Depuis quelques minutes, je l'observe pendant que je m'étire. Je remarque qu'elle essaie la même figure sans y parvenir. Elle descend du trampoline et j'aperçois son prénom sur le tee-shirt qu'elle renfile pour elle aussi s'étirer.

Laura donc, une petite brune à la peau mâte. Elle s'installe face à moi et commence son travail d'assouplissement sans me remarquer. Je met de mon coté mes écouteurs pour me mettre dans ma bulle avant de commencer le travail de renforcement musculaire.
Nos coachs nous ont laissé assez d'autonomie pour le travail personnel mais aujourd'hui je n'arrive pas à me concentrer. Cette Laura m'impressionne autant qu'elle parait fragile. Si à l'aise au sol et en grande difficulté sur le trampoline. Elle lève la tête et me fait un clin d'œil. Je dois l'observer depuis pas mal de temps, je commence à avoir les muscles qui tirent.
Je me relève et enfile mon sweat dos à elle avant de ranger les affaires qui traînent.

Je me dirige vers le vestiaire hommes quand une idée me vient en tête. Elle se lève à son tour quand je passe à côté d'elle. Sans hésiter je pose ma main sur sa hanche et lui propose mon aide pour la figure qui lui pose problème.

Poliment elle refuse, prétextant devoir raccourcir sa séance pour des raisons personnelles. Elle s'éloigne et me fait un nouveau clin d'œil lorsqu'elle passe la porte du vestiaire en défaisant sa natte bien malmenée par les pirouettes à répétition.

Je me dirige moi aussi vers le vestiaire des hommes en vue d'une bonne douche. J'en ressors à l'aise, j'attrape les clés de ma voiture dans mon blouson quand on m'interpelle :

« Antoine ... Euh ...
- Oui ?
- Je voulais savoir, tu seras là à 20h demain ?
- Euh, je ne sais pas si je fais la séance de 18 ou 20 demain, comme il y a les championnats de France qui arrivent, et qu'un seul trampoline ...
- Oui je comprends, pas de souci, à demain peut-être ! »

Elle me sourit avant de s'engouffrer dans sa propre voiture.

~

La nuit a été courte, difficile, des yeux verts m'ont empêchés de rejoindre Morphée et la journée à la fac risque de m'achever avant même que je croise ses beaux yeux...

~

Cette fille m'attire plus que tout, je me retiens de l'attraper par le poignet et de la plaquer contre ce mur pour l'embrasser depuis plus d'une demi-heure. Alors, je m'oblige à enchaîner les figures. J'en ai la tête qui tourne en descendant du trampoline.

Une main m'attrape par l'épaule et une voix me lance :

« Antoine, tu peux me montrer celle que tu viens de faire s'il te plait »

Laura... Elle est pleine d'assurance, en confiance même. Je sais qu'elle m'observe depuis le moment où elle est arrivée au club. Une petite heure que je m'oblige à l'ignorer, elle et ses beaux yeux verts.
Je suis pourtant obligé de planter mes pupilles dans les siennes pour lui répondre :

« Si tu veux mais je la maîtrise pas tout à fait encore.
- Tu veux rire ? C'est top attends ! »

Je remonte sur le trampoline à sa suite, admirant au passage son corps de sportive. Son regard sur mon torse me fait m'embraser, je dois garder mon calme.

« Vas-y fait quelques bases pour voir dans quel sens tu tournes que je me cale sur toi pour te montrer »

Il faut surtout que je me calme, elle aussi concourt au championnat de France, je m'en voudrais de la blesser.
Elle parait si fragile et pourtant, elle semble s'envoler. Très vite, en l'observant, ses difficultés m'apparaissent. Elle n'est pas concentrée, elle me jette des regards de travers puis détourne le regard. C'est notre coach qui lui fait remarquer.

« Laura ! Le regard au loin si tu veux tes chances le weekend prochain, crie-t-il, je vous laisse fermer les jeunes comme d'habitude ! »

Elle s'arrête et acquiesce tandis que je pose mes mains sur ses hanches pour lui montrer le mouvement du bassin qu'il faut qu'elle fasse. Je la sens rougir et j'insiste.

« Regarde au loin Laura. » Je lui souffle à l'oreille.

Je me colle à elle et lève ses bras puis redescends mes mains sur ses côtes. Je souffle un coup avant de l'accompagner dans son mouvement.

« Antoine, souffle-t-elle en baissant les yeux.
- Laura... Garde ton regard au loin, je peux me mettre au fond de la salle si tu veux . »

Je lui réponds avec un sourire taquin et en m'écartant d'elle. Elle se retourne et m'embrasse si vite que j'en tombe à la renverse. 

Je réponds à son baiser quelques instants puis descends du trampoline sans l'attendre. La salle de gym est vide à l'heure qu'il est mais je ne sais pas où j'en suis. Je ne sais pas si je veux tout arrêter ou aller jusqu'au bout.
Mon cœur bat à mille à l'heure lorsque je m'assois sur le banc de mon vestiaire en enlevant mon tee-shirt. Ma respiration est saccadée, je ne pensais pas qu'un simple baiser me mettrai dans cet état.

Je termine de me déshabiller pour filer sous la douche. Elle me permettra surement de mettre mes idées en place. Cette Laura est si imprévisible...
Tellement imprévisible que lorsque j'entends la porte qui grince, je pense d'abord l'avoir mal fermée, puis que mon esprit me joue des tours. Ma respiration s'accélère lorsque j'entends des pas dans le vestiaire. Elle aurait osée me rejoindre ?

A peine franchit-elle la séparation entre la douche et le vestiaire en lui-même que je me précipite sur elle pour reprendre notre baiser là où nous nous étions arrêtés sur le trampoline.
Nous titubons et son dos vient frapper le mur de carrelage froid. Son corps frissonne et le mien vient se coller au sien. Mes mains attrapent ses cheveux longs tandis que ses doigts griffent mon dos nu.
Mes lèvres trouvent le chemin de sa gorge et nos corps se réveillent. Nos respirations sont sifflantes et ses mains s'accrochent à moi comme si j'étais sa bouée de secours.

Le gymnase est vide, nous nous laissons aller l'un à l'autre. Ce sont nos corps qui ont pris le dessus sur nos esprits embrumés par le désir.

© ✓ictoire

mars 2020