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Nuit Rouge


« M'entends-tu ? » disait-elle.

« Me vois-tu ? » chantait-elle.

« M'aimes-tu ? » murmurait-elle à l'oreille de son amant.

Il lui répondait par des caresses, des baisers, et mille et un regards qui ne venaient jamais à bout de son sourire. Alors il plongeait sur ses lèvres, l'embrassait jusqu'à ce que le souffle leur manque, se pressait contre elle à s'en faire mal, et enfin, la regardait dans les yeux pour lui répondre :

« Je t'entends, je te vois, je te sens. Je t'aime à en mourir, Mara. »

« ...Alors la Lune raconta au Soleil son long désespoir. Elle avait vu les hommes s'aimer et se détester, vivre et mourir. Mais surtout, elle les avait vu sombrer dans la folie, sans rien pouvoir faire.

Ils avaient commencé par incendier leurs belles villes, détruisant ainsi les plus somptueuses de leurs créations. Ils tuèrent les femmes et les enfants, s'affrontèrent dans des guerres où jamais le sang ne cessait de couler. Le feu semblait être partout. Et le massacre continua. Personne ne semblait vouloir agir ni même le pouvoir. La haine s'ancra dans le cœur des hommes sous les yeux terrifiés de la Lune. Elle crut voir la fin de l'espèce humaine, au même titre que celle de son beau monde.

Alors que tout espoir semblait être perdu, les Créatures que les hommes, dans leur haine, avaient chassé de leurs terres, se rassemblèrent. A leur tête se tenait un homme, fier, aimant, sûr et certain qu'il était possible de sauver les siens. Il avait rassemblé chacune des espèces du monde de la Lune dans l'unique but de prouver à ses semblables que tous pouvaient s'entendre et vivre en paix. Sans armes ni cris de haine, seulement des mains tendues. Ensembles, ils pacifièrent le cœur des hommes. Ils les unifièrent sous un même étendard, calmèrent leurs blessures et apaisèrent les âmes meurtries. Ils reconstruisirent leurs cités, s'instruisirent de nouveau, pour prospérer durant de longues années. Et choisirent de faire de leur libérateur leur nouveau roi.

Ainsi naquit la nation des hommes telle que nous la connaissons à l'heure actuelle. Et c'est pour cette raison que la Lune et le Soleil ne se croisent jamais dans le ciel, la belle blanche ayant promis à son ami scintillant de ne jamais plus l'occulter, par peur de voir recommencer le drame qui s'était joué des millénaires auparavant. Et si, le temps passant, les astres amants furent si proches qu'ils manquèrent se croiser, jamais encore le serment ne fut rompu. »

Une dernière page se tourna, puis la couverture du livre. Les yeux des enfants étaient toujours grands ouverts, observant les moindres faits et gestes de leur mère. Elle attendait patiemment les questions qui ne tarderaient pas à venir. C'était leur petit rituel, chaque soir au moment du coucher. Mara leur lisait une histoire dans l'espoir de voir ses petits démons sombrer avant la fin de celle-ci. Mais les enfants étaient tenaces et posaient toujours mille et une questions, avides de savoirs et de mystères. Ils tenaient bons jusqu'à ce qu'elle accepte de répondre au moins à l'une d'elle.  

 — Que se passerait-il si la Lune cachait de nouveau le Soleil ? demanda la petite princesse, le sommeil débordant déjà de ses yeux à moitié fermés, bien qu'elle luttait désespérément contre son ennemi juré.

— Le cœur des hommes perdrait ses jolies couleurs et sombrerait à nouveau dans la haine. Ça ne doit jamais plus se produire, répondit-elle tout en caressant les cheveux de l'enfant. C'est l'histoire de notre peuple et la raison pour laquelle la cérémonie de la Lune et du Soleil se tient chaque année. Pour ne pas oublier.

— Mais tous les ans, c'est à cette époque que la Lune et le Soleil se rapprochent, non ? Ça ne peut pas...

— Et nous ? C'est bien nous les descendants ? coupa alors le garçon avec empressement, bel et bien éveillé.

Mara poussa un soupir. Elle n'aurait jamais dû choisir cette histoire-là entre toutes. Ils l'adoraient et ne cessaient de la questionner à propos de la Lune, de leur ancêtre, de la véracité des faits. Tout était sujet à méditation pour eux dans ce conte. Mais elle voulait qu'ils comprennent. Elle allait tenter de tempérer les ardeurs de son fils lorsqu'une voix résonna dans la chambre, forte et grave.

— Je pensais vous voir dormir à cette heure-là !

Les enfants s'installèrent instantanément dans leurs draps de soie, tremblants à l'entente de leur père. Le petit garçon leva pourtant un regard admiratif devant l'homme qui avançait vers eux d'un pas décidé. Il était majestueux, ne cessait-il de se dire, et jamais il n'aurait pu penser le moindre mal de lui. Il regarda le roi rejoindre sa femme au chevet du petit prince et de la princesse, mimant une colère qui n'avait jamais existé et qui n'existerait sans doute jamais.

— Oui, c'est nous. Maintenant dors, petit homme.  

Elle fredonnait face à son miroir. Toujours le même air, toujours la même question. Et toujours la même réponse. Ils passaient ensuite la nuit à s'aimer, continuaient jusqu'à plus souffle, ne détachaient jamais leurs regards l'un de l'autre, n'échangeaient pas la moindre parole. Et la Lune les observait, là-haut dans le ciel, attendant patiemment que le jour se lève pour laisser place à son amant le Soleil.

— Ils semblent si proches cette année.

Le Soleil était haut dans le ciel ce jour-là. La Lune se tenait non loin de lui, comme à son habitude en cette période l'année. Le vent portait à qui voulait bien le sentir les effluves du printemps naissant, et les astres semblaient ne pas vouloir démentir la rumeur. L'air était festif au palais, chacun se tenait prêt à accueillir les représentants des différents peuples qui ne tarderaient plus à arriver. La cérémonie du Soleil et de la Lune, comme tous les ans, se tiendrait sous l'égide du roi Seth, descendant du premier roi, fier protecteur de leur belle contrée. Ils rendraient hommage à ceux qui s'étaient levés pour apaiser la colère des hommes et célèbreraient la paix qui régnait en maître depuis de nombreuses années déjà.

Tout était grandiose au palais. Les plastrons des gardes étincelaient, de même que leurs lances et leurs épées, depuis bien longtemps cachées au fourreau. Elles ne servaient plus que d'armes d'apparat. Malgré tout, les hommes avaient conservé leur armée, apprenant aux leurs à se défendre et à défendre par la même occasion leur famille royale. Parce qu'on ne sait jamais, disait l'homme sage.

Le roi, lui, trouvait cette habitude stupide. Qui aurait bien pu vouloir s'en prendre à eux ? Sa famille veillait sur leur peuple depuis des générations avec bienveillance et compassion, et nul ne souffrait de la faim sous son règne. Leurs vies à tous étaient parfaites.

— Il est bientôt l'heure, Seth.

Mara attendait là, derrière lui. Magnifique dans sa longue robe aux couleurs chaudes. Solaire avec son sourire de mère attendrie, devant ses deux enfants qui se chamaillaient encore une fois. Magnifique, parce qu'il l'aimait. Et la Lune seule pouvait parler de leur passion et de ce lien qui les unissait tous deux, plus fort que de simples promesses jetées à la va-vite. Parce qu'il les aimait, eux trois, et que sans eux même son beau royaume ne pourrait le tenir tout à fait sain d'esprit.

— Allons-y.

Dans les yeux de Mara demeurait pourtant une lueur qu'il n'avait jamais vue. Une ombre passagère, dissipée aussi vite qu'elle était apparue.

La cérémonie prit fin comme elle avait commencé, dans le calme et la joie, tous priant pour que la paix soit éternelle. Même si cela ne faisait aucun doute, chacun souhaitait du fond de son cœur que les choses durent, durent, encore et toujours, pour que les enfants de leurs arrières-petits-enfants puissent connaître la même vie qu'eux. Seth aussi le souhaitait, et c'est en laissant ses invités à leur fête qu'il partit rejoindre les siens.

Ce que le roi appréciait plus que la paix en elle-même, c'était bel et bien le calme. Il chérissait chaque instant où il pouvait se retrouver seul avec sa famille, profiter de la joie qu'apportait une fin de journée bien remplie, et la vision de sa femme l'attendant, impatiente comme lui de passer du temps avec leurs enfants. Durant ces moments-là, ils étaient seuls au monde tous les quatre, et plus rien d'autre n'avait d'importance. Plus rien hormis le rire de deux enfants grandissant trop vite au goût de leurs parents.

C'est sur ces pensées que le roi entra finalement dans ses appartements, laissant derrière lui les gardes qui l'escortaient, plus par protocole que par besoin vital. Pourtant, alors que les portes se refermaient lentement sur la fête et la joie au dehors, son monde à lui se brisa.

