
Game is life
***Petite note de l'auteure***
J'ai écrit cette courte nouvelle il y a plusieurs mois, pour un concours, et je crois ne jamais l'avoir postée sur mon compte. Je suis retombée dessus par hasard et je me suis dit que ce serait du gâchis de la laisser prendre la poussière comme ça. Donc bon, elle date énormément, le style n'est plus exactement le même et la fin me déçoit un peu, mais peu importe. Bonne lecture !
***
Game is Life.
C'était une fille curieuse, vive, attentionnée, avec des reflexes et de l'intelligence. Elle s'était vite rendue compte qu'elle excellait dans plusieurs domaines, mais que ce qui l'intéressait, ce qui la faisait vraiment vibrer, ce qui donnait à ses yeux cette petite étincelle de vie, se résumait en deux mot : "jeux vidéos".
On ne pouvait pas dire qu'elle ne savait pas profiter du monde réel, ç'eut été des plus faux. Au contraire, comme elle le répétait à quiconque voulait bien l'écouter, elle n'avait pas choisi les jeux vidéos car elle n'avait pas de vie, mais bien parce qu'elle en voulait plusieurs.
Sa vision des choses n'était pas fermée par les écrans, non. Ces derniers lui ouvraient l'esprit vers des horizons nouveaux, des points de vue différents. "Les jeux sont ma vie, ma vie n'est qu'un jeu.", comme elle l'avait écrit au dessus de son bureau, sur le mur, un tout petit peu surélevé par rapport à son ordinateur, à un endroit parfait lui permettant de toujours apercevoir ce message en jouant.
C'est ainsi que, pour elle, sa vie n'était qu'un vaste MMORPG dans lequel elle pouvait interagir à sa guise, un Les Sims du réel, un Zelda avec moins de monstres... Elle continuait de tout prendre au sérieux, comme elle prenait les jeux vidéos au sérieux. On pourrait croire que cela la "déconnecterait" de la vraie vie, du monde extérieur, et lui saperait l'intelligence. Cela aussi était un mensonge.
Elle, excellait en anglais, bien plus que la plupart des jeunes de son âge, après tout ce temps passé à déchiffrer les dialogues non-traduits d'Undertale, et à fantasmer avec la fanbase composée de personne venant des quatre coins du monde.
Elle, aussi, pouvait citer le nom de tous les insectes qu'elle rencontrait au détour d'un chemin, ou encore des poissons qu'elle apercevait dans une rivière proche de chez elle. Probablement grâce à des heures de jeu sur Animal Crossing, mais aussi grâce à une bonne mémoire ainsi qu'une certaine culture générale, prouvant que jouer ne l'avait pas rendue gaga.
Elle, enfin, pouvait aussi reconnaître les tableaux célèbres et les sculptures, ainsi que, après en être devenue passionnée durant l'enfance à cause d'Angry Birds, les oiseaux qu'elle voyait parfois voleter du côté de la fenêtre de sa chambre lorsqu'elle décidait d'ouvrir les rideaux à un soleil toujours trop fade, trop terne à ses yeux par rapport à la magnifique lumière bleutée et pixélisée provenant d'un de ses nombreux appareils.
Elle ne supportait pas les termes "no-life" ou encore "geek", devenus péjoratifs, surtout lorsqu'ils sortaient des bouches immondes de ces personnes se sentant supérieures à tous, ces personnes si laides, si disgracieuses, celles qui se disent faire partie de la "vraie vie", parce qu'elles ont un travail, des amis, de l'argent, une belle maison, une voiture, de l'argent, toujours plus d'argent, de l'argent parfois gagné "honnêtement" mais pourtant aussi sale que tout l'argent du monde. Il n'est plus rien de pur sur Terre après tout.
" La vraie vie... " songeait-elle souvent. " Qu'est-ce que la "vraie vie" au fond... Juste une vaste blague. Une plaisanterie, destinée à convaincre le monde qu'il doit tourner droit. Il n'y a pas de "vraie vie". Parce qu'à aucun moment la vie est fausse. Et ce n'est pas parce qu'une vie est "virtuelle" qu'elle est différente. Les jeux sont ma "vraie vie". ".
Elle méditait souvent à ce sujet, tout en réalisant des quêtes pour faire monter ses niveaux. Les attaques ne l'atteignaient plus : après s'être entraînée si dur à éviter les coups "in game", ce n'étaient pas les vulgaires mots des hideux monstres "IRL" que sont les humains, les réels monstres de la "vraie vie", qui allaient lui retirer ses points de vie.
« Pfff, celle là, toujours le nez plongé dans ses écrans ! »
MISS.
« Elle ne sait pas profiter du monde réel. »
MISS.
« A force de jouer tout le temps, elle va devenir attardée. Elle ne réussira jamais dans la vie plus tard ! »
MISS.
« Elle devrait arrêter de gâcher son existence comme ça. »
MISS.
« Si ça continue, elle va finir droguée et alcoolo sous un pont ! »
MISS
« Tss, avec tous ces jeux violents, elle va devenir une racaille de quartier, ou une meurtrière ! Elle va nous finir en prison celle là, j'vous l'dit ! »
MISS
Elle parait beaucoup, répondait peu. Elle n'avait pas pour habitude de s'abaisser au niveau des niveaux inférieurs. Pourtant...
« Qu'est-ce que tu fais, de toi, de ta vie ? Tu ne t'aides pas. Tu fuis. Être lâche n'arrangera rien. Mais tu t'en fiches, n'est-ce pas ? Tu fuis, seule, égoïstement. J'espère que tu es fière. ».
TOUCHÉ.
C'est super efficace!
Peut-être ce monstre-ci était-il plus fort, peut-être n'avait-elle pas encore le niveau nécessaire pour le vaincre. Peut-être que toutes les attaques mises bout à bout l'avaient fatiguée. Peut-être qu'elle ne pouvait juste plus se défendre, à bout de forces... Ou peut-être qu'au fond d'elle, elle savait que se défendre serait dérisoire. Mais cette attaque, paraissant pourtant aussi classique que les autres, avait atteint son but. Et ça l'avait affaiblie.
Elle était fatiguée.
Alors, elle était rentrée chez elle, avait tenté de se changer les idées, avait ouvert son ordinateur qu'elle n'éteignait jamais, avait enfilé son casque, avait mis en route un jeu. N'importe lequel. Et elle avait joué. Plus par désespoir et par envie de se prouver sa force qu'autre chose. Elle avait joué, sans relâche et sans merci, la main légèrement tremblante sur sa souris. Elle avait perdu.
Elle était fatiguée.
Trop fatiguée pour jouer correctement. Elle poussa un soupir, ferma le jeu, retira son casque et, pour la première fois depuis des années, éteignit son ordinateur habituellement exclusivement en veille. Alors elle se leva, ouvrit les rideaux et la fenêtre, observa le pâle soleil qui se levait à l'horizon, respira l'air frais de ce début d'hiver imprégné des senteurs du pain chaud provenant de la boulangerie non-loin et des légères odeurs de pollution, suivit du regard la mésange charbonnière qui voletait par là, laissa passer une piéride de la rave qui papillonnait dans les airs, et sourit.
« C'est une magnifique journée, n'est-ce pas ? » murmura-t-elle à elle même et au monde. « Oui, une magnifique journée... ».
Tels furent les derniers mots qu'elle prononça avant de s'envoler et de s'éteindre, avec pour seules pensées que ceux qui la retrouveraient accuseraient les jeux vidéos au lieu de sa lâcheté, et pour seul regret de n'avoir jamais atteint le niveau 18.
GAME OVER...
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