Résumé des chapitres précédents : 

Depuis l'attaque de chimères qui a ravagé une partie de la cité, Aitsuki fait de son mieux pour reconstruire la Chimère, entièrement détruite. Rufus a disparu, présumé mort, les clients ont craint de revenir et seul le sort de protection de Nox a permis de sauver la réputation discrète du lieu. Aitsuki a retrouvé d'anciens amis devenus mages-guerriers en formation, a rencontré Lux, le frère aîné de Nox, et a rouvert le bar. Des clients louches, des histoires de monstres, et des demandes de clients toutes moins légales les unes que les autres... la vie a bien repris à la Chimère. La tension est montée avec les conflits dans les royaumes extérieurs, le seigneur de Théa est hors des murs et Nox a débarqué pour trouver une carte afin de poursuivre son père à travers les mondes chimériques, ces terres à l'ouest de Théa où il est si facile de mourir...

Bonne lecture !

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« Complétée », Nox s'apprêtait donc à pénétrer dans les terres chimériques non explorées. Il était probablement fou. Aitsuki lui répondit qu'elle n'avait pas de cartes, il faisait très certainement erreur.

— Rufus en a, je le sais, répondit-il simplement, je l'ai déjà vu les consulter lorsque je l'accompagnais encore en mission.

— Nox, soupira Aitsuki, fouille autant que tu veux, il n'y a pas de cartes ici.

— Ca je le sais, il sourit, goguenard, j'ai fouillé les ruines de l'auberge après l'attaque, lorsque tu étais à l'hôpital.

Il avait fouillé les décombres, cela ne l'étonnait même pas. Aitsuki lui répéta qu'il n'y avait pas carte, il l'avait constaté lui-même. Mais Nox n'était pas d'humeur à patienter. Il avait besoin de ces cartes, maintenant. Il déclara qu'il savait que les cartes étaient dans l'une des cachettes de Rufus, cachettes magiques auxquelles elle avait accès.

— Rufus t'a montré ses tours. Je sais que le vieux t'a refilé pas mal de clefs. Il avait fait de même dans ma jeunesse avant de s'imaginer que j'étais son ennemi et de changer certaines de ses cachettes. Alors n'essaye pas de m'embrouiller et donne-moi cette carte !

Aitsuki sentit la colère qui montait en lui, l'urgence de sa requête. Elle voulut accepter de l'aider mais un problème de taille l'en empêcha.

— Je ne sais pas où il les a mises, je ne sais pas tout figure-toi.

— Dans ce cas cherche !

— Qu'y-a-t-il d'aussi important là-bas pour que tu insistes autant à y aller ?

— Mon père !

Elle resta un instant interdite puis se rappela que le seigneur était en déplacement.

— Mais qu'est-il aller faire sur les terres chimériques ?

— Il est parti à la chasse à la chimère, quoi d'autre ? cracha Nox. Une source affirme avoir identifier la chimère à l'origine de l'attaque. Elle résiderait sur les terres éloignées, dans les zones non explorées, voilà pourquoi on ne la connaissait pas. Et plus important encore celui qui l'aurait invoquée y serait aussi.

Et Nox pensait depuis longtemps que celui qui avait appelé la chimère n'était autre que Rufus.

— Tu crois que Rufus serait là-bas ?

— Cela vaut le coup de vérifier non ?

Aitsuki en frémissait d'excitation. La simple hypothèse que Rufus soit en vie, le plus petit indice, la moindre piste la mettait en émoi. Elle s'était attachée au vieil homme et regrettait chaque jour son absence, pas seulement parce qu'il savait mieux que personne comment gérer les situations de crises dues à l'abondance d'alcool. Rufus était celui qui l'avait accueillie alors qu'elle n'avait nulle part où aller. Il lui avait offert un toit, un travail, et son amitié.

— D'accord, concéda-t-elle, je vais te trouver une carte, mais à une condition.

Nox la jaugea du regard, qu'allait-elle inventer encore ?

— Ramène Rufus, dit-elle en le regardant droit dans les yeux.

Le mage-guerrier haussa les sourcils, surpris, il l'avait imaginée lui demandant de l'emmener. Il réfréna une envie de soupirer de soulagement et hocha brièvement la tête pour donner son approbation.

— Et s'il est mort ?

— Même ordre, déclara la jeune femme, qu'il puisse reposer sur la terre bénie de nos ancêtres.

Cette possibilité s'était ancrée dans le quotidien, elle s'y était faite. Vivant ou mort, Aitsuki sentirait toujours Rufus derrière son épaule, protecteur. L'auberge ne possédait plus exactement la même atmosphère depuis sa reconstruction, les clients n'étaient pas encore tous revenus, craintifs, mais surtout les murs ne concentraient plus l'âme du patron grognon. Ils étaient un peu plus clairs, tout aussi mystérieux, mais il s'en dégageait un peu moins de chaleur. Le sort de protection leur avait insufflé un peu des âmes d'Aitsuki et de Nox, différentes de celles du vieil homme. Pour le commun des mortels c'était imperceptible, mais pour la nouvelle propriétaire qui avait étudié le sort lancé par le mage-guerrier c'était flagrant. A présent, la Chimère c'était elle.

Mais malgré tout Aitsuki n'avait jamais cessé de ressentir la présence du vieil homme autour d'elle. Il était là, bienveillant, il le serait toujours.

— Ma carte, redemanda Nox alors que le soleil pointait à l'horizon et menaçait de ses rayons les petites fenêtres de l'auberge.

Aitsuki soupira et songea aux possibles lieux de stockage de la carte. Ils étaient nombreux, les cachettes de Rufus n'étaient pas exactement un temple à l'ordre et au classement.

— Donne-moi accès à sa cache et j'irai la chercher moi-même.

La patronne eut un petit rire et déclina la proposition.

— C'était bien tenté, je dois le reconnaître.

Elle saisit deux verres qu'elle posa devant eux sur le comptoir et se retourna pour attraper une bouteille emplie d'un liquide rouge brillant. Nox refusa d'un geste de la main alors qu'elle ouvrait la bouteille mais elle en fit fi et, d'un léger mouvement du poignet, fit faire à la bouteille trois tours au-dessus des verres avant de les servir.

— C'est la maison qui offre, déclara-t-elle alors que le liquide qui coulait était passé de l'écarlate au bleu turquoise.

Nox porta son verre à hauteur d'yeux et admira la pureté du liquide, peu de barmans étaient capables de distiller un cœur de feu de cette qualité.

— Voilà encore de quoi t'envoyer dans le puit, dit-il avant de porter le verre à ses lèvres et d'y goûter. Les dragons ne sont pas du bétail, rares sont leurs cœurs, même au marché noir.

Aitsuki grimaça, la boisson était un délice, sa préparation en revanche était très peu ragoûtante. Un cœur de dragon marinait dans l'alcool pendant des mois pour y transmettre toute la force. La version légale comprenait un cœur de dragondin, créature volante proche du dragon mais beaucoup plus petite et docile. Les véritables cœurs de feu étaient des symboles de la force de ceux qui parvenaient à tuer un dragon.

La jeune femme abandonna un instant Nox et partit dans la buanderie. Elle y ouvrit un portail magique et pénétra dans ce qu'elle espérait être la bonne cachette. Rufus y rangeait ses tenues de voyage et une partie de ses armes, avec un peu de chance, et connaissant le vieil homme, celui-ci n'avait pas vidé ses poches lors du dernier voyage et avait probablement une carte à l'intérieur.

— Bonne pioche ! s'écria-t-elle alors qu'elle avait dans une main la cape du vieux mage et dans l'autre un parchemin plié.

Elle vérifia que le contenu était bien celui qu'elle espérait et, rassurée, put retourner dans la taverne. Nox n'avait pas bougé, il buvait sa boisson, le deuxième verre à ce qu'Aitsuki constata, et l'attendait.

— Au fait, dit-il alors qu'il acceptait la carte qu'elle lui tendait. Tu n'aurais pas vu Shû, Kate et Vanille ?

— C'est qui ça ? demanda-t-elle.

Rufus avait mentionné pas mal de personnes, aucune n'étant un ange, mais ces noms-ci lui étaient inconnus.

— Ce sont des mages.

— Des mages-guerriers ?

— Des mages-clandestins, rétorqua Nox. Ne m'écoutes-tu donc jamais ? Des mercenaires, des abrutis qui s'imaginent plus forts que les mages-guerriers et qui s'approvisionnent régulièrement dans les missions des livres noirs.

— Je ne les connais pas, déclara Aitsuki, je ne savais même pas que cela existait.

Cette dernière partie était un mensonge, plusieurs clients étaient des mages-clandestins, et comme l'avait bien dit Nox, ils venaient à la Chimère pour glaner des missions dans le livre noir. Aitsuki s'était même mise à croire, quelques jours avant l'attaque, que Rufus contrôlait ici une ligue clandestine.

— Ils prennent toujours une chambre ici lorsqu'ils sont en ville, déclara Nox.

—Cela fait donc plusieurs mois qu'ils ne sont pas venus car je ne les ai jamais rencontrés, mais toi, comment sais-tu tout cela ?

La Chimère était réputée pour sa discrétion mais Nox semblait tout connaître. Cela n'était pas pour rassurer la jeune femme.

— A une époque j'ai travaillé avec eux, sur une petite mission...

— D'accord, et pourquoi parles-tu d'eux maintenant ? Tu les attends pour partir à la recherche de ton père ?

Nox ricana, non, il y avait peu de chances qu'il retravaille avec eux un jour.

— C'est ta boisson qui m'a fait penser à eux, ce sont des chasseurs de dragons. Si je les vois, je les tue.

Connaissant le mage, c'était à prendre au premier degré.

Nox termina son verre, remercia la jeune femme, qui mit cette marque d'attention inhabituelle sur le compte de l'alcool, et partit.

— Eh Nox ! cria Aitsuki alors qu'il passait le seuil de la porte. N'oublie pas ma condition.

— Je sais.

— Et reviens vivant !

Aussi rustre, effrayant, terrorisant qu'il puisse être, Nox faisait partie intégrante de la vie de la Chimère. Rufus l'avait déjà quittée, Aitsuki ne se sentait pas de revivre ça, pas même si c'était Nox. 

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Merci d'avoir lu ce chapitre ! 

Désolée pour l'attente ! 

LilyCarstairss ;-)