Chapitre 8 : enquête
Les joues pâles, les cheveux bruns en désordre et les lèvres blanches, Electre Black gisait dans le lit telle un cadavre.
***
Hermione regardait avec horreur la petite Electre Black dans son lit d'infirmerie. Elle n'était plus que l'ombre d'elle-même. On aurait dit un spectre tellement la peau de la fillette était blafarde. Hermione frissonna. Elle jeta un regard à Snape : il affichait son éternel masque d'indifférence. Hermione doutait cependant que la vue de la fillette ne le laissât de marbre. Il était seulement un très bon Occlumens.
La jeune femme s'approcha du lit et toucha le bras glacial de l'enfant. Aussitôt, une douleur sans nom la saisit dans son avant-bras gauche. Un rire puissant et sardonique résonna à ses oreilles. Hermione tressaillit et agrippa son bras avec force, voulant à tout prix que la douleur s'en aille, que le ricanement cesse. Elle voyait trouble, les sons étaient ténus, comme si elle se trouvait sous l'eau. Elle vacilla et faillit se cogner la tête avec violence sur le sol de pierre de la salle. Mais une poigne ferme la saisit par les épaules juste avant qu'elle ne touche les pierres. Snape. Ce contact sembla ramener la jeune femme à elle et Hermione s'accrocha de toutes ses forces à la robe de son collègue, pour ne pas perdre pied avec la réalité, le suppliant des yeux de ne pas l'abandonner. Severus tressaillit sous la puissance du regard d'Hermione. En tant qu'Occlumens, il savait que les regards pouvaient être déstabilisants parfois.
- Severus, allongez-la sur le lit ! dit une voix, le tirant de ses pensées.
Hermione sentit qu'on la soulevait de terre et bientôt, elle fut déposée avec précaution sur un matelas moelleux. La douleur était partie aussi vite qu'elle était apparue. Le seul vestige restant était un écho du rire démoniaque qui avait retenti à ses oreilles. Les sons retrouvèrent leur clarté, sa vue s'éclaircit. Tout revint à la normale. Hermione observa autour d'elle. McGonagall avait l'air très inquiète. Pomfresh était dans tous ses états. Quant à Snape, il observait avec une attention particulière la jeune femme, une lueur étrange brillant au fond de ses yeux noirs.
- Qu'avez-vous entendu ? demanda-t-il brusquement.
Hermione fronça les sourcils et secoua la tête, incrédule.
- Vous vous bouchiez les oreilles en criant "tais-toi", soupira laconiquement le sorcier.
Hermione ouvrit de grands yeux étonnés. Elle ne se rappelait pas avoir crier... Ni de s'être bouchée les oreilles !
- Un rire... finit-elle par dire dans un murmure à peine perceptible, un rire effrayant, complètement fou.
Elle posa les yeux sur Snape. Il avait blémi, malgré son teint naturellement pâle, et pinçait les lèvres. Ses yeux reflétaient... de l'appréhension voire de la crainte. Hermione le fixa du regard et eut le sentiment qu'il savait quelque chose... Quelque chose de fondamental. Elle se promit de découvrir ce que c'était.
- Hermione ! Vous vous sentez mieux ?
McGonagall s'approcha d'elle et rompit le contact visuel qui s'était établi entre Hermione et Severus. La jeune sorcière hocha la tête, rassurant la vieille femme. Snape la rejoignit et prit le bras gauche d'Hermione, laissant la sorcière interloquée devant tant de familiarité de sa part. Il releva la manche du pull. Hermione poussa un petit cri en voyant l'état de sa cicatrice. Les mots Sang-de-Bourbe luisaient. Un mélange de sang et d'un liquide noir visqueux s'écoulait sans s'arrêter. Sa blessure s'était réouverte. La jeune femme sentit les mains de Severus se crisper sur son bras quand il découvrit les mots. Ses traits étaient tordus dans une espèce de grimace de dégoût et de colère mêlés. Mais Hermione avait la conviction que ce n'était pas contre elle que s'adressaient ces sentiments. Puis, Snape lâcha son bras et se détourna d'elle, comme s'il la fuyait.
La Directrice prit sa place et demanda à Hermione si elle voulait des potions contre la douleur.
- Non merci, je ne sens rien, murmura Hermione, bouleversée mais ne sachant pourquoi.
Pomfresh jeta un sort de cicatrisation et lui mit un bandage avant de se tourner vers Electre Black, qui dormait toujours, plus pâle que jamais.
Hermione se leva en titubant et s'approcha de l'enfant, comme hypnotisée.
