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37. Tranches de vie

Depuis quelques jours, la tension émanant des derniers évènements était palpable dans les couloirs de Nintaï. Le personnel et les professeurs jouaient sur du velours, loin des querelles en prônant la paix à tout prix et en enseignant du mieux possible. J'avais peu de responsabilités administratives et beaucoup de liberté.

Malgré son mi-temps, Madame Chiba me facilitait grandement la tâche : elle était si efficace qu'elle me laissait très peu de travail. C'était comme si la vieille secrétaire mettait d'elle-même les bouchées doubles pour faire comprendre qu'elle n'était pas encore à mettre au rebut.

Je tirais quelques conclusions des deux premiers mois de travail de secrétariat passés dans l'établissement Nintaï :

Première constatation : très peu de prestataires étaient en contact avec l'établissement et les échanges se déroulaient essentiellement par fax et mails interposés.

Deuxième constatation : dans le cadre de ces relations professionnelles, les interlocuteurs étaient trop polis. Cet effet plaisant était-il dû à la politesse japonaise ou bien à la réputation de l'établissement ? Un mélange des deux hypothèses, assurément.

Troisième constatation : malgré ma prise de fonctions, le proviseur et les professeurs s'en remettaient uniquement à Madame Chiba. J'étais mise de côté. Après tout, en tant qu'étrangère, je devais être incompétente et peu digne de confiance.

Je m'ennuyais et dès mon labeur achevé, j'en profitais pour rejoindre la bande de Takeo sur le toit. D'un côté, j'avais renoncé à leur demander de retirer les mains de leurs poches. D'un autre côté, à leur contact, j'avais découvert le groupe Thee Michelle Gun Elephant qui passait en boucle dans la petite radio que Tennoji apportait chaque jour sur le toit. Il la plaçait telle quelle dans son sac de cours et la trimballait avec lui toute la journée, en fronçant ses grands sourcils noirs pour intimider les potentiels contestataires qui auraient préféré écouter du R&B.

Comment conciliaient-ils leurs profils aussi hétéroclites avec une harmonie de groupe. Cette bande de caïds fonctionnait indépendamment du regard de la société. Mais paradoxalement, ils obéissaient presque aveuglément aux nouvelles règles que leur dictait leur gang. Takeo nécessairement avait dû accomplir un travail titanesque. Après tout, la loi du groupe prévalait sur les aspirations individuelles, même dans un contexte aussi saugrenu que l'était celui de Nintaï.

L'individu tendait à une recherche de cohésion quasi-instinctive entre la société et lui : cela s'appelait communément le « collectif ». Au Japon, le collectif était ancien, fort, persistant. Le pays vivait dans un monde où les hommes cherchaient à se protéger du malheur alors que la mentalité occidentale penchait pour la recherche individuelle du bonheur.

L'écrivain Katô Shûichi voyait à l'origine de l'esprit de collectivisme nippon la nécessité d'une bonne entente entre les membres d'une même communauté villageoise afin de construire et d'entretenir les réseaux d'irrigation et le partage des eaux, mécanismes indispensables à la culture du riz. Être solidaire avec son prochain favorisait une meilleure productivité de groupe et de plus fortes chances de manger à sa faim ou de tout simplement survivre.

Par d'autres aspects, appartenir à une communauté était aussi une façon de se sentir en sécurité. D'une certaine manière, l'individu était protégé des dangers extérieurs par les autres membres du groupe avec qui il partageait des valeurs. Les Japonais étaient dépendants des autres, ils devaient se faire apprécier ou du moins se faire respecter par autrui pour exister. Dès lors, l'ostracisme pouvait être vécu comme un véritable meurtre social.

Au fil du temps, notamment au cours des dernières années, la conception unitaire nippone semblait pourtant se désagréger, ce qui n'arrangeait certainement rien à la situation.

***

Juin vint accompagné de Tsuyu, la « pluie des pruniers ». Cela faisait plusieurs semaines que j'avais élu domicile au Japon et mon séjour se déroulait relativement bien. L'atmosphère humide et pesante annonçait l'arrivée de l'été. Cette pesanteur moite et désagréable gagnait tout l'archipel, à l'exception d'Hokkaido mais n'épargnait pas les nintaïens. Leur susceptibilité et leur hargne n'engourdissaient pas les humeurs et une bagarre proche avec Juro semblait imminente. A maintes reprises je les priais de se calmer sans succès. D'autres fois, ils me rembarraient, tout simplement. Jotaro et Tennoji, les « Men in Grey », s'amusaient souvent comme des sales gosses avec des étudiants de deuxième année, par l'intimidation, les railleries et la force physique.

