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10. Vive la consommation !

Suite à cette parodie devant les grilles du lycée Hinata, je jugeai l'incident plus navrant que grave même si je souffris pendant plusieurs jours de maux de ventre. Ryôta devait avoir les épaules solides pour avoir si longtemps supporté le caractère de Naomi et ses frasques intempestives. Cette affaire m'ulcéra, au point que j'appelai Minoru qui m'apaisa miraculeusement avec autant de fantaisie que d'efficacité.

Une autre mésaventure m'attendit à la lecture du relevé de mon compte en banque. Panne de réfrigérateur ? Dégât des eaux ? Adorable chaton à adopter ? Non. C'étaient les études qui me contraignaient à des dépenses imprévues de livres. Que les manuels coûtaient chers ! Une ruine ! Encore quelques jours avant d'arriver en juillet ; il faudrait bien tenir jusque-là.

Sur le toit de l'établissement Nintaï, je pestai à haute voix.

« Vingt mille yens ! T'as couché vingt mille yens pour... Pour des bouquins ? ».

Daiki était abasourdi. Forcément, il n'aurait pas dépensé cet argent de la même façon. Je ne l'avais pas non plus fait de bon cœur. En supplément de ma bourse versée par l'Agence, mon salaire me permettait de payer le loyer et de vivre confortablement... à condition de demeurer bonne gestionnaire.

La grande charpente de Daiki se contorsionna maladroitement sur sa chaise pour attraper un comprimé sur une table.

« Hé ! Daiki ! T'as mal au crâne ? s'enquit Jotaro.

L'intéressé hocha la tête. Une nouvelle fois, je constatais à quel point ses traits de visage étaient grossiers.

— C'est bizarre. Normalement, pas de cerveau, pas de migraine !

Le géant adressa un doigt d'honneur à Jotaro qui ricana.

— Bref, voilà à quoi mènent les études, soupira Tennoji sous ses joues creuses.

— Hé, Clé-à-molette ! Il te reste de quoi vivre au moins ? me taquina Nino en m'observant de haut en bas, le regard amusé comme si j'étais vêtue de haillons.

— Ouais, renchérit Mika derrière son masque chirurgical. Il est moche, ton chemisier. Il date de quel siècle ?

— Je l'ai acheté l'an dernier et contrairement à ta tête, je peux en changer.

En réaction, Mika gifla le sol avec un vieux manga aux pages racornies et jaunies par l'humidité. Il s'apprêta à se lever mais Nino me reposa sa question.

— Oui, bien sûr, répondis-je en évitant le regard incendiaire de l' « Hypocondriaque ». J'ai encore un peu d'économies.

— Ben, pourquoi tu ne prends pas d'argent dessus ? C'est rien à faire, marmonna mollement Daiki, les paupières tombantes et des valises sous les yeux après une nuit blanche passée à boire et à se battre.

Sa voix était éraillée par la dose d'alcool ingurgitée. C'était à peine s'il avait décuvé. Combien de bières pouvait absorber le corps d'un géant ? En tout cas, c'était une vraie loque. Il retroussa son pantalon et découvrit sa jambe, croûtée de sang séché. Daiki grimaça en avalant son cachet de travers.

— Ça marche pas ! Vous auriez d'la morphine ?

Ma mâchoire se décrocha.

Les autres firent simplement non de la tête et Takeo ouvrit les bras en signe d'impuissance. Ils étaient recouverts de coupures ; le leader s'était sûrement battu, lui aussi.

On entendit Daiki renâcler qu'il serait en meilleure forme si les cours ne commençaient pas si tôt et qu'il ne fallait pas trop le bousculer le matin.

Mais il ne fallait pas le bousculer tout court. Tennoji fit écho à mes pensées.

— Pas te bousculer pour venir en cours ? Tu parles ! Ça n'aiderait pas, ta crétinerie est irréversible. On t'a lavé le cerveau au détergent quand t'étais gosse ! Il ajouta aussitôt : A moins que ton berceau ait pris feu et que tes parents aient dû t'éteindre à coups de poêle !

