Le piano
Cette nouvelle est un peu particulière. Toutes les traductions dont vous aurez besoin pour comprendre la nouvelles sont en commentaires mais aussi en fin d'écrit.
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« Roméo tu es sûr que c'est une bonne chose que je vienne en vacances dans ta famille ?
- Mais oui ma puce te tracasses pas. »
J'ai rencontré Romeo il y a deux ans à la fac et le courant est très vite passé entre nous. Si bien que ça fait maintenant un an et demi que nous sommes ensemble, et nous partons cet été en vacances en Toscane.
Une région au centre de l'Italie d'où sont originaires les grands-parents et la mère de Roméo.
Nous sommes donc dans le train en direction de Florence où ses parents viennent nous chercher.
La maison de vacances de sa famille se trouve dans un petit village entre Pise et Sienne. Nous venons de changer de train à Gênes et, petite niçoise que je suis, je me suis sentie émerveillée en entendant mon copain parler italien si naturellement.
Je me recroqueville contre lui et pose ma tête blonde sur son épaule.
« Parle-moi d'eux Roméo, qui sera là ?
- Et bien il y a mon frère Théo et sa copine Gaëtane, ils vont se marier en octobre à Marseille. Tu verras il paraît qu'on se ressemble beaucoup.
- Tu sais mon cœur, c'est tout le monde comme ça les frères et sœurs on se ressemble tous ! Je suis sûre que tu ressembles à ta sœur aussi !
- Tu verras bien par toi-même, Célia sera là avec Evan et leur fils de six mois.
- Alors tu es tonton trop mignon ! »
Je me redresse, passe ma main dans ses cheveux noirs de jais, et pose mes lèvres contre les siennes quelques instants avant de me réinstaller confortablement au creux de ces bras. Roméo continue de m'expliquer qui sera présent cette semaine. En plus de sa sœur et son neveu Arthur, de son frère, il y a aussi ses parents ; Maddalena et Fabien et bien sûr les parents de Maddalena.
Fernanda est la nona, la grand-mère et maîtresse de maison. Elle est mariée depuis soixante ans à Damiano, le grand-père de Roméo.
Cette famille à l'air tellement gentille. J'ai déjà rencontré les parents de Roméo à plusieurs reprises, son frère également mais jamais ses grands-parents et sa sœur. Je me sens un peu stressée mais Roméo m'apaise en me murmurant des mots doux au creux de l'oreille.
Le trajet se passe tranquillement jusqu'à Florence où Maddalena nous récupère pour nous emmener dans son village. La route se déroule rapidement et je m'émerveille du paysage, des oliviers et des vignes partout. Loin de ma vie de niçoise, je me sens prête à tout et ce paysage magnifique, bien plus exotique que les palmiers de la promenade des anglais, me donne des ailes. Je ne vois pas le temps passer, il est déjà 19h30 quand nous arrivons devant un grand portail en fer forgé. La voiture s'arrête et nous descendons. C'est Théo qui vient nous ouvrir.
Il embrasse sa mère sur la joue et enlace son frère quelques secondes. Il s'approche de moi, me fait la bise et annonce :
« Bienvenue chez nous Madeline, fais comme chez toi, je suis sur que tu te sentiras bien. »
Du bout des lèvres, je le remercie et attrape ma valise, mon sac à dos et mon sac à main avant de les suivre le long de l'allée. Une jeune femme d'une trentaine d'année arrive elle aussi avec un nourrisson dans les bras. Elle ressemble traits pour traits à Théo et Roméo, le même nez aquilin, les mêmes cheveux noirs de jais et les mêmes yeux d'encres. C'est en apercevant Fabien sur le perron que je me rend compte que ses enfants ont hérité de lui uniquement la forme et les traits de leurs visages. Ses yeux bleus et ses cheveux châtains sont trop clairs pour les italiens que sont ses enfants.
Face à lui, je le salue ainsi que Gaëtane, la futur mariée et Evan, le jeune père. Timidement, je m'approche de Damiano pour lui dire bonsoir. Au loin, j'entends le tintement de la vaisselle et le crépitement des poêles. Fernanda doit préparer le repas.
« Ti doi benvenuto piccola. Sei qui a casa,¹ commence Damiano.
- Lei no parla italiano !² Répond alors Théo.
- Tu n'as qu'à traduire alors ! Ou Roméo ! » Enchaîne Célia.
Cette discussion me fait sourire. Je ne parle pas italien mais assez bien le portugais et l'espagnol pour comprendre le sens global de ce dialogue. Je m'approche de Roméo et le lui indique :
« Roméo, dis à ton grand-père que je suis très heureuse d'être ici.
- Mais tu as compris ?
- Tu sais avec ma LEA, je parle parfaitement espagnol et assez bien portugais pour comprendre beaucoup de chose en italien.
- Oui c'est vrai Madeline. »
Fernanda arrive alors à son tour et s'exclame en italien :
« Vous n'allez pas rester ici au milieu du chemin ! Entrez vite ! Le repas est presque prêt.
- Vi presento Madeline nona.³ »
Fernanda me prend dans ses bras. Mal-alaise, je me laisse faire puis je suis Roméo à l'étage. Ici cinq pièces se présentent à nous et Roméo m'entraîne au bout du couloir pour ouvrir la dernière porte.
« Ce sera notre chambre, m'annonce-t-il. J'ai toujours dormis ici. Pose tes valises je vais te montrer le reste de la maison. »
Encore intimidée par cet environnement inconnu, j'attrape sa main et enlace mes doigts aux siens. Il me souffle à l'oreille :
« Ne t'inquiète pas ma puce, ça va bien se passer.
