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2. Fiat Lux


La chimère était décidément un endroit étrange. Aitsuki y vivait depuis quelques jours et avait déjà repéré quelques comportements douteux de la part des clients. Enfin, plus douteux que les autres. L'un des habitués de la Chimère s'asseyait chaque jour à la même table, dans un recoin. Il avait toujours le même gros sac de toile qu'il gardait précieusement près de lui et son large manteau de cuir. Il ne l'ôtait jamais et pourtant il faisait chaud dans l'auberge. La jeune femme lui apportait souvent ses boissons mais jamais elle ne l'avait entendu prononcer un mot. Chaque nuit, des clients s'approchaient de lui quelques instants puis repartaient aussitôt. Aitsuki avait bien tenté de découvrir ce qu'il se passait mais Rufus l'avait violemment rappelée à l'ordre.

— Nos clients ont droit à la plus totale intimité, avait-il murmuré alors qu'elle protestait.

— Rufus, je crois que ce qu'ils font est illégal. Nous pourrions avoir des ennuis.

Elle s'était vite attachée à cet homme, ce vieillard un peu bourru dont elle avait éclairé la vie par sa fraicheur. La réponse du barman l'avait quelque peu surprise.

— Si c'était légal ils ne le feraient pas ici. Pourquoi crois-tu que cet endroit est aussi sale ?

Elle ne comprit pas le lien entre ces deux phrases, certes la Chimère était dans le quartier le plus mal famé de la cité mais de là à ce que pour être glauque il fallait que ce soit sale. Rien n'avait de sens et Rufus dut éclaircir son propos.

— L'homme que tu remplaces est en prison.

— Oh, pour combien de temps ? Et pourquoi ? demanda Aitsuki.

— A peu près perpétuité, répondit sans grande compassion le vieil homme. Pour trahison.

Cela ne fut pas pour la rassurer, elle observa Rufus et se demanda si elle devait partir en courant. Ce qu'il se tramait ici était probablement pire que ce qu'elle imaginait. Le vieil homme n'eut aucun mal à sentir sa peur, elle ne la dissimulait pas. Heureusement, le soir où avait eu lieu cette explication, il n'y avait pas encore beaucoup de clients et ils avaient pu discuter.

— Jonaro avait eu la mauvaise idée d'espionner des clients et de revendre leurs informations. Cet idiot avait écouté des mages-guerriers. Ils l'ont fait condamner sans procès. Alors quand je te dis que nos clients ont droit à leur intimité je dis cela plus pour notre sécurité que pour la leur.

Pour sûr, contrarier l'armée n'était pas une bonne idée, on apprenait cela dès l'enfance. Cela ne suffit guère à rassurer Aitsuki mais cette explication avait le mérite d'être plausible.

— Ce n'était pas une raison pour laisser votre bar à l'abandon !

— Certes non, admit l'homme. Mais cela n'a pas gêné les clients.

Les clients faisaient tous des trucs pas nets, ils devaient probablement avoir peur que Rufus les dénonce s'ils osaient se plaindre ; ou pire encore que la Chimère ferme et qu'ils aient à trouver un autre patron conciliant. Cinq jours, il avait fallu cinq jours de dur labeur pour rendre la cuisine et les autres pièces du bas convenables. Rufus avait pesté lorsqu'Aitsuki avait franchi la porte de son auberge les bras chargés de détergents et autres produits ou ustensiles utiles mais surtout avec une facture bien salée. Il avait également râlé en récurant les sols, nettoyant les éviers et redécouvrant un placard oublié. Et alors qu'il était occupé à désinfecter le plan de travail central il fut soudain braqué par une lumière vive.

— Qu'est-ce que tu fais gamine ?

— C'était plus de la crasse à ce niveau-là, je ne sais même pas comment cela s'appelle, dit la jeune femme qui exprimait ses pensées à voix haute.

Elle n'avait rien allumé, seulement nettoyé les vitres de la cuisine. La lumière vive n'était autre que le soleil éclatant de la mi-journée.

— Cela justifie la facture non ?! s'était exclamée Aitsuki en riant.

Rufus avait maugréé dans sa barbe que si elle faisait pareil avec les autres vitres il allait devoir investir dans des rideaux. La noirceur des lieux en faisaient le charme, il n'avait pas envie de transformer la Chimère en l'une de ces auberges mignonettes qui accueillaient les visiteurs étrangers. Sa propriété avait une réputation à laquelle il tenait. Il veilla donc à ce que tout fut propre mais sombre.

