À travers le vieux miroir, Bellatrix poussa un petit cri de ravissement en découvrant le visage des deux sorciers.

- Electre a accompli sa mission avec succès à ce que je vois ! fit-elle avec un sourire satisfait, qui se fâna et devint un rictus de dégoût. Sale Sang-de-Bourbe... Enfin nous nous retrouvons ! Quant à toi Snape, cracha-t-elle en se tournant vers le sorcier, tu vas payer pour ta trahison.

Hermione était totalement tétanisée. Ses membres refusaient de bouger, sa gorge était sèche et son rythme cardiaque n'avait jamais été aussi rapide. La peur, la panique, la colère, la souffrance... Tout se mêlait dans l'esprit de la jeune femme et l'empêchait d'agir.

Quant à Snape, il était figé sur place, tétanisé en voyant que son hypothèse formulée intérieurement à l'infirmerie se révélait juste.

Bellatrix battit des mains comme une enfant et s'exclama avec enthousiasme :

- Bon, commençons ! On ne va pas rester plantés là toute la journée !

Hermione échangea un rapide coup d'oeil avec Snape. Il semblait aussi désemparé qu'elle. Le sorcier sortit néanmoins sa baguette, bien qu'il doutât qu'elle serait utile pour combattre un miroir.

Les lèvres rouges de Bellatrix s'étirèrent en un sourire cruel et moqueur. Elle sortit sa baguette à son tour et la pointa vers Hermione à travers la glace. La terrifiante sorcière prononça des mots étranges dans une langue inconnue, faisant rouler les r entre ses lèvres, chuchotant les syllabes presque avec douceur, s'attardant sur les sons graves et enroués, comme si elle souhaitait les ancrer dans le corps et l'esprit de Hermione. La jeune sorcière était hypnotisée par cette incantation maléfique. Soudain, ses yeux se révulsèrent ; son corps entier se tendit dans un mouvement brusque, comme pour contrer les mots fatidiques qui entraient en lui, pour lutter contre cette magie obscure. Hermione s'effondra au sol dans un bruit sourd, laissant son collègue abasourdi par ce qu'il venait de voir, un sentiment cuisant d'impuissance le saisissant face à cette magie ancienne qu'il ne connaissait pas.

***

Noir d'encre. Silence profond. Puis, une étincelle. Un bruit sourd. Un mouvement furtif. Une crinière châtain clair.

Hermione ouvrit des yeux gonflés de larmes qu'elle ne se souvenait pas avoir versées. Elle se releva avec difficulté et fit face à un endroit familier : la salle de cours de Potions. Cependant, le sombre professeur qui était maître en ces lieux ne s'y trouvait pas. D'ailleurs, le silence opaque qui régnait dans la pièce et le corps meurtri de la jeune femme lui firent comprendre que quelque chose n'allait pas. À peine eut-elle cette pensée qu'un tourbillon de fumée noire apparut devant ses yeux. Bellatrix était en face d'elle, la baguette brandie. Hermione porta la main à son jean pour prendre la sienne mais ne rencontra que du vide. Le goût amer de l'appréhension et de la peur envahit sa bouche.

- Alors... susurra Bellatrix en se lèchant les lèvres, par quoi allons-nous commencer ?

Hermione recula instinctivement et percuta un bureau, accentuant la douleur de ses membres frêles.

La Mangemorte pointa sa baguette vers la joue d'Hermione et une plaie apparut. Puis le bras, le ventre, la jambe. La jeune professeure essayait tant bien que mal d'esquiver les sorts mais dans une salle de classe surchargée de bureaux et de chaises, elle ne parvenait qu'à se cogner sans arrêt, et ainsi à empirer ses blessures, qui se multipliaient.

Bellatrix lança tout à coup un sort violent qui atteignit Hermione au ventre, la faisant se plier de douleur. La jeune femme perdait du sang à une vitesse alarmante et tentait vainement de rester debout.

- Je vois que la petite Sang-de-Bourbe se traîne dans la fange avec le traître, n'est-ce pas ? lâcha Bellatrix avec une moue dégoûtée. Vous vous êtes bien trouvés tous les deux : deux êtres répugnants qui ne méritent pas de vivre... Un parfait petit couple, tu n'es pas d'accord ?

Hermione ne répondit pas, fixant la sorcière avec affront.

- Répond-moi ! cria Bellatrix en lançant un nouveau sort.

Hermione l'esquiva de justesse, gardant résolument la bouche close. Elle ne comprenait pas pourquoi Bellatrix parlait d'elle et de Snape ainsi.

- Je vois, tu es une vraie saleté de Gryffondor... Mais ne t'inquiètes pas, j'ai détruit des plus coriaces que toi, sale Sang-de-Bourbe...

