Les yeux verts - chapitre 1
Salut !
Si tu lis "Un jour dans ma tête", je t'ai parlé un jour d'une idée que j'avais depuis quelques temps. Je t'ai ensuite dis que j'avais commencé à l'écrire. Et aujourd'hui, je me suis rendue compte que cette nouvelle risquait d'être assez longue.
J'ai donc décider de la scinder. Je pense qu'elle devrait faire 3 chapitres.
Je sais, tu vas devoir attendre entre chaque chapitre, mais je te promets d'écrire aussi vite que je pourrais.
En attendant, je te laisse avec cette première partie, en espérant qu'elle te plaira.
Kiss !!
----------
La vie dans les camps de concentration est proche de l'enfer, qu'on soit victime ou bourreau.
Moi, jeune SS, je suis un des bourreau, et la vie à Auschwitz me pèse terriblement. Voir tous ses gens innocents mourir à petit feu sous mes yeux, ça me plonge dans une dépression toujours plus sévère. J'en parlerai à mes supérieurs, je veux travailler dans un bureau, les documents ne souffrent pas quand on les signe.
Mais je n'ai pas toujours été aussi sentimental envers les prisonniers des camps. Avant j'étais comme mes collègues : violent, sadique, exécutant froidement le premier qui me regarderait de travers d'une balle dans la tête.
Avant... Avant elle.
Je n'ai jamais su comment elle s'appelait, ni elle ni personne ne me l'a jamais dit. Mais ce que je sais, c'est que je l'ai aimé, comme un fou.
Je l'ai rencontré sur l'Appelplatz, là où, matin et soir, les prisonniers sont appelés pour vérifier que personne ne s'est échappé. Les SS aimaient faire durer inutilement l'appel, surtout quand il faisait froid pour faire souffrir les prisonniers. Tous étaient recroquevillés, essayant de préserver un peu de chaleur de leur corps sous leur fin uniforme rayé, mais certains, dont elle, restaient stoïques, ignorant le froid bien que visiblement grelottants, le regard baissé comme demandé. Plus tard, en l'apercevant à nouveau se faire passer à tabac par un SS, j'ai remarqué qu'elle ne criait quasiment pas et se relevait instantanément et reprenait son travail où elle l'avait laissé. Quand on lui hurlait des ordres au visage, elle répondait un calme "Ja wohl" et s'exécutait sans broncher.
Ce genre de comportement agace les SS, qui sont là pour casser les prisonniers. Certains redoublaient donc de violence à son égard, pour la briser. Le défi était de lui tirer une larme. Et tout les moyens étaient bons pour y parvenir : la tabasser, la priver de nourriture, coller son arme derrière sa tête pendant qu'elle travaillait. Un de mes collègues a même tenté de la violer, sans aller jusqu'au bout car les relations avec les Juives sont interdites. Jamais elle n'a pleuré.
Elle m'agaçait aussi au début, et je jouais à ce jeu malsain comme mes collègues. Une nuit, je l'ai poussé au bas de sa paillasse pour la réveiller et l'obliger à aller vider le seau à excréments, bien loin d'être plein en plus, prétextant une odeur nauséabonde, alors que les baraquement SS sont loin de ceux des prisonniers. À aucun moment elle n'a protesté, et elle à fait ce que je lui ai demandé. Je l'ai giflé, totalement gratuitement, et l'ai sommée de retourner se coucher.
Un matin elle partait travailler avec les filles de sa baraque. Elle se tenait droite, le regard baissé comme à son habitude :
_Qui essaie ? Demanda un de mes collègues.
Je me portai volontaire. Je fondit sur elle, l'attrapai par le bras et l'entraînai derrière une baraque. Je la jetai contre le mur et la menaçait avec mon arme. Elle ne bougea pas, les yeux toujours au sol :
_Regarde-moi ! Lui ordonnai-je.
Elle obéit. Elle avait les yeux d'un vert perçant, un regard vif, fixe, pénétrant. Elle ne quittait pas mes pupilles.
J'eus du mal à soutenir son regard, car il fit naître en moi un sentiment d'une puissance indéfinissable, qui irradia tout mon être d'une chaleur étrange et agréable.
J'observai le reste de son corps : amaigrie, échevelée, sale, et pourtant elle me parut si attirante. On devinait un reste de poitrine sous son uniforme, ses mains grandes et fines tremblant un peu sous le froid et peut-être la peur, sa bouche, ses lèvres bleuies par le gel, son visage encore marqué des coups de mes collègues... Et ses yeux, ses yeux !
Comme emporté par une fièvre, je rangeai mon arme et me collai à elle, plaçant mes mains de part et d'autre d'elle pour ne pas qu'elle s'échappe. On se contempla encore un moment, elle devait sûrement penser que j'allais la violer. Et, le plus doucement et le plus délicatement du monde, je posai mes lèvres sur les siennes.
Les premières secondes, elle resta stoïque. Puis elle commença à essayer de me repousser, mais je la pris dans mes bras, tentant de lui faire comprendre que ce n'était plus un jeu. Mais elle continuait de se débattre de plus en plus fort. Je sentis alors soudain une goutte sur ma joue, puis deux, puis trois : elle pleurait.
Je la relâchai immédiatement quand je m'en rendis compte. Elle me regarda encore une seconde avant de s'enfuir à toute allure vers son groupe.
J'essuyai mon visage, rajustai mon uniforme et retrouvai mes collègues. Ils hurlaient comme des bêtes : "Il a réussi !", " Il a fait pleurer la pute juive !", "Une bouteille de Schnaps pour notre gagnant !"
Je devrais être fier, je ne le suis pas. Je ne voulais plus la faire pleurer.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro