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Le Choc des Dimensions (3)

Zelda avait contemplé, de sa fenêtre, le soleil englouti par la terre briller de ses derniers feux avant de passer le flambeau à la lune. Elle demeura dans la même position quelques instants, bras croisés sur le rebord, regard porté dans le vide, avant de se détourner et de fermer le rideau. Puis elle s'interrompit dans son geste. Il lui avait paru si symbolique qu'elle laissa ainsi le morceau de toile à mi-chemin de sa course. Voilà ce qu'elle savait faire : tirer le rideau et fermer les yeux. S'endormir sur le péril des autres. Elle recevait une ribambelle de prétendants plus idiots les uns que les autres, de l'argent plein les poches, le visage refait de sorte à paraître plus beau que le précédent. Mais tout cela était faux. C'étaient des hypocrites qui ne pensaient qu'aux plaisirs de la chair et du pouvoir, qui ne savaient déceler la beauté de l'âme.

Pourquoi diable se cachait-elle sous un châle ridicule, d'ailleurs ? Cela la faisait fausse, elle aussi. De rage, elle le projeta à terre, libérant une cascade de cheveux dorés. Elle en avait marre de tourner le dos aux risques du monde extérieur et de vivre confortablement. Elle s'était laissée enrôler dans cette histoire, très enthousiaste à l'idée qu'une légende se réalise. Mais n'avait-elle pas fait preuve de lâcheté ? Laisser les tâches ingrates aux autres ?

Zelda entendit les armures des gardes de nuit cliqueter dans le couloir attenant à sa chambre. Ils commençaient leur ronde. Ce n'était pas un problème : elle savait exactement quand elle pourrait sortir sans encombre.

Mais avant, elle devait se rendre quelque part dans le château. Son père était parti après le dîner, prétextant une affaire urgente à régler avec Ganondorf. En tant que princesse, elle avait le droit d'accéder à ses appartements. Elle fouillerait dans ses affaires afin de trouver de quoi survivre dehors. Il devait garder son arc qu'il lui avait confisqué lorsqu'il avait su qu'elle s'entraînait au combat. Comme il s'y retirait souvent, il devait avoir gardé des provisions dans un endroit assez évident pour s'en souvenir – il oubliait fréquemment ce genre de détails.

Link n'effectuerait pas cette quête seul. Elle le trouverait, et l'aiderait. Et puis, elle n'était pas inutile, non ?

Zelda devait changer, en premier lieu, de vêtements. Mais ne pas s'apprêter tout de suite. Elle devait pouvoir se justifier si elle croisait un garde. Elle opta pour un t-shirt brodé blanc et argent avec une jupe assortie. C'est tout ce qu'elle trouva de moins royal. En guise de chaussures, elle prit ses bottines albâtre, qu'elle cachait dans un tiroir fermé à clef. Enfin, elle sélectionna une cape émeraude, espérant interpeller le chevalier par la couleur très proche de ses vêtements à lui. Elle fourra l'ensemble dans un sac à lanière, celui qu'elle portait souvent, de manière à paraître le moins suspect possible, après avoir enlevé son diadème. C'était stratégique. Puis elle sortit avec prudence.

La princesse descendit l'escalier en colimaçon de marbre noir, qui menait au rez-de-chaussée, et se fit interpeller par un garde plus observateur que les autres.

« Votre Altesse, vous devriez être dans vos appartements. Désirez-vous quelque chose ?

– J'ai oublié... ma couronne. Ma couronne est restée dans la chambre de mon père. J'ai dû la faire tomber, il l'a ramassée et, dans sa précipitation, a omis de me la rendre. » répondit-elle d'un ton dramatique.

L'argument était très crédible pour l'image qu'elle donnait aux soldats. Ils échangèrent une œillade, amusés par la coquetterie de la princesse, et la conduisirent jusqu'au lieu souhaité, afin que Son Altesse évite de se répéter aux autres gardiens de nuit.

Eh oui, une princesse, c'est censé se la fermer, songea-t-elle avec amertume. Mais cela va changer. Bientôt. Ils verront.

Une fois devant la porte, Zelda pria les gardes de ne pas jouer aux curieux et de ne pas observer ce qu'elle ferait, sinon elle dénoncerait leur perfidie au Roi, avec pour argument tenace l'espionnage. Les menaces étant prises avec un plus grand sérieux, ils ne discutèrent pas, et il lui semblât même les voir blêmir de peur. Recevoir un avertissement du Roi leur coûterait leur travail, et sans doute leur vie.

