Éloïse aimait la nuit. Cela avait toujours était son moment de la journée préféré. Lorsque tout le monde à part elle dormait, et qu'elle pouvait se plonger dans son monde sans être dérangée.

C'est pour cela que ce jour-là, lorsqu'elle eut vérifié que ses parents étaient profondément endormis, elle décida d'aller faire un tour dans les rues désertes de son village.

Vêtue d'un jogging et d'un pull épais, tous les deux noirs car telle était la couleur de la nuit, elle se glissa précautionneusement hors de sa chambre par sa fenêtre. Elle prit soin de la refermer silencieusement et, frissonnant à la légère brise, se mit à marcher.

Elle vagabondait dans les ruelles vides, laissant la lune tracer son chemin. Elle regardait de temps à autre les étoiles, qui scintillaient comme des joyaux, fascinée par leur beauté si singulière. Elle les admirait, elle se disait qu'elle aussi, elle voulait être jolie comme ces perles qui pendaient dans le ciel.

Elle se sentait bien, là, au milieu de l'obscurité de la nuit. Elle était apaisée de ses malheurs, et se délectait du sentiment de bien-être et de sérénité qui l'envahissait.

Elle avait l'impression d'avoir mis sa vie mouvementée mais pourtant si monotone en pause ; d'être quelqu'un d'autre, une adolescente moins chagrinée, moins rongée par les problèmes banals qu'ont les filles à son âge.

Éloïse aimait les bruits silencieux de la nuit, et la manière que ses pas avaient de résonner dans ce calme. Elle adorait cette noirceur qui l'entourait, sans jamais essayer de la blesser.

Elle passa près d'un petit ruisseau dont les clapotis de l'eau vinrent se mêler aux sons lointains de quelques cigales, formant une harmonie mélodieuse aux oreilles de la jeune fille. Elle avait un joli sourire joyeux sur ses lèvres, et les traits de son visage était doux et relaxés.

Elle s'accroupit ensuite au détour d'un chemin, et laissa sa main caresser doucement quelques brindilles d'herbe humides. Puis elle se releva, et continua sa promenade nocturne.

Son nez commençait à devenir froid, mais elle n'y prêtait pas réellement attention. Elle s'amusa à expirer fortement par la bouche, regardant les formes que prenait la vapeur avant de s'estomper doucement et de disparaitre, envolées.

Éloïse s'arrêta soudainement au milieu d'un chemin de graviers. Elle leva la tête, laissant ses boucles blondes tomber dans son dos et, fixant ses amies les astres, elle commença à tournoyer.

Elle tournait, tournait, tournait sur elle-même.

Son rire éclatant se perdait dans les abimes de la nuit.

Ses yeux se fermaient, elle s'imaginait toucher la lune.

Plus rien n'existait, elle était seule au monde.

Ses pieds finirent par s'emmêler et elle perdit l'équilibre. Elle tomba lourdement et, toujours enivrée par la béatitude qui l'avait envahi il y avait à peine quelques secondes, elle rigola de sa maladresse.

Elle s'allongea ensuite à même le sol pour profiter pleinement du spectacle que lui offrait le ciel.

« Je suis heureuse », se dit-elle alors, des étoiles plein les yeux.

Nouvelle écrite par JusteViviana