Dans les couloirs, vous reconnaissiez Tennoji à ses grands sourcils froncés, aussi noirs que ses yeux et à sa coupe militaire. Son visage était rectangulaire, plus long que large, son menton court, sa mâchoire bien marquée et son front haut placé. De Jotaro, on pouvait en revanche dire que sa bobine avait la forme d'un diamant, avec des pommettes hautes et un menton étroit. Il avait un pansement sur le nez et des cheveux mi-longs retenus par un serre-tête en plastique made in China.

Ils ne se ressemblaient pas. Ce duo tout de gris vêtu déambulait coude à coude dans les couloirs en fomentant quelques plans aussi méchants que stupides. Leurs victimes étaient aspergées de craie, condamnées à chercher en vain leurs affaires personnelles cachées, détruites ou se retrouvaient parfois clouées au sol, la tignasse tondue. 

Je passais un peu de temps avec Minoru lorsque les portes de Nintaï se refermaient le soir loin derrière nous. Ce jour-là, sur le chemin, je lui demandai pour quelle raison Tennoji et Jotaro étaient devenus des tortionnaires. Une expression sombre passa sur son visage. Sans répondre, Minoru avait accéléra le pas. J'insistai :

« Que font les parents de Tennoji ? 

— C'est... C'est délicat.

— Quoi ?

Minoru enfonça les mains dans ses poches comme s'il comptait y trouver ses mots.

— Ben sa mère, tu vois, elle est morte. Et son père, il... Il tient une maison.

— Une maison ? Une auberge ou... ?

— Non, une maison de filles.

— Ah.

Brusquement, sa bouche se déverrouilla et il parla à toute vitesse :

— Son père tape sur les gonzesses quand les clients se plaignent ou qu'elles disent un mot de travers. C'est un taré. Tu vois, il parait qu'il est hyper calme en apparence. Il est bien sapé, a de bonnes manières mais Tennoji m'a dit qu'il avait déjà cassé toutes les dents d'une fille parce qu'elle voulait tabler sur du quarante-cinq pour cent. Maintenant elle porte un dentier, elle ne peut plus espérer se marier. Il l'a cognée si fort que même sa mâchoire a été endommagée. C'est triste, hein ? C'est pour ça que depuis qu'ils sont gosses, Tennoji passe le plus clair de son temps avec Jotaro.

— Ses parents à lui...

— Ce sont des petits employés, tout ce qu'il y a de plus normal, glissa Minoru d'une voix très basse. Quand la grande-sœur est partie de la maison, ses parents ont proposé à Tennoji de prendre sa chambre chaque fois qu'il le voudrait. Plutôt cool, nan ?

Je ne savais pas quoi répondre.

— Généreux.

— Ben ouais, avait-il repris en lançant ses grandes jambes en avant. Mais les parents de Jotaro travaillent tous les deux et ne se sont jamais trop occupés de lui. Du coup ils étaient bien contents que Tennoji lui tienne compagnie. D'un autre côté, qui aurait envie de vivre avec un père comme celui de Tennoji ? Tout le monde aurait fait comme lui et se serait trouvé une deuxième maison.

— C'est vrai.

— Enfin bon, te fais pas d'illusions non plus. C'est pas rose dans la « deuxième maison », Jotaro ne s'entend pas du tout avec son père. C'est sa mère qui fait zone tampon chez eux.

— Je comprends mieux pourquoi ils ont l'air en colère contre tout.

Minoru avait eu une grimace incontrôlée.

— Et encore... Tu finiras bien par t'en rendre compte mais la plupart des étudiants de Nintaï grandissent sans père.

— Donc sans autorité ?

— Surtout sans père ».

~Merci encore de votre lecture (≧∇≦)/

Vous vous êtes peut-être demandé pourquoi l'histoire comportait beaucoup de protagonistes que j'avais présentés un peu en bloc... Je voulais vous apporter une vision globale du cercle des relations nintaïennes. A présent, au fil des chapitres, vous en apprendrez un peu plus sur la vie de chacun (surtout sur les 3èmes années, la faction de Takeo) - des existences qui vont se mêler de façon indirecte aux évènements de l'histoire ;)

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