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36. Un embrasement inattendu

« O joies de la vie ! J'écrirais une ode à ton nom ! » 

Aïko m'avait appelée pour m'offrir d'assister à l'avant-première du nouveau film et de la séance de dédicaces avec les doubleurs d'un célèbre manga : One Piece. Ça allait accourir de tout l'archipel ! Je m'étais sentie aux anges et très privilégiée.

Le film répondit largement aux attentes du public. Eiichiro Oda et ses collaborateurs n'avaient pas lésiné sur le scénario bien ficelé, l'humour extravagant du manga ni sur les dessins, toujours plus hauts en couleurs. La séance de dédicaces quant à elle était limitée à quatre cents personnes. En réalité, pour avoir droit à un ticket, il fallait acheter pour trois mille yens de goodies, soit environ vingt-six euros. Mais comme d'accoutumée avec ce type d'événement, j'étais certaine d'arriver trop tard. Eh bien, pour une fois, non.

Le Japon n'était pas un pays de resquilleurs et contrairement aux Français, les gens ne cherchaient pas à doubler absolument dans la file. Le savoir-vivre, le respect et la patience faisaient partie des éléments clé du langage nippon.

Ne serait-ce que dans les transports en commun par exemple, les usagers payaient systématiquement leur ticket, quand bien même il aurait été tentant de passer au travers de barrières laissées ouvertes. En outre, les Japonais formaient de vraies queues devant les portes des rames au lieu de se bousculer pour entrer en premier.

Au terme d'une heure et demie d'attente, Aïko et moi nous avançâmes à notre tour. Avant de passer, on nous tendit des stylos pour que nous écrivions notre nom et prénom au dos du ticket. C'était une précaution prise afin de faciliter la tâche des doubleurs au moment de la dédicace. La logique des Japonais ne cesserait donc jamais de m'étonner.

***

Je m'ennuyai à mourir dans le secrétariat de Nintaï. Après quelques minutes à peser le pour et le contre, j'ajustai mon chemisier, lissai ma jupe et commençai à gravir l'escalier. Il ne fallait pas se mentir, j'étais pleine d'appréhensions à l'idée de retourner sur le toit. Je n'y avais pas remis les pieds depuis que Takeo m'y avait menacée.

J'ouvris la porte de l'issue de secours, la seule qui donnait accès à la terrasse du toit de droite et balayai l'espace du regard. Un peu partout il y avait des mégots mouillés, des paquets de chips, des cannettes ou des feuilles chiffonnées. De nombreux graffitis étaient bombés sur les murs à la peinture défraichie. Certaines zones du grillage étaient défoncées. Un jour, certainement, quelqu'un passerait par-dessus bord. Les autorités locales fermeraient alors les portes d'un établissement mal géré et dangereux.

Ça parlait fort d'un bout à l'autre du toit. Les troisièmes années se figèrent à mon apparition. En examinant leurs visages, je constatai que les étudiants étaient davantage surpris et embarrassés que prompts à me jeter du toit comme la dernière fois. Puis, fait étonnant, j'aperçus la maigre stature de Reiji parmi eux.

Tous étaient massés autour du tatoué, concentré sur son ordinateur portable. Ils semblaient se livrer à des messes basses. Les surprenais-je à regarder un film porno ? Enquêtaient-ils sur le trafic de drogue de Fumito ? Reiji avait vivement rabattu l'écran.

Daiki s'avança dans ma direction. C'était un géant de presque deux mètres d'impulsivité. J'avais pu me rendre compte de sa nature roublarde, hâbleuse, sanguine et caractérielle. Dans ce registre, il était le moins contrôlable de la bande. Seul Takeo avait une emprise sur lui.

Contre toute attente, Daiki me salua avec un sourire patelin. Le capitaine de l'équipe de baseball se mit à me débiter des banalités d'un air de rien. L'envergure imposante de ses épaules me dissuada de tester ce mur infranchissable.

Je réagis dès qu'il essaya de faire diversion en m'entraînant à l'opposé de la table. Si j'étais piètre actrice, alors lui c'était le Père Castor ! Avant que le géant de pierre n'ait pu déjouer mon plan, je me ruai vers l'ordinateur.

En dépit des protestations sauvages, j'y accédai et soulevai le clapet. Effectivement, j'étais à des millénaires des Télétubbies

Je m'apprêtai à faire défiler l'écran lorsque Reiji arrêta froidement mon geste d'un mouvement sec : « Touche pas à ça ! » Il claqua l'écran et partit sans dire un mot, son ordinateur sous le bras.

