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Le Morse et le Charpentier, et ce qu'il advint des Huîtres (partie 1)

[Note de l'auteure : Cette nouvelle se trouve être une réécriture de la fable "Le Morse et le Charpentier", contée dans Les aventures d'Alice de l'autre côté du Miroir, de Lewis Caroll. Si le désir vous en prends, je vous invite chaudement à aller la lire avant de passer à cette lecture ! ]

***

Maman nous disait toujours de ne pas faire confiance aux inconnus. Or, ceci étant, dans le cadre de notre profession, une sorte d'obligation que de précisément faire connaissance avec de nouvelles têtes, comprenez que, franchement, l'on eu bien vite fait de se passer de ses conseils, sans doute pourtant très avisés. Maman était après tout de ce genre de personnes persuadées de savoir tout sur tout, et cela s'avérait même particulièrement évident lorsqu'elle nous rassemblait au parc, mes nombreuses sœurs et moi, et disait : «Mes enfants, le monde est pareil à un océan trop vaste, et vous, n'êtes pour l'instant guère plus fragiles que des huîtres protégées par la coquille de notre bon cocon familial. Mais un jour viendra cependant, je le sais, je le sens, où l'attrait de l'aventure sera trop fort, et où vous voudrez, vous finirez même probablement, par quitter le foyer. A cela je vous dit... HA ! » Maman était toujours d'excellents conseils, quoique la comparaison à des huîtres ne nous fût pas exactement flatteuse. Oh, et pourtant ! Si elle avait eût raison, bien raison, nous l'aurions à coup sûr crue tout de suite sans ciller ! Mais, mais, mais (mais), vraiment, honnêtement, quoi, que faire des conseils d'une vieille maman Huître lorsque l'on a soit-même soif d'un grand plongeon dans l'inconnu de la vie ? Hé bien, pas grand-chose si je puis me permettre, héhé...

Étant donné que mes sœurs et moi étions toutes les cinquante parfaitement identiques les unes par rapport aux autres, et dotées de l'exact même prénom, et partageant les exactes mêmes compétences, il nous avait alors paru évident que nous nous engageâmes toutes vers la même profession, c'est à dire, bien évidemment, danseuses. Il se trouve qu'il y avait justement en ville un grand, mais vraiment, grand bâtiment du style majestueux et important (on dit que l'un ne va pas sans l'autre), construit entièrement par ce bel homme qui se fait nommer le Charpentier....et qui finit par devenir notre lieu de travail. Pour cause : c'est en fait un grand théâtre en lequel on joue, hé bien, du théâtre, ainsi que des concerts, nananère, des opéras, tralala, et aussi, oui, des ballets. A cinquante, pensez, nous formions une fameuse troupe ! Parmi tout le monde, à vrai dire, nous étions en fait celles qui nous faisions le plus remarquer, et ce, rien que de part notre nombre absolument jamais dissocié ! Le Charpentier, qui nous avait d'ailleurs prit sous son aile (ou devrais-je dire son marteau), s'était même entiché de nos talents à un tel point qu'il en vint jusqu'à imaginer tout un ballet complet rien que pour nous ! Imagine-tu pas comme cela nous a toutes secouées en l'apprenant ! Le ballet, une invention de celui devenu notre très cher bienfaiteur et de son collègue, un gros type du genre repoussant comme jamais, et dont l'aspect avait quelque chose de si animal en lui qu'il se faisait appeler 'le Morse', nous verrait ainsi figurer comme personnages principales. Naturellement, nous étions toutes très excitées de la nouvelle, et nous promirent de toutes travailler très dur pour honorer le travail du Charpentier. Quand au Morse, vraiment, c'est à se demander ce qu'il vient faire dans cette histoire...

Nous nous entraînions d'arrache-pied. Souvent en pleine répétition, le Charpentier appelait l'une d'entre nous et l'incitait, de son -ah....son beau regard de braise-, à prendre une petite pause bien méritée, si bien que nous répétions presque toujours à quarante-neuf ou quarante-huit plutôt que cinquante. Je me souviens, lorsque pour la première fois je fus appelée par le Charpentier, du clin d'œil qu'il m'avait lancé pour me faire venir à lui... Heum ! Je me détachais donc de mes sœurs, et descendait de la scène, toujours équipée de mes pointes de danseuse, pour me retrouver devant lui. «Il est l'heure pour toi de reposer tes membres. Et aussi, de causer de choses importantes... » disait-il en me pinçant gentiment une joue d'un air...d'un air... Ah ! Promptement, j'obéissais, me dirigeais, en descendant un escalier, vers l'office que le bel homme m'indiquait d'un doigt franc... Quelle déception de me retrouver alors, devinez, ni plus ni moins que seule en face du Morse !

