Coline était une jeune fille espiègle qui comme tous les matins se rendait à la faculté en chantonnant, de la musique au fond des oreilles venant de son casque vissait sur sa tête. Elle ignorait que ce jour serait un jour tragique. Que cet instant, son dernier instant de bonheur.

Toi Kenny tu te sens un peu grincheux ce matin ! Tu n'aimes pas te lever tôt. Mais ta mère a insisté pour que tu la déposes. En bon fils tu t'es acquitté de ta tâche mais maintenant tu ne veux plus qu'une chose : rentrer et retrouver ton lit. Alors tu roules un peu au-dessus des limitations, tu connais le trajet par cœur de toute façon, et il n'y a pas de radars puis la police ne se lève sans doute pas aussi tôt.

Coline traverse la route, elle a jeté un regard avant bien sûr et n'a pas aperçu de voiture. Malheureusement elle n'attendra jamais le trottoir d'en face. Parce que tu arrives trop vite dans la rue, que l'esprit encore endormi tu ne l'aperçois pas tout de suite. Tu klaxonnes, mais elle ne semble pas t'entendre. Tu freines mais ne peux rien faire que tenter de l'éviter. En vain.

Elle n'a rien entendu, le casque la coupant du bruit. Elle n'a rien vu venir. Juste quand c'était trop tard, que la voiture la propulsait déjà au sol où elle se vide de son sang, où elle souffre. Elle a perdu l'envie de chanter, elle a juste envie de pleurer et crier. Mais son corps le lui interdit. Elle ne peut bouger, elle ne peut parler. Elle peut juste souffrir toujours plus. Elle ignorait même que l'on pouvait avoir si mal.

Toi tu as tout tenté. Tu as tenté de l'éviter en tournant le volant. Tu t'es pris un poteau et l'a touché quand même. Dans le rétroviseur tu la vois sur le sol, la flaque de sang qui s'étale sous son corps devenu difforme. Ce n'est pas possible ! Tu ne peux pas avoir fais ça ! C'est juste un mauvais rêve. Toi tu es quelqu'un de bien, pas un chauffard qui écrase une piétonne.

Peut-être que tu devrais sortir. Peut-être que tu peux encore l'aider. Mais tu es paralysé, comme collé à ton siège. Bon sang elle n'aurait pas dû être là ! Tu n'aurais pas dû être là ! Vous méritiez tous les deux de vivre une vie heureuse et paisible.

Tu entends les sirènes de l'ambulance et te surprends à lancer une prière à l'univers pour que cette fille vive. Tu ne la vois bientôt plus, le camion et les urgentistes la cachant à ton regard. Tu ne sais pas quoi faire. Tu devrais te signaler, crier que c'est ta faute peut-être. Mais tu n'y arrives pas. Ta vie est finie désormais.

Coline, elle, vit toujours. Elle a l'impression d'être à peine là mais comprends qu'il y a des médecins autour d'elle. Quelques termes médicaux parviennent à passer la brume de son cerveaux et se faufiler un chemin jusqu'à ses oreilles. Cela ne lui dit rien de bon. Ils la mettent sur un brancard, la transporte dans l'ambulance. Elle ne sait même plus si elle veut rester en vie. Il y a tant de choses qu'elle aimerait faire encore certes, mais la douleur est si insupportable et puis elle a bien compris que si elle s'en sort elle ne sera plus jamais la même. Il n'y a plus aucune joie chez Coline, et la seule musique qui résonne à ses oreilles c'est cette funeste sentence dont elle risque d'écoper : handicap moteur.

Ce texte est une autre version de l'accident. Texte écrit pour le ManoirVanderPad, dont la consigne consistait en un texte à 2 points de vue. Merci à  coco6274 qui a gentiment accepté de me prêter son prénom alors que j'étais en recherche d'un même si c'est pour connaître un si triste sort <3