Nox ne revint dans le bar que deux semaines après sa dernière visite, il y découvrit les aménagements avec une certaine surprise : l'air était moins chargé en particules, il paraissait net. Il eut un doute sur le lieu un quart de seconde mais en voyant Aitsuki s'approcher de lui avec un linge humide il constata qu'il était bien au bon endroit. Le mage-guerrier n'avait pas de membres découpés avec lui cette nuit mais il était tout de même couvert de sang et de boue. Il ignora le regard dégoûté que la jeune femme jeta vers le sol derrière lui et s'assit à la première table de libre.

— Comme d'habitude, déclara-t-il en saisissant le tissu blanc mouillée.

Son hôtesse s'inclina brièvement et partit sans un mot vers la cuisine. Nox avait à peine commencé à souffler que deux mages-guerriers entrèrent dans la Chimère et vinrent s'asseoir à sa table, la mine sombre. A la différence de Nox ils n'étaient pas vêtus de noir mais portaient des vêtements aux couleurs du désert. Le bronze de leurs armures évoquait les aubes chatoyantes de Théa. Les nuances ocre et beige de leurs capes leur permettaient sûrement d'être parfaitement invisibles dans le désert avoisinant.

— Tu as réussi ta mission Nox ? murmura l'un d'eux dans sa barbe.

Il n'eut qu'un regard de mépris en guise de réponse.

— Ce n'était qu'un moyen de débuter la conversation, s'excusa-t-il alors que son collègue lui donnait un coup de coude.

— Que voulez-vous ? demanda Nox d'un ton désintéressé.

Il n'était pas rare que l'on lui demande de l'aide pour des missions délicates ou des informations difficiles à traiter. Aitsuki arriva au moment où l'autre mage-guerrier allait répondre, la commande de Nox dans les mains. L'homme s'interrompit le temps qu'elle dépose le plat de viande et la boisson alcoolisée devant son client puis ne s'éclipse sans un mot.

— Notre cousin, Lucien, il est en détention, reprit le mage-guerrier une fois qu'il fut sûr de n'être entendu que par les deux autres.

— Trafic de drogue si j'en crois les rumeurs, dit simplement Nox entre deux bouchées, rien qui ne m'intéresse.

— Il n'est que consommateur ! s'écria l'autre mage bien malgré lui, il n'y a touché qu'une fois et le revendeur a disparu dans la nature !

Le conseil de Théa s'en ficherait, ces dames avaient placé la mère morale bien au-dessus de tout. Une nouvelle drogue s'était répandue dans les rues de la cité, puissante, hallucinogène. Tant que les seuls consommateurs étaient ces pauvres bougres des bas-fonds le conseil fermait les yeux mais de plus en plus de mages-guerriers se laissaient tenter. Cette petite merveille accroissait momentanément leurs pouvoirs. Elle provoquait aussi facilement des overdoses peu jolies à voir. Par conséquent le conseil avait ordonné une chasse aux sorcières.

— Je ne peux rien pour lui, déclara Nox.

— Tu es l'un des plus forts d'entre nous, tu as de nombreux contacts dans les bas-fonds, rétorquèrent les guerriers, il n'y a qu'à voir où nous sommes.

— Je reformule, je ne veux rien faire pour lui. Qu'il balance son fournisseur et aille pleurer dans les jupes de sa chef de clan.

Sa position pouvait difficilement être plus claire, Nox se moquait éperdument de savoir ce qu'il allait advenir d'un quelconque mage-guerrier accro. Les deux autres cherchèrent des arguments pouvant plaider en faveur de leur cousin : il n'avait pas le nom de son fournisseur, celui-ci avait disparu dans la nature. Il était jeune, sorti de l'académie militaire à peine un an plus tôt, et avait juste voulu honorer son clan. En désespoir de cause l'un des mages-guerriers lâcha que leur chef de clan, leur grand-mère maternelle était tyrannique. Cela fit rire Nox qui leva le bras et demanda à Rufus trois verres.

— Toutes les chefs de clan sont tyranniques, ajouta-t-il, elles ne seraient pas chefs de clan sinon.

Les deux mages acquiescèrent et ajoutèrent quelques anecdotes au sujet de l'horrible grand-mère. Casser du sucre sur le dos des chefs de clan était un us aussi sacré que le respect de ces dames. Il ne fallait pas dévoiler les secrets du clan bien sûr mais raconter que la vieille peau leur avait fait faire trois fois le tour des remparts en pleine nuit à peine vêtu était autorisé. Ces complaintes collectives assuraient la cohésion des membres, la suprématie de la doyenne sur le clan était irrévocable mais on pouvait toujours s'en plaindre. Et les membres ne s'en gênaient pas.

