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Il me repoussa alors :
- Si tu doutes, tu pars.
J' hésitai, mais lui ne prit pas le temps de réfléchir et referma simplement la porte derrière lui.
Ils couraient tous à leur perte, à cet instant précis, en regardant dans les yeux du berger, j' en fus définitivement et irrémédiablement persuadé. J' aperçu, quelques secondes durant, une lueur de folie passer à travers le noir des Iris du garçon au sac et je su. Je su que je faisais bien de ne pas monter, je su qu' aucun d' eux ne s' en sortirait sans séquelles.
pdv inconnu
Plus aucun moyen de reculer, de se défiler ni même de s' interroger. En effet, réfléchir ne m' étais ni possible, ni réellement utile. Je veux dire à quoi bon, hormis faire chanceler les gonds, penser à ouvrir une porte déjà fermée à clés. Pourquoi tenter d' écrire une scène, lorsque le dramatique dénouement de son acte vient d' être joué.
《- Milo, ça va ? M' interrogea Jamie juste derrière moi en observant mes doutes et mes tâtonnements. Ce n' était pas une réelle question, jamais d' ailleurs ça ne l' avait été mais cette fois encore plus que les autres. Il me montrait expressement que lui n' allait pas bien, tout en gardant une certaine image. Je choisis de lui répondre avec plus d' honnêteté tout en gardant une certaine froideur, une absence de réel ressenti.
- Qu' est-ce qu' on va devenir ? ... 》
Tout d' abord, l' engin qui nous portait tous démarra en trombe. À cet instant, nous fûmes tous projetés en arrière par la force centrifuge. Ceux qui demeuraient assis ne furent presque pas dérangés, ce qui furent debout terminèrent allongés, étalés sur le sol comme le groupe d' empotés que nous étions.
Ensuite, comme pour ajouter une pierre de peur à l' édifice infernal du malheur, une angoisse profonde, revenue des tréfonds de toutes les âmes, prit possession du wagon et ne le lâcherai pas. Cette effrayement, plus que du à un simple train, venait de l' appréhension de la mort qui se dessinait devant nos yeux ébahis.
Je couru à travers la pièce roulante, ouvrit la porte et me trouva au niveau du poste de commande. Ici, un conducteur à la casquette orange pilotait le navire.
Pour finir, notons ici que ce ne semblait que le début, en observant l' horizon, je remarqua aisément que les rails prenaient fins à quelques kilomètres à peine et impossible, après ce terme, de freiner sans dégâts.
Pourq..
《 - Q' fais- tu là bonhomme ?
Pourquoi veut...
- Que fais- tu là ? reprit- il encore.
Pourquoi veut- on nous...
- On veut pas qu' tu soit là mon garçon.
... tuer ?
- Déguerpis, maintenant. Retourne en sécurité dans ton wagon ! Il ne s' énervait pas mais haussa pourtant la voix. N' est pas colérique et autoritaire qui veut.
- Arrêtez le train. Maintenant ! Hurlais- je en agitant les mains, les genoux tremblants d' une terreur nouvelle.
- T' énerves pas. On est en sécurité fais moi confiance. Le conducteur ne releva pas la tête vers moi. De profile, j' observais la lumière du soleil qui se reflétait avec grâce sur les pommettes saillantes et tannées de l' homme.
- Vous allez nous tuer, tous ! Êtes-vous singlé à ce point ? Réfléchissez, merde ! Je commençais à m' énerver. Réflexe paraissant ridicule en face d' un être au calme si imperturbable, idée aussi vaine que celle de taper du point sur une table.
- Sors d' ici, je contrôle tout. 》
Le lampadaire du ciel,
Lui qui se relève inlassablement,
L' humble roi qui ne frémit pas au vent,
L' astre, qui lorsqu' ombre a fait son temps,
La détrône de son rayonnement.
Cet allié mit en lumière un objet scintillant posé sur la table de commandes, un couteau de cuisine aiguisé.
Sans réflexion, je pris possession de l' arme et couru en sens inverse à travers les wagons afin de retrouver le notre. La seule personne que j' y pu reconnaître fu le chaos, cette bonne vieille amie aux dents aussi tranchante que celles de la mort. Jamie se cachait sous un siège, Clarice hurlait à pleins poumons, Joe enlassait Amélie, Avigne se servait de la porte comme défouloir, Brice pleurait à chaude larme, Troy courait de partout, aucun d' eux n' étaient mes amis et en entrant dans la pièce, cette terrible vague me submergea entièrement. Je cassa un carreau à l' aide de mon arme, attirant l' attention sur moi. Ma main saignait presque des bouts de verre.
《- Je vous offre la liberté. Sautez avant qu' il soit trop tard. Nous ne mourrons pas aujourd'hui !
La panique ne cessait pas, je dû alors crier.
- Écoutez ! Arrêtez vous ! 》
Au bout de quelques minutes, mes compagnons relevèrent la tête un par un et petit à petit, tous regardaient la fenêtre. Fièrement, je bomba le torse. Je me tourna vers elle à mon tour, le paysage ne se mouvait plus. Le train avait été stoppé...
Tout le monde se précipita vers la sortie, quand à moi je marchai vers le poste de commande. Je croisai l' homme que je cherchais.
- Tu vois ? Maintenant sortons, me dit-il simplement. Nous passâmes par la porte de devant, et derrière nous, les flammes commencèrent à dévorer le train qui bascula sur un côté, entraînant un océan de frayeur calme chez les élèves. Le feux faisait sien la ferraille, l' engloutissant comme l' eau avait englouti le bois tant de fois. Je hais cet élément. J' ai en horreur la braise, de l' étincelle. Incontrôlable, brûlant, souffrant. C' était le parfait refflet, le miroir de mon âme et qu' y a t' il de pire, sincèrement que de voir devant soit se dresser le fantôme de ce qu' on cache là, au creu de nos âmes.
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