Le géant morphinomane renversa la chaise et parvint en deux enjambées jusqu'à Tennoji. Il le toisa, les yeux écarquillés de fureur et le saisit par le col de sa veste. Takeo tapota l'épaule du géant par derrière :

— Oublie... Tu as tes propres atouts Daiki. On ne pourrait pas se passer de toi.

Takeo pressa encore l'épaule de son soldat et celui-ci lâcha lentement sa prise. Tennoji, un sourire de sale gosse au coin des lèvres, n'avait pas bronché. Daiki grinça des dents à son intention, planta une cigarette dans sa bouche d'un air méprisant et partit à l'infirmerie. Je songeai qu'une brute qui avait trouvé son maître, en l'occurrence Takeo, était perdue et sans recours.

Celui-ci se tourna vers moi :

— Alors, ce compte en banque ? Le fric, ça sert à être dépensé.

— Je ne suis pas Madame Toyota ! m'exclamai-je. Pas question d'y toucher. Ce serait trop facile. Je dois m'en tenir à ce que je mets de côté pour le mois. S'il m'arrive un vrai coup dur...

— C'est chiant d'être trop raisonnable, rétorqua Takeo en réajustant le col élimé de sa chemise hawaïenne. Tu devrais lâcher du lest.

— La prudence est une peur noble.

— Tu sais où acheter des trucs pas chers, me demanda Minoru, à part dans les konbini ?

Je regardai ce dernier d'un air intéressé et répondis par la négative. A ce moment, Kensei se matérialisa à côté de moi, je ne l'avais pas vu arriver sur le toit. A sa vue, je me sentis soudain mieux dans ma peau.

— Les gars je vous laisse. Je l'emmène au hyaku-en-shoppu, décréta-t-il en se fendant d'un grand sourire.

Dans un mouvement souple, Kensei m'entraina par le bras vers la porte du toit.

— Hé ! s'écria Minoru derrière nous. J'y ai pensé le premier !

Kensei ne prit pas la peine de se tourner pour répliquer.

— Tu l'as déjà accompagnée clouer le bec de Naomi !

— Mais le hyaku-en-shoppu, c'était mon idée ! argua Minoru outré.

— Peut-être... Mais c'est ma copine ».

***

Les « magasins à cent yens » étaient les équivalents des bazars « Tout à un euro ». Kensei m'en fit faire le tour. Ils étaient très pratiques pour s'équiper à moindre frais ou pour des achats occasionnels : produits d'entretien, lessive, vaisselle, papeterie, bibelots, vêtements, ustensiles de cuisine, outils de bricolage etc. J'y découvris également de la nourriture ; à peu de chose près les mêmes marques que celles du konbini. Encore une autre manière de survivre dans la jungle urbaine ! En tout état de cause, les prix étaient trois fois plus bas qu'ailleurs.

Il ne fallait pas se perdre. Dans un supermarché j'étais tenue de braver les dangers de l'abondance et de la surconsommation au péril de mes économies. Les Japonais ne consommaient pas qu'un peu ! On aimait l'argent et on n'avait pas peur d'en parler. Cela était valable jusqu'à un certain point car ces dernières années, de nombreux foyers de la classe moyenne avaient rejoint les rangs de la classe populaire. 

En dehors de cette considération, je remarquais que les Japonais achetaient et sortaient beaucoup. Ils payaient en espèces, promenant de grosses coupures de billets dans les poches. A contrario, dans l'hexagone la carte bancaire était reine. Par ailleurs, les nippons préféraient les produits hauts de gamme, alors que les Français cherchaient à débourser moins, quitte à acheter un article de qualité secondaire.