La princesse tenta d'anéantir tout son suspect qui pût trahir ses véritables intentions. A la place, elle insista sur les frottements de ses mains contre le sol lambrissé, le bruit sec des tiroirs ouverts. Et puis après tout, elle cherchait bien quelque chose. Sauf que ce n'était pas sa couronne, qu'elle avait abandonné sur son lit. Elle ouvrit l'armoire de son père et y trouva, juché tout en haut, son arc. Elle se hissa sur la pointe des pieds, maudissant sa taille, et le saisit en étouffant le raclement du bois contre le meuble. S'il propageait trop de son, les gardes comprendraient qu'elle avait trouvé un autre objet. Mieux valait ne prendre aucun risque. Elle débusqua ensuite le carquois, bien rempli comme si son père n'y avait jamais touché, coincé entre le lit et la table de chevet. Zelda fronça les sourcils, étonnée de le trouver à une place si évidente. Puis, mieux elle y repensait, plus elle trouvait l'idée ingénieuse.

Au cas où j'aurais envie de me faufiler dans sa chambre alors qu'il dort... en déduit-elle.

En général, la chambre du Roi était toujours surveillée pendant son absence. Or, celui-ci avait préféré renforcer la garde à l'extérieur du château, appréhendant un afflux de prétendants – l'âge pour sa fille de se marier arrivait à grands pas. Étouffer ici, et épouser un minable qui n'avait aucune présence d'esprit ? Plutôt mourir.

Elle se changea rapidement, abandonnant ses habits princiers, et emporta avec elle une couverture ainsi que des provisions laissées par son père le soir même. Il avait, également, une petite réserve de potions. Cela pourrait bien lui être utile.

« Votre Altesse ? Avez-vous trouvé ce que vous cherchiez ? »

L'interpellation de l'un des gardes paralysa momentanément Zelda, qui reprit toutefois vite sa contenance et répondit d'un ton faussement déçu :

« Non, pas encore. Je suppose qu'il l'a rangée dans un de ses innombrables tiroirs ! »

Il n'y eut aucune contestation. La princesse réprima un soupir de soulagement et engagea le haut de son corps dans la fenêtre grande ouverte, dissimulée sous sa cape. Elle atterrit sur un parapet puis descendit le long de la façade, droit vers les écuries. Elle serra les dents en s'apercevant qu'elles n'étaient pas sans surveillance. Consciencieuse, elle se glissa d'abord sur le toit, puis planta une flèche qu'elle avait enduite de somnifère dans la jugulaire du garde, qui s'écroula dans un cri étouffé. Puis elle sauta à terre et fit sortir sa jument après l'avoir apprêtée, puis roulé la couverture en boule sur une encoche de la selle. Elle l'enfourcha sans que celle-ci ne protestât, dévia la ronde des soldats et déboula enfin dans les ruelles vides du bourg. Malheureusement, le pont-levis était rabattu. Et là encore, gardé.

La solution qui lui vint à l'esprit ne lui plaisait guère, mais elle ne voyait pas d'autres options. Plus elle attendrait, plus Link serait loin, et plus elle aurait de mal à le retrouver. En pensant à lui, elle regretta une fois encore de ne pas l'avoir suivi et de lui avoir livré autant d'éléments pour réussir avec tant de légèreté, presque de la naïveté. Va sauver le monde tout seul, mon vieux ; nous, on peut dormir sur nos deux oreilles maintenant qu'on a laissé toute cette charge à un gamin !

Zelda conduisit sa monture au trot sur les ruelles pavées, droit vers la sentinelle qui releva la tête à son approche.

« Qui êtes-vous ?

– Ouvrez ce pont-levis. »

Un rire gras lui répondit, ponctué par les cliquetis désagréables de son armure. Sa voix avait un timbre beaucoup trop fluet, elle avait trahi sa nature de jeune fille. Il devait penser que c'était une paysanne qui voulait lui faire peur.

« A moins que vous ne soyez Ganondorf, ce pont-levis ne s'ouvrira pas avant son horaire habituel, Mademoiselle. »

Plissant les yeux derrière sa capuche, la princesse descendit de sa jument. Elle sortit une dague d'une de ses poches et s'approcha furtivement. Le garde n'eut pas le temps de pousser un seul soupir qu'elle menaçait déjà de lui trancher la gorge. Puis, en modulant au possible sa voix dans les tons graves, elle asséna :

« Vous ne m'avez pas bien comprise. Je vous ai demandé d'ouvrir ce pont-levis. Je travaille pour Ganondorf, je suis son assistance personnelle et il m'a demandé de le rejoindre. Ni vous ni moi ne voudrions le décevoir, n'est-ce pas ? »

Elle prenait un risque en s'inventant une position aussi ridicule, mais heureusement pour elle, le soldat fatigué prit ses mots au pied de la lettre.