- Une fois suffit Miss Granger, siffla Snape alors qu'Hermione était à quelques pas d'Electre.
La jeune femme s'arrêta aussitôt. Elle ne savait pas ce qui lui avait pris... Ses pas étaient comme attirés par l'enfant. Elle serra son bras gauche contre sa poitrine et pinça les lèvres. Mais qu'est-ce qu'il lui arrivait !
- J'ai remarqué quelque chose d'assez... étrange sur cette petite, lorsque je l'ai guérie, annonça soudain Pomfresh en rejoignant Electre. Regardez.
Elle prit le bras gauche de la fillette et souleva sa manche. Les adultes se penchèrent au-dessus du lit pour mieux voir. Là, sur la peau pâle de la petite Serpentard, s'étalait une cicatrice suintante de sang et de liquide noir, exactement comme celle d'Hermione. Cependant, à la place de mots inscrits au couteau, il y avait une plaie gravée dans la chair du bras, longue d'une vingtaine de centimètres. Hermione eut un haut-le-coeur. On aurait dit que le bras avait été...
- Ouvert en deux, murmura Snape à ses côtés, faisant sursauter Hermione.
Le sorcier fixait la blessure avec un air indéchiffrable. Au fond de lui, il sentait que cela ne présageait rien de bond... Le sort qui avait frappé Hermione avait simplement réouvert la cicatrice qu'elle avait avant. Electre avait été victime du même maléfice, mais dans son cas...
- La plaie a été causée exprès pour ce maléfice, énonça Hermione à la plus grande surprise de Snape.
- Exactement Miss Granger, approuva Dumbledore, que tout le monde avait oublié.
Snape soupira. Granger n'était peut-être pas si incompétente après tout...
- Mais... balbutia McGonagall, pourquoi ? Pourquoi faire subir un tel sort à une professeure et une enfant ?
- C'est ce que nous devons découvrir, marmonna Snape.
- Faites attention, dit Dumbledore depuis son tableau, en regardant avec une grande intensité Hermione et Severus, la menace est grave et seule l'association pourra la vaincre. Ne vous laissez pas distraire par le mauvais ennemi.
Sur ces paroles, il sortit du cadre, laissant les sorciers perplexes. Snape fit un petit signe de tête à Hermione et les deux collègues sortirent de l'infirmerie, laissant les deux femmes s'occuper d'Electre Black.
***
Hermione remarqua qu'ils se dirigeaient vers le deuxième étage. Elle accéléra le pas pour se trouver à la hauteur de Snape.
- Vous pensez que c'est raisonnable d'y aller aussi tôt ? Et puis nous avons des cours à donner...
- Plus vite on aura des réponses, plus vite je serai débarrassé de vous... Quand à ces cornichons, de toute façon, il n'y a pas beaucoup d'espoir pour qu'une quelconque connaissance parvienne à transpercer leur crâne épais, répondit le professeur sans la regarder.
Hermione eut un rictus narquois. Voilà qui ne l'étonnait pas de la part du sombre Maître des Potions.
- Ça me paraît étrange que Celeste soit impliquée dans cette histoire... annonça soudain Hermione.
- Tout est contre elle pourtant.
- Certes, mais j'ai bu un thé avec elle il y a quelques jours et... elle m'a semblé gentille et...
- Elle vous a semblé... releva Snape avec dédain. Vous ne savez donc pas qu'il ne faut pas se fier aux apparences Granger ?
Hermione ricana puis réalisa que cela s'appliquait à lui aussi. Cet homme à l'apprente impassibilité... Est-ce que sous la carapace froide, sarcastique et amère de Snape se trouvait... autre chose ? Un homme ? Un... coeur ? se demandait-elle les sourcils froncés. Hermione ne savait pas si elle avait vraiment envie de le savoir. Mais une curiosité naturelle et peut-être quelque chose d'autre, la poussaient à résoudre l'énigme qu'était Severus Snape.
Ils arrivèrent enfin dans le couloir du deuxième étage où Severus avait vu Celeste Ives, ce qui tira Hermione de ses pensées. Des tableaux de tout genre étaient disposés ça et là. Hermione se concentra. Elle regardait chaque peinture avec attention, essayant de se souvenir laquelle permettait d'entrer dans le passage secret. Severus la regardait faire sans rien dire.
- Ah ! s'exclama la sorcière.
Elle avait trouvé ! L'homme en noir s'approcha d'elle. La jeune femme se tenait devant un tableau représentant un parc sous le clair de lune.