Takeo toussa. Conservant mon aplomb, je me tournai vers lui.

« A quoi ça vous sert de craquer le mot de passe administratif du lycée ? A modifier vos notes ? Je vous arrête tout de suite : elles sont toutes conservées dans un registre écrit et sous clé.

Quelques caïds déglutirent.

— Vous devriez demander à Reiji de tout remettre en ordre avant de vous faire démasquer » ajoutai-je.

Takeo descendit de sa chaise et s'adressa à un larbin :

« Toi, lança-t-il à l'étudiant choisi au hasard, passe le message à Reiji ».

L'intéressé courut rattraper l'informaticien du groupe. Takeo prit sur lui de minimiser l'incident en détournant la conversation.

« Au fait, Clé-à-molette, dit-il tout en s'allongeant sur le canapé en patchwork dans une pose décontractée, le jeu que tu nous as appris...

— La bataille corse ! l'aida Minoru qui s'était installé à califourchon sur une chaise branlante et si taguée qu'on n'en distinguait même plus la couleur d'origine. Ses jambes étaient trop longues, ses genoux remontaient sur ses côtes.

— Ouais, la bataille corse, rebondit Takeo en lissant sa chemise hawaïenne. Tu devrais être flattée, tout le monde y joue à Nintaï. Le jeu s'est répandu comme une traînée de poudre jusque chez les cinquièmes années !

— Forcément, il est fait pour vous. C'est un jeu de brutes... marmonnai-je en m'asseyant sur un rebord de table sur laquelle je déposai une pile de feuilles de justificatifs d'absences.

— Hé, toi ! Tu cherches les bourre-pifs ? me reprit Mika qui comptait ses grains de beauté sur ses avant-bras pour y guetter la naissance éventuelle d'un mélanome.

Je soupirai. 

Tennoji, les bras croisés sur son torse, fronça ses épais sourcils arqués en lignes brisées.

— Pourquoi t'es là au fait, Clé-à-molette ? T'as plus de boulot ? Ou tu sèches aussi peut-être ?

— Sûrement pas. J'ai terminé. Je pensais que vous jouiez aux cartes justement. Au final, je vous découvre en train de...

Je m'interrompis, réalisant que je ne faisais ni plus ni moins que cautionner leur paresse. 

— Bref, vu que vous avez ignoré l'information sur le panneau principal. Je vous apporte vos justificatifs d'absence à faire signer à vos parents, vos tuteurs ou... ».

Sur ce, Daiki s'empara de son papier, le signa et le plaqua sur la table.

Nous nous expliquâmes encore quelques minutes, quand soudain, la porte du toit s'ouvrit sur Shôji, le petit-frère de Mika. Il avait teint ses cheveux d'une couleur plus vert pétant qu'auparavant. La nuance soulignait ses oreilles décollées et son menton fuyant.

« Hé ! Écoutez-moi ! C'est grave !

— Salut, Shôji ! Ça va ? T'en fais une tronche ! T'as paumé ta batte de baseball ?

Entre trois crachotis et deux respirations, Shôji siffla.

— Ferme-là, Jotaro !

— T'es pas responsable de la tête que t'as mais tu l'es de la gueule que tu tires, piaffa celui-ci.

— C'est quoi le problème ? Qu'est-ce qu'il se passe ? s'arqua Takeo. Il s'était redressé en position d'écoute, les mains entrecroisées, le dos courbé et les jambes écartées.

— Juro s'est mis la 2-C dans la poche ! Il les a eus ! Ils se sont alliés !

— Quoi ? s'écria Kensei hébété en interrompant sa distribution de cartes avec Mika qui considérait son petit-frère de travers en penchant la tête sur le côté, le masque chirurgical en biais.

Un courant électrique parcourut mes joues.

— Merde ! tonna Takeo d'une voix étouffée.

Les gaillards s'entreregardèrent, choqués.

Takeo frappa du poing contre un mur. Un filet de sang coula sur la pierre graffitée. A sa place, j'aurais eu quelques phalanges en moins.

De son côté, le teigneux Nino matait la scène de son œil acéré. Il avait tout d'un vautour au regard glacial, scrutateur et détaché à la fois.

— Je vous avais prévenus, pesta-t-il tandis que Takeo, courroucé, continuait à grommeler entre ses dents. Vous avez provoqué Izuru en explosant Hidetaka il y a deux mois. Il est tenace et vous auriez pu le défoncer moins durement dans les couloirs. 

