Une nuit glaciale partie 1
La neige tombait abondamment sur Iméo, une tempête même avait envahi cette région de la planète Elkin, néanmoins Darcy s'y était quand même rendue. Son ami Lavrin traversait une épreuve qu'il ne pouvait ignorer. Mais s'y rendre fut aussi une épreuve.
Son vaisseau put voler jusqu'à un satellite de la planète, qu'il atteignit ensuite grâce à une immense navette plus résistante. Une fois à la capitale il rejoignit l'habitation de son ami emmitouflé dans une combinaison, par la voie terrestre, grâce à un tank, ce véhicule qui ressemblait à celui du même nom d'une époque lointaine qui servait alors à la guerre. Le véhicule dans lequel Darcy circula lui n'avait aucune visée offensive, il n'y avait aucune arme, plus de canon, il protégeait uniquement du froid et pouvait affronter n'importe quel terrain et n'importe quelle température. Mais il était lent, très lent même pour Darcy qui avait l'habitude de traverser des années lumières en quelques minutes. Enfin on le déposa à la ville où vivait son ami. Du moins cela ressemblait peu à une ville, les différentes habitations étaient assez éloignées les unes des autres, les commerces quasi inexistants, mais dans le langage actuel aucun autre mot n'existait.
Et Darcy lui-même, qui affrontait le froid et la neige pour rejoindre son ami, fut frappé de stupeur. Il était habitué aux villes modernes : mégalopoles, gigalopoles et villes-planètes qui peuplaient la galaxie sururbanisée où les campagnes étaient des endroits rares et quasi désert quel que soit la planète ou le système. Pourtant ici il régnait un tel silence, une telle tranquillité. La nature et l'homme semblait vivre en harmonie, pas un ne semblait dominer l'autre. Cela le mettait mal à l'aise lui qui n'avait jamais connu ça, mais il comprit que Lavrin put aimer un tel endroit.
Sa maison était à l'écart des autres. Sans doute après la vie qu'il avait menée préférait-il vivre dans un quasi-isolement. Comme toutes les maisons de la région, c'était une grande maison en forme de dôme, recouverte d'une épaisse neige blanche, masquant même en partie les fenêtres ovales qui laisser entreluire une lumière jaunâtre. La fumée qui s'échappait de la cheminée sur le toit réconfortait Darcy qui rêvait de chaleur. Il sonna et attendit en tapotant de ses lourdes chaussures le sol poudreux qui épousait la forme de ses pas.
Avec mélancolie Darcy nota qu'il n'avait plus l'habitude de ces phénomènes naturels. Il n'y avait plus de neige, plus de pluie, plus de soleil caressant, plus de vent qui soufflait dans les villes qu'il visitait. Les saisons n'existaient plus, la nature non plus, parfois il y faisait une chaleur de plomb pour les planètes terraformées les premières mais sur les autres le temps était normal, ni trop chaud, ni trop froid, juste parfait. Pourtant dans son enfance il avait connu tout cela, le soleil qui revenait après deux saisons d'absence appelant les moments de détente, les jours de pluie où on passait l'ennui du mieux que l'on pouvait, le vent qui faisait danser la nature et la neige dans laquelle on se ruait pour jouer. Aujourd'hui combien d'enfants auraient cette chance ? Combien de planète encore avait la chance de connaître cela ? Petit à petit elles s'uniformisaient toutes.
La porte s'ouvrit sur son ami. Darcy fut surpris de le trouver vêtu proprement, sobre. Il avait certes une lueur sombre dans les yeux et des cheveux auburn en bataille mais le visiteur s'attendait à le trouver abattu au point de ne pas pouvoir bouger du fauteuil.
— Darcy ? Qu'est-ce que tu fais ici ?
— Je meurs de froid en attendant que mon ami ne m'invite à rentrer ?
— Oui entre ! Mais avoue que c'est surprenant ! On ne s'est pas vu depuis...
Darcy entra et ne répondit pas plus que son camarade. Lui aussi était incapable de se rappeler, vivre dans l'espace faisait perdre la notion du temps.
