199X LV01-005
Victoria se moque de moi en permanance à l'école, c'est même la seule qui ose le faire devant moi, elle est si directe et méchante que j'en oublie de réagir, j'ai une sorte de réticence à violenter une femelle en fait, meme verbalement, et je n'ai pas encore assez de répartie pour lui clouer le bec, elle est meilleure que moi à ce jeu-là.
Je ne comprends pas pourquoi elle s'acharne sur moi. Elle a toujours des choses désagréables à dire alors que je n'ai rien demandé, toujours à rappeler que je suis le dernier de la classe aux autres, toujours à papoter dans son dos pour dire combien elle me trouve stupide et repoussant, elle est pleine de venin dès que j'ai le dos tourné.
Je fini par comprendre que si elle ne le fait pas, on se moque d'elle pour être simplement ma voisine et avoir à m'emmener à l'école le matin. Alors, pour bien prouver à tout le monde qu'elle me déteste pour de vrai, elle doit me haïr en public de façon disproportionnée.
Étonnement Je le comprends et je la laisse faire, ça m'importe assez peu de toute façon à présent.
Au récré, je me sépare de ma classe de toute façon pour aller là où y a le moins de monde possible. Je m'installe sur un banc surmonté d'une glycine centenaire qui est face à la baie vitrée du bureau du CPE, un endroit où personne ne s'installe.
Parfois, je marche sans but.
Un matin, alors que je déambule, je dérive dans une petite cour intérieure. C'est l'ancienne cour des religieuses, une sorte de cloître minuscule avec des bancs en pierre sur tout le pourtour. Je ne sais pas encore où je mets les pieds vraiment.
Mais je tombe sur Victoria assise sur un banc qui enlace un mec. Ils se fourrent leur langue dans la bouche maladroitement et se câlinent à l'abri des regards dans cette cour. Ils ne sont pas les seuls couples.
Le gars me voit et s'arrête et me demande de me casser immédiatement, apparemment, j'ai rien à foutre ici.
— Casse-toi, sale pédé de pervers, tu viens mater ou quoi !
Je suis étonné, puis je comprends que le cloître est le repaire officieux des amoureux, tous les beaux gosses branchés se retrouvent tous ici avec leur petite pétasse et ça s'échange des fluides et se filent des orgasmes aussi interdits que furtifs, je fais tache ici.
Je ne réponds pas, je passe mon chemin, je l'entends m'insulter, il a oublié qui je suis. En même temps, personne ne sait que je suis fou. Je n'ai que la réputation de l'être.
Le gars, engaillardi par les phéromones de l'amour, veut en découdre avec moi. Il se lève alors que je m'en vais. J'entends distinctement Victoria dire : « Vincent, surtout, ne fait pas ça. »
Je vois le gars se rajuster les couilles qu'il a sûrement pleines lorsqu'il se lève du banc avant de faire semblant de faire craquer son cou. Il est plus grand et plus large que moi.
Victoria réitère : « Ne fait surtout pas ça, Vincent ».
Moi, sur le coup, je la trouve gentille. J'ai l'impression qu'elle essaye de me protéger en empêchant son petit ami de me faire du mal. En fait, c'est tout le contraire, elle essaye de sauver son mec de ce qui arrive.
Sans préambule, il me pousse et me donne un coup de poing en pleine tempe. C'est un redoublant, c'est le coup le plus puissant que j'ai jamais pris. Mais je ne bronche pas, je le repousse. Il titube en arrière et revient à la charge.
Tous les couples nous regardent, on est comme sur un ring au centre de la petite cour.
Les Mecs hurlent :
"Casse-lui la gueule, casse-lui la gueule à ce pédé !" Casse-lui la gueule !
Je vois Victoria qui me regarde avec un calme étonnant, mais sa poitrine se lève et s'abaisse de façon saccadée, et tandis que son mec revient à la charge, c'est moi qu'elle regarde parce qu'elle n'a pas oublié toutes les histoires qu'on raconte sur moi et elle n'a pas oublié la dureté de mon corps...
J'inspire, je suis calme, j'ai peur de ce qui va se passer, mais je sais que c'est inévitable.
Je sais que j'ai déjà gagné un combat qui n'a pas commencé, je sais d'instinct que le gars n'est pas de taille, il ne bouge pas comme il faut, il ne prend pas la bonne posture, il respire mal et son cerveau est trop dans la colère au lieu de la concentration, il a perdu, il ne le sait même pas.
J'ai jamais connu comme lui la douceur de la peau d'une fille ou la chaleur de leurs langues, je ne suis qu'un puceau qui grimpe aux arbres. Lui n'a jamais connu la violence la plus brutale et sombre qui s'abat sur lui.
Lorsqu'il s'apprête à me pousser pour la seconde fois, j'intercepte les doigts de ses mains dans les miens et je ferme mes poings. Pliant ses doigts mécaniquement vers le haut, je les entends craquer, la prise le force à tomber à genou devant moi.
Il semble immédiatement surpris de s'être retrouvé si vite dans une posture de soumission totale dont il ne peut s'extraire sans se briser les doigts.
Tout se passe ensuite en deux secondes, il regarde incrédule la prise douloureuse que j'exerce sur ses doigts, puis il lève la tête et soudain un éclair traverse ses yeux. Je vois la peur dans son regard quand il se remémore qui je suis.
Tout le monde dans la cour s'apprête à contempler pour de vrai une scène qu'on ajoutera à toutes les saloperies et les histoires qu'on raconte sur moi... Le silence s'abat.
