Promesses
Univers mixé entre Zelda et l'Assassin Royal.
(essai de style d'écriture)
Le point de vue de ce récit est celui de Link, aussi appelé le Chevalier De Laurier.
Mon vieil ami,
Naguère, tu vivais avec nous, au château. Cette période me semble à la fois proche et lointaine. Je ne pourrai jamais assez te remercier pour tous tes services rendus, sans compter ceux que tu rends aujourd'hui. J'espérais alors que tu puisses prolonger ton séjour parmi nous ; mais, ainsi que nous le savons tous deux, lorsque tu es convaincu d'une chose et de sa nécessité, rien ne peut t'empêcher de l'accomplir, et ce, quels que soient nos moyens pour tenter de t'en détourner. Même Umbre ne peut prétendre le contraire.
Il se trouve que ma chère fille est sur le point d'atteindre ses dix-huit ans, âge où tu as promis devant la couronne d'être présent pour elle. Il est temps pour toi d'honorer ta parole. Elle est vive et intelligente, peut-être un peu capricieuse, et a gardé sa préciosité – elle adore les étoffes nouvelles que je lui apporte du marché –, mais ne fréquente qu'une fraction de nos gens, et cela m'inquiète. Ce n'est pas dans ta mission que de te soucier de cela, je te l'accorde, dans un cadre strictement rigoureux ; cependant, ta qualité de parrain exige de toi une présence indispensable à ses côtés et une aide aussi bien sociale et psychologique que militaire. J'imagine avec peine les traits que tu dois arborer à présent, devenu jeune homme accompli et chevalier réputé. D'un autre côté, tu connais la menace qui gronde par-delà Hyrule, cette rumeur qui court depuis des années sur ma félonie, du simple fait de t'avoir accueilli, toi, et tes origines soupçonneuses. Je connais le risque que j'encours en te priant de te rendre au château ; aussi, prends les mesures nécessaires pour te détourner de toute menace envers ta personne, comme te l'a enseigné ton mentor. Aux alentours de Flétribois, tu trouveras un convoi pour assurer ta protection. Ne joue pas les imbéciles et suis leurs directives, aussi offensantes ou cupides te sembleront-elles.
Lettre du roi Devoir au Chevalier De Laurier.
Quand il m'avait accueilli, je le détestais profondément, sans en connaître les raisons. Avec le temps, j'avais compris que c'était parce que j'avais besoin de lui pour vivre, et que ma dépendance ne faisait que m'enliser dans une colère sourde. C'est pourquoi j'avais été mis sous l'aile d'Umbre, mon mentor, âgé sans doute aujourd'hui d'un peu plus de quarante ans. Mon enfance s'était déroulée dans la demeure royale, avant même la naissance de la princesse légitime ; j'avais huit ans lorsqu'elle prononça, maladroitement, ses premiers mots. On disait d'elle que son portrait était celui de son géniteur, mais j'avais vu dans ses yeux la même lueur qui brillait dans ceux de sa mère. Et puis on m'avait lié à elle, et, dans ma cupidité enfantine, j'avais accepté avec fierté cette responsabilité, trouvant là l'occasion de me montrer à la hauteur de mon métier d'assassin. Ainsi, chaque conspirateur, chaque commerçant mal avisé, chaque voleur avait senti l'acier glacial de ma dague contre sa jugulaire.
Aujourd'hui, je préférais m'éloigner de cette époque comme d'Umbre. Quand il me voyait revenir dans son antre secrète, couturé de cicatrices, il riait à gorge déployée, m'ébouriffait les cheveux et me noyait sous ses conseils. J'avais ainsi passé une nuit blanche devant un miroir, à prendre des expressions diverses et contraires – joie exagérée, colère simulée, tristesse feinte – pour que j'espionnasse à son compte et à celui de Devoir. Je me prenais au jeu et, en échange, j'apprenais de nouvelles bottes, passant de petit meurtrier débutant à celui d'épéiste accompli, vers la fin de mes dix ans. En ces années-là, je me mêlais aux enfants du château, mais mon passé nébuleux n'échappait à personne. On m'appelait le « bâtard », et ensuite on s'amusait à me lapider avec des pierres aiguisées qui, hélas, tombaient des remparts régulièrement dans la cour, et ne m'offraient aucun moment de répit.
Une fois que j'eus appris à me servir convenablement d'une arme, mes fréquentations se résumèrent à un ami aussi rejeté que moi, mais pour d'autres raisons. On l'appelait Lune, car ses obscures réflexions donnaient l'impression qu'il ne s'intéressait à rien d'autre qu'à ce qui n'existait pas ; autrement dit, on soupçonnait chez lui un brin de mysticisme, voire de sorcellerie. J'en fis mon meilleur ami – je n'eus jamais de lien aussi fort avec qui que ce fût. Malheureusement, il tomba dans les affres de l'amour et s'amouracha d'une fille de Duchesse, Rose. C'était une vraie teigne qui n'était jamais satisfaite de rien, réclamait toujours plus de respect, de linge proprement repassé pour un malheureux pli, et s'amusait à humilier les femmes de chambre les unes après les autres. Ironie du sort, c'est moi qu'elle choisit comme objet de convoitise ; dès lors, mes lapidations quotidiennes cessèrent alors que j'atteignais mes douze ans. Ce faisant, je devais veiller sur Zelda ; comme nous disposons tous les deux d'un nom peu commun, et qu'on me voyait souvent en sa compagnie, tentant de calmer ses pleurs, une rumeur à propos d'un mariage circula – et parvint jusqu'à Rose. Folle de rage et de jalousie, alors que la princesse n'avait que cinq ans, elle tenta de l'étrangler dans son sommeil. Mais j'étais là ; j'intervins alors, la repoussant si violemment qu'elle se cogna la tête contre la tête de lit et s'ouvrit le crâne. Ce faisant, je m'enfuis, bientôt rattrapé par Umbre qui fit tout pour me couvrir. Nos manigances se poursuivirent jusqu'à mes quinze ans, et je ne voyais jamais la princesse tel que j'étais – souvent, je devais jouer le rôle d'un domestique maladroit, et, quand elle eût acquis l'autorité de sa mère à ses huit ans, juste avant que celle-ci ne succombât brusquement, elle décida de faire de moi son souffre-douleur.
Incapable de répondre à ses caprices ainsi qu'à ceux de ses parents, sans compter ceux de la cour et de mon mentor, je décidai de servir dans l'armée royale. Ainsi, je pus rester en contact avec Devoir sans participer à l'effervescence du château. Je voyageais souvent, combattais sans répit, voyais mes compagnons tomber les uns après les autres : mais j'agissais pour une cause qu'on estimait plus juste et moins monstrueuse, tout en couvrant mes origines.
Voici où j'en étais, confortablement loti dans une maison de bois, réchauffé et détendu par les ronflements du feu dans l'âtre, profitant d'une accalmie dans les tensions. Cela devait durer, si le roi lui-même m'intimait de revenir auprès de lui. Son escorte m'inquiéta ; avait-on découvert mon passé ? S'était-on douté que je fus l'apprenti d'un assassin et que j'eus mené des actions douteuses ?
J'étouffai un juron et préparai mes affaires, expliquant aux autres que j'étais rapatrié, afin qu'ils ne prennent pas ce geste comme une désertion, ce qui ruinerait ma réputation précaire. Après quoi, je quittai nos appartements, agressé par le froid mordant de l'hiver, enfourchant ma monture vers Flétribois, là où on m'avait recueilli.
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