- je sais, je sais... Mais ... Moi qui ne connais que l'appartement niçois de ma mère... C'est différent ...
- Je me doute Mady' allez viens. »
Je le suis le temps de découvrir la maison. Chaque couple a sa chambre et les grands parents de Roméo couchent en bas. Il y a une cuisine, un grand salon mais aussi un salle à manger où trône le couvert. Roméo et moi nous asseyons côte à côte suivi des autres invités.
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Je m'écroule sur le lit épuisée. Le voyage et la soirée n'ont pas été de tout repos. Pourtant je suis heureuse, acceptée et comme l'a dit Damiano, comme chez moi.
Roméo s'assoit à coté de moi et caresse tendrement mes cheveux.
« Roméo ?
- Oui ma puce ? Qu'est-ce qu'il y a ?
- Qui est-ce qui joue du piano ?
- Euh maman en a joué je crois... Pourquoi ?
- J'aimerai bien en jouer un peu.
- Pourquoi pas. Je demanderai à maman si tu veux. »
Je ne suis jamais sortie de Nice et c'est ma maman qui m'a appris à jouer du piano dès que j'ai su marcher. Des morceaux classiques, de la variété plus ou moins récente aussi.
« J'aimerai bien jouer Edith Piaf, je continue en sortant de mes pensées.
- La vie en rose alors, c'est ma préférée ! »
Je souris et me redresse pour aller chercher mes affaires dans ma valise mais Roméo m'arrête pour attraper mes hanches et me coller à lui.
« Je t'aime Mady'.
- Moi aussi, je t'aime 'Méo. »
Je me dégage de son étreinte pour finir de me préparer puis je me glisse sous les draps et me blottie dans les bras de Morphée. Je sens à peine Roméo poser ses lèvres sur mon front et me souhaiter bonne nuit.
~
Ce sont des notes de musique qui me réveille. En jetant un coup d'œil à la vitre, je me rends compte que le soleil ne doit pas être haut dans le ciel. Je dépose un baiser sur les lèvres de Roméo qui dort toujours puis descends en direction du piano et de la musique qui en émane.
Surprise, je m'attendais à trouver Maddalena mais c'est Célia la grande sœur de Roméo qui s'affaire. En tendant l'oreille, je reconnais une des chansons du film A star is born sans vraiment savoir laquelle.
« Je ne sais pas la jouer celle-là encore, je murmure plus pour moi que pour ne pas la déconcentrer.
- Oh ! Je ne connais que le premier couplet et le refrain, je travaille sur la suite mais je n'ai pas trop de temps.
- Oui, je comprends avec votre fils, ça doit pas être facile de trouver du temps, je réponds encore intimidée.
- Tu peux me tutoyer Madeline, ne t'inquiète pas, tu sais jouer ? » Demande-t-elle en désignant le piano du menton.
J'hoche la tête tandis qu'elle se lève pour me laisser sa place :
« Vas-y, enfin, si tu veux, me propose-t-elle, tu joues du classique ou autre chose ?
- Je joue un peu de tout, c'est ma mère qui m'a appris. »
Je m'assoie et caresse doucement les touches. Je laisse mes doigts choisir les notes et décider d'eux-même la musique qu'ils joueront. Je me laisse bercer par celle-ci et je n'entends plus rien. Ni les bruits venant de la cuisine où Fernanda prépare le petit déjeuner, ni les pleurs d'Evan qui demande ses parents. Je n'entends pas non plus Célia saluer ses frères qui sont eux aussi descendus, réveillés par le son du piano.
Je ne chante jamais lorsque je joue, du moins, je ne chante jamais seule, parfois, quand j'étais petite, maman chantait et je reprenais les paroles avec elle. Cela fait des années que je n'ai plus chanté au piano. Pourtant, arrivée au refrain, les mots sortent de ma bouche sans que je ne le veuille vraiment, ils se superposent alors à ceux chantés par Roméo
« Quand il me prend dans ses bras
Il me parle tout bas
Je vois la vie en rose
Il me dit des mots d'amour
Des mots de tous les jours
Et ça me fait quelque chose
Il est entré dans mon cœur
Une part de bonheur
Dont je connais la cause »
Je lève alors la tête et aperçoit mon copain, assis près de moi. Je souris et me remet à chanter avec lui tout en appuyant sur les touches du clavier.
Nous terminons la chanson et je me concentre sur les dernières notes de notre musique, appréhendant la réaction du reste de la famille. je n'ai jamais joué et encore moins chanté devant du monde.
« Romeo ! Non ci hai detto che stavi cantando !⁴
- Questa canzone è bellissima! Chi è lei ?⁵ »
Je souris en comprenant plus ou moins les compliments de la famille de Roméo. C'est Théo qui se charge de me traduire tout ça.
J'explique alors que La vie en rose était la chanson préférée de ma grand mère et que Roméo aime beaucoup l'entendre lui aussi.
Ce dernier m'attrape par les hanches et m'embrasse avant de me remercier au creux de l'oreille.
© ✓ictoire
août 2019
¹ Je te souhaite la bienvenue petite. Tu es ici chez toi.
² Elle ne parle pas italien!
³ Je te présente Madeline mamie
⁴ Roméo ! Tu ne nous avais pas dit que tu savais chanter!
⁵ Que cette chanson est belle ! De qui est-elle?
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