Je relâche ma prise sur ses doigts et j'abat mes poings sur sa bouche, je sens ses lèvres qui s'écrasent et s'ouvrent sur mes phalanges, il bascule en arrière, je l'aide en lui balançant un coup du plat du pied dans le thorax, je suis surpris de la mollesse de son anatomie alors qu'il verse en arrière, ses genoux prenant un angle impossible avant qu'il se roule sur le côté.
J'ai absolument aucune intention de faire quoi que ce soit ensuite. Je sais qu'il est fini, je ne suis pas sûr, mais je pense qu'il est bon pour l'hosto.
Pourtant, une foule de mecs me sautent dessus comme pour s'interposer alors que le combat est fini et que je ne fais aucun mouvement.
Je prends peur, la plupart essayent juste de me maîtriser, mais me pensant en danger, j'essaye de me dégager. Des coups fusent, j'en prends plus que je n'en donne.
J'envoie voler au sol deux garçons de petit gabarit, mais les 4 ou 5 restants sont des troisièmes alors que je ne suis qu'un sixième. Ils sont surpris de ma sauvagerie, je suis comme une bête folle prise dans un piège, j'en morre un salement, mais ils finissent par me rouer de coups. Ils arrachent mon t-shirt, je sens une pluie de poings sur mon ventre sans que ça me procure de douleur, mais leur coup au visage commence à me sonner, je ne vois plus très bien, tout est flou, même la douleur. Je fini par abandonner et me prostrer au sol pour me protéger.
J'entends des filles hurler aux garçons d'arrêter, certains le font, mais moi, je n'arrête pas, je me débat comme l'animal que je suis, je sens qu'on m'achève de coups de pieds au sol... Je sens des coups vicieux de chaussures pointues dans mon dos, sur mes jambes.
Soudain, un gars de troisième accompagné d'un pion se précipita dans le cloître.
Ils hurlent pour stopper le combat, la voix du gars couvre largement celle des filles.
Je connais ce type. C'est un mec avec qui j'ai fait judo quand j'étais en primaire. Moi, j'ai abandonné peu après que mes parents aient divorcé. Lui a persévéré, il est bien plus balèze et plus âgé que moi, il est déjà ceinture noire... Il s'appelle Alban.
Leur éruption interrompt mon linchage, mais lorsque je me relève, on me roue neuf coups, je réponds, je mets un immense uppercut à un mec, il ne faisait pas gaffe à présent, il chancelle à deux doigts du KO... Mais je suis épuisé.
La pionne hurle et Alban s'interpose Il est différent, il me connait aussi, il respire comme il faut, il est prêt, il ne me veut pas de mal, je ne lui en veux pas aussi, il pousse tous les autres « grands » sans peine en les traitant de fous, je sais que j'ai perdu.
Je sais qu'il va devoir me maîtriser, c'est le seul moyen de calmer la situation. Il lui faut montrer que l'on dompte la bête furieuse pour que la populace puisse reprendre ses activités.
Je le laisse me maîtriser, mon orgueilleux lutte quand même quand il s'approche trop près, mais rien à faire : il est rapide, à peine le temps de prendre mon souffle qu'il est sur moi.
Je le sens m'agripper, je sens les muscles de ses bras autour de mon torse et de mon cou qui se contractent à l'infini vers une dureté inimaginable.
Il m'étouffe comme un serpent, il broie mon corps qui a mis tant d'autres en déroute, il le constricte comme si je n'étais fait que de carton.
Il y a peu, j'étais un monstre à la puissance imbattable, ici, je ne suis plus rien, mes genoux ploient tant il est plus grand et lourd que moi, plus fort surtout, je suis de bois, il est d'acier, je n'arrive plus à respirer, je tombe, il me retient et laisse mon front toucher le sol avec délicatesse. Je pleure de rage.
La pionne découvre mon adversaire couvert de sang. Il n'est pas inconscient, mais il n'arrive plus à se lever et il a très peur.
Je ne sais pas pourquoi une seconde pionne arrive, m'emmène à l'infirmerie, je suis toujours escorté par Alban, j'ai l'impression que c'est plus l'autre crétin qui en aurait besoin de soin.
Quand j'arrive la bas, je réalise que j'ai des hématomes au visage des deux côtés, j'ai un œil qui pleure des larmes de sang, je suis surpris de ne pas avoir les lèvres explosées, globalement, je m'en sors bien, je suis très étonné.
L'infirmerie se remplit de 4 ou 5 mecs qui débarquent avec des geules bien amochées sans être dramatiques. Aucun n'a envie de faire le moindre mouvement ici. Tout le monde prétend ne pas se connaître ou ne pas savoir ce qui s'est passé. Certains ont pris le premier pain dans la gueule de leur vie, alors que moi, je ne me rappelle déjà plus combien j'en ai déjà encaissé.
On me soigne, au bout de quelques minutes, ne voyant pas Vincent être amené ici, je sais qu'une fois de plus, j'ai envoyé un mec à l'hosto.
On m'interdit de revenir en cour, je dois attendre que ma mère vienne me chercher et repartir chez moi.
Personne n'arrive à joindre ma mère, alors je pars en salle d'étude, j'y suis seul.
À 16 h, Victoria vient me chercher. Elle n'est pas furieuse, elle est très calme, froide mais distinguée. Elle ne me sort aucune méchanceté, aucun commentaire non plus.
Elle me dit que je dois repartir avec elle, sa mère me ramène, c'est la première fois que je rentre à l'heure chez moi, les vacances d'octobre sont dans une semaine, on m'en donne une de plus en avance, et ça me ravi.
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