Chapitre 26 - L'agresseur agressé
Au dehors, très loin dans les montagnes, les loups pleuraient l'absence de la lune. La nuit était noire. Quelque chose de mystique flottait dans l'air. Dans la chambre, Khali était maintenant assise par terre au pied du lit, adossée au matelas. James avait la tête reposée sur ses cuisses. Elle lui caressait les lèvres avec un sourire et il tentait de lui mordiller les doigts. Ils finirent par éclater de rire et le jeu cessa. James se rassit à côté de la belle et la prit dans ses bras. Il aimait sentir sa poitrine vibrer contre la sienne, elle ronronnait comme une lionne mais il ne s'en inquiéta pas. Toutes ses craintes s'envolèrent en un baiser.
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Jessica ne songea même pas à couper le moteur de son véhicule avant de le quitter en courant. Elle se précipita vers l'immense portail à l'entrée du domaine Gardam, poussa les lourdes grilles puis fonça jusqu'à la porte. Elle toqua avec ses poings en implorant pour qu'on lui ouvre, frappant encore et encore la solide porte de bois pour faire le plus de bruit possible.
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Dans la chambre, James ouvrit soudain les yeux. Il était étendu par terre, seul sur la couette froissée. Il se redressa vivement, inquiet, puis soupira de soulagement en voyant Khali sortir de la salle de bain. Elle s'approcha de lui en fermant les boutons d'une chemise à carreaux qu'elle lui avait empruntée.
— Mes vêtements sont presque secs. Merci de les avoir lavés... Et merci pour tout le reste aussi.
— Tu pars déjà ? se désola le policier.
— Le jour se lèvera bientôt, il faut que j'aille me cacher. En plus tu as de la visite, fit-elle remarquer.
— De la visite ?
— Ouvre la porte.
Il se dirigea vers la porte de la chambre et l'ouvrit. Il perçut effectivement du bruit, quelqu'un appelait et tambourinait à l'entrée.
— Comment as-tu pu entendre ça ?
— ... Quand je suis descendue récupérer mes vêtements, mentit-elle.
Il la rejoignit près de la fenêtre et l'embrassa une dernière fois.
— Reviens vite.
— Je n'y manquerai pas.
Elle répondit par un autre baiser et enjamba le rebord de la fenêtre. Puis elle ajouta :
— Au fait, puisque tu reçois de la visite tu devrais peut-être t'habiller.
Elle lui fit un clin d'œil et disparut sous la fenêtre. James remarqua alors qu'il n'était vêtu que du plus simple appareil, puis il se retourna vers ses vêtements déchirés et éparpillés dans toute la pièce.
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Jessica poussa la porte et entra dans la maison dès qu'elle entendit quelqu'un débloquer le verrou. Elle referma derrière elle et s'adossa à la porte, complètement hors d'haleine.
— Monsieur Gardam, j'ai été attaquée, dehors, dans la rue.
— Attaquée ? Vous allez bien mademoiselle Arnold ? demanda-t-il en lui prenant la main pour la guider vers un siège.
— Ça ira je crois.
— Vous êtes blessée ? Je vais chercher des pansements.
— Non, c'est seulement quelques égratignures. Je suis plus choquée que blessée.
— Mais je peux...
Soudain, le sifflement d'une balle frôla l'oreille du policier. Le projectile était venu de la fenêtre et alla se loger dans un miroir qui se brisa en mille morceaux. James attira immédiatement Jessica au sol et lui ordonna de ne pas bouger. Il resta immobile quelques instants puis, constatant qu'il n'y avait pas d'autres tirs, il rampa en direction du petit meuble sur lequel trônait le téléphone. Jessica tenta de le retenir mais il lui conseilla de rester à l'abri derrière le canapé et la laissa seule.
Lentement, il se mit à quatre pattes et tendit le bras pour attraper le combiné téléphonique. Tout à coup, une seconde balle fusa à travers la vitre et alla directement se loger dans le plafond. James sursauta et laissa tomber le téléphone par terre. Il y eut ensuite un bruit de lutte au dehors. Quelqu'un se battait. Un autre coup de feu détonna, à l'extérieur cette fois. James ramassa le téléphone et composa le numéro de la police à la hâte. Lorsqu'il raccrocha, Jessica avançait à quatre pattes dans sa direction. Elle lui tirailla la manche et fit remarquer d'une voix peu rassurée :
— Je crois que ça s'est calmé, je n'entends plus rien dehors.
