeurs, déjà ?

— Me fais pas rire, tu les connais : tripes ou corvées pour certains, sincérité, dévouement, récita Jotaro. Mais y'a l'inverse aussi. Certains yakuzas intègrent des bandes comme les nôtres, ça leur permet de faire passer des drogues et d'autres trucs. Ça fonctionne pas mal, surtout quand il s'agit de gangs de motards.

— Les bôsôzoku » approuva Tennoji.

Les nintaïens étaient tous très bien renseignés au sujet des yakuzas. D'ailleurs, aux dires de Minoru, n'était-ce pas ce qu'était en voie de devenir Fumito avant qu'il ne se fasse arrêter ? Le dénouement de l'enquête ne se trouvait-il pas sous notre nez ? Mais la même question ressortait : par qui Fumito avait-il été dénoncé à la police ?

« A ce propos, Naoki commence sérieusement à se demander s'il n'ya pas un lien entre Fumito et la nouvelle agressivité des classes 2-B et C de Izuru et d'Hidetaka » déclara Nino.

Naoki ? Que savait le leader de la 2-A, « Monsieur-le-charismatique-boxeur-au-grain-de-beauté-sur-le-menton » de cette histoire de drogue ? C'était à croire que la moitié de Nintaï était prête à donner tous les renseignements nécessaires à Eisei et Takeo afin de démêler les mystères du trafic.

Mais s'il y avait un point à ne pas omettre, c'était qu'étant en quatrième année dans la 4-A, Fumito avait dû être sous l'emprise de son propre leader, Ichiro. Il paraissait donc logique que ce soit en priorité aux quatrièmes années de mener une enquête... Bien ou malheureusement, Fumito était connu pour être parfaitement asocial !

En parallèle, chacun était persuadé qu'Ichiro trempait lui-même dans le milieu mafieux. Cela servait une hypothèse : Ichiro aurait demandé à Fumito de revendre de la drogue dans l'établissement pour le compte du clan qu'il aurait rejoint. Dans ce cas, nous étions dans une impasse pour continuer les recherches.

Mika et son petit-frère Shôji interrompirent leur partie de cartes.

« Vous en savez plus de ce prétendu lien ? fit Mika, en passant une main sur son crâne tondu.

Shôji lui tapa sur l'épaule et lui répondit directement tout en remballant les cartes.

— Naoki a demandé à Okito d'aller voir de son côté : Hidetaka fait aussi partie du club de tennis de table. Ça a laissé tout le loisir à Okito de l'observer. Mais il nous a dit qu'il n'avait rien trouvé d'anormal dans son comportement depuis que Fumito s'était fait arrêter.

Soudain, la grande ossature Yuito se détacha de l'angle sombre du mur.

— Hé, morveux ! Ça t'es pas venu à l'idée que Okito racontait des conneries ? vociféra-t-il en ayant l'air de vouloir faire comprendre à Shôji qu'il avait fait l'exact contraire de ce qu'on attendait de lui.

A l'accent de haine et de mépris que je perçus lorsque Yuito prononça son nom, Okito était pour son demi-frère un individu dont la présence était intolérable en ce monde.

— Il est loyal envers Naoki maintenant, contra Shôji, l'œil mauvais. C'est pas parce que Okito a été muté de la 2-C qu'on doit le soupçonner ! C'est mon pote, alors t'avise pas de mettre en doute sa parole !

— La pisse t'es montée à la cervelle ! J'vais te dire, moi : ce gars va pourrir tout votre groupe jusqu'à l'os !

Shôji, bien que Yuito soit son aîné, l'invectiva :

— Tes histoires de famille, tu peux te les foutre dans... Ton enflure de paternel !

— Ferme-là, enfoiré ! » beugla Yuito sur le point d'abattre son poing titanesque sur le crâne de Shôji.

Ce dernier resserra avec assurance ses mains. 

Je m'étonnai de l'animation secouant le corps de Yuito. D'habitude, il ne parlait pas. Il donnait l'impression d'être spectateur d'un quotidien dans lequel il se contentait de hocher ou de remuer la tête lorsqu'on lui demandait son avis.

A présent, il semblait qu'il allait fracasser Shôji.

C'est Mika, son grand-frère hypocondriaque, qui calma le jeu en faisant signe à Shôji de s'éclipser. Celui-ci se recomposa une attitude et repassa la porte du toit crissante, non sans avoir une dernière fois fusillé Yuito du regard.

Après une telle journée, il était essentiel de me vider la tête. Je dévorai debout un bol de nouilles rempli de glaçons*dans un petit restaurant donnant sur la rue du centre-ville, puis me rendis au Book Off, un magasin spécialisé dans les livres, les jeux vidéo, les CD et les DVD d'occasion. Les allées de manga étaient bondées de personnes se comportant comme dans une librairie : ils étaient venus lire et non acheter.

Lasse de lectures, je rentrai à l'appartement, me préparai un chocolat chaud et allumai la télévision pour me divertir avec des émissions stupides.



*Spécialité culinaire.


Merci de votre lecture ! ~*

Au fait, c'est le 99ème chapitre que je publie.

Ça fait un peu... Le temps passe vite. Je voulais vous remercier pour vos votes, commentaires, MP... des premiers lecteurs aux tous récents. Cette histoire n'est rien sans vous. Merci de votre suivi et de votre soutien. ❤️

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