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19. Question de feeling

[Et puis, il y avait là un garçon de la faction que je n'avais pas encore vu.]

Il était petit et semblait d'ossature délicate. Son visage blanc au regard méditatif se trouvait surplombé par une coupe punk de mèches décolorées tombant sur le front.

A la lumière du soleil, je remarquai qu'une multitude de cicatrices barrait ses joues. Il ne s'agissait pas de traces d'acné mais d'estafilades et de blessures refermées. Je me demandai s'il n'y avait pas là non plus des scarifications. Mal à l'aise, j'essayais de ne pas fixer les marques.

« Lui c'est Reiji, m'indiqua Minoru qui ne pouvait demeurer plus de cinq minutes sans parler. C'est notre cerveau mais il préfère rester reclus dans la salle d'informatique à dessiner ou à tenter de craquer des systèmes informatiques.

— Dessiner quoi ? m'enquis-je en m'adressant directement à l'intéressé qui n'avait toujours pas remué les lèvres.

— Je veux ouvrir un salon de tatouage.

Sa voix grave ne correspondait pas à sa fluette constitution.

— Tu en as déjà ?

— Je les ai créés ».

Il releva la manche de sa chemise et dévoila, de la naissance du poignet à l'épaule, un ballet de tracés tatoués aux détonants motifs.

Ce dénommé Reiji avait un talent certain pour colorier aux encres. Il s'était inspiré des tatouages yakuza. Toutefois, les siens possédaient quelque chose d'unique dans les courbes qui rendaient les contours vivants. J'en fus très impressionnée. D'autant plus que les tatouages étaient très mal perçus au sein de la société japonaise.

Les caïds s'étaient tus. Il émanait de Reiji une aura qui incitait au silence. Ou alors ce personnage était le plus lugubre que j'aie jamais rencontré. A dire vrai, ses yeux étaient aussi ternes que des écailles de poisson mort.

Je me forçai à chasser de mon esprit l'image d'un marais glauque noyé dans une purée de pois et articulai : « Tu es doué. Un de mes amis français est parti travailler à Paris. Il est bon mais pas aussi talentueux que toi ».

Le compliment toucha sa cible en plein cœur. Si Reiji bredouilla un presque inaudible « Merci », ses yeux pétillèrent l'espace d'un instant. Ils retombèrent aussi vite dans l'indifférence, comme s'il appartenait à un autre monde.

Minoru s'approcha de mon oreille pour chuchoter :

« Je n'ai réussi à lui tirer un mot qu'au bout d'un mois. Toi t'as mis une minute et six secondes.

— Et qu'est-ce qu'il t'a dit ?

Ferme-là. Faut pas trop lui causer tu sais. 

— C'est ton pote non ?

— Ouais, mais pas encore le tien ».

Je déglutis. Au même moment, Ryôta s'adressa à Takeo qui avait écrasé son filtre dans l'herbe.

« Tu refumes ? l'interrogea-t-il.

— Quoi ? J'ai besoin de ta permission pour fumer ? gronda Takeo en avançant sa mâchoire proéminente.

— C'est pas ce que je voulais dire, crétin. J'te proposais une clope.

— Ah. Ben dans ce cas...

— Vous avez une TASPO ? m'enquis-je.

Ryôta ignora ma question et lança une cigarette à Takeo.

Pour fumer au Japon, il fallait avoir vingt ans et posséder une carte appelée TASPO.* On pouvait acheter des grille-poumons partout, dans les supermarchés et même les pharmacies. Or, comme moi, ces nintaïens là étaient mineurs au Japon : ils devaient donc avoir leurs petites magouilles.

Sans transition, Ryôta m'interpella, une pointe de malice dans la voix.

— Pas besoin de TASPO. Dis, Clé-à-molette, t'es pas claquée ?

Je secouai la tête. Il s'apprêtait à poursuivre mais Minoru le devança :

— Ce qu'il veut dire, c'est que tu danses vachement bien ! T'as un de ces déhanchés... Et aussi une de ces descentes ! ».

Je sentis mon visage se décomposer : fondre ou se craqueler, peut-être tout à la fois. Quoi qu'il en soit, il devait être passé du blanc au cramoisi.