Se disant, avec un rire maléfique, elle lança le premier Doloris à Hermione. La jeune femme s'effondra à terre comme une poupée de chiffon, les membres parcourus de tremblements et les yeux révulsés de douleur. Tout, dans son corps, la faisait souffrir ; comme si des petites aiguilles aiguisées la transperçaient de part et d'autre ; comme si son corps brûlait, consumé par mille flammes des ténèbres ; comme si ses nerfs se tordaient, claquaient ; et que son cerveau fumait, envahi par des centaines de messages nerveux criant détresse.

- Alors, tu vas me répondre maintenant, créature repoussante ? Severus Snape te plaît n'est-ce-pas ? Tu t'es attachée à lui, je le vois dans ton esprit...

La douleur s'évanouit soudain, comme si elle n'avait jamais existé. Hermione tenta de se relever, mais, le corps tremblant, elle retomba au sol lamentablement. Sachant que si elle ne répondait pas, elle allait subir à nouveau le sortilège de torture, elle ouvrit une bouche tremblante et dit d'une voix chevrotante :

- Je... Je ne sais pas... Je ne le connais pas très bien, je ne peux pas...

- MENTEUSE ! Je sais ce que tu ressens, je suis en toi, je sais tout de tes émotions !

Et Bellatrix lui lança un autre Doloris. Suivi d'un autre. Hermione se tordait en tout sens sur le sol gelé de la salle de classe, priant pour que tout s'arrête et que le soulagement de l'inconscience la saisisse enfin.

***

Dès que le corps d'Hermione s'était effondré, Snape, remarquant que Bellatrix avait disparu du miroir, s'était élancé vers sa collègue. Il était maintenant agenouillé à ses côtés, essayant de comprendre ce qui lui arrivait. Le corps de la jeune Gryffondor était parcouru de tremblements convulsifs, ses yeux grands ouverts fixaient un point imaginaire ; ses lèvres étaient rougissantes de sang tant elles avaient été mordues. Severus Snape ressentit pour la première fois de sa vie une panique incontrôlable en voyant l'état d'Hermione. Il ne savait pas quel était le sort que lui avait lancé la maléfique sorcière, ni les conséquences que cela avait sur sa collègue. En désespoir de cause, il décida d'utiliser la Légilimencie. Il plongea son regard sombre dans celui d'Hermione et se sentit happé par l'esprit bouillant de douleur de la jeune femme.

Il atterrit dans la salle de classe de Potions, à son plus grand étonnement. La pièce était dans un désordre indescriptible, les chaises renversées, les tables poussées dans tous les sens, des fioles brisées à terre. Il repéra une masse informe dans un coin, et s'approcha d'elle à pas de loup. C'était Hermione. Elle ne bougeait pas.

Snape posa deux doigts pâles sur la carotide blanchâtre de la sorcière, à la recherche d'un infime signe de vie. Après un terrible instant de silence, un battement faible et désordonné se fit sentir. Le soulagement envahit Snape malgré lui. Ce n'est pas qu'il se souciait de la vie de la jeune femme, mais quels ennuis il allait avoir si elle mourrait alors qu'il était avec elle en mission ! McGonagall serait hors d'elle, et il serait sans doute renvoyé. Il tentait de se convaincre ainsi mais une petite voix narquoise lui soufflait que ce n'était pas les véritables raisons de son soulagement. Secouant la tête pour chasser ces pensées, il examina de plus près les blessures d'Hermione.

Dans le monde des rêves et des pensées, la Gryffondor était mille fois plus amochée. Il fallait absolument qu'il la fasse revenir à elle, où elle resterait à jamais inconsciente, prisonnière de son propre esprit, plongée pour toujours dans sa souffrance.

L'homme en noir leva sa baguette et commença à murmurer des incantations. Les plaies se refermèrent, le sang disparut, une onde de chaleur, de bien-être, se répandit lentement dans le corps meurtri d'Hermione. Ses yeux papillonnèrent. Enfin, elle ouvrit les paupières, découvrant Severus Snape penché au-dessus d'elle, un air légèrement inquiet imprimé sur ses traits austères.

Severus se leva soudain et s'écarta de la sorcière. Hermione fronça les sourcils et, malgré ses membres tremblotants, elle se mit debout, s'aidant d'un bureau pour ne pas s'effondrer lamentablement au sol.

Snape s'éclaircit la gorge.

- Il faut retourner dans le monde réel.

