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16. La honte

D'aplomb et le mental au beau fixe, je fis une incursion inattendue au club de mécanique. Je supportai héroïquement, ma bosse au front, glacée de pommade d'Arnica. N'apercevant pas Kensei, j'interpellai son cadet, un dénommé Mukai :

« Où est Kensei ? ».

Les mains dans le cambouis, les cheveux en fouillis, Mukai n'eut pas le temps de répondre. Kensei sortit de nulle part et fonça sur moi tel un missile. Il m'attrapa par l'épaule et me sortit du local comme une malpropre.

Kensei referma la porte du club et s'adossa au mur couvert de graffitis. Habillé tout de noir, le torse bombé sous l'insigne de Nintaï, il émana de lui une aura de supériorité. Les manches roulées sur ses avant-bras, ses mains enfoncées dans les poches, Sa Majesté demeura impassible.

Stoïque, je le dévisageai avec un mélange de révolte, de soumission et d'attrait. Un imperceptible courant électrique remonta mes orteils jusqu'aux jambes et me parcourut le corps tel une guirlande de sapin de Noël. De sa hauteur, il m'apostropha :

« C'est pour quoi, l'étrangère ? 

— Je venais te remercier pour m'avoir tirée du pétrin et...

Kensei se planta face à moi. Je le sentis tout aussi électrifié. Sa mâchoire se tendit comme le câble d'une dépanneuse en plein remorquage.

— T'étais déjà dans le pétrin, l'étrangère. Depuis que t'es arrivée ici. T'as un don pour ça, on dirait.

Il prit une mine compassée et me lança au nez :

— Pourquoi tu ne te trouves pas un autre taff ? Si tu dois te faire du fric, t'as qu'à donner des cours de langues ou un truc du genre.

— Je n'ai pas demandé à travailler dans cet établissement. L'agence qui me permet de suivre des études m'a casée ici... Au lieu d'une école primaire.

Je crus déceler une moue amusée sur son visage. Il se détacha du mur et me dépassa, m'arrachant au passage quelques décharges électriques. Tournant autour de moi, il poursuivit sans me regarder :

— Pour l'incident du couloir, ne me remercie pas. Je ne savais pas ce qui se passait. Y'avait de l'agitation, c'est tout. Ça avait l'air de s'en mettre plein dans les dents !

Je l'écoutai abasourdie, me demandant si j'avais mal compris s'en mettre plein les dents.

Kensei s'impatienta. Il leva les yeux au ciel. Je me reconcentrai pour réagir dans un japonais formel.

— Tu serais venu en prévenant tes... Amis, simplement pour profiter ensemble du spectacle ?

— Pour quoi d'autre ? se moqua-t-il, acerbe, en s'arrêtant enfin de tourner. Tiens, si j'avais su que c'était toi je ne m'en serais jamais mêlé !

Je poussai un couinement outragé.

— Pour quelle raison tu m'as défendue dans ce cas ?

— C'était une erreur.

Il insista sur le mot. Je bouillai.

— C'est dans ta nature, d'être infect ?

Kensei me foudroya d'un regard si dur et si froid qu'on l'eut dit sorti de la calotte glacière. Je réalisai ce que signifiait cette expression. On l'emploie à tort et à travers mais en être la cible est assez percutant.

Son ton se fit corrosif.

— Tu comprends pas que t'es pas à ta place ? Personne n'a besoin de toi, ici. Encore moins la vieille Chiba ! Tire-toi !

— P... Pour qui tu te prends ?

Il leva le menton et renversa la nuque en arrière dans une attitude de mépris total.

— Ailleurs, tu éviterais d'ennuyer les braves gens qui règlent leurs comptes entre eux. Ça se voit que tu ne sais pas quoi faire de toi ! On ne te file même pas de travail, j'parie, hein ?

Je n'eus qu'une envie : tordre son cou pour le plumer tel un poulet. Puis je m'aperçus qu'il avait retiré les mains de ses poches de pantalon et serré les poings. Je baissai la tête. Et la relevai aussitôt.

— Tu te trouves malin ? Qu'est-ce que j'ai fait de dérangeant ?

Kensei rangea ses poings et se redressa, hautain :

— Même pas la peine de poser la question, l'étrangère ! Rien que ta présence est insupportable. Barre-toi ! cria-t-il en se tournant vers la porte de son club pour l'ouvrir en grand.

Sous le choc de l'affront, je sentis les larmes me monter aux yeux et mes oreilles bouillonner.

— J'ai compris. Je m'en vais puisque tu n'es qu'une brute raciste et machiste, qui se prétend grand vénérable du réservoir de voyous le plus éminent du coin !

