Il y a des siècles de cela, en Arcadie, vivait un jeune garçon appelé Thoas. C'était un jeune homme au grand cœur à l'avenir prometteur. Un jour qu'il emmenait paitre les bêtes de son père il tomba sur une petite créature reptilienne, le corps replié sur lui-même poussant de petits gémissements. Le jeune garçon sentit son cœur fondre devant ce petit animal et le prit dans ses bras. Il le ramena avec lui dans son foyer, lui fabriquant un lit de fortune avec de la laine et des couvertures, lui offrit de la nourriture et de l'eau dans une coupe et ils passèrent la soirée devant la chaleur de la cheminée, la bête sur les genoux du jeune homme qui lui caressait la tête.

Le dragon, car s'en était un, devint inséparable de Thoas qui l'emmena partout avec lui et en prenait le plus grand soin, lui offrait nourriture, boisson et surtout de l'amour. Le jeune homme aimait parler à la créature tard dans la soirée, lui raconter ses inquiétudes et préoccupations. Il avait trouvé en ce bébé dragon un ami.

Malheureusement la créature gagnait en taille très rapidement. Elle était devenue rapidement plus grande qu'un homme et il devenait difficile de la faire entrer dans la maison tout entière, mais Thoas ne pouvait se résoudre à la laisser dehors.

Néanmoins un soir son père l'appela à table la mine sévère.

— Mon garçon on ne peut plus garder le dragon.

— Mais père ! Vous n'y pensez pas !

— Il est trop grand ! Mange trop ! On a plus les moyens de le garder.

— Mais il fait partie de la famille ! Je l'ai élevé et aimé père !

— Je sais. Et ça ne me fait pas plaisir. Mais ouvre les yeux ! Il ne peut être heureux chez nous. Dehors il sera libre, heureux, pourra peut-être trouver des créatures de son espèce avec qui il serait plus heureux.

Le jeune homme, la mine basse, hocha la tête. Cela lui fendait le cœur, mais quel autre choix avait-il ? Le lendemain son père l'emmena à jamais loin de lui. Thoas lui offrit de dernières caresses les larmes plein les yeux.

— C'est pour ton bien ! On ne peut plus t'accueillir ici. Mais je t'aimerais toujours !

Se blottissant contre son dragon il laissa une larme lui échapper. Puis il regarda son père partir avec celui qui avait été son ami.

— Tu me manqueras ! chuchota-t-il alors qu'il disparaissait à l'horizon.

Son père partit jusqu'au désert l'abandonner. Quand il vit le vieil homme le relâcher et partir le dragon lui courut après, voulant rester avec ceux qui étaient sa famille. Mais l'homme lui fit signe de ne pas bouger.

— Reste-là voyons ! Il n'y a plus rien pour toi là-bas ! rouspéta l'homme.

L'animal lui obéit, comme il l'avait toujours fait, mais il l'appela longtemps à petit cris désespéré lui qui était encore un dragonneau. Mais l'homme ne retourna pas le chercher. Il continua son chemin, la mine basse, déchiré par ses appels mais ne revint pas sur sa décision.

Et les années passèrent. Chacun fit sa vie de son côté. Thoas devint un brave homme et le dragonneau un dragon énorme qui se fit à son nouvel habitat, mais aucun n'oublia l'autre. Un jour Thoas dû passer par ce même désert pour ses affaires, il ignorait que son ami se trouvait si près de lui, il n'y pensa même pas, préoccupé par les pillards qui parait-il se trouvait ici. Il avait tout à fait raison. Une cinquantaine d'homme surgirent de nulle part et l'encerclèrent armes à la main :

— Donne-nous tout ce que tu as et tu pourras peut-être repartir en un seul morceau ! ordonna celui qui devait être leur chef.

Il chercha une échappatoire mais il était entouré.

— Je vous en prie. Je n'ai rien de valeur ! Et tout ce que j'ai j'en ai besoin pour survivre !

— Tais-toi et obéis !

Néanmoins il tenta de s'enfuir mais il tomba dans les bras d'un homme qui le frappa en pleine face.

— On t'a dit d'obéir !

Il n'eut pas le choix et appela à l'aide, espérant ne pas être seul. Les brigands se moquèrent de lui en le ligotant et promirent de le laisser ainsi mourir de soif dans ce désert pour avoir voulu se rebeller.

Le dragon n'était pas à côtés mais n'avait pas quitté le désert. Il avait néanmoins une excellente ouïe qui lui fit entendre les appels à l'aide. D'habitude il ignorait les hommes, son abandon était encore une blessure douloureuse. Mais il reconnut Thoas. Et courut à toute vitesse à son secours.

Les pillards à sa vue furent pris de panique et coururent en tous sens pour lui échapper. Mais la créature était bien plus rapide et tordit le coup à tous ceux qui s'en était pris à son ami avant de le libérer. Thoas lui n'en avait pas cru ses yeux. Il se releva toujours aussi incrédule. Il tendit la main vers la bête, le cœur débordant de joie :

— C'est toi ?

Le dragon aurait voulu répondre par un de ses meuglements de bébé mais ce fut un rugissement qui sortit de sa gorge. Il se frotta néanmoins contre la main qui l'avait nourri et aimé. Thoas pleurant à chaude larme sauta au cou de son dragon.

— Tu m'as tellement manqué.

La créature ne savait parler, mais si elle avait pu, elle aurait répondu qu'elle aussi.

Cette histoire n'est pas de moi. Du moins pas vraiment. Elle était évoqué dans ses grandes lignes dans un livre sur les dragons que je possède, tiré de l'histoire naturelle de Pline l'ancien. Je l'ai trouvé très joli et ait donc décidé de l'écrire, rajoutant des détails que je n'avais pas vraiment et je l'ai fait les larmes aux yeux je le confesse (que je suis émotive !) C'est donc une réécriture si on veut, le texte lui étant 100% mien.  J'espère que ça vous a plu autant qu'à moi.