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[SAPHIR]

forever young- Alphaville


IKA AMILAÏ

-quelque part-

Le collier de perles, autour de mon cou, je le contemplai sans cesse depuis que je venais de le reporter pour la première fois depuis des années. Il me ramenait des souvenirs enfouis en moi, ceux que ma conscience oubliaient peu à peu, et pourtant, c'étaient les plus importants d'entre tous.

Les soldats de l'Ombre n'avaient plus été qu'un vague souvenir pour moi. Le temps avait passé, rien n'avait changé. Je ne me souvenais déjà plus des dernières politiques mises en place ces dernières années, et l'Académie n'était plus qu'une idée ancrée dans mon esprit. Il y avait bien longtemps que je n'y avais pas mis les pieds, depuis le début de ma retraite en réalité, c'est-à-dire, quelques années plus tôt.

Mes anciens collègues étaient quasiment tous morts, malades, ou reculés chez eux dans leurs royaumes lointains et où je n'avais jamais mis les pieds. Peu d'entre eux enseignaient encore, la nouvelle génération avait pris notre place et la vie suivait son cours. Akwah Echoelys et Cléo, que j'avais longtemps côtoyé, continuaient leurs enseignements et m'envoyaient régulièrement des lettres. Elles me tenaient au courant de ce qu'il se déroulait, et malgré mon âge qui commençait à se faire ressentir, je prenais toujours autant de plaisir à les lire.

Je m'interrogeai souvent sur ce que j'avais été, moi, Ika Amilaï. Finalement, ma vie avait été banale, tout en étant exceptionnelle et je doutais que qui que ce soit ne puisse s'y intéresser.

Et puis, il y avait eu la retrouvaille de ce collier parmi le bazar ambiant de ma demeure. Un tel objet, si délicat, si commun, avait tissé un lien si fort avec moi que rien n'aurait pas le défaire. C'est à cet instant que je ressentis le besoin de me rappeler ma jeunesse, ma vie d'avant.

J'avais grandi à proximité de la famille royale de Saphir sans en faire réellement partie. J'en étais une membre tout en n'étant pas la descendante directe. Jamais, donc, je n'aurais pu accepté à la couronne. Cela ne m'avait jamais paru être une fatalité, la politique ne m'avait jamais réellement intéressée et je la trouvai inutile. Avec le recul, je voyais à quel point j'avais eu tort de le penser.

Toute mon enfance, je l'avais consacré à l'aventure, à l'exploration et aux activités sportives aussi, et la détermination de mon avenir ne fut pas difficile. Il ne m'avait fallu que quelques semaines de cours pour savoir quelle discipline me passionnait : les combats. J'excellais dans cette matière bien plus que dans toutes les autres, au point que celle-ci ne devienne une obsession. 

La raison qui me poussa à devenir professeure plutôt que soldate fut très simple. J'avais quinze ans, un besoin de m'imposer mes propres règles et de constamment découvrir de nouvelles choses, ce qui me serait devenu impossible avec le stricte code militaire qui, en plus de cela, était purement et simplement politique.

Sans grand étonnement pour tous, je réussis haut la main mes épreuves de fin d'année en combat. J'eus un peu peur au début, au vue de mes résultats fragiles dans le reste des matières, mais j'eus la chance d'arriver l'année d'un départ en retraite et je n'eus aucune attente pour commencer ma carrière.

M. et Mme Mokrul, mes collègues de combat et anciens professeurs, m'apprirent des règles essentielles de l'enseignement : la discipline, toujours la discipline. Un élève parfaitement formé devait toujours obéir et apprendre de ses erreurs pour ne pas les reproduire. Au début, j'eus un peu de mal à les apprécier, ils m'avaient toujours paru froids et sans véritable cœur. Pourtant, avec le temps, nous sympathisâmes et je rejetai mon  jugement hâtif. Ils étaient bien plus humains qu'ils ne le paraissaient.

Je vis très vite que Mlle Violette partait souvent dans la forêt mais je parus être la seule à me poser des questions à ce sujet. Les autres professeurs fermaient les yeux à ce sujet, peut-être même n'étaient-ils pas au courant. Pourtant, l'accès à la forêt, aussi profondément que là où elle allait, était interdit, y compris pour les professeurs de sciences naturelles. C'était louche. 

J'avais partagé cela à M. Weem, un collègue d'Histoire géographie, qui me dit d'arrêter de supposer pour rien. Pourtant, je ne pouvais m'y résoudre. Un jour, je suivis Mlle Violette dans la forêt et je l'interpellai. Elle parut prendre peur, me raconta qu'elle venait juste chercher des éléments plus intéressants à étudier en cours, et partit subitement. Je ne l'avais pas crue à l'époque, mais je ne m'étais pas doutée qu'elle allait simplement utiliser son pouvoir et parler aux insectes ou, de manière plus sombre, qu'elle transmettait ses correspondances à Eglim Alenn.

Après le départ de Mlle Violette, j'avais été déboussolée et je me rendis rapidement compte que j'avais été perdue dans cette immensité de nature qui ne m'était pas familière.

C'était ce jour là où j'avais rencontré Glaedya, et ce jour avait chamboulé l'ensemble de mon existence. Elle avait été ma première véritable amie, et la seule que je n'avais jamais eue. Je n'avais jamais songé à remercier Mlle Violette pour cela, mais aurait-elle accepté que je lui adresse autant de gratitude après sa trahison envers les soldats de l'Ombre ? J'en doutais fortement. Depuis que Caemil l'avait découverte, elle n'avait plus jamais été la même.

Ce jour là, donc, perdue dans la forêt interminable, je me mis à marcher. Je parvenais à me positionner grâce à la position du soleil mais rien ne garantissait que j'allais tout de même dans la bonne direction. Je m'en étais voulue d'avoir suivie ma collègue alors que cela ne me concernait pas, mais le mal était fait, et je devais me sortir de là.

Alors que je continuai de marcher en essayant de retrouver mon chemin, je sentis soudainement une présence derrière moi. Instinctivement, je pris mon épée et me retournai doucement. Je fis alors face à une créature que je n'avais jamais vue auparavant. Ma méfiance se mêla à de la curiosité tandis que je serrai mon épée dans ma main.

⸻  Que faites-vous ici ? demanda la créature que je perçus aussi réticente que moi

⸻  Je suis perdue, dis-je avec sincérité

Je voulais lui demander quelque chose mais je ne parvenais à formuler ma question. Alors, je décidai d'aller à l'essentiel.

-Savez-vous comment retourner à l'Académie ? Je suis enseignante, je dois donner cours à mes élèves mais je me suis perdue.

Elle me dévisagea un instant, instant qui me parut une éternité.

⸻  Oui, je sais comment retourner à votre Académie. Mais je ne peux pas vous y ramener.

⸻  Pourquoi ?

Elle me regarda dans les yeux.

⸻  Parce que vous en savez trop. Vous m'avez vue, vous connaissez cet emplacement. Je ne peux pas vous laisser partir sans risques.

⸻  Je ne comptais pas raconter cela à qui que ce soit, la rassurai-je, je n'ai moi-même pas le droit d'être ici. Il est interdit d'aller dans le JoliBois et j'ai désobéi à cette règle. Croyez-moi, il est aussi dans mon intérêt de ne pas en parler.

Elle ne répondit pas tout de suite. Je l'observai alors. Son apparence était proche d'un être humain, mais elle y présentait des difformités. Quant à son langage, ses actions, elles se rapprochaient aussi de celles de l'Homme. Pourquoi n'avions-nous jamais entendu parler de ces créatures ?

⸻  Vous êtes étonnante, fit-elle enfin

Je ne compris pas ce qu'elle entendait par là.

⸻  Pourquoi donc ?

⸻  Vous ne m'avez pas attaquée, et vous n'avez pas eu peur de moi. La plupart du temps, avec les êtres humains, cela ne se termine jamais très bien. Ils sont tellement rongés par l'orgueil qu'ils rejettent la différence.

⸻  Et bien, sachez que je ne suis pas comme ça. Je m'appelle Ika Amilaï. Et vous ?

J'avais hésité avant de poser cette dernière question mais je désirai en savoir plus sur elle. Elle réfléchit un instant, comme-ci elle ne savait pas si elle devait me répondre.

⸻  D'accord Ika Amilaï, je suis Glaedya.

Je souriais.

⸻  C'est un très joli nom, déclarai-je avec sincérité.

Je perçus toujours de la méfiance chez elle envers moi. Mais je voyais qu'elle se détendait malgré tout.

J'alternais mon quotidien entre mes cours et mes rencontres avec Glaedya qui, parfois, s'espaçaient d'un certain temps. Pour autant, je trouvais toujours le moyen de venir la voir malgré tout. Un jour, elle m'offrit un magnifique collier de perles qui provenait exclusivement de l'endroit où elle vivait. J'eus aussi l'occasion de rencontrer Harfiel, ainsi que d'autres personnes de son peuple.