— Ouais, c'est ça ! railla-t-il en passant la porte. Va donc t'entrainer à rater tes photocopies de sales paperasses ! ».

Offusquée autant que blessée, je regagnai le bâtiment principal. Bourrée de bienveillance à son égard et de remerciements potentiels, j'avais imaginé des retrouvailles plus sympathiques. Quelle mouche l'avait piqué ? Quelle mouche transgénique m'avait piquée, moi ? Je rageai contre mon emportement. Je risquai d'être renvoyée pour ce déferlement d'insultes.

J'avais appris à parler en pondérant mes mots. Personne dans mon entourage ne m'aurait reconnue. Ces loubards essayaient de me pousser à bout. D'abord la scène du toit, l'invraisemblable visite des clubs, puis la victimisation, l'infirmerie, le racisme... Ils me donnaient l'impression de signer mon arrêt de mort chaque fois que nous nous croisions. Ces étudiants n'étaient pas des yakuzas, alors pourquoi prendre cet air frustre et pincé lorsque l'on s'adressait à eux ? Ils parvenaient tout juste à renvoyer l'image d'une bande hautaine de mouettes gueulardes !

J'étais à côté de la plaque. On ne voulait pas de moi et je ne voulais pas de ce travail. Je soupirai : sauf que ma bourse était insuffisante et que le loyer et les frais courants ne se payaient pas tous seuls. S'il avait suffi de claquer des doigts pour tout obtenir, le monde aurait couru à sa perte. Ce que j'avais appris jusqu'à maintenant ne me servirait à rien à Nintaï et je ne retirerai non plus aucun enseignement à rester les fesses posées sur une chaise de secrétariat.

A mi-chemin de la cour, un étudiant me héla grossièrement. Je m'arrêtai et le laissai venir. Tout dans sa conduite criait à l'insolence. J'avais pourtant eu mon quota de désagréments pour la semaine !

Mince ! Et si c'était Kensei qui l'envoyait ?

« Hé, toi ! » m'interpella-t-il comme si j'avais été un gosse que l'on vient embêter à la récréation pour lui piquer son goûter.

Ses yeux vitreux me lorgnèrent et il planta sa cigarette entamée entre ses lèvres. Les mains libres, il attacha ses cheveux en catogan, puis me souffla la fumée au visage. 

— Un problème ? m'enquis-je.

L'expression de l'étudiant changea du tout au tout ; sa figure se décomposa. A mieux l'étudier, il ressemblait à un criquet.

Après cette journée exécrable où mes maux de tête ne m'avaient laissé aucun répit, je n'avais qu'une envie : taper dans un punching-ball. Ce pantin aurait pu faire l'affaire. D'ailleurs, comment s'appelait-il ? Qui portait un catogan ridicule et avait un faciès de criquet sur les photos de dossiers ? Mmmh... Kazuke, Kesuke. Non. Kensuke, un première année. C'était cela. Kensuke le criquet !

L'air suffisant de Kensuke avait cédé place à une sorte de bafouillage incohérent dont je pensais être la championne incontestée. Il dansait d'un pied sur l'autre en m'évitant du regard.

« Tu vas porter plainte contre Hidetaka ?

Il devait faire allusion au fou rougeaud qui avait ambitionné de m'étrangler la veille.

— C'est lui qui t'a demandé de me poser la question ?

— Ouais...

Je n'y avais pas réfléchi. Ma priorité avait été d'aller remercier ce bourricot de Kensei. Prévenir la police... Cette idée me parut absurde.

Quelques étudiants de passage dans la cour ralentirent le pas pour écouter notre conversation.

— Je n'ai encore prévenu personne.

Kensuke apparut soulagé. Passé le malaise, des plaques apparurent sur ses joues creuses. Il embraya :

— Euh... t'as quelque chose de prévu demain-soir ? On pourrait sortir, boire un truc.

Je grimaçai. Le cerveau du voyou avait-il été victime d'un court-circuit ? Ma petite santé me commandait d'être prudente, raisonnable et surtout, surtout de me tenir tranquille.

Je hâtai le pas en dédaignant d'un geste las sa pauvre proposition. Les moqueries contre Kensuke fusèrent aussitôt de toutes parts. Je sentis son regard haineux me suivre, aiguisé comme un couteau. 

— Je n'en ai pas fini avec toi ! beugla-t-il à mon attention.

— Moi, si ».

Je ne ralentis pas, ne me retournai pas.

Ce n'était pas un simple râteau, le criquet vexé venait de subir la honte de sa vie.


~Merci de votre lecture !

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