De connivence, ils esquissèrent un sourire entendu.

Il était temps que je parte. Cependant, Minoru ne s'arrêtait plus :

« T'as l'air carrément moins ennuyeuse quand t'es dans un bar...

Abasourdie, je renonçai à empoigner mon sac.

— Vous étiez donc bien au Black Stone hier soir ?

— T'es longue à piger ! jugea Minoru. C'est le petit-frère de Mika qui t'a vu entrer dans le bar et qui lui a envoyé un message. Nous on comptait y a aller de toute façon mais...

— Va à l'essentiel, Minoru, le reprit Takeo.

— Reiji a craqué ton fichier de recrutement et... On a vu que t'avais le même âge que nous ! Tu caches bien ton jeu ! déclama Minoru en un souffle.

C'était la dernière chose que je voulais qu'ils apprennent. Minoru venait de porter atteinte à ma crédibilité et j'avais perdu en un instant le semblant d'autorité auquel je prétendais et que je cherchais à établir depuis plusieurs semaines.

— Vous n'aviez rien à faire dans ce bar ! protestai-je. Il faut être majeur pour boire !

Minoru ricana.

— T'es mal placée pour nous le dire ! Le barman t'a laissée t'imbiber aussi. Il sert tous les clients du moment qu'ils ont l'air majeurs. Y'a jamais de contrôles au Black Stone...

Daiki-le-géant remua sur place. Sous son scalp, les rouages de son cerveau tournèrent à plein régime. Au bout de dix secondes, il atterrit et s'exclama.

— Hé, Clé-à-molette ! T'as le même âge qu'eux !

— T'en vante pas, le redoublant ! Je me souviens même plus du tien, tellement tu dois être vieux ! grimaça Tennoji à côté de moi.

— La ferme, fumier !

— On se calme ! râla bruyamment Takeo. Vous pouvez pas rester une heure sans vous taper dessus ?

— Faites-nous un peu honneur pour une fois, renchérit Mika, d'un timbre sarcastique.

— Toi, le chauve, on t'a pas sonné ! persifla Jotaro en rajustant son pansement sur le nez.

— Répète un peu ! J'suis pas un stalker, moi au moins ! Mika coula un œil à Takeo : On le lui dit ou pas ? J'suis pas à l'aise avec ces trucs !

J'ouvris les bras :

— Me dire quoi ?

— Ouvre la coque de ton portable, m'ordonna Takeo.

Je m'exécutai aussitôt. De la coque, un bout de plastique tomba.

— Un traceur GPS ? Mais vous êtes... Vous êtes... !

— C'est Reiji. Nous on ne savait pas. Il nous l'a dit tout à l'heure, avança Takeo. C'est comme ça qu'on t'a retrouvée. J'crois juste que c'était pour rire, pas vrai Reiji?

Je fusillai Reiji du regard. Sans un mot, il se leva et partit vers la sortie du parc. Personne ne commenta son attitude.

— Votre pote à un problème ! m'écriai-je. C'est lui qui a piqué mon portable hier soir pour y fourrer son gadget !

— C'est pas le pire truc qu'il ait fait, soupira Minoru. Mais ne t'en fais pas, c'est bon maintenant. Il ne t'embêtera plus.

Je pris un air glacial :

— Sérieusement, vous ne me ferez plus de coup comme, ça, hein !

— T'es pas assez intéressante pour qu'on s'intéresse à toi ! maugréa Mika. Reiji s'est amusé, c'est tout, c'est fini. Bon, on se casse ? ».

Kensei lui fit signe de se rasseoir. Il était étrange que le mécano reste de glace, coincé entre les tirades belliqueuses de ses compères qui se lançaient à présent des cigarettes au visage. Qu'attendait-il pour partir lui aussi, s'il s'ennuyait ?

« Kensei il est... Tout le temps rigide et distant ? interrogeai-je à voix basse Minoru qui s'amusait de l'ambiance en interceptant les cigarettes.

Il répondit sur le même ton :

— Nan. D'habitude il est sympa et il lui arrive parfois d'être marrant. Disons que depuis un moment, il est presque autant craint que Takeo... À cause de ça, j'pense qu'il se prend un peu trop au sérieux.