Hermione hocha la tête sans poser de question. Elle plongea son regard dans celui, impénétrable, de son sauveur. Il haussa les sourcils et ferma les yeux. Puis, au plus grand étonnement d'Hermione, il se volatilisa. Se retrouvant seule, Hermione se surprit à paniquer. Sans le sorcier, elle ne savait que faire pour retourner, comme il l'avait dit, dans le monde réel ! Et ce foutu professeur ne lui avait bien sûr pas expliquer comment faire... En désespoir de cause, elle ferma les yeux et se concentra sur son corps, sur ses sensations, sa respiration chaotique...

Hermione ouvrit les yeux et se retrouva nez à nez avec Severus, penché au-dessus d'elle. Il s'éloigna prestement. Troublée sans savoir pourquoi, Hermione se leva et fit face au sombre sorcier. Les tortures de Bellatrix tournoyant devant ses yeux, l'estomac retourné par tant de cruauté et de folie, Hermione sentit ses jambes faiblir et l'abandonner lâchement. Elle se serait effondrée au sol si une forte poigne ne l'avait secourue de justesse. Snape la remit sur ses pieds et la soutint à bout de bras le temps qu'elle retrouve ses esprits et puisse tenir debout sans aide. Elle le remercia du bout des lèvres et s'appuya sur une longue table, en face du miroir. Elle se racla la gorge, gênée de ce lourd silence, palpable, qui s'étendait peu à peu dans la pièce mal éclairée.

- Il faut que vous alliez à l'infirmerie.

La voix claqua dans le silence épais. Hermione hocha la tête en réponse mais ne bougea pas. Elle ne comprenait pas cette atmosphère pesante et étrange qui régnait entre eux. Ses yeux restaient rivés sur le miroir. La scène de torture repassait encore et encore dans son esprit. De même que les paroles de Bellatrix. Une main froide saisit son poignet et la tira vers la sortie.

Snape, voyant sa collègue sans réaction, le regard étrangement vide, décida de prendre les choses en main. Il tira Hermione par le poignet, vérifiant d'un coup d'oeil qu'elle pouvait marcher, et la fit sortir en vitesse de la salle obscure. Ils se retrouvèrent dans le couloir, Hermione grelottante de froid et de peur ; Snape fronçant les sourcils, seul signe visible de son trouble intérieur.

***

À l'infirmerie, Snape réfléchissait. Il se repassait les événements de la journée et tentait de trouver un lien logique entre Electre, Hermione, Bellatrix et Celeste. Il avait admis que Bellatrix n'était définitivement pas morte durant la bataille de Poudlard, comme tout le monde semblait le penser. D'une façon ou d'une autre, elle avait réussi à survivre au sortilège de Molly, ce qui démontrait sa puissance. Electre semblait n'être qu'un pion dans le plan machiavélique que Bellatrix manigançait ; Celeste devait forcément être avec la Mangemorte, bien que rien ne soit encore prouvé. Mais alors, que venait faire Hermione dans tout ça ? Snape avait beau envisagé toutes les hypothèses, il ne parvenait pas à une conclusion satisfaisante. Pour cela, il devait interroger Hermione et comprendre ce qui s'était passé dans son esprit pour qu'elle en ressorte aussi amochée.

Snape dévisagea le visage de la jeune sorcière étendue sur le lit d'infirmerie non loin de lui. Elle avait l'air serein, comme si rien ne lui était arrivé. Mais Severus savait qu'au fond d'elle quelque chose aura changé quand elle se réveillerait. Un infime changement, une lueur dans les yeux, une démarche différente, montreraient les tourments qu'elle avait affrontés. Snape savait cela, pour l'avoir vécu maintes et maintes fois. Et le pire, c'est qu'on ne s'y habitue pas.

- Vous comptez me contempler encore longtemps comme ça ?

Snape sursauta brusquement et Hermione eut la satisfaction de voir une légère rougeur teintée les joues blafardes du professeur de Potions.

- Vous vous sentez mieux ? répondit celui-ci d'un air profondément ennuyé.

Hermione sourit légèrement et hocha la tête. Un sommeil sans rêves lui avait fait un bien fou. Elle se pensait prête à reprendre les missions extravagantes avec son sombre collègue. Cette perspective, plutôt que de la terrifier, l'excitait étonnamment. Hermione rejeta les couvertures et s'assit au bord du lit, testant la vigueur de ses jambes avec discrétion. Elle ne voulait surtout pas s'effondrer devant Snape... Elle réussit tant bien que mal à se lever et fit face au sorcier, resté impassible.

- Bon, souffla Hermione, que fait-on maintenant ?

- Nous ne faisons rien. Par contre je dois vérifier quelque chose.

- Ah. Eh bien faites.

Snape sentait qu'Hermione était frustrée de sa réponse et il s'en réjouissait. Il en avait assez de faire équipe avec elle et comptait bien résoudre l'affaire Bellatrix aussi vite que possible pour retrouver sa vie tranquille de professeur de Potions détesté.