« Non, bien sûr que non. Il y a eu méprise... j'en suis terriblement navré. »

Zelda ne le perdit pas une seule seconde de vue tandis qu'il déclenchait le mécanisme d'ouverture. Elle se remit sur sa monture, poussa un cri qu'elle espérait crédible pour la faire avancer et quitta, pour la première fois, l'enceinte d'Hyrule. La porte de bois se releva juste derrière elle dans un bruit sourd. Une boule se forma dans sa gorge, qu'elle tenta de repousser. Link avait-il passé la première épreuve, chez les Gorons ? Ou bien était-il déjà en chemin vers le lac Hylia ?

La princesse prit sa décision : elle irait d'abord consulter Darunia. Elle dirigea sa jument vers le Chemin du Péril, qu'elle estima atteindre peut-être un peu avant l'aube ; la plaine d'Hyrule était immense, et elle en avait pour une lieue de trajet rien que pour sa première destination. Ce qui équivalait à quatre kilomètres environ.

Link s'était assoupi devant le passage menant à la fontaine des fées. La lune poursuivait son ascension dans le ciel, qui se couvrait de nuages noirs, poches d'eau menaçantes en suspension au-dessus de l'aride territoire. Le jeune garçon s'assit sur son séant, s'étonnant que, sortant de leur engourdissement, ses muscles ne protestassent pas. Puis il se souvint de la fée de la force, et comprit ce soudain regain d'énergie. Il irait s'approvisionner chez les Gorons, puis se dirigerait vers la demeure des Zoras, comme l'avait conseillé le hibou. Là-bas, il trouverait la dernière pierre, du moins l'espérait-il. Ce qui était handicapant en revanche, c'était son absence de monture. D'ici au lac Hylia, il y avait quatre lieues, et il ne pourrait les parcourir en deux ou trois jours à pied. Et puis, où trouverait-il l'argent pour s'acheter ne serait-ce qu'un poney ? A combien montaient les enchères, à Hyrule ? Cent rubis ? Deux cents ? Plus ?

A la pensée de couvrir autant de distance, Link se rallongea, comme vaincu. Il se sentait si petit, entre deux immensités, la plaine et la roche, comme une racine profondément ancrée dans la terre et pourtant primordiale. Navi ne tournoyait plus dans les airs comme elle se plaisait à le faire pour le taquiner. Elle se tenait tranquille sur une saillie rocheuse, à la hauteur de ses yeux. Est-ce qu'une fée dormait, ou bien veillait-elle sur lui ?

Il poussa un soupir et se redressa sur ses coudes, observant la vallée en contrebas. S'il le voulait, il pourrait retourner dans la forêt des Kokiris. « Un Kokiri ne quitte jamais la forêt ». A présent qu'il avait enfreint la règle la plus importante, se sentirait-il toujours chez lui ?

T'es-tu déjà senti chez toi, là-bas ? se demanda-t-il encore en se mettant à genoux, comme s'il voulût prier. Il secoua la tête. Il avait toujours eu un côté différent... un sentiment de non-appartenance. Et le sarcastique Mido ne l'avait pas vraiment aidé à trouver sa place au sein de sa famille.

Le jeune garçon se leva, portant son regard vers l'horizon lacté d'étoiles, songeur.

Ce qui a été fait ne peut être défait.

Il haussa les épaules et appela Navi, qui protesta d'un vigoureux battement d'ailes avant de le rejoindre en zigzaguant.

« Qu'est-ce qu'il y a encore ? Des ennemis approchent ? rouspéta-t-elle.

– Non. Mais nous devrions nous préparer au voyage vers le lac Hylia. »

Agacée, la fée clignotait comme une petite torche défaillante, aveuglant à plusieurs reprises son compagnon, qui ne manqua pas de lui faire remarquer.

« Tu m'as réveillée à cette heure, critiqua-t-elle, amère, pour ça ?