Il avait face à lui une mare de sang, rouge à lui en faire mal aux yeux. Mais ce qui était le plus douloureux, ce n'était pas la simple vision du sang imprégnant le sol. C'était le corps de deux enfants, rouges des pieds à la tête, transpercés de part en part de dizaines de coups de poignards. Il n'émit aucun son, ne fit aucun geste. Il ne put que rester là, prostré face à deux enfants qu'il ne reconnaissait pas. Il ne savait pas. Ne voulait pas savoir. Peu à peu, il finit par identifier les formes et les visages malgré les horribles rictus qui les déformaient. Et il pleura, tomba à genou devant les corps déchirés de ses deux enfants, plongés dans leur propre sang, ses larmes mélangées au liquide qui nimbait le sol.

Puis soudain, il se leva. Il n'y avait que deux personnes dans la pièce. Mara n'était pas là. Il chercha sa femme partout, guettant sa belle voix dans l'espoir d'entendre encore une fois une de ses questions qu'il aimait tant taire par un baiser. Il remarqua enfin au sol les traces de pas, empreintes rouges sur ce sol trop propre. Il les suivit, franchit une nouvelle porte, n'émit toujours aucun son, pour finalement faire face à son lit. Les draps autrefois blancs étaient devenus noirs de sang, saturés par l'hémoglobine. Et sur le lit, semblant dormir tel un ange, une femme.

Tout d'abord, il n'osa pas s'approcher, la simple idée de voir sa femme poignardée elle aussi le laissant impuissant et désarmé. Il finit par faire le premier pas, bravement. Pour se jeter ensuite sur elle, à la recherche de la moindre étincelle de vie, quelque part, n'importe où. Dans ses yeux fermés, dans ses lèvres closes, et même vers sa poitrine qui ne se soulevait pas, laissant le corps inerte et couvert de carmin. Deux plaies béantes s'ouvraient sur ses poignets, mais il n'y prêtait pas attention. Il aurait pu hurler tant la douleur était immense. Au lieu de ça il se tut, et cette même douleur s'empara de son esprit, le disloqua à petit feu. Il perdit la tête, devint fou et maudit la Lune qui se teintait elle aussi de rouge, tout là-haut dans le ciel. Elle avait finalement rejoint son amant Soleil.

C'était une nuit rouge, une nuit de sang, et sa conscience folle lui dicta la marche à suivre. Il ne savait pas qui avait osé commettre l'acte atroce d'ôter la vie des êtres qu'il aimait le plus au monde, ni pour quelle raison. Il s'en moquait. Après tout, si Mara ne vivait plus, tout comme ses enfants, qui pouvait bien se le permettre ? Qui pouvait se vanter de respirer alors que la reine n'était plus ? Tandis que la Lune rouge de sang accueillait son esprit auprès d'elle ? Lui était roi et décida que personne n'avait ce droit.

Sa main chercha, retourna les draps, et il finit par trouver l'arme qui avait enlevé la vie de son aimée.

Il sortit de ses appartements couvert de sang lui aussi, fit face aux gardes. Arme au poing, il ne leur laissa pas le temps de poser la moindre question et attaqua. Il fit de même avec chaque être qu'il croisa cette nuit-là. Il y eut des cris, de la douleur et des larmes. De l'incompréhension aussi. Surtout. De la fuite. Et beaucoup de haine, que son geste fou fit naître, le sang entraînant le sang.

Lui n'était plus là. Ce n'était plus Seth le roi qui dictait sa loi, mais Seth le fou qui appliquait la sentence. Au palais, nul ne survécut. Il n'y avait plus que le carmin et ceux qui avaient fui. Et la Lune rouge dans le ciel, pleurant elle aussi des larmes de sang. Ce jour-là, le Soleil ne se leva pas. Il resta caché derrière la Lune, trop triste pour assister au désastre.

Cette Nuit Rouge, seule la Lune s'en souvint. Le Soleil lui-même l'avait oubliée, préférant taire ce que les hommes avaient de plus noir en eux. Malgré la promesse, ils avaient fini par se retrouver de nouveau, esclaves du destin. Ils s'étaient rejoints là-haut dans le ciel et s'étaient tus. La Lune, elle, préféra se souvenir de l'amour de Seth et Mara, si fort qu'il en était devenu fou. Si fort qu'il tentait de répondre à ses questions, seul dans son palais, au beau milieu d'une mer de sang.

« M'entends-tu ? » disait-elle.

« Me vois-tu ? » chantait-elle.

« M'aimes-tu ? » murmurait-elle aux oreilles de son amant.

Il lui répondait par des caresses, des baisers, et mille et un regards qui ne parvenaient jamais à bout de son sourire. Alors il plongeait sur ses lèvres, l'embrassait jusqu'à ce que le souffle leur manque, se pressait contre elle à s'en faire mal, et enfin, la regardait dans les yeux pour lui répondre :

« Je t'entends, je te vois, je te sens. Je t'aime à en mourir, Mara. » 

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