— Est-ce qu'il existe un endroit en dehors de Nintaï où je puisse lui parler ? J'ajoutai : Sans me faire tracer par un GPS ?

Minoru haussa les sourcils :

— Les blagues de Reiji sont toujours de mauvais goût et il ne les fait jamais plus d'une fois. Crois-moi, il t'a déjà oubliée et pense déjà à sa prochaine cible.

— Tu es très rassurant, répliquai-je en serrant les dents.

— Bon, pourquoi tu veux parler à Kensei toute seule ? Il t'embête ?

— Non.

Je crus bon de me justifier qu'il était impossible de converser à Nintaï sans attirer l'attention.

— Je sais qu'il va souvent dans une sorte de casse de voitures, grommela Minoru. Ça doit être pour récupérer des pièces. Je ne connais pas la localisation exacte mais je pourrai me renseigner si tu veux.

— Merci. 

— Il ne faisait pas cette tronche là avant. Depuis la rentrée, il ne bouge plus de son club à Nintaï. Ça fait vide sur le toit...

— C'est votre repaire.

— Le toit ? Ouais, répondit-il en tirant sur sa cigarette. À part le gardien, personne d'autre que nous n'y a accès. On a fait un double des clés.

Face à mon embarras, il redressa le dos :

— Faut que je t'explique : chaque groupe à Nintaï s'est approprié un espace. Le toit de droite, ça a été dur de l'avoir. Takeo s'est battu pour ça. Si t'as bien regardé, il y en a un autre, à gauche, de l'autre côté des bâtiments. Ce toit-là, c'est le quartier général d'Eisei, le leader des cinquièmes années toutes confondues.

Dur de l'avoir ? Le toit ?

— C'est Nintaï. On prend ce qu'on ne nous donne pas.

— Pourquoi le toit ? Vous vous êtes inspirés de films de baston, ou quoi ?

Minoru secoua le menton.

— C'est la meilleure place : on peut voir toute la cour, tout surveiller jusque derrière le bâtiment principal.

— Et si quelqu'un s'y rend quand-même ?

— On le défonce.

Coïncidence ou non, à cet instant, vautrés sur l'herbe du parc, les gaillards semblaient tous défoncés.

— Puisque je n'aurais pas dû m'y rendre, pourquoi est-ce que tu te montres aussi sympa avec moi ? briguai-je, suspicieuse.

Minoru tapota son nez du bout du doigt.

— Question de feeling.

— Et le reste de la bande ?

— Suffit de les convaincre. A l'évidence, tu leur plais. T'as l'air courageuse. Rien que d'accepter de bosser à Nintaï, en étant en plus une étrangère...

— Assez simple, donc.

— Ouais, assez. Hé ! Tu parles plutôt bien le japonais, on te l'a déjà dit ?

Je respirai profondément.

— J'apprends tous les jours.

Devant sa mine circonspecte, je décidai de jouer cartes sur tables :

— Je retiens tout ce que je lis. Ça me donne des facilités pour l'apprentissage tant que j'utilise un support écrit.

— La chance ! C'est comme un super-pouvoir ! Bon, si tu veux parler à Kensei en dehors de Nintaï sans te retrouver seule, tu peux toujours nous rejoindre au Round 1 sur la rue Shin Ai. C'est un centre d'arcades et on y traîne assez souvent.

— Je garde ça en tête » répondis-je en me disant que ce serait l'endroit à éviter à tout prix.

Nous demeurâmes dans ce parc jusqu'à la nuit tombée. Les nintaïens se montrèrent aussi prompt à la chamaillerie qu'aux fous rires. Ils rivalisèrent de moqueries et d'insultes dans une orgie de bourrades, en s'échangeant des accolades ou se disputant pour un rien.

Escortée de mes apôtres qui disparurent dans la première bouche de métro venue, je regagnai mon domicile sous la lune montante. Décidément, rien dans mon séjour ne se déroulait comme prévu.


*À compter du 1er avril 2022, le Japon a abaissé l'âge légal de la majorité de 20 à 18 ans mais l'âge légal pour boire, fumer et participer à des jeux d'argent est resté fixé à 20 ans.


~Merci de votre lecture !

(>^_^)> <(^.^<)

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