35. La Loi
Hello !
Je sais que j'ai l'habitude de ne pas écrire mes chapitres, en revanche, les écrire et oublier de les publier m'arrive plus rarement. C'est pourtant le cas de celui-ci.
J'ai décidé de mettre Nox sur le concours Fyctia qui débute bientôt. Ca ne donnera probablement rien mais avec un peu de chance cela me motivera à écrire la suite.
Je vous rassure, rien ne quitte Wattpad.
Bonne lecture !
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La « nuit » d'Aitsuki fut ponctuée de cauchemars et de plaines sanglantes, mais ce ne fut rien en comparaison de son réveil. Sa chambre était éclairée par la lumière d'un soleil de midi étincelant, les bruits de la cité des sables traversaient les caveaux et la petite fenêtre et tout était somme toute normal dans la pièce à l'exception près des deux hommes dans son lit. Aitsuki avait ouvert les yeux après un retournement de corps qui lui valut un contact avec le bois de sa table de chevet.
Le choc n'avait pas été assez violent pour lui causer une quelconque douleur, mais elle avait suffi à la tirer de ses mauvais rêves. Un bref coup d'œil à la pendule de métal plus tard, Aitsuki s'apprêtait à replonger dans le sommeil lorsqu'un âge détail avait attiré son attention : Nox était redressé sur le lit, un bras au bout duquel pointait une dague tendue vers la gorge d'Hayate et le seigneur d'Eos, assis sur le pied du lit, dans une position miroir avec lui aussi une arme sur la gorge de Nox.
— Mais que faites-vous ? bredouilla -t-elle tout en réalisant qu'elle se moquait de la réponse.
— Demande-lui pourquoi il voulait profiter de toi, grogna Nox.
Hayate s'offusqua, telle n'avait jamais été son intention.
— En parlant d'abus, n'est-ce pas toi que j'ai découvert étendu aux côtés de notre belle chaotique ? Qui profite de son sommeil ?
— Vous êtes comme cela depuis longtemps ? demanda Aitsuki alors qu'elle remarquait qu'aucun des deux n'avait bougé.
— Environ une heure, répondit Hayate. Et...
Il n'acheva pas sa phase, Aitsuki avait disparu sous la couverture. Les deux hommes se jaugèrent silencieusement pendant un moment puis Hayate desserra les dents.
— Ça devient ridicule, lâche ton arme.
— Après toi, grogna Nox.
Le seigneur d'Eos s'exécuta, non sans vanter sa maturité. Les armes disparurent et l'électricité disparut de la pièce. Le calme revint et le souffle apaisé d'Aitsuki au désert dormant fut à nouveau la douce mélodie résonnant dans la pièce. Hayate s'allongea à ses pieds, sur la couette repliée et protégea ses yeux du soleil d'un bras sur son visage.
— Quelle folie t'habite ? fulmina Nox. Dégage de là. Retourne dans ta chambre.
— Elle est déjà occupée, chuchota Hayate. De petits fantômes chapardeurs l'habitent.
— Je ne te savais pas froussard.
— Leur présence ne me gêne pas, leur partie de football en chambre si. Va dire à une bande de gamins morts de faire moins de bruit.
Nox opina du chef, le né-mort avait raison sur ce dernier point. Les morts demeurés sur Terre n'obéissent qu'à leurs propres règles. Le mage-guerrier se recoucha. En un mouvement malencontreux, son pied heurta la jambe de l'autre qui gémit de douleur.
— Acteur !
— Violent ! répliquer l'autre. Attends que tes matriarches apprennent que tu m'as agressé.
— J'ai hâte que tu ailles leur expliquer comment tu es entré clandestinement dans la cité.
Hayate grommela qu'il n'avait pas tort puis s'évertua à trouver le sommeil. La tâche n'était pas aisée, une question dont il ne voulait pas connaitre la réponse lui trottait dans la tête. L'envie de dormir était puissante, mais n'égalait pas la curiosité.
— Nox ?
— Quoi ?
— Ça fait longtemps ?
Le mage-guerrier se tourna vers la jeune femme qui dormait paisiblement et caressa une mèche de ses cheveux alors qu'il effectuait le calcul.
— Bientôt dix ans.
— D'accord, dit Hayate, heureux d'avoir enfin une réponse et de pouvoir s'endormir.
Quelques instants plus tard, son cerveau interpréter la réponse.
— Quoi ?! Vous êtes ensemble depuis aussi longtemps ? C'est impossible !
Nox ricana. Il croyait dur comme fer au destin. Le destin l'avait fait naître au royaume des morts et l'avait placé sous la protection de Valefor, l'une des chimères de la trinité. Le destin ne lui offrait aucun repos et l'exposait à la haine du monde pour faire de lui le plus puissant des mages-guerriers. Le destin encore l'avait dévié de sa route lors d'une tempête de et avait mis sur son chemin, blotti entre deux rochers, une née-morte perdue et inconsciente. Nox méprisait tout et tout le monde, mais il savait depuis cette tempête qu'elle ferait partie de sa vie un jour.
Le destin l'a décidé il y a dix ans.
— Il y a dix ans, Nox, tu rasais Samovar.
— Prétendument, précisa Nox. Aucun survivant ne peut en témoigner.