Je n'ai jamais compris (et mes sœurs aussi, sans doute) pourquoi un homme comme le Charpentier s'est un jour lié d'amitié avec un individu comme le Morse. Non, vraiment ! Ça, je ne l'explique pas ! Ils sont quand même si différents ! Le jour et la nuit ! Brrr... J'en ai encore des frissons... Lorsque, de son gros doigt ganté de blanc, il me faisait signe d'avancer et m'incitait alors à m'asseoir tout près de lui, une fois même sur ses genoux !

«Viens, approche, ma mignonne petite huître... » (C'était notre nom de scène : les Huîtres. Je ne sais pas vraiment pourquoi, c'est une idée du Charpentier. Rapport je crois, au fait qu'en nous brillait de luisantes perles intérieures... Enfin, je n'y ai pas compris grand-chose, mais c'était en tout cas une explication très jolie !) Qu'il disait ! Ah ! Lui, mais alors, lui, pour sûr, il n'avait clairement rien du Charpentier ! Et ses discours... Oulah ! Ses discours ! C'est un sujet à par entière ! Généralement, il commençait plus ou moins par ces mots : «L'heure est venue de causer de choses importantes... » Suite à quoi, il enchaînait alors avec son charabia pas possible... «Oui, causer... De...bateaux, de souliers... De cire à cacheter... De choux, et...de rois ! » (S'il y eût un jour un quelconque sens,ou une quelconque interprétation possible à toutes ces bizarres paroles, hé bien je l'attends de pied ferme !) Et il disait cela d'un air si profond, mazette ! Il devait bien y croire, à ses histoires de... Comment disait-il, déjà ? De bateaux, de souliers, de cire à cacheter...de choux et de rois ? Hé bien ! Si ça n'est pas une belle brochette de n'importe quoi saucée de ridicule ! Et en plus, en plus, jamais n'était-il sans accompagner ses drôles de dires par quelques regards ahuris, tout en se dandinant curieusement sur sa chaise et se tortillant les doigts autour de des moustaches tel un mauvais joueur de flûte... Beuh ! En tout cas, un voilà un qui pour sûr ne me manquerait pas du tout s'il venait un jour à déserter le théâtre ! Pas comme le Charpentier...

Les jours et les semaines passèrent, et, au fur et à mesure que de plus en plus de nos sœurs venaient à régulièrement manquer à l'appel, jamais les exigences du Charpentier ne furent aussi élevées, au même titre que celles du Morse, ce dernier étant d'ailleurs considéré par son grand ami (malheureusement...) comme un associé précieux. A vrai dire, courroucer l'un reviendrait en fait à courroucer l'autre. Aussi, Huîtres que nous sommes, nous persistâmes à rester toutes très sages et obéissantes pour nos supérieurs, nous démenant de notre mieux pour combler les vouloirs du Charpentier autant que ceux du Morse. Si celles du Charpentier étaient évidentes, et portaient à la grâce de nos mouvements et la réussite parfaite de nos chorégraphies les plus complexes, il se trouvait tout autant ardu que de nous plier aux loufoques instructions du Morse... J' essaya bien, une fois, de trouver une forme de logique à ses paroles débridées, dans un élan de bonté immense où, tenez-vous bien, je tenta de surmonter mon dégoût de sa personne pour lui faire plaisir...

« Oui ! Et si nous parlions de...souliers ? » dis-je un jour à l'intéressé, alors qu'il venait de déblatérer sa litanie habituelle. Très surpris, il me considéra comme jamais il ne considéra une autre Huître, et marmonna alors entre ses épaisses moustaches :

« De souliers, oui, très bien ma petite, très bien... Vos souliers, chère Huître, quel goût ont-ils ?

-Je vous demande pardon ?

-Hé bien, c'est pourtant simple ! Ont-ils le goût...de cire à cacheter, par exemple ?

-Je n'en sais trop rien, monsieur Morse...