– Eh bien quoi ? Le monde ne va pas nous attendre éternellement. »

A cela, elle ne sut rien lui opposer. Il n'y avait rien à opposer, de toute manière, estimait le garçon, et ils n'avaient pas de temps à perdre. Ils avaient récupéré des forces, profité d'un somme, et devaient maintenant aller de l'avant tant qu'ils avaient encore de l'énergie à revendre. Il sortit d'une de ses bourses accrochées à son ceinturon une petite fiole en verre presque vide, et grimaça.

« Il faudra aussi reprendre de la potion », nota-t-il comme pour lui-même.

Navi ne répondit rien, enfermée dans son mutisme.

Link atteignit le Village Goron alors que la nuit pâlissait, cependant que la lune trouvait refuge derrière les terres. Il acheta quelques potions ainsi que des provisions hyliennes – étrange, ils ne s'intéressaient pourtant qu'aux cailloux. Recevaient-ils souvent des voyageurs ?

Alors qu'il émergeait du village contenu dans l'immense cavité, il tomba nez à nez avec une personne encapuchonnée, qui se découpait dans la lueur timide de l'aube naissante.

Un frisson lui glaça l'échine. Était-ce un des cavaliers de Ganondorf ? La tenue de l'inconnu était altière, droite, presque crispée. Il n'apercevait de son visage qu'une ombre inquiétante. Un sourire étira ses lèvres, mais ce n'était ni de la mesquinerie, ni du sadisme. Une expression légère, enfantine, rassurée. D'ailleurs, cette bouche n'était pas celle d'un homme. Elle était trop fine et maquillée.

« Arrête de me regarder avec cette tête de nigaud... je sais qu'on s'est croisés qu'une fois, mais quand même ! »

Link n'en croyait pas ses oreilles. Il reconnaissait parfaitement cette voix, mélodieuse et guillerette, mais également profonde, qui résonnait comme un carillon.

« Votre Altesse ? » dit-il dans un souffle.

Dans un mouvement agacé, la femme retira sa capuche, confirmant l'hypothèse de son interlocuteur. Une lueur moqueuse dansait dans ses yeux clairs.

« C'est un peu vieillot comme formulation, tu ne trouves pas ? Appelle-moi Zelda.

– Mais que... qu'est-ce que... que faites-vous ici ? »

Un éclair de colère passa dans les yeux de la jeune fille. Plus que par son titre, il était époustouflé par sa beauté. Il ne savait pas qu'un châle cachait tant de secrets.

« Je pense que c'est assez évident, je me joins à ta quête, de gré ou de force. Et évite de me vouvoyer, j'ai l'impression d'avoir quatre-vingt-dix balais. »

Son sourire revint sur ses lèvres, adorablement irrésistible. Son vocabulaire étonnait le kokiri. Avait-elle seulement l'autorisation de son père ? A la manière dont elle était vêtue, il en déduit que non. Il fronça les sourcils. Hors de question de mêler une princesse aux dangers qui l'attendaient. Ce n'était ni digne de lui, ni loyal envers sa promesse.

« Vous m'en voyez navré, mais je décline votre offre. Vous devriez rentrer au château avant que votre père ne se rende compte de votre absence. »

Zelda mit pied à terre et s'approcha de lui, mains croisées sur la poitrine.

« J'ai dit que je t'accompagnerai, quoi que tu en penses. Cette décision m'appartient, et je ne reviendrai pas dessus. Ensuite, pour un preux chevalier, tu ne possèdes même pas de monture ; moi, si. »

L'argument était imbattable. Il ne s'en sortirait jamais sans un bon cheval.

« Très drôle. Le milieu d'où je viens ne me permet pas de m'en acheter.

– Si ce n'est que ça... »

Sur ces mots, elle se jucha agilement sur sa selle, empoignant les rênes avec dextérité. Perplexe, Link n'osait plus esquisser un seul mouvement.

« Eh bien, qu'est-ce que tu attends ? Monte ! »

Il se retint de serrer les poings. La situation était bien comique : c'était la princesse qui venait aider le chevalier. Il n'avait pas vraiment espéré ce genre de scénario. Un véritable Héros n'aurait jamais eu besoin d'une jeune fille, de sang royal de surcroît. Il laissa son orgueil de côté et prit place derrière Zelda, qui avait rabattu sa capuche sur sa tête. Il remarqua alors la présence de l'arc qui pendait à un sac de selle et le carquois sur le dos de sa congénère.

« Comment s'appelle-t-elle ? s'enquit-il en parlant de la jument.

