01.
Jungkook leva la tête vers les cieux et sentit une première goutte heurter sa joue. Elle était froide et malvenue. Ses paupières papillonnèrent par réflexe et il enfonça ses mains dans les poches de son jean déchiré, les épaules totalement crispées.
Partiellement à l'abri contre la porte d'un bar fermé, il espérait ne pas être trop trempé à la fin de la journée. La météo le rendait nerveux, mais aussi curieusement fébrile. Il savait qu'il sortait souvent par ce genre de temps.
Jungkook ne cessait de fixer l'entrée de l'immeuble, qui se trouvait de l'autre côté de la rue. Il guettait les allées et venues, le moindre mouvement, la moindre activité.
Son cœur fit soudain un bond énorme dans sa poitrine. Ses battements démarrèrent au quart de tours lorsque, en face, il vit la silhouette qu'il attendait tant. Un homme sortit par l'entrée principale de l'immeuble, l'allure nonchalante mais le pas certain.
Ses cheveux dépassaient de son bonnet enfoncé sur sa tête, et sa veste devait le tenir à l'abri de la fraîcheur de l'air. Jungkook n'eut pas besoin de voir son visage pour le reconnaître. Son propre corps réagissait déjà –et avec force– à sa silhouette seule.
Ses mains devinrent moites, puis se mirent à trembler et sa respiration à s'emballer. Il ouvrit grand ses yeux de biche, si avides d'observer chaque parcelle de cet individu qu'il ne pouvait et n'osait pas approcher. Il fixa ce jeune homme qui marchait sur le trottoir, de l'autre côté; il était si extraordinaire, un peu plus fascinant chaque jour. Jungkook ne pouvait l'observer qu'à distance, mais jamais il ne s'en lassait. Il le contempla jusqu'à ce qu'il disparaisse au coin de la rue.
Jungkook se mit en route sur ses traces, accélérant pour ne pas le perdre et ralentissant lorsqu'il allait trop vite. Il le suivit de loin, en prenant soin de rester à distance. Ses mains tremblaient toujours, mais plus seulement à cause de l'excitation. Mêlé à ça il y avait également une peur profonde; celle d'être découvert.
Il craignait cela plus que tout.
La prudence était de mise, il devait être extrêmement discret et il le savait. Un seul faux pas, et tout serait fichu. Il suffisait qu'il se retourne, que leurs regards se croisent. Jungkook se força à se concentrer sur la silhouette qui marchait droit devant.
Yoongi. C'était son nom, et il ne se doutait sûrement pas d'être ainsi épié et suivi. Chaque jours, Jungkook craignait qu'il ne le remarque, qu'il se rende compte de sa présence. Il redoutait même qu'il se doute de quelque chose et décide d'appeler la police, ou pire, d'arrêter ses sorties. Ce serait le pire scénario pour Jungkook; il se sentait abominablement mal rien qu'en y songeant.
Mais il se rassurait en se disant que cela faisait déjà des mois qu'il le suivait, qu'il l'observait de loin, en silence, discret comme son ombre, et qu'il n'avait jamais été découvert.
Yoongi n'avait jamais montré le moindre signe de méfiance depuis qu'il l'avait croisé. Le noiraud se souvenait parfaitement de ce moment; c'était un mercredi, il était sortit faire les courses pour son stupide colocataire et lui, c'était son tour. Jungkook l'avait vu, là, dans le rayon d'à côté. Dès lors, sa vie avait brusquement changé de couleur; ce fut comme s'il avait sortit la tête de l'eau, qu'il voyait à nouveau clairement et qu'il respirait enfin pleinement l'air frais.
Ce fut intense. Absolument merveilleux.
Revoir Yoongi, le garçon si différent de son collège auquel il avait attaché un intérêt si particulier, l'avait replongé dans ses vieux sentiments qu'il croyait éteint.
Jungkook avait perdu de vue tout un tas de monde depuis qu'il avait quitté l'école, qu'il avait suivit sa formation monotone dont il n'avait même pas obtenu les papiers. Tout était si terne, si triste et sans intérêt, avant. Mais tout avait changé.
Ce jour-là, Jungkook l'avait suivit hors du magasin pour la première fois, partagé entre le tourment, l'effroi d'être vu ou remarqué et une joie presque malsaine. Mais l'autre ne s'était douté de rien; il s'était promené dans les rues d'un quartier commerçant, avait fait ses emplettes comme un citoyen banal. Jungkook ne l'avait pas lâché, incapable d'arrêter ce qu'il faisait, même s'il savait que c'était mal. Résultat, il l'avait suivit jusqu'à son logement et avait attendu au pied de son immeuble, où son hyung habitait, que le soleil se couche pour enfin se décider à rentrer. Il s'était fait incendier par son idiot de colocataire, mais le noiraud n'en avait eu cure; il était resté transi de bonheur et rien n'était en mesure de lui ôter cette satisfaction.
