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23. Le déni des attractions

Le lendemain soir, je retrouvai Shizue au centre-ville.

« Même si tu es rentrée tard après ton travail, tu aurais dû m'appeler. Un coup de fil, ce n'est rien. Et puis, je me rendors facilement.

— C'est gentil Shizue, je ne voulais pas t'ennuyer avec ma déprime ».

Le teint frais et rose, Shizue haussa ses sourcils et regarda dans le vide d'un air excédé. Ses joues avaient tourné à l'écarlate.

Nous marchâmes côte à côte dans l'air du soir. La gare de Nanba, près de Dotonbori, se profila devant nous. Tout n'y était que plaisirs, réclames, bruit et fureur. Entre l'immense galerie marchande, les salles de pachinko ultra bruyantes, les échoppes et les enseignes aux néons criards, les employés rabattaient les passants au cœur de leur bar. Dans la foule tapageuse, les femmes alcoolisées titubaient en déséquilibre sur leurs impressionnants talons hauts.

Shizue et moi traînions les pieds.

« Un de ces jours, déclarai-je, nous devrions retourner tous les cinq faire un karaoké car la dernière fois, je ne tenais plus debout. Et Leandro m'a traitée de casserole.

— Ça, c'est une excellente idée, approuva-t-elle. Mais pour faire passer ton blues, je sais ce qu'il te faut ».

Sur ce, Shizue me prit hardiment la main. Elle nous pilota dans une artère que je ne connaissais que de nom. Aïko m'en avait parlé en gloussant.

« Shizue ! Ne me dis pas que... Je sais comment ça va se passer ! On va se faire plumer !

— Sûrement pas ! N'oublie que tu es avec moi !

Je roulai des yeux et elle ajouta :

— Ça va te changer les idées et nous allons bien nous amuser ! ».
La rue était ceinte de chaque côté d'établissements qui, à ma connaissance, n'existaient qu'au Japon. La ville d'Osaka était même réputée pour leur qualité et leur grand nombre. Shizue ralentit le pas. Un jeune homme efféminé s'avança vers nous d'une démarche élégante.

Un host était une sorte d'éphèbe, supposé être attirant – il arrivait qu'il le soit. L'apparence était souvent androgyne, d'un style aux traits fins et aux cheveux coiffés décolorés. Généralement vêtu d'un costume bien taillé, moderne et cintré près du corps, l'host portait de nombreux accessoires. Les plus riches arboraient des bijoux hors de prix. L'host brillait au sens propre du terme pour s'efforcer de coller à l'image du parfait prince charmant. Engagé par un club, son travail consistait à charmer et à divertir des clientes. Cela se résumait en une causette sur des sujets légers autour d'un verre d'alcool... Plus la cliente commandait et plus la commission était élevée. Ce divertissement pouvait coûter de deux cents à cinq cents euros pour une petite soirée et bien davantage si la cliente ne gérait ni l'heure ni son état d'ébriété. 

Un sociologue avait expliqué ce phénomène d'host clubs par le manque d'écoute des hommes Japonais à l'égard des femmes. Pourtant, le métier d'un host était à double tranchant : il rivalisait d'ivresse chaque soir pour revenir le lendemain tout aussi frais et dispo. Pour lui, ce n'était pas une promenade de santé. Le foie en souffrait et il renonçait parfois même à tomber amoureux.

Pour moi, le Japon était tout et son contraire. Dans les magasins, vous aviez l'obligation morale de cacher la boîte de serviettes hygiéniques au fond du panier. En revanche, la publicité pour des clubs et l'étalage de revues explicites prônant la femme-enfant faisaient la joie des amateurs d'infidélité et de pédopornographie.

« Bonsoir mesdemoiselles ! Désirez-vous boire un verre ?

— Tu es sérieuse ? glissai-je à l'oreille de Shizue. Ce n'est pas du tout...

Elle m'ignora et fit les yeux doux à l'host.

— Mon amie et moi souhaiterions nous détendre. C'est la première fois qu'elle vient et elle est un peu intimidée ».

Je songeai que dans le fond, nous ne nous comportions pas mieux que les anciens clients d'Amsterdam. Le jeune homme nous invita à entrer et Shizue négocia un prix de base qui ne nous ruinerait pas. Elle m'évita même d'avoir à décliner mon âge. Là-dessus, on ne nous posa aucune question. Je la suivis à reculons.

On nous conduisit dans un espace V.I.P. d'un salon du club au décor d'une boîte de nuit. Les tables noires laquées et la montagne de coussins de velours noirs et argentés s'amoncelait sur d'épais sofas en cuir. De lourds rideaux séparaient le coin de la piste du bar tamisé de lumière. Le fond musical appartenait au genre mix clubbing et suggérait l'intimité et le confort.

