Coucher de soleil
Le lapin est prêt à quitter son terrier, le lynx attend de pouvoir passer à l'action car après sa longue course le char d'Apollon en voit la fin tandis que Ré se transforme en un vieillard, devenant peu à peu Atoum. Pas à pas le soleil a commencé à chuter et il n'est plus qu'une fine ligne couleur vermeil à l'horizon drapant de ton orangé et rouge la mer, les campagnes, le sol. Déjà les montagnes, déjà les forêts le cachent complètements. Il bascule derrière les maisons pleines de vie, derrière les vertes collines et les vignobles aux bonnes odeurs de raisins.
Il brille de toutes ses forces une dernière fois, donnant toute sa puissance sur ces derniers instants. Comme pour un adieu en beauté. Comme pour qu'on ne l'oublie pas durant son absence. De ses doigts il caresse une dernière fois le monde qu'il délaisse pour un autre. Il tente de s'y agripper aussi. Une partie de lui se sent infidèle. Une autre a envie de plonger de l'autre côté et saluer timidement d'abord ses autres protégés.
Avec douceur il descend et tombe encore. Contemple une dernière fois le monde sur lequel il aime tant veiller, qu'il aime tant de ses rayons réchauffer. Pourquoi ne peut-il pas donner son amour au monde tout entier en même temps ? Pourquoi ne peut-il pas rester immobile tout en haut du ciel ?
Il voudrait crier mais il ne peut que continuer de chuter. De chuter vers l'autre côté du globe. Poussé par ce lourd poids qu'est la nuit, qui veut entrer en scène et dévoiler au monde sa timide fille d'argent, plongeant le monde entre chien et loup. La barque de Ré bascule dans le royaume des morts. Le char d'Hélios est rentré en son palais. Et dans un long cri que l'on appelle le crépuscule le soleil s'en va et dit adieu à ce monde qu'il chérit malgré tout.
Le nénuphar dans son étang se ferme. La belle de nuit dans les jardins s'ouvre. Et alors que la lune se montre, que la nuit étouffe de sa cape sombre les dernières couleurs de l'astre diurne c'est un autre monde qui se dévoile. Un monde où brillent mille petites lumières dans le ciel, un monde que contemple le chouette et le hibou, que chantent le crapaud et le grillon, et que le blaireau parcours de ses courtes pattes hésitantes tandis que la chauve-souris d'un vol furieux quitte sa caverne.
Tout n'est qu'ombre. Tout n'est qu'obscurité. Le monde s'est enveloppé dans les couleurs du deuil et ceux qui ont passés leur journée sous le regard bienveillant du soleil se préparent eux aussi à quitter ce monde pour celui si mystérieux des rêves. Ce monde que ni la lune, ni le soleil ne connaîtront jamais.
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