Depuis, la vie de Jungkook s'était illuminée de milles feux, et tout lui paraissait tellement plus clair et plus beau lorsqu'il voyait Yoongi, même de loin, cet homme dont il était éperdument amoureux. Il suivait ses traces, il observait son quotidien. Et lorsqu'il ne pouvait pas, les heures devenaient douloureuses. Il était à cran, frustré et de très mauvaise humeur, sujet même à des crises d'angoisse si l'absence durait plusieurs jours. Il était devenu son but, sa raison de sortir et de vivre.
Le destin avait remis Yoongi sur sa route, et il n'allait jamais le lâcher.
[...]
Jungkook s'était levé tôt, bien avant son colocataire. Le soleil n'avait même pas pointé le bout de son nez derrière les immeubles hauts et gris, et le week-end s'annonçait paisible.
Jungkook s'habilla avec la boule au ventre, une appréhension si forte qu'elle l'angoissait presque. Il avait vu son hyung la veille, mais aujourd'hui, il n'était pas certain de l'apercevoir. Le samedi, Yoongi ne sortait pas souvent. Parfois, Jungkook devait rester des heures à attendre en bas de son immeuble, caché dans l'embrasure d'une porte voisine ou d'un autre endroit assez dissimulé, pour au final pas grand chose, si ce n'est rien du tout. Mais il était tout de même déterminé à tenter sa chance. A chaque fois.
Comme d'habitude, il ne prit pas la peine de se préparer un petit-déjeuner. Il enfila sa veste, ses chaussures, sortit sur le palier, ferma la porte à clé dans son sillon et descendit les escaliers hâtivement. Dehors, il faisait frais et une brume légère flottait au-dessus des trottoirs, bientôt dissipée par les rayons de l'astre lorsqu'il aura dépassé le haut des toits et trouvé un endroit par où se faufiler. Jungkook s'aventura sans crainte sur ce désert de béton.
Le trajet de chez lui jusqu'à chez Yoongi était long, presque une heure et demi à pied. Ils habitaient vraiment dans des quartiers opposés et très éloignés. Jungkook regrettait parfois cet écart et cette distance qui le séparait de son hyung. Il songeait parfois à prendre le bus, mais il ne pouvait pas se le permettre; il avait déjà du mal à tourner. Plus drastique, il restait la solution de déménager plus près, bien que ses moyens ne le lui permettaient pas non plus. Pourtant, il couvrait toujours ce chemin avec une joie ineffable. Cette heure de marche lui servait à se remettre les idées en place, à réfléchir énormément, à fantasmer, et lorsqu'il arrivait dans la rue où résidait Yoongi, il ne pouvait s'empêcher d'accélérer sur les derniers mètres. Le temps qu'il arrive à l'une de ses cachettes habituelles, l'activité de la ville avait lentement débutée.
Jungkook attendit alors, car il ne pouvait rien faire d'autre. Il enfonça ses mains dans ses poches, jouant distraitement avec ses clés. Ses yeux sombres suivaient vivement les silhouettes qui s'approchaient de près ou de loin de l'entrée de l'immeuble.
Ce ne fut pas son jour de chance. Vers midi, Jungkook n'avait toujours rien vu. Son hyung n'était pas sorti, et il se décida alors tout de même à bouger, ne serait-ce que pour se dégourdir ou aller apaiser son estomac qui criait famine. Il n'avait rien avalé ce matin, et son ventre se tordait d'un vide qu'il devait combler. Jungkook ne désirait en aucun cas s'éloigner trop loin de l'immeuble, au cas où Yoongi se déciderait à sortir cet après-midi, alors il choisit un petit restaurant à l'angle de la rue, qui ne paraissait pas trop cher. Il s'installa à une table près des fenêtres, vérifiant que de là où il était assis, il pouvait surveiller l'entrée sans trop d'obstacle. La vue n'était pas idéale, mais c'était déjà ça. La plupart des meilleures tables étaient déjà prises. Jungkook commanda quelque chose de simple et de rapide.
L'arrivée du plat chaud lui remonta un peu le moral, et il remarqua alors qu'il était vraiment affamé. Jungkook jeta un coup d'œil par la fenêtre, tout en appréciant sa commande; dehors, la ville vivait à son rythme, les gens se croisaient, s'arrêtaient, discutaient, s'ignoraient, passaient leur chemin. Le noiraud se surprit à fantasmer une réalité rêvée où, sans même qu'il ne sache comment, lui et Yoongi se seraient rencontrés, se seraient parlés, seraient peut-être même sortis ensemble. Jungkook toussota, lui-même gêné par ses pensées qui faisaient se convulser son cœur au fond de sa poitrine.
Il aurait tant aimé que son hyung sache qu'il existait, qu'il était là, à l'aduler dans le plus grand des secrets.