– Majora. C'est le nom, dit-on, du masque du chaos, alors comme elle était noire à la différence des chevaux blancs de l'écurie... je l'ai tout de suite aimée ! »

Les rafales de vent en provenance des hauteurs se déversaient sur eux comme une marée montante. Ils étaient obligés de hausser la voix pour se faire entendre.

En sortant du Chemin du Péril, Link inspira profondément l'air frais. Les nuages gris de la nuit se cantonnaient au ciel qui se dégradait doucement vers un bleu azurin, et il soufflait une brise agréable qui les rafraîchissait de la chaleur du soleil. Il y avait peu d'ombre sur la plaine d'Hyrule. A cause de la température trop élevée, Zelda avait concédé à découvrir son visage ; en outre, peu de gens se risquaient à sillonner la plaine.

Elle arrêta Majora devant le ranch. Le soleil de midi éclaboussait l'herbe de rayons lumineux, et faisait étinceler les fenêtres. Les deux partenaires sautèrent l'un après l'autre de leur destrier, et pénétrèrent dans l'enceinte de la ferme. Link reconnut Malon, qui lui avait présenté Epona avant qu'il ne débute sa quête. Son expression faciale se décomposa lorsqu'elle aperçut Zelda à ses côtés. Elle effectua une révérence très basse, peut-être de façon à cacher son appréhension et sa gêne.

« Bonjour, lança la princesse d'une voix neutre. Nous chercherions un cheval.

– Si vous voulez un bon cheval, Votre Altesse, il faudra y mettre le prix. »

Ils se tournèrent de concert, cherchant à connaître la source de la voix rauque. Un fermier vêtu d'une salopette incarnat marchait vers eux. Link réprima une grimace de dégoût. Il n'aimait pas cet homme, et cet homme n'avait pas aimé sa bourse vide.

« Tiens, ce serait-y pas le jeune kokiri qui a essayé de m'escroquer ? rugit-il en l'apercevant, un sourire mesquin dessiné sur son hideux visage. Tu as mal essuyé mon refus, hein ? Fallait que t'embarques la princesse avec toi ?

– Il s'agit de ma décision, intervint l'intéressée. Nous sommes venus passer un marché avec vous. Et nous sommes prêts à payer le prix que vous désiriez. »

Les yeux d'Ingo s'illuminèrent.

« Très bien, très bien. Quels sont les termes de ce marché ?

– Je souhaite que vous ne parliez à personne de notre visite. Ou, du moins, que vous nommiez Link, afin de justifier la vente d'un de vos chevaux, mais vous ne m'avez jamais vue.

– Et qu'avons-nous en échange ? »

Une expression de regret passa dans les yeux de Zelda, si furtive que Link se demanda s'il eût été le seul à l'avoir remarquée. Elle décrocha la bague qui se trouvait à son index dans un geste presque sacralisé.

« Je vous offre ma bague royale. Je pense que vous pourrez y tirer un bon prix. Dites simplement que vous l'avez trouvée en chemin, mais pas à la plaine d'Hyrule, dans un des villages où vous faites livrer votre lait. Donnez-leur une fausse piste tangible. »

Ingo se saisit de l'objet dans une démarche très lente, comme s'il osait à peine croire en ce qu'il voyait. Il fit tourner le bijou entre ses doigts, l'examinant sous toutes les coutures.

« C'est un gage de votre parole, précisa-t-elle. Pour le cheval, Link le choisira, et vous m'indiquerez à combien vous le vendez. Est-ce équitable selon vous ? »

Le kokiri écarquilla les yeux, partagé entre la reconnaissance et la perplexité. Ce cadeau valait des centaines de rubis, et céder une bague royale à un paysan, c'était comme offrir un énorme sanglier à des moineaux affamés.

« Marché conclu », approuva Ingo en serrant la main de la jeune femme, qui montra un infime signe de répulsion – une légère contraction des lèvres.

Depuis quand suis-je aussi observateur ? se demanda Link, embarrassé.

A sa droite, Malon avait redressé la tête et caressait le flanc d'Epona. Ils échangèrent un regard entendu. Il n'avait pas appris son chant pour rien, il s'en servirait.

« Je vous laisse visiter le ranch à votre gu...

– J'ai trouvé le cheval qu'il me faut », coupa le jeune homme.

Le fermier cligna des yeux, apparemment décontenancé, puis haussa un sourcil.

« Eh bien, quelle rapidité.

– J'ai choisi Epona. »

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