-C'est bien normal que vous ne sachiez pas, c'était un essai, un exercice auquel je viens de vous soumettre. Nous disions donc, vos souliers... Ont-ils le goût de...choux ? De rois ?

-J'ignore, monsieur Morse, s'ils ont un goût de choux, car, voyez-vous, je ne me suis en réalité pas donnée la peine de les goûter... Quant aux rois, hé bien, j'ignore tout à fait quel goût cela peut bien avoir...

-Ah oui ? C'est pourtant très simple, bien que vous m'ayez l'air un peu sotte pour ne pas savoir quel goût à un roi ! Il a, en fait, le goût exact des souliers qui vous portent en ce moment même, c'est à dire, de pain frotté au beurre d'ail. » Muette je demeura devant pareille réponse. Mais, non contente de pouvoir répliquer, c'est alors que le Morse (qui depuis le début de notre conversation fixait mes propre souliers d'un regard tout à fait insistant) cria «Haut ! » Et, vous allez à peine me croire mais je vous le dis quand même : par réflexe d'avoir tant entendu cet ordre à l'entraînement, et de l'avoir associé à un mouvement en particulier, voilà que je leva si haut ma jambe droite que le Morse l'agrippa en plein vol !

A ma grande surprise, je ne chercha pas à immédiatement me dégager. Pourtant, de ma vie, jamais je ne ressentis de plus grand malaise que d'être une Huître en présence d'un Morse ! Il analysa ma jambe de danseuse dans toute sa longueur, des chairs de ma cuisse à la pointe de ma pointe, et d'un air si étrange, si bizarre... Fichtre ! J'en tremble encore aujourd'hui !

«Oui, poursuivit-il d'une voix rocailleuse, avec du pain frotté au beurre d'ail, c'est ainsi que sont meilleures les huîtres... » Et il se lécha les babines d'un air goulu.

« -Pardonnez-moi, dis-je alors à toute vitesse, mais il faut absolument que je retourne sur scène. La répétition n'est pas terminée ! » De là, je me dégageais de sa présence aussi soigneusement que possible pour ne pas l'irriter (je ne voulais certainement pas que le Charpentier, de la grosse bouche de ce Morse infect, ait une mauvaise image de moi), et je me précipitais vers la scène où continuaient de suer sang et eau mes quarante sœurs. Je me demande vraiment ce qu'il est advenu des neuf autres pour qu'elles ne reviennent pas... Dire que nous avions pourtant promis à maman de ne jamais nous séparer !

Un mois entier que nous nous entraînions maintenant, et la date fatidique de notre Première se rapprochait à la vitesse avec laquelle notre nombre n'avait de cesse de curieusement diminuer... Bizarre, bizarre ! De plus en plus bizarre ! Ce n'est pas que je ne manqua de demander quelques explications au Charpentier à ce sujet, mais -et c'est à s'en arracher les cheveux de la tête !- ce dernier pour toute réponse, n'eût face à moi qu'une drôle de réponse du même registre que son compère affectionne si bien :

«Tes sœurs les Huîtres ? Elles doivent être à la plage, à balayer le sable... C'est une entreprise, tu comprends, qui n'est pas sans demander un certain temps.

-Mais, je...

-Tu pourrais un de ces jours aller leur rendre visite, si l'envie t'en dit. Mais avant cela, il te faut être préparée au meilleur de ta forme pour la grande Première, compris ?

-Oui, mais..

-Tu est une Huître bien sage. Je suis persuadé que sur scène, tu sera...excellente. » A nouveau, je me retrouvais sans pouvoir mot dire. Pauvre, pauvre Charpentier ! Lui, si intelligent, si malin et si réfléchi, la bêtise du Morse aurait ainsi finit par déteindre sur lui ! Je me résignais, cependant, à faire honneur à sa demande. Mes sœurs et moi poursuivirent ainsi avec passion et acharnement nos exercices, quand bien même il est à noter que, tout de même, notre nombre n'avait de cesse de dangereusement diminuer jours après jours...

Un soir, je surpris une conversation entre le Morse et le Charpentier dans la loge de ce dernier :

« Sois patient, le Morse ! » s'exclamait le Charpentier d'une voix légèrement sévère. « Nous en sommes presque à la moitié, et n'oublie pas que tout ce que tu as, tu me le dois à moi !