— Tu déjantes ? le coupa Minoru. T'as vu l'état dans lequel il a mis Clé-à-molette rien qu'en l'encastrant dans le mur ? Il était en train de l'étrangler ! ».

Rien qu'en l'encastrant dans le mur ! N'était-ce pas déjà suffisant ? Je m'étais quand-même retrouvée à l'infirmerie !

— On fait quoi maintenant ? ânonna Jotaro en replaçant son pansement en travers du nez.

— On s'en occupe tout de suite ! » brailla Daiki, vindicatif.

Tout allait très vite. Je ne comprenais pas grand-chose. L'une des classes de deuxième année, dont Minoru m'avait conseillé de me méfier, venait de rejoindre la faction de Juro, le leader de la 4-B. 

Ainsi, des alliances, il y en avait finalement ! Dans le cas contraire, à l'heure qu'il était, les deux classes de troisièmes années se seraient déjà entretuées.

J'interrompis mes pensées : qu'est-ce que Juro, le rebelle biker vêtu de cuir, avait bien pu provoquer dans le lycée Nintaï ? Les troisièmes années semblaient vouloir dire qu'en concluant une alliance avec la classe 2-C, Juro avait déséquilibré les forces des différentes factions de l'établissement.

Je fronçai le nez : mon voyage ne se résumait pas à une petite guerre de voyous. J'étais venue étudier le droit, la politique et la sociologie japonaise et non de minables clivages entre lycéens en échec scolaire. Serrant les mâchoires, je leur jetai un coup d'œil. Leurs expressions avaient changé. Ils étaient déterminés à casser des dents.

« Ferme-là un peu Daiki ! ordonna Kensei qui gardait son sang-froid. Il poursuivit d'un air grave :

— Shôji, si ce que tu dis est vrai, on va avoir besoin de Naoki.

Je fis le pont dans mon esprit : Naoki était le leader des deuxième année soutenant Takeo et Eisei.

— Naoki ne sera pas très chaud, il se méfie, lui répondit Shôji, sincèrement contrit.

Takeo opina en reprenant le contrôle de sa personne :

Okay. Merci, Shôji. Fais-lui savoir que j'aimerais lui parler au plus vite. Ici-même si ça l'arrange ».

Reiji soupira, se leva et partit sans un mot. Tennoji l'interpella : 

« Tu pars, Reiji ? Faudrait p'têt que tu restes aussi pour réfléchir à un plan. T'es le cerveau, nan ?

Tout en l'ignorant, le tatoué squelettique le poussa de l'épaule pour ouvrir la porte.

— Est-ce que j'ai besoin de ton accord pour me casser ? Nan, fit Reiji. Alors lâche-moi la grappe !

Tennoji le rattrapa par le col.

— Hé ! Pour qui tu prends, la mauviette ?

Reiji lui donna un coup de poing dans l'abdomen et lui claqua la porte au nez. Tous les gaillards se mirent à ricaner, tous sauf Mika. Tennoji qui se massait l'estomac se tourna vers lui et fronça ses grands sourcils noirs, l'air cynique.

— T'as les foies, hein Mika ?

— Moi ?

— Qui d'autre !

Mika devint rouge cramoisi et cria sous son masque chirurgical :

— Mais va te faire voir, mec ! J'vais y aller, moi ! J'vais lui faire la peau, à Juro ! Pas vrai Shôji ? »

Il avait parlé dans le vide. Shôji son petit-frère était repartit à toute vitesse dans un éclair vert.

J'échangeai avec Kensei un long regard préoccupé et vibrant d'inquiétude. Un malaise s'était abattu sur le groupe.

Takeo m'interpella.

« Clé-à-molette ?

— Oui, Takeo ?

Il gratta son cou au niveau de l'échancrure de sa chemise ouverte en haut, l'air passablement agacé. Face à lui, je me sentis comme une petite fille.

— Ne parle à personne de ce que tu viens d'entendre. Même à l'extérieur de l'établissement ».

Je levai la main en prêtant serment de ma parole à tenir. La scène avait revêtu un caractère crucial... Et même les corbeaux alignés sur la rambarde du toit prenaient un air de deuil plus noir que de coutume.

Si des tensions sous-jacentes préexistaient au sein de cet établissement, rien n'avait laissé présager de l'embrasement instigué par Juro.

Un autre problème demeurait : le prix du cannabis dans la zone de Nintaï ne cessait de grimper.

~Hey ! Merci encore de votre lecture ! Je trouve le bonheur dans vos votes et vos commentaires ! J'espère que ce chapitre vous a plu. Je vous réserve des surprises  ᕕ( ᐛ )ᕗ

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