- Si je me rappelle bien, il faut chatouiller l'un des éléments du tableau... Mais je ne sais plus exactement lequel, fit-elle avec une petite grimace.
Elle tourna la tête vers Snape et sursauta. Il la fixait, un sourcil en l'air, un mélange de colère et de sarcasme au fond de ses yeux noirs tels l'onyx.
- Qu'est-ce qu'il ne va pas ? demanda innocemment Hermione en levant un sourcil, dans une parfaite imitation de son collègue.
Celui-ci poussa un profond soupir et répondit avec des accents de colère dans la voix :
- Granger, je ne vais pas me mettre à chatouiller un tableau en plein milieu d'un couloir de Poudlard quand n'importe qui peut passer !
Hermione explosa de rire à ces mots, laissant son collègue interloqué par sa réaction.
- Mais vous... vous êtes ridicule ! souffla Hermione entre deux éclats de rire. Que pensez-vous que vous risquez enfin ? Tout le monde-
- Je risque ma réputation, jeune fille ! tonna Snape en saisissant avec brutalité les poignets de sa collègue.
Il la poussa et la plaqua violemment contre le mur. La tête d'Hermione frappa les pierres dans un bruit mat. Les traits du professeur étaient tordus de colère. Il n'en pouvait plus de cette gamine insupportable qui se moquait sans arrêt de lui. Elle dépassait les bornes. Une colère sans nom le submergeait et faisait disparaître sa raison au fond de son cerveau. Tout ce qui comptait maintenant, c'était que Granger arrête tout de suite de ricaner telle l'adolescente qu'elle n'était plus.
Hermione, en voyant la lueur de colère sourde dans les yeux de Snape, s'arrêta de rire d'un coup. Elle sentait les os de son dos protester. Le sang battait à ses oreilles. Sa tête la faisait souffrir. Elle se mordit les lèvres pour ne pas faire le plaisir à son sombre et sadique collègue de voir qu'il lui faisait mal. Elle ouvrit la bouche pour rétorquer quand retentit une voix criarde :
- Oooh ! Sevy et Hermy font des cachotteries dans les couloirs !
Peeves... pensa Hermione avec horreur. Severus relâcha d'un coup la professeure et s'éloigna d'elle.
- Sevy et Hermy se cachent pour-
- Silencio ! s'écria la sorcière, les joues rougissantes.
Snape approuva de la tête l'initiative de la sorcière.
Cependant, une fois que Peeves eut compris que personne ne pouvait l'entendre, il commença à faire des gestes obscènes très équivoques. Hermione sentait ses joues la brûler intensément. Elle jeta un regard en coin à Snape. Il ne paraissait pas plus à l'aise qu'elle. Il leva sa baguette. Mais avant qu'il ne puisse lancer un sort, Peeves sortit un ballon de baudruche de nulle part et le lança à la figure d'Hermione. Le ballon explosa avec violence sur la jeune femme, qui sentit une eau glaciale se répandre sur elle. Peeves se tordait de rire silencieusement dans les airs. En croisant le regard sombre que lui lança Hermione, il préféra néanmoins déguerpir. Les deux professeurs se retrouvèrent seuls.
Hermione sentait l'eau infiltrer chaque couche de vêtements qu'elle portait et en quelques secondes, elle se retrouva secouée de violents tremblements. Snape, lui, affichait un sourire goguenard sur son visage pâle. Hermione pesta contre l'esprit frappeur, et, évitant avec soin le regard narquois de son collègue, elle prononça un sort de réchauffement. À sa grande surprise, il ne fonctionna pas. Snape, intrigué, s'approcha et tenta à son tour le sortilège, sans succès. Il rangea sa baguette, un rictus aux lèvres.
- Je pense que cette... bombe à eau provient d'un magasin de farces et attrapes bien connu.
Hermione maudit en silence les jumeaux Weasley. Ses lèvres bleuissaient et ses frissons redoublaient de vigueur. La professeure conjura une lourde cape et s'en vêtit avec hâte, ignorant le regard de l'homme en noir. Puis, elle se tourna vers le tableau et chatouilla au hasard la toile. Severus se rapprocha de sa collègue. Hermione sentait la respiration dans son dos et frissonna.
Soudain, le tableau se décala, faisant sursauter la sorcière. Un passage s'ouvrait lentement devant les deux collègues. Hermione serra sa baguette nerveusement et sans un regard à Snape, elle s'engagea dans le couloir tortueux et plein de boue. Severus la suivit en sortant sa baguette.