La raison de cette différence entre les deux pays était simple : elle remontait à la politique des années soixante et quatre-vingt-dix qui encourageait le travail et qui permettait aux entrepreneurs et aux salariés de recueillir presque immédiatement le fruit de leurs efforts. C'est de cette façon que le Japon était à l'époque devenu le champion des exportations dans les domaines de l'automobile, de l'électronique et du secteur bancaire. En parallèle, si les Français profitaient d'un plus grand nombre de services publics gratuits, cela avait un coût qu'ils payaient chèrement en taxes et donc en pression fiscale. 

Pour revenir à la notion de richesse, les Japonais qui gagnaient beaucoup d'argent n'étaient pas mal vus. À l'inverse de la France, les riches Japonais n'étaient pas jalousés et les nippones s'exhibaient sans complexe à coups de prêt-à-porter de luxe et de sacs Vuitton. L'argent était un critère prépondérant dans le mariage, ce qui créait aujourd'hui un véritable malaise chez les jeunes Japonais.

Pour ma part, je repartis avec un sac rempli de produits utilitaires. Aïko aurait adoré m'accompagner, curieuse de déambuler parmi les Péruviens, Brésiliens, Indiens, Philippins, Chinois et Coréens. Ils étaient les seuls à ne pas me dévisager dans les rayons car habitués à l'être eux-mêmes. 

En dépit de l'ouverture du Japon, les étrangers étaient encore considérés comme une menace à l'uniformité prônée par le pays. Ce que le Japon avait peut-être des difficultés à saisir était que plus il s'internationalisait et moins unique il pouvait s'affirmer. Halloween et Noël n'étaient pas des inventions japonaises mais ces périodes de fête constituaient une mine d'or pour les commerçants. L'attractivité de l'archipel reposait justement sur cette balance entre l'internationalisme et le traditionnel aux valeurs sacrées.

Historiquement, le Japon s'était ouvert à l'Occident pour rattraper son retard technologique après la Seconde Guerre mondiale. Il était ainsi devenu le premier pays non-occidental à entrer dans la mondialisation. Cependant, l'identité japonaise demeurait incertaine quant à sa place vis-à-vis de l'Occident et de l'Asie. Le pays ne s'était pas complètement adapté à la première région mais ne se sentait pas non plus tout à fait à l'aise avec la seconde et c'était peut-être ce qui lui conférait une position aussi singulière dans le monde. Une auteure avait souligné que le Japon était partagé entre un sentiment d'infériorité par rapport aux États-Unis et à l'Europe et de supériorité à l'égard de ses voisins asiatiques.* 

Avant cela, dans les années 1930, l'incarnation de la « Japonaisité » était codifiée comme étant la politique nationale, ou kokutai. Cette politique consistait en un mélange entre la politique, la religion et la mythologie et prenait en compte l'ethnie, la langue et la géographie. Son existence était assurée tant que le pays était gouverné par un Japonais, élément essentiel renversé lorsque le général américain MacArthur avait fait subordonner l'empereur après la guerre. Malgré cela, le kokutai avait perduré et persistait à travers la conscience des Japonais de vouloir maintenir une identité culturelle propre, un sentiment renforcé par l'homogénéité ethnique du Japon... D'où peut-être le problème récurrent de la place des étrangers dans le pays.

Durant le processus de modernisation après-guerre, le Japon avait perdu en route certains aspects extérieurs de sa culture traditionnelle, tels que l'habillement. Toutefois, l'influence occidentale n'avait changé ni la pensée, ni le cœur des habitants. 

Dès lors, je comprenais mieux d'un côté la mise à distance des Occidentaux et de l'autre, la difficulté pour le Japon de raffermir ses liens avec ses voisins asiatiques : un rapprochement pouvait s'apparenter à une perte d'identité.


*Klien, Susanne, Rethinking Japan's identity and international role, 2002.


Merci de votre lecture ! ~*

J'ai conscience que le dernier passage ait pu être rébarbatif pour des lecteurs mais je souhaitais aborder la question de l'identité japonaise. Voilà, c'est fait ! ;) N'hésitez pas à me dire si vous l'avez trouvé intéressant ou non.

Retour aux sources dans le prochain chapitre : focus sur Kensei !

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