Arriva la serveuse avec trois verres, Aitsuki les déposa devant chacun des mages-guerriers et s'inclina avant de partir mais Nox la retint.

— Et toi ? Que penses-tu de ta chef de clan ?

La jeune femme se mordit les lèvres et confessa qu'elle n'avait pas de clan, donc pas de chef.

— Tu es une femme, rétorqua le mage-guerrier barbu, si tu n'as aucune parente cela fait de toi le chef de ton clan. Seuls les hommes peuvent être sans-clan.

— Chef d'un clan qui n'a qu'un membre c'est un peu ridicule non ? fit remarquer Aitsuki.

— Au moins tu as une voix au grand conseil de Théa, tout le monde ne peut pas en dire autant.

— Probablement, vous désirez autre chose ?

— Un trafiquant de drogue, répondit l'autre mage-guerrier en avalant sa boisson d'un trait.

La jeune femme ne comprit pas le sens de sa demande mais Nox la renvoya alors elle put retourner derrière le comptoir où elle retrouva Rufus qui ne l'avait pas lâché des yeux. Il s'approcha d'elle et lui demanda à voix basse de quoi parlaient les mages-guerriers.

— Je croyais que nous respections l'intimité de nos clients...

— Nous la respectons en ne révélant rien de ce qu'ils peuvent dire ou faire, répondit le vieillard, mais je veux savoir tout ce qu'il se passe dans mon bar.

Un jour ce vieux serait logique dans ses propos, un jour. Aitsuki lui révéla le peu qu'elle savait et Rufus tiqua à la mention du trafic de drogue.

— Il t'a donné le nom de la drogue ? Un indice quelconque ?

— Je t'ai dit exactement ce qu'il m'a dit, je n'en sais pas plus.

Le vieil homme n'insista pas et s'en fut servir d'autres clients mais ne fut pas rassuré pour autant. Il aimait bien les mages-guerriers comme Nox qui avaient autant de choses à cacher que de trophées sur leur tableau de chasse mais les deux autres bien proprets ne lui inspiraient guère confiance.

Enfin le jour se leva et les clients partirent les uns après les autres. Nox s'approcha du comptoir et demanda à Aitsuki son ardoise du mois. Elle apporta le carnet relié de cuir qui servait à noter toutes les commandes non payées et chercha la page dédiée à Nox. Elle la lui présenta ainsi qu'un crayon tandis qu'il faisait l'appoint.

— Tu ne devrais pas rester ici, déclara-t-il alors qu'il saisissait le crayon pour signer, Rufus est aussi louche que ses clients.

— Vous êtes l'un des clients.

Elle l'avait dit sans réfléchir et le regretta aussitôt. Nox prit le parti d'en jouer.

— Je sais donc de quoi je parle.

— Désolée, je ne voulais pas...

— Tu es chef de clan, tu trouveras un travail convenable. Au pire tu peux toujours tenter l'armée.

Aitsuki sourit gentiment et lui répondit qu'elle avait déjà essayé plus jeune. Tous les orphelins, tous les enfants de Théa même, passaient un mois dans l'armée l'année de leurs quatorze ans. Ceux qui réussissaient les épreuves avaient alors leur ticket d'entrée pour l'académie militaire, les autres avaient deux ans pour s'entraîner s'ils souhaitaient retenter leur chance l'année de leur majorité. L'académie, et de manière plus générale l'armée, était réservée aux meilleurs éléments de la cité. Pour les autres c'était la vie civile. La jeune femme avoua avoir souvent échoué, non seulement physiquement mais surtout moralement.

— C'est vraiment un homme qu'ils nous font tuer ? demanda-t-elle, la rumeur dit que c'est un cadavre animé mais même ça je ne pouvais pas.

Nox lui sourit, il en devenait effrayant, encore plus qu'à l'accoutumée. Le souvenir de cette ultime épreuve lui rappela la peur de ses camarades devant la mort. C'était bel et bien un homme, et un cadavre animé. Le major de la promotion avait l'honneur de le tuer, les autres se contentaient d'un simulacre de vie. Nox l'avait égorgé sans la moindre hésitation, ce n'était pas son premier meurtre à vrai dire. Les autres avaient fait tant cas d'un simple cadavre, la mort était partout, surtout dans l'armée.

— Tu veux vraiment savoir ?


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Merci d'avoir lu ce chapitre ! 

Axel. 

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