Snape avait sorti sa baguette et la tournait entre ses longs doigts, fixant Hermione de son regard perçant. La sorcière sentait une boule d'appréhension grossir dans sa gorge. Elle tentait de se rassurer, en se disant que jamais Snape n'oserait s'attaquer à elle dans l'enceinte de Poudlard, mais c'était plus fort qu'elle, elle ne pouvait s'empêcher de s'imaginer pétrifiée et jetée au fond des cachots par le sombre professeur, exaspéré de sa présence à ses côtés.

- Pendant que vous vous prélassiez sur votre lit, je réfléchissais à une manière de me débarrasser de... tout ça, dit-il en faisant un grand mouvement de baguette.

Le coeur d'Hermione tressauta.

- Je me disais... continua Snape d'une voix langoureuse en s'approchant petit à petit de la jeune femme, que vous constituez un élément important dans le plan que Bellatrix n'a pas manqué d'envisager. C'est pourquoi je dois accéder à certaines choses qui pourraient faire avancer l'enquête.

Hermione hocha la tête nerveusement. Snape restait volontairement vague, et cela l'exaspérait en même temps que l'effrayait. L'instinct la poussa à reculer, elle buta contre le lit. Snape continuait d'avancer. Il arrêta le tournoiement de baguette. Hermione se retrouva acculée contre le lit, la baguette de Severus pointée contre sa tempe. Elle comprit soudain ce que cela signifiait et ses pupilles s'écarquillèrent d'effroi et de peur mêlés. Il voulait accéder à ses souvenirs de la torture de Bellatrix ! Hermione secoua la tête compulsivement. Il ne pouvait pas, il ne pouvait pas, cela signifierait qu'elle revivrait toute cette scène... et qu'il entendrait tout ce que Bellatrix disait... y compris le fait qu'Hermione l'appréciait !

- Il y a sûrement une autre solution, vous... vous ne pouvez pas-

- Oh que si je peux le faire, j'ai même l'obligation de le faire... ordre de Mme la directrice de Poudlard, susurra Snape.

Il saisit l'air paniqué d'Hermione à ces mots et sourit sournoisement, tel le véritable Serpentard qu'il était. Il se préparait à lancer le sort lorsqu'Hermione se propulsa en arrière, les faisant tout deux basculer sur le lit de l'infirmerie. Ils se retrouvèrent nez à nez, allongés sur le lit, Severus ayant eu l'heureux réflexe de tendre les bras pour éviter d'écraser la sorcière de son poids. Leurs deux souffles s'entremêlaient. Leurs yeux étaient fixés dans ceux de l'autre. Les cheveux noirs de Snape caressaient le visage fin d'Hermione. Elle rougit violemment, il resta interdit. Après d'interminables secondes, Severus se releva enfin et s'éloigna. Lorsqu'Hermione se redressa, il lui tournait le dos, les épaules crispées.

La sorcière poussa un long soupir et se résigna enfin. Snape lui fit face, en restant à une distance respectueuse cette fois-ci, et lança le sortilège.

***

Lorsqu'ils ouvrirent les yeux, ils se retrouvèrent encore une fois dans la sombre classe de Potions. La Mangemorte était là et le souvenir débuta.

Hermione revécut cette scène avec une grande douleur mais surtout avec de l'anxiété. De l'anxiété, et même de la peur, face à la réaction de Snape lorsqu'il entendrait Bellatrix parler de lui... Elle ne voulait pas qu'il entre dans cette partie de son esprit. Une partie qu'elle tentait de se cacher à elle-même. Elle était en train de le réaliser, quand tout devint noir. Le souvenir était fini.

Hermione rouvrit les yeux lentement. Elle osa jeter un léger coup d'oeil à Severus. Son coeur rata un battement : les yeux plissés, les traits durcis par la haine et la colère, le sorcier se tenait droit comme un i, et fixait Hermione d'un air mauvais, une lueur de dégoût au fond de sa pupille noire. Il s'apprêta à prendre la parole lorsque la Gryffondor murmura :

- Je suis désolée...

Son visage se durcit ; elle ajouta d'une voix affermie par la colère :

- Désolée pour vous.

Hermione sortit d'un pas ferme de l'infirmerie, laissant Severus décontenancé.

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Bonjour, c'est DarkAnimale... mais siii vous vous souvenez de moi : celle qui met toujours des mois avant de mettre à jour son histoire ! Je tiens d'ailleurs à m'excuser de ce très long délai entre deux chapitres. Cela arrivera fréquemment, car j'ai une vie assez remplie en ce moment, donc je m'en excuse d'avance.

J'espère que vous continuerez à me lire malgré cela...

Dites moi ce que vous en avez pensé ;)

Dark Animale ♤