Après plusieurs minutes à crapahuter dans la boue et le noir, les deux sorciers arrivèrent en face d'une porte. Snape poussa légèrement Hermione pour passer devant elle et examina avec attention la porte. Il jeta quelques sortilèges puis actionna la poignée en faisant signe à Hermione de reculer. La porte s'ouvrit dans un grincement inquiétant.
En face d'eux se dressait un mur lisse, aussi noir que les robes du professeur de Potions. Hermione fonça les sourcils et s'approcha. Elle frôla l'homme en noir et toucha du bout des doigts le mur, à la recherche d'une rugosité qui pourrait ouvrir une ouverture. Snape leva les yeux au ciel et poussa un léger soupir. Ce qu'elle faisait était inutile et leur faisait perdre un temps précieux. Il tendit le bras, prêt à pousser sa collègue pour ouvrir le mur grâce à la magie, mais s'arrêta dans son geste quand retentit un petit claquement sec. Hermione avait réussi. Le mur s'ouvrait en deux lentement, devant les yeux pleins d'appréhension de la jeune femme et le regard sans expression de son collègue. Un passage d'une cinquantaine de centimètres s'était ouvert.
- Hem, fit Hermione d'une voix rauque, brisant le silence épais qui les entourait depuis un moment. Je vais essayer de me glisser par là, vous me suivez ?
Une petite lueur inquiète luisait dans ses yeux marrons quand elle croisa le regard sombre de Snape.
- Malgré l'envie jouissive de vous laisser entrer dans cette pièce seule et sans défense, répondit ironiquement le sorcier, je me vois obligé de vous suivre, si je ne veux pas affronter les reproches de la chouette.
Hermione sourit faiblement, rassurée malgré elle. Elle se faufila avec difficulté dans le passage, sa baguette éclairant les lieux.
- C'est assez inquiétant tout de même que vous soyez autant rassurée par la présence d'un ancien Mangemort à vos côtés, ajouta avec ironie Snape, de l'autre côté du mur.
Hermione rougit et ne répondit pas, se contentant de secouer la tête avec humeur.
- Reculez.
La jeune femme obéit. Un instant plus tard, le mur volait en éclats, répandant des débris et des la poussière partout. Hermione toussa, des larmes perlant de ses yeux irrités. Severus apparut près d'Hermione, couvert de poussière.
- Vous n'auriez pas pu me prévenir que vous alliez tout faire sauter ? s'écria-t-elle, le visage rouge d'avoir toussé.
Snape leva un sourcil.
- C'est exactement ce que j'ai fait.
Il secoua sa cape, mettant un peu de poussière sur la jeune femme au passage, puis il examina les lieux, l'air aux aguets. Le sorcier remarqua aussitôt l'imposant miroir qui était accroché au mur de gauche. Il s'approcha, le coeur battant. Hermione le suivit et scruta le miroir d'un air étrange. Un miroir aussi imposant devait forcément avoir un usage particulier... Il n'y avait rien d'autre d'important dans cette pièce...
Tandis que Snape se penchait pour l'observer, Hermione se plongea dans ses souvenirs. Elle était sûre que quelque part dans son esprit se trouvait la réponse à sa question.
- J'ai trouvé !
Snape se tourna vers Hermione, surpris. La sorcière semblait à la fois ébahie et horrifiée par ce qu'elle avait apparemment trouvé.
- Le miroir sert à communiquer ! Harry en avait un semblable qu'il partageait avec Sirius...
Le visage de Snape se tordit en une vilaine grimace à ce nom. Hermione fit semblant de ne rien remarquer et continua :
- Il suffisait que l'un d'eux dise le prénom de l'autre pour qu'il puisse se parler à travers !
- Merveilleux... fit la voix traînante de Snape, mais qui pourrait bien se parler, Granger ? C'est ça la vraie question.
Hermione l'ignora et se plaça face au miroir, la baguette levée. Elle lança quelques sortilèges qui n'eurent aucun effet. Puis, soupirant avec lassitude, la jeune femme allait baisser sa baguette quand de la brume apparut sur la surface du miroir étincelant.
Snape écarquilla les yeux avec surprise et... horreur. Hermione poussa un petit hoquet de terreur. Car la personne qui se tenait face à eux dans le miroir n'était nulle autre que Bellatrix Lestrange.
~ ▪ ~
Juste un petit mot pour m'excuser du retard... Le bac approcha à grands pas et mes révisions prennent tout mon temps et mes pensées. Le prochain chapitre risque de tarder un peu. Excusez-moi.
Dark Animale ♤
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