James se leva en demandant à la jeune femme de ne pas bouger. Il marcha prudemment vers la fenêtre, empruntant au passage la lance d'un soldat égyptien ornemental. Finalement la décoration excentrique de Linnéa pouvait s'avérer utile. Le policier poussa le rideau troué mais il faisait encore trop sombre dehors pour y distinguer quelque chose. James ouvrit prudemment la fenêtre aux vitres brisées et se pencha à l'extérieur. Toujours rien.
Il enjamba alors le rebord de la fenêtre et sauta sur la pelouse. Il avança avec méfiance en fouettant l'obscurité devant lui de sa lance. C'est alors qu'il vit une forme indistincte allongée sur le sol. Il s'avança encore. Il s'agissait d'un humain. C'était Victor. James en laissa tomber son arme de surprise.
Il s'accroupit à côté du domestique et lui tapota les joues pour le ramener à lui. Victor fit un effort considérable pour ouvrir les yeux. Il avait des griffures sur tout le visage, et probablement sur tout le reste du corps aussi. James se rappela ses propres griffures d'amour avec un sentiment mitigé et passa la main sur son ventre.
— La femme, parvint à articuler Victor.
Il leva la main pour montrer ce qu'il était parvenu à arracher à son agresseur. Il s'agissait d'un morceau de tissu, un lambeau de la chemise que Khali avait empruntée à James. Le policier saisit l'objet au ralenti et se crispa dessus, il n'arrivait pas à croire ce qu'il voyait.
— Khali... murmura-t-il.
— Qui est-ce ? demanda Jessica, debout derrière lui.
James sursauta.
— Oh, vous êtes sortie. La police ne devrait pas tarder, je crois entendre les sirènes au loin. Je ferais mieux d'aller les attendre au portail. Restez avec Victor.
Le jeune homme s'en alla vers l'entrée du domaine en marchant comme un zombie. Il dissimula le morceau de tissu gênant au fond de sa poche et décida de n'en rien dire aux autorités. Après tout, il était policier et il préférait mener l'enquête lui-même, c'était une affaire personnelle, et donc une affaire que ses supérieurs auraient refusé de lui confier.
Jessica s'approcha de Victor, immobilisé au sol. La douce jeune femme prit soudain un air malin et condescendant, une ombre voila son visage.
— Vous avez tenté de me tuer, rappela-t-elle, les mains sur les hanches et un sourire aux lèvres.
— Vengez-vous. Achevez-moi. Je ne veux pas moisir en prison.
— Dans ce cas je peux peut-être vous aider.
Victor la regarda avec espoir et incompréhension.
— Qui vous a attaqué ? demanda-t-elle.
— Mademoiselle Lobo. Khali Lobo, ânonna-t-il avec difficulté.
— C'est très bien. Alors à votre tour de m'écouter : vous rentriez tranquillement chez vous quand cette furie vous a sauté dessus pour vous passer à tabac. Ensuite elle a sorti son arme et elle a tiré dans la maison. Vous n'êtes qu'une pauvre victime, cher Victor. Compris ?
— Mais l'arme, c'est moi qui ai tiré, ce sont mes empruntes que la police trouvera.
— Ils ne trouveront aucune emprunte parce que Khali Lobo s'est enfuie en gardant son arme avec elle.
— Quoi ?
— Qu'avez-vous fait du pistolet ?
— Dans le buisson, je l'ai jeté.
— Je vais le faire disparaître, faites-moi confiance.
— Mais pourquoi ? Je vous ai attaquée, ensuite je vous ai tiré dessus, et maintenant vous voulez m'aider ? s'étonna Victor.
— Je viens de décider que vous me seriez plus utile en liberté. Nous allons faire porter le chapeau à Khali Lobo. Mais que les choses soient bien claires, Victor, si vous vous en prenez encore une seule fois à moi, je vous balance.
— Je vous le promets, je ne m'attaquerai plus à vous.
— Bien, très bien. J'avais l'intention de vous dénoncer à monsieur Gardam pour garder sa confiance, mais ce nouveau plan est bien meilleur.
Jessica enjamba le corps passif de Victor et se dirigea vers le buisson que ce dernier lui avait indiqué. Lorsque la police arriva, elle ne trouva ni l'arme du délit ni le morceau de tissu arraché à Khali.
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