Où t'ai je donc laissé ? Où es tu allé ? Où t'ai je donc perdu ?

Tu viens de partir. C'est à toi, qui m'as laissé seul, que j'écris, dans mes longues nuits solitaires, ces pensées. Mes pensées. Comme un cadeau entre vieux copains. Comme un don pour une noble cause. Comme une offrande à un dieu.
En supposant que tu acceptes de me lire, sache que tout se que j'écris est le fond de mon âme et que, peut importe le lieu et la date où tu me liras, mes pensées resteront inchangées. Parce que tu es mon ami pour toujours. Puisque tu es mon trésor.

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Maintenant que tu es loin de moi, mon énergie me file entre les doigts petit à petit. Mes journées sont fades et vide. Je n'arrive plus à me connecter avec le moment présent, tout mon esprit reste concentré sur toi, mon trésor. Je cherche dans ma mémoire où j'aurais pu te perdre. Où donc te caches tu !?
De jours en jours, mon désespoir grandit et l'espoir de te revoir, lui, rétrécit. Image de la grande vague qui tout les soirs vient frapper la coque de mon navire, qui au fil du temps se fissure et s'effrite. Je sens l'eau ébranler les paroi de mon bateau et cette fameuse coque se brise et se craquelle. L'océan va bientôt m'engloutir et toi, mon trésor, tu persistes à te cacher.

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Nous qui étions si proche ! J'ai été si naïf de te penser comme acquis. Si naïf et prétentieux pour te délaisser, oubliant la chance de t'avoir à mes côtés. Oubliant ce cadeau du ciel que tu es et restera à jamais. J'ai toujours cru que tu ne pouvais pas partir, que tu étais une partie à part entière de mon être, comme je me trompais ! Reviens à moi ! Reviens et je te dorloterai ! Plus jamais tu ne seras mis à l'écart ! Je suis prêt à refuser les soirées au bar ! Mais plus jamais je ne te considérerais acquis, tu es sauvage et fugace tel l'inspiration d'un écrivain. Reviens moi, je t'en prie.

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Je l'entends. Je suis recroquevillé entre quelques caisses de nourritures, au fond de ma cale. Je l'entends. Mes mains sur les tempes et gardant les yeux obstinément fermés, je l'entends. J'entends la mer déchaînée qui frappe et maltraite la coque de mon navire. J'ai vu le grand mât chuter, bien après que les voiles se soit envolés. Le gouvernail vient de me lâcher. Une a une, les barrières, qui me protégeaient de ce cauchemar sans nom, me lâchent. Me voilà sur un bateau incontrôlable qui menace de laisser l'eau m'engloutir. Je ne le contrôle plus. Et je sens le contrôle de mon corps également m'échapper.
Bientôt je ne contrôlerai plus rien. Ta fuite causera ma perte.
Je l'entends, toujours plus forte. La mer balaye mon navire de fortune contre ses vagues puis me fait glisser, avant de recommencer inlassablement. L'entends tu, toi aussi ? Ce monstre qui hante mes nuits. L'entends tu ? Ma chaloupe qui se brise et se meurt sous ces attaques incessantes. Ma volonté aussi se brise.

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Il est encore venu prendre de mes nouvelles. Tu sais, celui dont je t'ai parlé, il y a quelques jours. Il est vraiment gentil. Il m'a demandé plusieurs fois si j'allais bien, alors que ma réponse restait positive. Il vient régulièrement alors que je suis insupportable depuis ta disparition. Je crois qu'il s'inquiète pour moi. Lui aussi c'est un trésor. Oh mais ne soit pas jaloux ! Toi tu es unique. Vraiment à part. Lui c'est un ami. Ne dit t'on pas qu'un vrai ami est un précieux trésor ? Contrairement à toi, je chéris cette amitié dès le début pour ne pas l'a perdre. Pour ne pas qu'elle parte. Pour ne pas refaire la même erreur.

C'est arrivé. Une planche a trop encaissé et c'est brisé sous un nouvel assaut des vagues. L'eau s'engouffre dans la cale. Je ne baisserais pas les bras. Tant que je croirais en ton retour, la mer ne m'aura pas. Je prends un seau et je commence un travail désespéré, surveillé par une lune impassible. Mes bras, normalement robustes, et ma poigne, habituellement ferme et forte, ne sont pas de cet avis. Ton départ si soudain a plus qu'impacté mon physique. L'esprit reste, certes moins vif, mais têtu et courageux. Le corps ne suivant pas l'initiative, je remplis de moitié seulement mon seau à chaque allers-retours. Le travail est long et fatiguant, néanmoins je ne suis plus à ça près.

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T'ai tu fait kidnappé ? Un homme avide aurait-il vu en toi le trésor que tu es ? Aurait-il vu les pièces étincelantes que j'avais ignorés ?
Si il est doux, si il est bon, si il a perdu il y a longtemps son propre trésor et qu'il le remplace par toi, mon trésor, j'accepte qu'il en profite. J'ai été pendant trop d'années odieux avec toi. Et je comprendrai si tu refusais de me revoir.
Mais si il est violent, si il est envieux, si il te maltraite comme je l'ai fait, mon trésor, je t'en implore, fuis. Fuis s'il te plaît. Fuis comme tu l'as fait avec moi. Il ne te mérite pas. Et je ne te méritai pas. Est ce que maintenant que j'ai vu ta valeur, tu accepterais de revenir ? Je suis peut être devenu digne de ta confiance. Si c'est le cas, alors rejoins moi un soir au lieu anciennement habituel : près de mon chevet, sur ce parquet qui grince toujours, sous ce toit qui me protège de la pluie et donne moi ce que tu m'as arraché.

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Les nuits entières, passées à sortir l'eau des cales, n'auront pas servis. Le bateau coule. La cale est rempli d'eau. Et mon corps reste allongé à contempler les étoiles entre les nuages de la tempête, tandis que mon esprit cherche encore un moyen de lutter. Je me reçois une claque aquatique mais cela n'a plus d'importance. Même les médicaments de mon ami n'auront pas amélioré mon état, que faire de plus ?
Je n'aurais jamais repris le contrôle de mon navire. Je laisse tomber. Je baisse les bras. Les mots me coûtent mais c'est ainsi. Je n'ai plus la force de lutter. Je n'ai plus de force tout court. J'abandonne.

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Merci. J'espère que tu m'as pardonné mon cher trésor. Acceptes mes excuses. Plus jamais je ne te perdrai et plus jamais je n'oublierai la chance que j'ai de t'avoir à mes côtés. Tu es enfin revenu, alors que mes paupières allaient se fermer. Alors que je me noyais. Nous allons reconstruire un fier navire, ensemble.

Merci. Mon trésor. Mon sommeil. Je t'aime.