Le phare des âmes perdues
— Pourquoi un tel détour ? On peut très bien passer par le détroit de Santos.
Son collègue lui montra alors un point sur la carte.
— Le phare des âmes perdues, lut-il. Jamais entendu parler. Bien que je conçoive que le nom n'est guère positif.
— C'est un phare hanté.
— Hanté, s'esclaffa-t-il.
— Oui personne de vivant ne garde ce phare. On dit qu'un ancien gardien y a est mort abandonné. Depuis il veille dessus.
— Des contes pour effrayer les enfants !
— Ce n'est que le début de l'histoire. Depuis sa mort le phare serait encore actif mais il ne guide pas les bateaux. Quand il est allumé c'est toutes les âmes trépassés égarées sur terre qui s'y rendent, attirées comme des papillons par une lumière.
— Des on dit donc. Rien de prouver.
— On ne peut pas passer par là, les fantômes...
Il en avait assez entendu le jour-là. Il avait pris le détroit. Et le voilà devant le phare. Il paraissait en effet abandonné.
— Immobilisez le bateau ! ordonna-t-il.
— Vraiment ?
— Oui on repartira demain matin.
Des regards et des murmures furent échangés par l'équipage inquiet, se préoccupant de sa santé d'esprit. Mais il voulait voir par lui-même. Constater de ses yeux si ce conte de bonne femme avait un fond de vérité. Les hommes s'enfermèrent dans les cales du bateau pour se mettre en sécurité et lui guetta des heures durant.
Il était épuisé, somnola ou peut-être même s'endormi quand il fut tirée de son réveil par une lumière. Lumière venue du phare. Alors immédiatement des milliers de silhouettes translucides apparurent tout autour. D'autres apparurent au fur et à mesures. Toutes volèrent autour de la lumière du phare. Phare auquel se tenait un autre fantôme, celui d'un vieil homme. Tous poussaient des cris plaintifs en valsant autour de la flamme, créant un chant des plus malheureux.
Combien de temps resta-t-il captivé, son regard accroché à ces spectres, pleurant leur vie ? Il ne sut le dire. La peur et la fascination le gardait attentif. Ils ne le virent pas ou en tout cas l'ignorèrent. Certes naviguait autour de toutes ces silhouette aurait été des plus ardus mais il ne perçut aucun autre danger d'elle-même. Juste le désespoir.
Pus la lumière s'éteignit, il perçut encore les silhouette sous les reflets de la grande gibbeuse avant qu'ils s'évaporent ou ne partent en tous sens donna un final grandiose à ce ballet.
Au petit matin l'équipage affirma avoir entendu les cris, il partit néanmoins explorer le phare et ne vit rien ni personne. Il repartit leur chant désespéré tournant en boucle dans sa tête. Il raconta cette expérience à son ami d'enfance le plus proche qui refusa d'y croire.
— Tu t'es endormi voyons ! Et tu as rêvé. Comment peux-tu y croire ?
— Mes hommes ont entendus aussi.
— Le vent, la mer, leur esprit disposé y a entendu des spectres là où il n'y avait que des phénomènes naturels.
Pouvait-il dire vrai ? Rêvassait-il à quelque chose qui ne s'était pas passé ? Pourtant il était sûr de ce qu'il avait vu. Lui qui avait refusé d'y croire se trouvait dans la position inverse.
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