Lors d'une de nos rencontres, Glaedya et moi marchions en discutant dans le JoliBois. Tout était calme, sauf lorsque l'une de nous parlait. Je sentis que quelque chose me perturbait, comme-ci un élément extérieur à nous venait déstabiliser cet équilibre.

⸻  Je crus entendre du bruit, murmurai-je à Glaedya

Elle devint silencieuse et écouta quelques instants avant de déclarer :

⸻  Ils sont revenus.

Elle prit ma main tandis que je l'assommais de questions :" Qui ? Mais de quoi tu parles ? Glaedya ?". Mes questions furent sans réponse tandis que nous nous éloignâmes de la zone. Elle s'arrêta  subitement derrière un arbre et soupira. Je vis dans ses yeux qu'elle était inquiète.

⸻  Les chasseurs, ils sont revenus. Cela faisait un petit moment qu'ils semblaient avoir cessés de s'aventurer ici...

Mon cœur manqua un battement.

⸻  Des...des chasseurs ? répétai-je

⸻  Oui, ils chassent et tuent les créatures comme nous pour revendre certaines choses, certaines parties de notre corps sur le marché. Ils en ont embarquées trois la dernière fois et on ne les a plus jamais revues. Je suis certaine qu'ils sont de retour, je dois prévenir Harfiel et les autres.

Elle eut un regard déterminé, teinté d'angoisse. Je ne la laisserai pas tomber.

⸻  Je t'accompagne, affirmai-je, et je vous défendrai si besoin

⸻  Tu n'es pas obligée, Ika.

Pourtant, elle ne protesta pas lorsque je me mis à la suivre. Nous nous élançâmes dans la forêt. Je pris mon épée dans ma main et je restai méfiante. Ils pouvaient être n'importe où. Tous mes sens étaient en éveil tandis que mon amie poursuivait sa route. Je crus percevoir du mouvement qui disparut dans la nature. Je tâchai de me concentrer, je n'avais pas le droit à l'erreur. Je ne pouvais pas prendre le risque de vendre Glaedya, Harfiel, et tous les autres. Au coin d'un arbre penché, je les aperçus finalement. Mon amie les vit également puisqu'elle s'arrêta, effrayée.

⸻  Va prévenir les autres, je couvre tes arrières, déclarai-je

Je commençai alors un combat acharné. J'étais seule contre dix hommes mais, contrairement à eux, j'excellais dans cette discipline. Je parvins aisément à en mettre la moitié hors d'état de nuire, j'eus plus de mal avec les autres. Penser à Glaedya m'aidait à poursuivre les combats, malgré une fatigue que je commençai à ressentir. Mes sens perdaient de leurs capacités, et je ne comptais bientôt plus que sur mon agilité face à mes derniers adversaires. Je dus interrompre soudainement le combat lorsqu'une flèche tiré par un des chasseurs visa de plein fouet mon œil et je m'effondrai sur le sol. Heureusement, grâce à ma diversion, le peuple d'Harfiel avait pu se préparer et il termina alors mon combat tandis que je m'ôtais la flèche de l'œil dans une douleur abominable qui me parut interminable.

Une fois le périmètre sécurisé, mon œil continuait de saigner à cause des chasseurs. Les tentatives d'Harfiel et Glaedya pour me soigner n'aboutirent à rien. Je me résolus donc à aller à l'infirmerie de l'Académie le plus discrètement possible. Je ne savais pas grand chose de l'infirmier, mis à part qu'il était marié avec son homme depuis des années et qu'ils avaient tous deux une fille, Lexie, qui rentrerait dans quelques années à l'Académie. Pour autant, je savais malgré tout qu'il avait de grandes qualités dans le soin et qu'il pourrait m'aider.

Il me fit m'allonger sur un lit et commença à ausculter mon œil. Je tâchai de ne pas penser à la douleur, même si cela était difficile. L'infirmier parut le percevoir et il me sourit d'un air compatissant.

⸻  Je me souviens d'un ancien copain trans à l'Académie qui voulait transitionner, me conta-t-il, j'étais trop inexpérimenté à l'époque pour pouvoir faire quoi que ce soit et je lui avais conseillé d'aller voir une sorcière chez les Topaze. Heureusement pour toi, je me suis amélioré depuis et, en plus, soigner la vision a toujours été ma plus grande spécialité. Tu seras à peu près rétablie en sortant d'ici !