— Peu importe je suis là maintenant ! rétorqua-t-il en suivant son ami dans un couloir blanc.
Il déboucha sur une pièce ronde, un peu basse de plafond par rapport aux maisons habituelles mais dans laquelle la plupart des hommes pouvaient se tenir, aux murs immaculés et recouverte en partie d'un gros tapis de fourrure synthétique blanche. Elle était peu meublée, deux fauteuils confortables face à la cheminé dont un dans lequel s'affala Lavrin, une table et quelques chaises design sous une fenêtre, un lit deux places avec juste un traversin et une grosse couette couleur ivoire semblant confortable s'étendait sous l'autre, à l'opposé de la pièce. Quelques étagères étaient recouvertes de livres et objets récoltés un peu partout dans la galaxie et un placard au-dessus d'un coin cuisine devait renfermer de la vaisselle et un peu de nourriture.
— Eh bien c'est pas mal chez toi !
Cela semblait être confortable en tout cas et était plus grand et plus personnel que la plupart des chambres qu'il avait connu. Il défit sa combinaison qu'il accrocha à des crochets prévus à cet effet aux-côtés de la porte.
— Oui. Je n'ai pas grand-chose à te proposer. Si j'avais su que tu venais...
— Ce n'est pas grave. Si tu as à manger et un coin où faire un brin de toilette c'est déjà du luxe.
Son ami sourit.
— Ne t'en fais pas ! Il y a une salle de bain derrière un de ces murs. Ainsi qu'une penderie et des placards, c'est une maison très pratique au fond. Je ne pourrais pas revenir à la vie d'avant je crois. J'aime trop mon confort.
S'asseyant dans l'autre fauteuil Darcy ne put qu'acquiescer. Sans doute que lui aussi, si un jour il arrêtait tout, il ne pourrait reprendre.
— Comment ça va ? demanda-t-il avec douceur.
Il allait bien falloir aborder un jour le sujet, il était venu exprès pour cela. Néanmoins le masque de son ami tomba, dévoilant un visage ravagé par le chagrin. Les flammes de la cheminé s'y reflétant cela donnait un tableau inquiétant.
— Comment veux-tu que ça aille ? Melinda est morte ! On l'a assassiné ! Et je ne sais même pas qui et pourquoi ? Pour quelle raison on me l'a enlevé, elle qui était un ange ? Quel salaud m'a arraché ma fiancée alors qu'on commençait à être heureux ? Je suis malheureux, désespéré, révolté ! Voilà comment je vais !
— Ça ne te la ramènera pas et n'apaisera pas ce que tu ressens, mais je veux te dire que j'ai de la peine. Melinda était une femme merveilleuse qui ne méritait pas cela et que j'appréciais. Sache en tout cas que je suis là pour toi.
— Merci Darcy ! C'est gentil d'avoir traversé la galaxie pour moi, je me sens un peu moins seul peut-être. C'est difficile à dire tant je suis embourbé dans le chagrin. Mais je vais me venger Darcy. Je vais retrouver le coupable et le faire souffrir ! Je comptais partir avant que tu ne viennes.
— Mais tu as une idée du coupable ?
— Non. Mais Melinda a été assassinée dans un endroit quasi désert. Peu de gens se rendent là-bas. Je vais y aller et je trouverais le responsable.
Darcy perdit son regard dans les flammes. Comment dire que c'était une mauvaise idée, qu'il ne trouverait probablement rien ?
— Ce n'est pas un plan très solide !
— On en a déjà suivi des pires.
— C'est vrai, reconnut-il avec un sourire. Laisse-moi au moins venir alors !
Il n'abandonnerait pas son ami dehors dans la tempête poursuivant une chimère juste pour soulager son chagrin. Non il resterait près de lui et le raisonnerait quand il serait plus à l'écoute.
— Dans ce cas partons tout de suite !