Chaque table était occupée par une Japonaise accompagnée de trois à quatre chevaliers servants qui lui faisaient la conversation entre deux bouteilles de vin, de mousseux ou de champagne. De grands vases en cristal ornés de rose rouges rivalisaient de luxe avec les Birkin et les Chanel posés sur les tables. Ces dames ne craignaient pas la dépense. Je passai discrètement en revue ces jeunes femmes amoureuses à leurs dépens, ou pourries-gâtées, à moins que ce ne fussent des travailleuses du milieu de la nuit.

Le très courtois manager des lieux nous présenta un menu plastifié. Nous le feuilletâmes comme si nous parcourions les pages d'un magazine Ikea. C'était une liste de photos d'hosts à élire. Il y en avait pour tous les goûts : gamins prépubères, mauvaises répliques de bad boys, Ken de Barbie ou supermans au charme tentateur.

Je demandai à Shizue si elle était une habituée des lieux. Elle me répondit par la négative. En réalité, je détestai l'idée de considérer un être humain comme un objet de consommation.

« Il n'y a rien de mal, me rassura Shizue en se gaussant d'un sourire sous ses joues rebondies. Dis-toi qu'ils sont payés pour ça et qu'ils n'ont qu'une envie, c'est qu'une jolie étrangère comme toi les choisisse. Je t'assure ! Tiens, regarde. Qu'est-ce que tu penses de celui-là ? ».

A bien les observer, Tomo et son acolyte semblaient tous deux être les moins superficiels de tous. Du moins, en photo. Ils se présentèrent officiellement en nous tendant leur carte de visite sur lesquelles étaient inscrits en idéogrammes et en caractères latins leur email et leur numéro de téléphone. Le nom du club figurait dans un style victorien sur le rectangle gravé en relief.

Je ne pus m'empêcher d'imaginer le flot incessant d'emails qui devait inonder leur portable ; combien de clientes amourachées ne les harcelaient-elles pas ? Peut-être que les hosts sélectionnaient des réponses préenregistrées qu'ils envoyaient à leurs clientes en fonction du message reçu.

Tomo avait les lèvres fortes et arborait une coiffure originale dont les Japonais étaient maîtres. La couleur de ses cheveux châtains s'harmonisaient avec la carnation de sa peau cuivrée sur un sourire d'acteur de publicité pour dentifrices. L'host que Shizue avait choisi était le plus tapageur de tous. Ils nous préparèrent quatre gins tout en bavassant comme si nous étions de vieilles connaissances.

Après un moment de malaise, je me détendis. Les hosts avaient le don de nous plonger avec habileté dans la décontraction. Tomo m'interrogea sur tout et n'importe quoi. Puis, ce fut mon tour : il avait vingt-quatre ans et avait choisi cette profession car il aimait rencontrer des gens et s'amuser.

C'était la version officielle. Apparemment, il terminait tous les soirs son travail à une heure du matin et avait droit à dix jours de vacances par an, ainsi qu'à un congé pour son anniversaire. Le manager les emmenait à l'occasion en voyage pour « ressouder les liens » et « s'amuser entre copains » : sorties fréquentes dans un onsen*, snowboard à la montagne ou encore petite excursion à Tokyo. Lorsque je lui demandai si leur participation à ce genre de voyage était obligatoire, il m'assura d'une pirouette qu'aucun membre n'y renoncerait de toute façon. Le club, c'était leur famille, avec le manager en papa et les hosts en frères, prétendument.

Les réponses de Tomo semblaient trop proprettes pour être honnêtes. A l'entendre parler, il s'appelait Fluttershy et vivait aux pays de My Little poney : Shizue et moi étions leur chères clientes et eux les superbes employés pompeurs de blé.

Au risque de plomber l'ambiance, j'abordai le protocole des boissons : « Alors, j'imagine que le pharmacien de ton quartier doit être riche avec tout le champagne Veuve-Clicquot que tu bois, pas vrai ? ». Le rire de Tomo sonna faux mais il continua de me traiter en princesse, époussetant une peluche invisible sur mon épaule, me resservant un verre. J'étais bien loin des bandes de brutes agitées de l'établissement Nintaï. Nous étions souvent interrompus par un host qui venait se présenter à notre table en proposant sa carte de visite. Shizue et moi en avions les poches remplies.

Le temps convenu s'écoula en un clin d'œil et Tomo m'invita à lui donner mes coordonnées. Sur le coup, son petit numéro de charmant remonteur de moral m'avait convaincue. De toute manière, je doutai fortement qu'il m'envoie de quelconques nouvelles : en tant qu'étrangère, je ne serai pas une cliente régulière. Les hosts prirent nos sacs à main et nous escortèrent jusque dans la rue.

Shizue prit une bouffée d'oxygène et effaça sans scrupule tous les numéros des hosts. Je lui sautai au coup en la remerciant pour cette incroyable et surprenante soirée. Cette surprise m'avait coûté une cinquantaine euros et des crampes aux zygomatiques à force d'éclats de rire.

*Onsen : bain thermal japonais.


~Merci de votre lecture !

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Ø (..)

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