⸻  Tant mieux, murmurai-je du mieux que je le pouvais à cause de la douleur

⸻  Par contre, je crains que la flèche, car je suppose que ta blessure provient d'une flèche, n'ait atteint ta rétine et ton nerf optique...

⸻  Et donc ?

⸻  Et donc tu ne verras plus de cet œil, conclut-il, mais d'après ce que je sais de toi, cela ne devrait pas trop t'affecter.

Perdre un sens, c'était devenir complètement incapable de faire face au danger, être complètement démuni. Akwah Echoelys l'avait formulé ainsi suite à la perte d'une partie de son audition dans une bataille contre les soldats de l'Ombre. Bien entendu, à l'époque, je ne parvenais pas à poser de mots sur ce que je ressentais. J'avais toujours été incapable de définir ce que je ressentais vraiment lorsque je ne combattais pas.

Les soins de l'infirmier furent longs et difficiles mais je ne m'en plaignais pas. Il ne me posa aucune question et se contenta de faire son travail. Je lui en étais reconnaissant mais je pris vite conscience que je devrais trouver un bon mensonge pour expliquer ma blessure.

Lorsqu'il eut terminé, il me montra mon visage. Peu de choses avaient changé, si ce n'était qu'un de mes yeux était à présent blanc, dénué de toutes émotions et de toute vie également. Il me posa un bandeau sur le visage pour protéger l'œil des rayons du soleil. Il m'annonça que je devrais passer une fois par jour pour les soins et qu'au fur et à mesure du temps, ceux-ci seraient moins fréquents et moins importants car mon œil finirait par être habitué et donc moins en danger face à l'exposition ou la baisse d'intérêt. Je le remerciai et allai en salle des professeurs, sans trop savoir l'excuse que j'allais inventée. 

⸻  Je ne vais pas te demander où tu t'es encore fourrée, déclara M. Weem en me voyant entrer avec mon bandeau sur le visage

Il ne manquait plus que lui, l'homme le plus observateur de toute l'Académie. Si je mentais, il le percevrait très rapidement, je n'en doutais pas. Mais je n'avais pas d'autre choix, il fallait tenter.

⸻  Cela ne te regarde pas, remarquai-je piquée au vif, et puis je suis professeure de combat, il n'est pas surprenant que je me blesse, non ?

⸻  Les souverains ont interdit depuis quelques années que les cours soient violents,  constata-t-il, ton cas semble désobéir à cette règle. Je suppose que tu ne répondras pas et c'est ton choix Ika Amilaï. Evite juste de refuser l'aide qu'on t'offre, cela pourrait t'être fatal.

Je voulus lui répliquer que j'acceptais tout forme d'aide mais il était déjà parti. Quelques professeurs dont Gwyn Miin et Mlle Violette corrigeaient des évaluations. Je croisai le regard de Mlle Violette qui le détourna aussitôt. Je compris alors qu'elle se doutait fortement d'où provenait ma blessure. Je me mis aux côtés de Gwyn et nous commençâmes à discuter. La professeure de sciences naturelles finit par se lever en silence sans me quitter des yeux et à quitter la salle sans dire un mot. Visiblement Gwyn ne le perçut pas, ou n'y prêta pas d'importance.

Elle termina ses corrections et me donna un morceau de papier.

⸻  C'est de la part de M. Weem, il m'a demandé de te le donner.

Elle ne dit rien d'autre, rangea ses affaires, et dut partir pour aller en cours. Je dépliai le papier et lus qu'il y était seulement écrit quatre mots :

"Fais attention à toi"

Je froissai le papier et le jetai à la poubelle. La sonnerie retentit et je dus aller donner cours à des élèves de troisième année. Plusieurs m'interrogèrent entre divers exercices à propos de mon œil. Je ne répondis à aucune de leurs questions. Bientôt, j'appris à vivre avec, du mieux que je le pouvais.

Je n'étais pas retournée dans la forêt avant quelques temps. Je constatai que Mlle Violette ne s'y rendait plus non plus. De toute évidence, elle le savait, et elle l'avait toujours su. Elle avait aisément deviné d'où provenait ma blessure mais elle n'avait rien dit. Parfois, je ne parvenais pas à la cerner. Avec le reste de mes collègues, tout se passait bien. Je les appréciais énormément, et je le remarquai seulement lorsqu'ils me témoignèrent tous leur sympathie à propos de mon œil, sans se soucier d'en connaître la provenance. 