— C'est justement pour ça que je sais que c'est toi, répondit Hayate. Personne d'autre n'aurait pu faire appel à la Loi. Elle est l'apanage de la trinité. Ce sort n'est pas utilisable par n'importe quel mage. Qui à part toi aurait pu le jeter ?
Nox se redressa sur ses avant-bras et sourit à Hayate. Trinité supposait trois, il y avait donc deux autres suspects.
— Eos était en conflit avec Samovar si ma mémoire est bonne, et l'un de leurs mages guerriers est né béni par Sin si je ne m'abuse...
Maudit Nox, il avait gagné, Hayate ne réussirait jamais à retrouver le sommeil. Une fureur rare l'avait envahi.
— Tu n'oses quand même pas m'accuser ? Je n'ai jamais lancé de Loi de toute mon existence.
Il était blême, tremblant. Nul n'avait survécu à Samovar. Nul ne pouvait se soustraire à la Loi. La Loi s'était abattue sur la cité et avait extrait la vie et l'âme de tous ses habitants. Hommes et femmes, enfants et anciens, la Loi était la même pour tous.
— Si ce n'est pas toi, j'en déduis que c'est elle, dit Nox en désignant Aitsuki. J'imagine que Chaos aura su la convaincre.
— Tu ne penses pas ce que tu dis, murmura Hayate avec effarement. Je refuse de croire qu'Aitsuki ait pu faire une chose pareille.
Nox sourit de l'embarras du mage-guerrier. Le seigneur d'Eos avait un cœur bien trop tendre. Le mage de Théa ricana.
— Je plaisante, c'était moi, dit-il en se recouchant. En revanche, se redressa-t-il à nouveau, je pense qu'elle était en dessous. La trinité est au-dessus de la Loi, et nous avec.
— Je ne sais pas ce que vous racontez tous les deux, mais faites-le ailleurs, je dors ! râla Aitsuki en se redressant à son tour.
— Nous parlons de la Loi, dit Hayate.
Il voulut lui expliquer ce soit si particulier, mais la jeune femme ne lui en laissa pas l'occasion.
— Ici la loi c'est moi, et je déclare qu'il est illégal de réveiller les gens qui dorment. Si vous ne parvenez pas à dormir, il y a du ménage à faire en bas et je n'ai plus l'ingrédient principal du cœur de feu.
La chasse au dragon était prohibée depuis bien longtemps et extrêmement dangereuse, mais cela lui permettrait d'être tranquille quelques heures.
Pour ce qu'elle espérait être la dernière fois, Aitsuki replongea sous les couvertures. Elle songea un instant à l'étrangeté de la situation : une femme avec deux hommes dans son lit et pour seule envie le sommeil, puis elle se souvint de la charge de travail qui l'attendait dans les heures à suivre et se rendormit.
Nox en fit de même après une dernière gentillesse pour Hayate.
- Tu vois, chuchota-t-il, c'est elle la Loi.
Le seigneur d'Eos soupira et s'allongea à son tour, mais, contrairement aux deux autres, il ne trouva point le sommeil. Le souvenir de Samovar, atténué avec les années, était à nouveau bien présent. Le mage-guerrier était cadet à l'époque de l'événement. Hayate était déjà le plus fort de tous et la calamité de sa cité, mais il n'était pas encore intégré aux forces armées du fait de son jeune âge. L'événement ne fut donc pour lui qu'un écho lointain, raconté par le contingent envoyé là-bas. « Pas de dégâts, pas de survivants », avaient-ils dit.
La cité s'était brutalement arrêtée de vivre. La Loi était passée et avait emmené tous les habitants dans son sillage. Certaines tribus nomades se revendiquaient « survivants de Samovar » mais Hayate n'était pas dupe, il avait vu l'horreur encore gravée sur le visage des mages-guerriers d'Eos devenus de la cité.
Nul n'avait survécu à Samovar.
La ville était tombée sans une goutte de sang. Personne n'avait revendiqué l'attaque, mais toutes les délégations arrivées sur place dans les heures qui suivirent la chute de Samovar s'étaient accordées sur la présence de résidus d'une très grande magie. Le ou les responsables étaient des guerriers hors-norme. Eos, par réflexe, soupçonna même Hayate. Il était né-mort, et particulièrement puissant, même pour l'un d'eux. L'homme se souvint des quelques mois douloureux qui avaient suivi la fin de Samovar. Chacun avait su qu'il n'avait pas quitté la cité, qu'il n'était pas responsable, néanmoins il aurait pu, il en avait la force, il pouvait annihiler une cité. Eos n'essayait même pas de dissimuler la peur que lui inspirait l'un de ses fils.
Hayate songea qu'aujourd'hui encore personne n'était officiellement responsable de la chute
de Samovar.
Nox...
Il n'était pas surpris de l'entendre confirmer ce dont il se doutait depuis longtemps. La petite communauté des nés-morts taisait ce secret. Apprendre qu'Aitsuki avait probablement survécu à Samovar était en revanche une surprise. Nox l'avait amené à Théa. Il s'endormit avec la pensée heureuse que peut-être lui aussi survivrait à la Loi si Nox décidait de l'abattre sur eux.
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Merci d'avoir lu ce chapitre !
Axel.
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