Océan d'Illusions
En cette chaude après-midi d'été, ayant découvert un nouveau moyen qui nous permettrait de nous divertir et de nous évader de notre quotidien le temps de quelques instants, j'entraînai mes frères et sœurs dans la décharge emplie de décombres près de notre logement.
Impatient de leur montrer ma trouvaille, je les pressais de me suivre, accélérant la cadence sans même m'en rendre compte.
Quand nous arrivâmes enfin devant ma découverte, je croisai fièrement mes bras, et lançai une œillade amusée à mes pairs, qui portaient tous une expression mi-impressionnée mi-égayée sur leur visage.
Sans même leur laisser le temps d'observer la carcasse de voiture fondue que j'avais découverte un peu plus tôt dans la journée, je montai à l'intérieur du vieux véhicule et tendis ma main à Diane, la benjamine, l'incitant à me rejoindre.
Hésitante, elle se saisit tout de même de celle-ci, et je la tirais à l'intérieur. J'aidai également Arya à monter, et elles se positionnèrent toutes deux derrière moi.
Mon frère Damien aida le plus petit à arriver sur le toit de la voiture, puis grimpa à son tour sur la carrosserie du véhicule.
L'aventure commençait enfin.
Demandant à mes passagères si elles étaient bien installées, j'esquissai un sourire face à leurs mines enjouées.
Puis, d'un commun accord, nous nous mîmes d'accord sur notre destination : Nous partirions à la conquête des Caraïbes !
Dès lors, le décor dans lequel nous nous trouvions s'effaça, laissant place à un gigantesque navire entouré de toutes parts par une onde bleutée.
Les vrombrissements de véhicules au loin me faisaient entendre les clapotis réguliers de l'eau, l'odeur nauséabonde des déchets se transformait en une fragrance pure et salée et une douce brise me caressait le visage et décoiffait mes cheveux, me faisant oublier le lourd Soleil de plomb à l'origine de mon front brûlant.
Mes fidèles lieutenants m'assistant, je chargeai un des matelots de larguer les amarres vers l'Ouest.
Désormais, je n'étais plus Thomas, le jeune homme timide et solitaire, mais Thomas, commandant du Pangaea, entouré de mon vaillant équipage.
Bravant vents et marées, nous étions invincibles, l'étendue azurée semblait nous appartenir toute entière.
Durant notre périple, galvanisés, rien ne semblait pouvoir nous vaincre.
Les pirates qui avaient osé s'attaquer à nous repartaient, déchus, et aucune tempête n'arrivait à vaincre notre joie débordante faisant fleurir un doux sourire qui ne pouvait quitter un instant notre face.
Gazouillant joyeusement, nous ne parvenions plus à penser à d'autres choses que la mer chatoyante qui reflétait le léger Soleil, taquiné par quelques nuages qui voilaient l'horizon.
Je ne savais plus où j'étais, ne pensais plus au temps qui s'écoulait, animé par nos rires et par les péripéties qui s'enchaînaient.
La caresse des gouttelettes d'eau emplissait mon cœur d'heur et d'allégresse, et l'exaltation nous faisait frissonner de plaisir. Mon regard plongeait dans la mer, et les poissons sautillaient hors de l'eau, m'invitant à les rejoindre.
À ma guise, je pouvais choisir la direction lorsqu'un endroit me chuchotait de venir l'explorer, lorsqu'une effluve m'interpellait d'un rire cristallin.
Tel un divin miroir, le bleu océan reflétait l'euphorie de nos âmes, qui me marquerait à tout jamais.
Nos esprits semblaient être de lumière et de bien-être, j'aurais pu pour toute une vie rester dans cet océan de bonheur et de liberté.
Mais sur ce si beau tableau, une tâche d'encre vint mettre fin au rêve.
Un cri, un hurlement fracassant, au loin, nous donnant l'ordre de directement rentrer.
La bulle dans laquelle nous nous trouvions éclata instantanément, et notre onde de béatitude se transforma en une tempête d'appréhension.
Adieu, ô flots enchanteurs... !
C'est lorsque mon aîné aida Cyril, le plus jeune, à quitter la carcasse, que je pus à nouveau esquisser un mouvement.
Je me levai finalement et aidai instinctivement mes sœurs à abandonner notre embarcation, signant ainsi l'achèvement de notre expédition.
Le temps n'avait jamais cessé de passer, les grains de sable de s'écouler dans le sablier.
Mais, après tout, la fin ne fait-elle pas partie du voyage ?
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