-Je n'oublie pas, répondit rauquement le Morse. Et toi et moi feront part égale comme il en fût convenu, n'ai crainte par rapport à cela. » Qu'il était curieux que de les entendre tous deux s'exprimer sur des propos aussi...sensés, au vu de ce à quoi l'un comme l'autre nous avait accoutumées, à mes sœurs Huîtres et moi-même, en matière de conversation. Sur quel sujet portait leurs délibérations, et, apparemment, leur partage de certains biens insoupçonnés ? Ma foi, si j'en sais quelque chose... !

« Cet endroit, marmonna le Charpentier tandis que je m'échappais discrètement, mériterait vraiment un bon coup de balais ! Penses-tu, le Morse, que si ce sol fût en sable plutôt qu'en parquet, et cette loge une plage plutôt qu'une loge, nous aurions tout balayé d'ici demain soir ?

-Si ce sol fût du sable et cette loge une plage, répliqua, très noblement, le Morse, à coup sûr ces chères Huîtres se seraient épuisées à sauter, courir et danser, sur une telle scène ! Pensez, rondes, et grasses comme elles sont... » Allons bon ! Voilà qu'il nous traite de grasses, ce gros empâté ! Non mais il s'est regardé cinq minutes ?! Nous sommes musclées, tout au plus, mais de là à nous dire grosses... Non mais, vraiment, quel mufle !

«-Grasses...îles ! » s'enquit, immédiatement, le Charpentier. Mon Dieu que cette conversation prenait une tournure délirante... !

«Oui, oui, assurément... De belles Huîtres fort graciles sur l'île ! » répondit le Morse en riant. C'en fût, vous m'excuserez, assez de bêtises en une journée pour moi. Et, c'est en remontant l'escalier menant à la scène que j'avais précédemment emprunté pour me rendre ici, que je croisa ni plus ni moins que l'une de mes cinquante sœurs entrain de descendre... Nous n'échangeâmes mot, mais je n'eus de cesse de me demander par la suite si je fis bien de rester muette... Comme nous nous ressemblions toutes au cil près, il me fût pour ainsi dire difficile d'identifier à quelle Huître j'eus affaire en remontant, mais, une chose est sûre : je crois bien qu'on ne la revit pas. Et je dis bien 'je crois' parce que, pour les raisons cités à l'instant, je ne suis pas vraiment sûre...

La date de la Première approchait à grand pas, et notre nombre n'avait pourtant de cesse d'anormalement diminuer. Nous n'étions à ce jour plus que vingt-cinq, soit la moitié de notre effectif total. Nonobstant, le Morse et le Charpentier, qui assistaient régulièrement aux répétitions (pour cause qu'ils étaient aussi les chorégraphes du spectacle), n'en faisaient aucun cas, nous engageant seulement à nous entraîner encore et toujours plus. « Pour devenir les meilleurs possibles », qu'ils disaient... Enfin, moi, personnellement, ça ne me dérange pas, vous voyez, car je me plierai avec joie à toutes les exigences du Charpentier. Mais pour ce qui est de Morse, là, merci, mais je passe mon tour ! Enfin... Si seulement c'était possible ! Je ne suis d'ailleurs pas la seule à avoir ce genre de pensée à l'égard du Morse comme du Charpentier, ceci étant que, mes sœurs et moi ayant beau nous ressembler à l'identique de l'extérieur, nous partageons également un nombre tout à fait conséquent de similarités à l'intérieur. Bref, nous nous disputions souvent les beaux atours du Charpentier dans nos rêveries éveillées, là où, pour ce qui est de Morse, il n'y avait pour ainsi dire plus personne.

Le Morse est d'ailleurs davantage présent aux répétitions que le Charpentier, pour notre plus grand désarroi à toutes... Il s'asseyait là, devant la scène, sur un des nombreux sièges en taffetas rouge de la salle de spectacle, et il nous observais alors d'un œil, mais d'un œil... ! Fichtre, on aurait pas fait plus dérangeant, je vous jure !

