Sortilège 1
Chapitre 1.
— Je ne vous le répéterai pas, Potter, regardez-moi dans les yeux.
Harry serra les dents. Cela faisait des heures que la séance durait. Il n'en pouvait plus. La présence de son ancien professeur détesté ne l'aidait en rien. Severus paraissait savoir comment extirper les plus mauvais et profonds souvenirs en lui.
— Potter !
Le plus jeune s'efforça de détourner le regard des étagères derrière Severus pour relever les yeux sur le sorcier au visage sévère. Dès que son regard rencontra le sien, l'homme lui jeta à nouveau un sort pour pénétrer son esprit. Harry cria quand les images de la guerre, de la mort de Dumbledore, de Remus et des autres lui apparurent par flash. Ses poings se crispèrent sur ses cuisses et il trembla.
La guerre contre Voldemort s'était terminée depuis quelques mois et la vie reprenait doucement son cours. Les gens pansaient leurs plaies, pleuraient leurs pertes et embrassaient les vivants. Potter ne s'était pas laissé abattre et il avait décidé de prendre sa vie en main. Ces leçons avec Snape étaient pénibles. Or, pour pouvoir devenir Auror, comme il l'avait prévu depuis très longtemps, Harry devait suivre une formation avancée en legilimancie et en occlumancie et un des seuls hommes – le plus doué également – avec les compétences et l'autorisation de les enseignés se trouvait être Severus Snape. Pour avoir survécu aussi longtemps dans les rangs de Voldemort en tant qu'espion, l'homme devait effectivement être assez bon dans le domaine. On racontait que ses compétences en occlumancie étaient aussi fortes que l'étaient celles du Seigneur des Ténèbres en legilimancie.
— Arrêtez, professeur !
Les images étaient insoutenables.
— À quoi jouez-vous, Potter ? Voulez-vous vraiment devenir Auror ou plaisantez-vous sur le sujet ? Ne me faites pas perdre mon temps.
Severus eut un rictus et Harry se durcit.
— Aller, on recommence, pesta le professeur, et cette fois, faites un effort.
— Je suis épuisé. Cela fait déjà trois heures, depuis que nous avons commencé la séance.
Snape était aussi doué pour trouver les faiblesses de son vis-à-vis et les exploiter.
— Votre père aussi était un lâche.
— Ne parlez pas de mon père !
Harry avait brusquement relevé la tête et Severus en profita pour forcer une fois de plus son esprit. Le jeune sorcier hurla, puis dans un élan de frustration tenta de fermer son esprit à l'aide de l'occlumancie qu'il avait appris. Il parvint à rejeter Severus d'un seul coup. Difficilement, il reprit son souffle en fixant son professeur, le front couvert de sueur.
— Vous faites du progrès, se contenta de commenter Severus.
— Nous en ferions peut-être plus si vous arrêtiez de parler de mon père et de mes amis de cette façon. Je sais ce que mon père vous a fait – je l'ai vu dans vos souvenirs –, mais il avait changé.
Son professeur pinça les lèvres et se contenta de se détourner pour ranger son matériel sans rien dire. Il s'écoula de longues minutes avant qu'il ne reparle.
— Qu'en savez-vous ? Nous reprendrons dans trente minutes ; soyez prêt.
Harry quitta la pièce et, seul, Severus se maudit en serrant les lèvres. Cet étudiant était vraiment une plaie, une épine dans son pied. Il avait promis à Lily qu'il protégerait son fils au prix de sa vie, mais pourquoi avait-il fallu que ce garçon ressemble autant à James ? Il savait bien que Potter n'était même pas encore né quand son père lui avait fait toutes ces choses, lui avait pourri la vie, mais il ne pouvait pas s'empêcher de voir le visage de son intimidateur, de l'homme qui n'avait pas pu protéger Lily, sur celui de Harry.
Le jeune homme avait peut-être sauvé le Monde des sorciers, mais il ressemblait aussi beaucoup trop à son père... Severus ne pouvait en faire abstraction. Néanmoins, il pensa qu'il devait être tout aussi difficile à supporter pour Harry que l'était le jeune pour lui. Après tout, il portait la marque. Il ne l'avait pas choisie. Dans sa vie, Snape n'avait pas eu l'occasion très souvent de faire ses propres choix. Dumbledore lui-même y avait joué un rôle. Très tôt, il avait été détourné et amené aux pieds du Seigneur des Ténèbres pour pouvoir jouer son rôle. Il avait été présent quand des horreurs sans nom avaient eu lieu. Et il n'avait rien fait.
De toute manière, son temps était peut-être compté. Il avait échappé à Azkaban quand Potter et l'Ordre du Phoenix avait pu témoigner en sa faveur et attester de son rôle d'agent double, mais il avait toujours la marque, cette marque qui ne s'effacerait jamais. Beaucoup de sorciers souhaitaient encore sa mort pour ça.
Au moins, Potter avait ses yeux. C'était ce qui avait retenu Severus, l'avait convaincu de rester du bon côté. Harry était bien le fils de Lily.
Trente minutes, ça passait en un coup de vent, décida le futur Auror quand il vit qu'il était déjà temps de retourner en classe pour ses leçons particulières.
— Je vois que vous avez finalement appris à lire les horloges, commenta Severus quand il arriva pile à l'heure. Rasseyez-vous, Potter.
Le doigt impérieux du professeur désigna la chaise au centre de la pièce. Gardant son calme, Harry se laissa tomber sur le siège.
Severus se mit en position. Il agita sa baguette en direction du jeune sorcier.
— Legilimens !
Le corps d'Harry se tendit instantanément et son visage se déforma sous la douleur. Ses mains s'accrochèrent aux bras de la chaise et il essaya le plus fort qu'il put de repousser l'invasion de Severus. Cette fois, c'était les minces souvenirs qu'il avait de ses parents qui lui apparurent, puis la mort de Digory dans le cimetière. Il devait se concentrer sur de bons souvenirs. C'était la seule manière de faire fonctionner l'occulmancie pour vaincre la legilimancie. Il plissa les yeux et s'efforça de penser à quelque chose d'heureux. Ron, Hermione, le jour où il avait reçu la cape d'invisibilité, les Noëls passés chez les Weasley, Dumbledore qui lui offrait toujours des bonbons... Il cria et parvint à rejeter Severus qui fut propulsé quelques mètres plus loin sous l'impact et la puissance des pouvoirs du Survivant.
Quand Harry reprit ses esprits, Snape était en train de reprendre son équilibre. Le Golden Boy regarda ses mains, comme lui-même surpris par sa propre puissance.
— Je suis désolé, Professeur, s'excusa le jeune sorcier, je ne pensais pas que...
— Pas d'excuse, Potter. Nous sommes là pour ça.
— Ai-je vraiment réussi ou m'avez-vous laissé réussir ?
Severus plissa les yeux.
— M'avez-vous déjà vu être gentil avec vous pour vous laisser réussir quoique ce soit, Potter ?
Le mot « gentil » paraissait empoisonné entre les lèvres de l'homme.
— Non, monsieur, répondit-il en secouant la tête. Jamais.
— Alors, vous avez votre réponse.
Severus se détourna pour ranger un peu.
— Je crois que cela suffit pour aujourd'hui, rajouta-t-il avec un rictus, si nous continuions encore, votre petit cerveau risquerait de ne pas le supporter et il serait dommage de l'abîmer...
Harry était soulagé de savoir que la session du jour était enfin terminée. Il se leva pour ramasser ses affaires. Avant qu'il ne parte, la voix de Severus le retint :
— À quoi avez-vous pensé, Potter ?
— Des souvenirs heureux, Professeur.
Le sorcier plus âgé hocha la tête.
— Cela n'a pas dû être facile à trouver : les dernières années n'ont pas été des plus... réjouissantes.
— Tout n'a pas été complètement sombre. J'étais heureux, à Poudlard.
— Tant mieux, dans ce cas.
La réponse du Maître des Potions se trouva être assez sèche. Harry en vint à se demander si Severus pouvait en dire autant que lui sur les dernières années, si l'homme avait au moins eu quelques raisons d'être heureux.
— À quels souvenirs vous rattachez-vous, Professeur, quand vous pratiquez l'occlumancie ? Vous devez bien avoir quelques souvenirs heureux, vous aussi.
L'interpellé se figea un instant.
— Ce n'est pas de vos affaires, Potter.
Harry ravala la frustration qui lui montait dans la gorge.
— Très bien, répliqua-t-il avant de tourner les talons, dans ce cas, je vous souhaite une bonne soirée.
Pourquoi Severus devait toujours être aussi désagréable ? Pourtant, lors de la Bataille de Poudlard, Harry avait vu le vrai visage du Prince de Sang-mêlé. Il avait vu un homme sensible et fidèle au-delà des frontières de la mort. Alors, pourquoi autant de mystères et de haine ? Il était évident que Snape n'était pas heureux de lui donner ces leçons, mais il s'évertuait tout de même à le faire, sans doute en mémoire de Lily.
Sans un mot, Harry quitta le manoir dans lequel Severus le recevait quelques fois par semaine. Il avait entendu dire qu'il s'agissait de la maison qu'il avait hérité de sa mère. Elle ne lui rappelait pas de bons souvenirs. S'il avait pu, l'homme aurait sans doute habité Poudlard toute l'année, mais avec les reconstructions, il avait dû emménager dans cette maison pour l'été. Harry n'en avait vu que le portique et la salle où Severus faisait bouillir ses potions. Le professeur lui avait strictement interdit l'accès aux autres pièces de la demeure, prétextant, une fois de plus, que ce n'était pas de ses affaires. Pénétrer le seuil de la maison d'un homme qui n'avait pas caché son animosité à son égard durant toutes ses études était déjà bien assez étrange.
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En cette fin de chapitre qui, j'espère, vous aura plu (dites-moi le en commentaires !), je vous propose un petit sondage léger et amusant qui aura un impact décisif sur les prochains chapitres.
Pour leur première fois (sexuellement parlant), vous préférez...
Snape bottom ?
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Mettez votre vote en commentaire sur la ligne correspondante.
Là-dessus, on se retrouve pour le prochain chapitre (déjà écrit) bientôt ! :3
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