*
Ils avançaient en silence, dans l'obscurité et la neige, deux silhouettes emmitouflés intruses dans cette bataille entre le blanc et le noir. Darcy suivait son ami, glacé, mais luttant contre le froid par fraternité. Néanmoins il trouvait l'endroit inquiétant, pas un signe d'habitation, de présence même, qu'elle soit humaine ou animal, pas un son, rien, juste du vide. Ce n'était pas normal.
— Regarde ! souffla Lavrin.
Ils étaient arrivés à une butte, mais à ses pieds la neige et le laser violet portable dans sa main avaient dévoilé ce qui semblait être des marches. Se pouvait-il que la chance soit avec eux et que la mission aboutisse ? Peu importe, s'ils n'étaient pas au moins témoin ils avaient un toit chaud !
— Descendons !
Les dernières marches n'étaient même pas couvertes de neige, à l'abri de la butte, et donnait sur une trappe. Les deux hommes échangèrent un regard surpris et l'ouvrirent sans trop de difficultés. Une vive lumière électrique en jaillit qui leur permit d'observer d'autres marches assez usées, en bêton.
— C'est très... Vieux ! commenta Lavren
— On dirait un abri antiatomique, approuva Darcy.
On en faisait plus depuis des siècles. Plus personne ne craignait vraiment la menace atomique depuis qu'elle avait été surutilisé durant une guerre immense, détruisant le monde d'origine. À la suite de cela on avait cessé d'en fabriquer, tous ceux qui connaissaient la formule avait été assassinés mystérieusement et les livres l'évoquant tous détruits. Alors c'était effectivement très vieux.
Une petite fille et une naine et à la tête à la forme bien trop longe et au front trop bombé monta les marches vers eux. La première s'écria alors :
— Mais c'est mon fiancé ! s'exclama-t-elle.
Les deux hommes échangèrent un regard et se retinrent de rire. Ils avaient connu d'étranges situations mais jamais ils n'auraient accepté une demande en mariage d'une enfant.
— Pardon ?
— Lavren va m'épouser, c'est papa qui l'a dit !
— Comment connais-tu mon nom ? interrogea-t-il avec méfiance.
— Tu es mon fiancé !
— Non ma fiancée s'appelait Melinda et elle est morte ! C'était une femme qui ne te ressemblait en rien, rétorqua-t-il sèchement.
Darcy allait intervenir mais aussitôt un homme immense débarqua, extrêmement poilus, il semblait plus proche du gorille par son gigantisme et sa pilosité qu'à un homme.
— Aurions-nous de la visite ? Vous êtes égarés messieurs ?
— Pas vraiment, nous cherchons des réponses.
— Peu m'importe ! Par ce temps je ne vous laisserais pas dehors.
Ils entrèrent observant autour d'eux avec méfiance. L'endroit ressembler vraiment à un abri antiatomique d'époque : ses murs en bêton ultra épais, les chambres hermétiques encastrées dans les murs, beaucoup de tuyauterie permettant de filtrer l'air.
— C'est un drôle d'endroit où vivre ? commenta Darcy.
— On y est plus en sécurité qu'ailleurs. Et ici personne ne nous voit et ne peut donc nous détruire.
Effectivement aussi près du noyau, la planète-capitale, il était mal venu d'être différent. Le gouvernement exterminait les impurs, les humains issus d'étranges expériences et autres hybridations mais aussi les différents peuples extraterrestres qu'ils avaient pu croiser au cours de la conquête de la galaxie, et leurs descendants.
Makar, l'homme, leur servit une boisson chaude, tandis que Lavrin les interrogeait sur Melinda. Darcy commença à sentir sa tête qui tournait, ses paupières se faisaient lourdes, sa vision trouble, il voulait crier mais sa langue semblait pâteuse et paralysée brusquement. Il s'effondra et atterrit à l'endroit obscur où se rendent tous les esprits inconscients.
Voilà de nouvelles aventures de Darcy (comme on m'en avait demandé) qui comme la première fois viennent directement d'un rêve. Le texte étant très long (7 pages word) je l'ai coupé en 2.
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