Breath of the Wild

Les lumières de la ville projetaient des ombres vacillantes dans les ruelles de la citadelle. L'éclat blafard de la lune striait l'obscurité, dominante dans une nuit sans étoiles, créant un jeu de contrastes.

Une silhouette encapuchonnée descendait le long d'une venelle, mains enfoncées dans les poches de sa veste cérulée. Les rares passants qui croisaient son chemin – des marchands, en général – s'empressaient de s'en écarter, frappés par ses prunelles allumées d'une lueur oubliée, celle des étendues sauvages.

Le voyageur emprunta une rue pavée, déboucha sur une grande place où une fontaine crachait ses eaux, puis s'engagea dans un passage étroit qui suivait l'inclinaison du terrain.

Quelques mètres plus loin, un bâtiment construit dans un renfoncement irradiait les environs par son animation. Ses fenêtres aux carreaux embués et fissurés rayonnaient d'activité, laissant entrapercevoir des corps endiablés danser jusqu'à l'épuisement. L'homme s'approcha, puis poussa les portes, qui s'ouvrirent sans broncher.

A l'intérieur, les conversations allaient bon train. Les ventilateurs du plafond, poussés au maximum de leur capacité, peinaient à refluer les vapeurs dégagées par les fumeurs. Les néons clignotaient au rythme du tourne-disque ; les cartes frappaient les tables avec victoire ou rage selon les résultats des participants, volaient parfois à travers la pièce ; les hommes éclataient d'un rire gras et diffusaient une forte odeur d'alcool. Des gardes en faction s'étaient joints à la fête, titubant d'une table à l'autre avec une expression béate qui confirmait leur ivresse. Au fond de la salle, des couples enivrés se retiraient dans des pièces attenantes, les femmes pendues au cou de leur partenaire et poussant des soupirs languissants qui ne laissaient aucune place au doute quant à la suite des événements.

« T'es de retour, l'étranger ? C'est un peu tard. »

L'intéressé dirigea son regard vers son interlocuteur, qui affichait un sourire édenté et jaune.

« Allez, le prends pas mal. Viens te bourrer la gueule avec nous, ça t'aidera !

— Je ne pense pas. »

Le sourire se mua en un rictus méprisant. La plupart des discussions s'interrompirent.

« Rappelle-moi ton nom, gamin ?

— Déjà oublié ? Voilà qui ne m'étonne pas venant de vous. Vous vous soûlez le soir en espérant éloigner vos ennuis, mais ce n'est certes pas de cette manière que vous y parviendrez.

— Arrête ton jargon de bourgeois, assieds-toi et réponds à ma question. »

Le voyageur haussa les épaules et obtempéra.

« Link.

— Quoi ?

— J'ai répondu à votre question. »

L'homme partit d'un grand éclat de rire, sans raison apparente. Ceux qui s'étaient tus reprirent leur conversation là où elle s'était arrêtée.

« Oui, c'est ça, je me souviens. Pourquoi t'es revenu, hein ?... »