Avec M. Weem, c'était encore compliqué. Notre relation avait toujours été particulière. Nous n'avions jamais été amis, mais plus que des collègues. Je trouvais parfois des sentiments ambigus à l'intérieur de moi-même, sans réellement les comprendre. Mais ceux-ci furent rapidement remplacés par un vide immense, celui de l'absence de Glaedya.

Un soir, je me résolus à quitter l'Académie pour aller la voir. En raison de la découverte d'une relation entre deux filles de deux pierres différentes survenue quelques jours plus tôt, les surveillances étaient optimales. La directrice avait toujours été intransigeante sur le règlement, même pour nous. J'avais réussi à lui mentir quant à mon œil aveugle, je n'eus jamais la certitude qu'elle m'avait cru. De toute manière, rien n'y personne ne pourrait m'empêcher d'aller voir Glaedya. 

J'allai dans les couleurs silencieusement et je m'approchai de la porte principale, évidemment fermée à clef. Je ne savais par où passer quand soudainement, je me retournai et vis Mlle Violette derrière moi.

⸻  Si tu veux sortir, passe par ma salle, me chuchota-t-elle, elle est ouverte sur l'extérieur.

⸻  Pourquoi m'aiderais-tu ? Que gagnerais-tu à désobéir au règlement ?

⸻  Moi ? Rien mais cela ne t'échappera pas, constata Mlle Violette, disons qu'entre membres d'une même espèce, on doit s'entraider n'est-ce pas ? C'est une offre que je te fais, libre à toi de l'accepter ou non.

Je réfléchissais vite. Je n'avais pas le choix mais en même temps, elle cachait tellement de choses que je ne parvenais pas à la croire parfaitement.

⸻  Pourquoi vas-tu dans la forêt ? demandai-je

Elle se raidit.

⸻  Cela me concerne, moi et moi seule, fit-elle d'un ton glacial

Avant que je ne puisse ajouter quoi que ce soit, elle s'était volatilisée. Je décidai tout de même de passer par sa salle comme elle me l'avait proposée, et je pus rejoindre la forêt. Je retrouvai Glaedya et ce fut l'un de mes derniers souvenirs avec elle.

Les autres évènements s'enchaînèrent vite dans ma tête tandis que je me rattachai le collier de perles autour de mon cou. Les soldats de l'Ombre, la trahison de Mlle Violette, la nouvelle de la mort de Glaedya, ma relation avec M. Weem, mes années d'enseignement....  Une vie humaine est si complète et si vide en même temps. 

Je repensais souvent à la définition de l'amitié. Celle qui avaient uni les mouvements de résistance, celle qui reliait les enfants de l'Ombre, Poppy Castelles-Glingal, les jumeaux Pyrite et Onyx et enfin celle de moi et Glaedya. C'était l'une des plus belles choses qu'un être pouvait vivre. 

Je rangeai mes affaires et jetai, de ma fenêtre, un regard vers la forêt. Consciente que mes muscles n'étaient plus aussi agiles qu'avant, je me mis tout de même à marcher jusqu'au JoliBois. Instinctivement, je protégeai mon œil aveugle du soleil, comme je le faisais au début, il y a fort fort longtemps. Je me promenai au plein cœur des bois et j'atteignis finalement l'endroit que je recherchai.

Le peuple d'Harfiel avait diminué de quelques membres depuis la dernière fois que j'étais venue, avant la mort de Glaedya. Je reconnaissais chaque parcelle de ce lieu. Harfiel, qui n'avait pas changé, vient à ma rencontre.

⸻  Ika, tu as vieilli depuis la dernière fois. J'aurais aimé avoir un tel privilège.

Je ris légèrement. Mes muscles me faisaient mal, ma peau s'effritait. Mes sens ne fonctionnaient plus très bien. Mais d'une certaine manière, je le comprenais.

⸻  J'imagine que cela doit être particulier de ne jamais sentir la mort arriver, dis-je en le regardant, quand on a mon âge, on se demande constamment si la nuit que l'on va passer sera la dernière. Parfois, je suis surprise de me réveiller le lendemain et d'être toujours là.

Il sourit tristement.

⸻  Tu me manqueras, quand tu partiras. Comme tous les autres. 

Je lui souriais, les larmes aux yeux. J'eus la force de prendre mon collier de perles dans mes doigts et de le contempler un instant. Je le revis comme pour la première fois.

⸻  Nous nous reverrons dans une autre vie, j'en suis convaincue, ou du moins je l'espère. J'aimerais dire à Glaedya que j'ai toujours son collier, et que je ne le quitterai plus jamais.

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