Mais il tremblait à l'idée seule de l'approcher, de lui adresser la parole.
Jungkook termina son repas, à présent détendu et repu. Il sirota distraitement sa limonade, presque étourdi par la tiédeur du petit restaurant. Il faisait bon chaud, l'ambiance était agréable. Le noiraud prit même la liberté de s'attarder un peu en prenant un café. Lorsque la jolie serveuse repartit avec sa commande, il jeta un regard panoramique à l'intérieur de la salle chauffée. Toutes les tables étaient occupées par des couples et des groupes de trois ou quatre; il était le seul à ne pas être accompagné. Jungkook se demanda si Yoongi connaissait ce restaurant. Il estima que non, puisqu'il ne l'avait jamais vu y entrer. Du moins, pas de jour, lorsqu'il le suivait.
Jungkook remercia la serveuse au moment où elle déposa son café devant lui avec l'addition. Il baissa la tête par instinct, embarrassé malgré lui d'occuper une place alors qu'il était seul. Il ne vit pas le visage qu'elle fit, mais le noiraud ne s'y attarda pas car quelque chose d'autre venait d'attirer son attention; un couple âgé discutait, à la table voisine. L'homme lisait le journal du jour, commentant les articles qu'il trouvait intéressant à sa femme ou racontant quelques mots des faits divers. Cette dernière décortiquait les arêtes d'un poisson à moitié mangé qu'elle aurait sûrement dû avoir terminé il y a longtemps déjà.
« Écoute ça, lui disait-il. La bourse est tombée de quatre pour-cent, tu vois.
– Hm, répondit-elle, absorbée par son activité minutieuse.
– Tiens, et écoute ça encore, ils ont retrouvés un corps dans une poubelle hier. »
La femme releva son nez de son poisson et fit une grimace, plissant ses lèvres ridées. Son mari continua à lire, visiblement interloqué par les mots imprimés sur le papier. Jungkook tendit l'oreille.
« La victime a été étranglée et mutilée au visage, marmonna le vieillard, ses sourcils gris arqués en signe d'étonnement. Plus particulièrement au niveau de la bouche.
– C'est atroce, commenta la femme.
– Ah, et écoute ! Il paraît même que l'assassin a écrit des sigles incompréhensibles sur la peau de–
– Oh, ça suffit, coupa la femme en reposant ses services. Nous sommes à table, enfin. »
L'homme s'excusa tout bas et froissa les pages de son journal, puis parla à voix basse à sa conjointe qui ne cessait de secouer la tête de gauche à droite, visiblement fâchée de son comportement. Jungkook se désintéressa du vieux couple et de l'histoire sordide des faits divers, préférant orienter son regard par-delà la fenêtre du restaurant. Il eu soudain le sentiment de s'être trop attardé, d'avoir même oublié Yoongi. De l'angoisse perça dans ses entrailles. C'est à la hâte qu'il paya et quitta l'ambiance si agréable de ce restaurant, pressé de retourner à sa surveillance.
Dehors, il faisait bien plus frais. Jungkook réprima un frisson et enfonça ses mains dans ses poches pour les protéger. Au-dessus de sa tête roulaient des nuages gris chargés de pluie. En retournant à sa cachette, Jungkook espérait qu'il n'avait pas loupé son hyung pendant qu'il mangeait. Envisager cette possibilité le rongeait de l'intérieur; son angoisse avait à présent bien pris place au fond de son ventre, lui donnant envie de régurgiter son repas.
Durant tout l'après-midi, il ne cessa d'y penser, se maudissant milles fois d'avoir bêtement été distrait.
[...]
« Debout flemmard. »
Jungkook eut de la peine à décoller ses paupières lourdes; ses yeux le brûlaient comme s'il avait regardé le soleil en face, et il n'avait d'autant pas envie de se lever en entendant la voix irritante de son colocataire le rappeler à l'ordre. Il retira ses écouteurs, qui ne transmettaient plus de musique depuis longtemps. La batterie de son téléphone était certainement plate.
« Hey, debout j'ai dit. Le ménage va pas se faire tout seul. »
Jungkook émit un grommellement sourd. Il écarta la couverture et s'extirpa du canapé, les muscles tout courbaturés. Un poids sur son cœur le faisait souffrir, lui rappelant que la veille, la journée avait été difficile; il n'avait pas vu son hyung. Cela faisait plus de vingt-quatre heures. Il commençait à angoisser, à être irritable.
Son colocataire, un type de deux ans son aîné, n'en avait visiblement rien à fiche de son humeur. Il continua à lui parler sur le même ton agaçant.
« Je me fous bien de savoir dans quel état est ta chambre, dit-il. Mais le salon et la cuisine par contre, c'est le bazar. Et c'est à ton tour de nettoyer cette semaine. »
Jungkook ravala la colère qu'il éprouva à son commentaire, tout simplement parce qu'il savait que c'était vrai; c'était effectivement à son tour. L'accord était l'accord. Les tâches avaient été réglementées ainsi, entre eux. Le noiraud hocha la tête et détourna les yeux.
« Tu as une sale tête, fit remarquer son colocataire. T'as fait quoi cette nuit ? »
Le regard qu'il lui jeta agaça Jungkook. Ses yeux l'avaient balayés de bas en haut, méprisant son allure peu glorieuse; t-shirt sale et jogging misérable. Il avait les cheveux gras et le visage crispé de fatigue. Le noiraud tourna à nouveau la tête pour ne pas le regarder en face, préférant ramasser sa couverture qui trainait sur le sofa. Il n'aurait pas dû s'endormir là, la veille au soir. Mais il avait passé une si mauvaise journée, et une si mauvaise nuit.
« Rien, marmonna-t-il. C'est pas tes affaires. »
Son colocataire émit un bruit dédaigneux, avant d'enfin le laisser tranquille et de partir en direction de leur cuisine. Jungkook se sentit plus serein lorsqu'il déguerpit enfin. Il partit dans sa chambre pour se changer, fit un détour par la salle de bain commune afin de se débarbouiller et revint au salon. Il était déjà plus de dix heures du matin. Le noiraud décida de ne pas s'aventurer dans la cuisine pour manger. Il irait après, lorsque l'autre n'y serait plus.
Jungkook soupira mollement, se mordilla la lèvre et se mit au boulot; nettoyer ce pitoyable appartement exiguë, qu'il payait avec sa rente de jeune chômeur.
[...]
Lorsqu'il eut totalement terminé, Jungkook était épuisé et son estomac le faisait souffrir. Il avait écourté sa douche pour cette raison; son angoisse devenait envahissante, le mettait sur les nerfs. Sous le jet brûlant, il avait tant frotté sa peau avec hargne et insistance, dans l'idée de faire cesser ses tremblements incessants, qu'il avait manqué de se faire mal. Le noiraud devait faire quelque chose pour se calmer, se distraire jusqu'au lendemain, jusqu'à la prochaine fois où il verrait Yoongi.
Jungkook amena son pouce à sa bouche, mordillant son ongle. Il s'aventura dans la cuisine alors que par la fenêtre, le ciel de cette fin d'après-midi prenait lentement une teinte orangée. Son colocataire était dans sa chambre; il pouvait entendre sa stupide musique depuis là. Jungkook ouvrit le frigo, prit la bouteille de lait, se rendit compte qu'elle était vide et soupira sans émotion. Il la jeta dans la poubelle et se contenta alors de prendre une canette de bière. Elles n'étaient pas à lui, mais Jungkook s'en fichait bien; il était trop à cran et il lui fallait de quoi se détendre. Et puis, la disparition d'une seule boisson n'allait pas alarmer son colocataire. Il ne les comptait sûrement pas.
Jungkook ouvrit sa canette et en prit plusieurs gorgées. Le goût amer n'était pas fameux, et dans son estomac vide, la sensation n'était pas géniale. Le noiraud se dénicha alors un bout de pain à grignoter, ne serait-ce que pour avoir quelque chose de solide dans le ventre. Puis, alors qu'il s'affairait à calmer sa faim dévorante, son regard dériva sur le journal abandonné sur la table. Il datait de la veille. Jungkook repensa aux bribes de conversation qu'il avait entendu au restaurant, au sujet des fameux faits divers. Cédant à la curiosité, il saisit le journal et le feuilleta distraitement, ne songeant plus vraiment à sa faim. Ses yeux parcoururent les colonnes de phrases, ponctuées çà et là de photographies.
Il tomba sur les faits divers et s'y arrêta un instant. L'article sur un certain crime éveilla un intérêt profond chez lui. Les mots évoquaient un tueur qui sévissait ces derniers temps, depuis quelques semaines déjà. Les enquêteurs lui avaient attribués trois meurtres réalisés presque de la même manière, à peu de détails près. Souvent le même mode opératoire; les victimes étaient retrouvées dans la rue au petit matin, dans des endroits dissimulés ou très peu fréquentés, parfois même dans des poubelles ou dans des endroits insalubres, comme des toilettes publiques. Elles étaient toutes mortes étranglées et leurs visages étaient mutilés, leurs bouches davantage scarifiées. On avait également retrouvé des sigles étranges gravés sur les corps, à même la chair.
Jungkook s'imagina l'état du corps. Il ne fut pas dégoûté ni révulsé; il était curieux. Intéressé par ces morts étranges, par ce tueur inconnu, par ces sigles mystérieux.
Le noiraud déchira l'article et abandonna le reste du journal sur la table, décidant que de toute manière son colocataire n'allait plus en avoir besoin.
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