33. Le transporteur 1
Mardi 2 septembre 2016
On ne s'attend jamais assez au pire.
Tenez, hier, je pensais avoir vécu la pire journée de ma vie. Entre la « dispute » avec Gab, ma rencontre avec le (très louche) directeur d'une agence de « super détectives », l'accident de la route que j'ai causé par inadvertance en voulant poursuivre le lanceur de noix, l'interrogatoire d'Anthony et mon inscription à l'option EPS, j'imaginais que la pire chose qui puisse m'arriver, c'était d'annoncer à ma mère que je ne m'étais pas inscrite à l'option Méthodes Scientifiques.
Mais il y a mille fois pire que ça...
https://youtu.be/gGPBYAgk0nE
J'avais passé la moitié de la nuit à tourner et retourner dans mon lit, imaginant des scénarios pour annoncer la chose à ma mère. Tous me paraissaient tous plus effrayants plus effrayant les uns que les autres. Aussi, quand je me suis levée à 3h du mat' (je sais pas vous, mais si je dors pas, il arrive un moment où je suis obligée d'aller faire la petite commission), et que j'ai vu ma tête de déterrée dans le miroir de la salle de bain, j'ai été forcée d'admettre que j'avais (peut-être) besoin d'aide.
Or, je ne connais qu'une seule personne capable d'influencer ma mère, de la faire sourire quand elle est fâchée, de lui faire voir le bon côté des choses quand tout va mal ou, mieux, de la faire taire quand elle a tort : mon père. J'ai donc passé la seconde partie de la nuit à essayer d'établir un plan pour expliquer la situation à mon père avant d'aller en cours. Il ne travaille pas le lundi, mais tous les autres jours de la semaine, il se lève avant tout le monde puis, après un petit déjeuné copieux, sort de l'appart à l'heure où Léa et moi commençons à peine à nous réveiller. Ma meilleure option était donc de déjeuner avec lui ce matin, en espérant que ma mère fasse la marmotte !
Je me suis levée avant que mon réveil ne sonne, j'ai enfilé les premiers vêtements que j'ai trouvés et me suis discrètement rendue dans la cuisine. Sur la table étaient disposés deux bols de céréales et la tasse à café de ma mère. Mais aucune trace de mon père.
Le bâillement de ma mère m'a fait sursauter :
- Owwn... Déjà levée, ma chérie ?
- Heu... oui. Je heu... dois retrouver Gab avant les cours pour heu...
Un exposé ? Pas le lendemain de la rentrée ! Et puis on est même plus dans la même classe.
Pour m'aider en math ? Idem.
Me faire écouter une nouvelle chanson ? Je suis pas sûre d'avoir dit à ma mère que Gab s'était mis à la guitare.
Jouer à Pokémon ? Franchement, ça ne vaudrait pas le coup de se lever aussi tôt pour ça !
Alors que je cherchais désespéramment une explication logique, ma mère me scrutait de toutes parts d'un regard inquisiteur, comme si elle sentait que j'allais lui raconter un bobard. Je me suis mise à avoir chaud et j'ai prié pour ne pas être en train de rougir. Heureusement, ma mère semblait absorbée par mes jambes à ce moment-là.
- Ha ! Alice, tu grandis à une telle vitesse... a soudain soupiré ma mère avec nostalgie.
Perso, j'ai pas vu le rapport, mais j'ai pas cherché à comprendre, j'avais d'autres préoccupations en tête.
- Et sinon, 'Pa est déjà parti ? ai-je demandé pour détourner la conversation.
- Oui, il avait une livraison spéciale à réceptionner au garage.
La fille trop douée qui, malgré son insomnie, n'avait même pas entendu son père sortir de l'appart. Cependant, si mon père était seul dans son garage bien avant l'ouverture, cela me laissait le temps de le retrouver avant mes cours et c'était l'occasion rêvée pour lui exposer mon problème sans que ma mère n'entende !
Et c'est comme ça que, le ventre vide, je me suis retrouvée aux aurores devant le garage de mon père. Officiellement, c'était encore fermé et j'ai dû entrer par la porte de service de l'atelier. À l'intérieur, il faisait sombre et mon père n'était pas en vue, mais sa voix me parvenait depuis la boutique. Il semblait en pleine conversation téléphonique. Alors que j'allais le rejoindre, je me suis arrêtée devant une camionnette qui trônait sur le pont élévateur abaissé. C'était un gros utilitaire Peugeot Boxer blanc décoré aux couleurs de la fromagerie des Alpages, LA meilleure fromagerie de Grenoble.
Si un véhicule se trouve dans l'atelier, c'est pour être réparé. Les clients ne laissent donc généralement que peu d'effets personnels à l'intérieur. Alors une cargaison complète de fromages (quoi d'autre pour la camionnette d'une fromagerie ?), il y avait de quoi se poser des questions, surtout que cette camionnette n'était pas réfrigérée ! En tout cas, moi, j'ai trouvé ça louche.
J'ai ouvert la portière afin d'examiner de plus près ce dont il s'agissait, mais les emballages blancs scellés d'un gros adhésif marron ne portaient aucune inscription. J'allais refermer la porte quand j'ai cru distinguer, sur l'un des cartons du fond, quelques lignes bleues qui me faisait vaguement penser à quelque chose dont j'étais, à ce moment, incapable de me souvenir. N'écoutant, comme toujours, que mon inconscience et ma curiosité, je suis entrée dans la camionnette et ai commencé à déplacer quelques boîtes pour déblayer un chemin jusqu'à celle qui m'intéressait.
J'ai compris ce dont il s'agissait avant de pouvoir déchiffrer l'inscription complète, mais je ne voulais pas y croire. Après tout, « ELLA » était peut-être la fin d'un autre mot que « Mozzarella » ? Genre... « Nutella » ? !
Et même, si c'était effectivement écrit « Mozzarella », cela ne signifiait pas pour autant qu'il y avait de la mozzarella à l'intérieur n'est-ce pas ? C'est en tout cas ce que je ne cessais de me répéter tout en attrapant un cutter sur l'établi de mon père et en fracturant l'adhésif d'un geste vif.
J'ai hésité à ouvrir un des sachets contenant une boule moelleuse enrobée de liquide, mais il ne servait plus à rien de me voiler la face : mon père gardait dans son garage une camionnette chargée de Mozzarella !
Choquée, je me suis assisse sur l'un des cartons du fond de la camionnette en réfléchissant aux tenants et aboutissants de cette histoire. Mais je n'ai pas pu réfléchir longtemps car la voix de mon père a retenti :
- Je croyais pourtant l'avoir fermée, cette p***** de porte ! a-t-il tonné en claquant ladite portière.
Bon, je dois avouer que l'intonation de mon père m'a davantage incité à me faire toute petite qu'à manifester ma présence. Mais à ce moment-là, je ne me suis pas inquiétée car il était possible d'ouvrir la porte depuis l'intérieur. Lorsque la camionnette a démarré, je me suis dit que c'était probablement pour la déplacer à l'extérieur avant que le client ne vienne la chercher, et j'étais persuadée d'avoir largement le temps de sortir du véhicule. Mais quand j'ai compris que mon père restait au volant et qu'on s'éloignait du garage, je me suis sentie un peu... comment dire... piégée !
En fait, mon père ne conservait pas seulement un chargement illégal de fromage dans son garage, il en était aussi le transporteur !!!!
***
Bonjour,
Revoilà Alice après une trèèèès looooongue absence. J'espère qu'elle ne vous a pas trop manquée ? :p
Ce chapitre n'est pas très long, mais la suite devrait venir "rapidement" (1 semaine max).
Ayant été globalement moins présente sur Wattpad, j'ai vu passé vos commentaires sans forcément avoir le temps d'y répondre. J'essaierai de vous répondre dès que j'ai un peu de temps. En tout cas, merci à tous les lecteurs de cette histoire, pour vos encouragement, votes et commentaires !
Bonnes vacances à ceux qui en ont ! Bon courage aux autres (dont moi XD) !
Bisous,
Marjo
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