« Haut ! Bas ! Haut ! Gauche ! Bas ! Droite ! Haut ! Tournez ! Sautez ! Haut ! Bas ! Haut ! Bas ! » le Charpentier quand à lui, n'avait cure de la répulsion tout à fait manifeste que le Morse incitait chez nous, et nous donnait les ordres à suivre durant l'entraînement, sans quoi son associé le remplaçait habituellement à cette tâche. Ah, il avait une voix, si fière, si assurée, si...virile... ! Assurée était sa voix autant que sa personne, oui, mais, de ce point de vue, que dire de nous, les Huîtres ! Car si la présence du Charpentier n'était en rien pour nous déranger (ça, bien au contraire), le même argument l'on ne pouvait cependant pas tenir de la présence constante et régulière du Morse à nos répétitions, même avec toute la bonne volonté qui soit ! Et ce n'est pourtant pas faute d'avoir essayé, je vous l'assure...

A maintenant une semaine de la Première, notre nombre avait encore diminué jusqu'à ce que nous ne fûmes en tout plus que dix. Non, vraiment, c'en était dès lors plus certain que certain : quelque chose ici ne tournait pas rond, pas rond du tout...

« Charpentier, demandais-je un jour à ce dernier (il insistait pour se faire nommer sous cette seule appellation de 'Charpentier', sans rien d'autre devant ou derrière), saurais-tu par hasard où sont passées mes sœurs ? Je veux dire... Qu'elles soient ici dans ce théâtre, ou en ville, quarante jeunes filles parfaitement identiques, cela ne passe pas vraiment inaperçu... !

-Et pense-tu, ma chère petite Huître, que quatre-vingt balais, cela passe inaperçu ?

-Quatre-vingt b... J'ai bien peur de ne pas saisir le sens de ta question, Charpentier... (Car il insistait tout autant pour être tutoyé).

-Hé bien ! s'exclama ce dernier, si l'on prends quarante jeunes demoiselles et qu'on les arment toutes de deux balais, cela nous fait ainsi quatre-vingt balais pour quarante Huîtres ; et une plage est un terrain plutôt demandant, en matière de balayage...

-Je... Je n'en doute pas, mais...

-Haut ! » cria soudain le Charpentier par réflexe davantage que par raison, vous savez comment je réagis...

« Cette jambe, repris le Charpentier qui, comme le Morse la dernière fois, venait de la saisir en plein vol, cette jambe ne me semble pas faîte de cire à cacheter. En témoignez-vous ?

-J'en témoigne bien, puisqu'il s'agit d'une jambe de chair, de sang et d'os. Seulement...

-En massepain ? Non non non, non, ma pauvre petite Huître, vous vous méprenez. Si vous vous trouviez à cet instant même sur une plage, cette jambe aurait foulé le plancher d'un bateau, aucun doute à cela ! Elle n'aurait cependant guère duré longtemps, au vu des prescriptions de survie tout à fait médiocres d'une jambe en massepain en contact régulier avec l'eau salée. Aimez-vous le beurre d'ail ?

-Pardon ? Le...beurre d'ail ? (Mettez-vous donc à ma place, à faire face à des propos et des questions plus loufoques les uns que les autres !) Hé bien...j'imagine que sur du pain frais, avec des escargots...

-Que me parlez-vous d'escargots alors que notre conversation porte sur les Huîtres ? Vous êtes curieuse ! Enfin... Aimez-vous les huîtres ?

-Vous voulez dire...mes sœurs, ou...les huîtres à manger ?

-Les deux, ma bonne amie, les deux. (Sa remarque me fit rougir quelque peu.)

-Hé bien... J'aime autant la compagnie de mes sœurs les Huîtres que je n'en suis guère amatrice d'un point de vue gustatif. ...Pourriez-vous s'il vous plaît me lâcher la jambe ? » A cela, le Charpentier adopta une mine vaguement pensive. Ce à quoi, regardant tout à coup dans une toute autre direction que la précédente, il exécuta brusquement ma demande et, je vous le dit, m'oublia alors parfaitement.

« L'heure est venue... De parler de choses importantes... » commença-t-il d'une voix murmurante, tandis que je remontais vers la scène. Oh. Non. Ne me dites tout de même pas que... «De bateaux, de soulier, de cire à cacheter...de choux et de rois... » Ah, misère !

Il ne restait plus que deux d'entre nous le veille du spectacle, et ma dernière sœur jumelle fût appelée d'une même voix par le Morse et le Charpentier à descendre dans leur loge. Ainsi elle descendit, et, seule je demeura donc.


A SUIVRE...

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